De quelques enjeux de la foi trinitaire

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G. Emery / SA 2010 / Cours : Dieu Trinité I
Textes 1
De quelques enjeux de la foi trinitaire
1. Emmanuel Kant : insignifiance de la foi trinitaire ?
« Du dogme de la Trinité, pris à la lettre, on ne peut absolument rien faire pour la pratique, quand bien
même on croirait le comprendre, mais encore moins si l’on s’aperçoit qu’il dépasse véritablement tous
nos concepts. Si nous avons à honorer dans la divinité trois ou dix personnes, le novice l’admettra
aussi facilement sur parole, parce qu’il n’a véritablement aucun concept d’un dieu en plusieurs
personnes (hypostases), mais encore plus parce que de cette diversité il ne peut tirer à vrai dire des
règles de conduite différentes. En revanche, si on introduit dans les propositions de la foi un sens
moral (comme je l’ai tenté dans La religion dans les limites etc.), il ne contiendrait pas une foi
inconséquente, mais une foi intelligible, en relation avec notre destination morale. Ainsi en est-il du
dogme de l’Incarnation d’une personne de la divinité » (Emmanuel Kant, Le conflit des Facultés,
dans : Œuvres philosophiques, vol. 3, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, 1986, p. 840-841).
2. Le défi du monothéisme non trinitaire : la critique coranique de la foi en Dieu Trinité
Sourate 4,171 : « Croyez donc en Dieu et en ses prophètes. Ne dites pas : “Trois” ; cessez de le faire ;
ce sera mieux pour vous. Dieu est unique ! Gloire à lui ! Comment aurait-il un fils ? ».
Sourate 5,17 : « Ceux qui disent : “Dieu est, en vérité, le Messie, fils de Marie”, sont impies ».
Sourate 5,72-73 : « Oui, ceux qui disent “Dieu est le Messie, fils de Marie”, sont impies. […] Oui,
ceux qui disent “Dieu est, en vérité, le troisième de trois” sont impies. Il n’y a de Dieu qu’un Dieu
unique ».
Sourate 5,75 : « Le Messie, fils de Marie, n’est qu’un prophète ».
Sourate 19,35 : « Il ne convient pas que Dieu se donne un fils ; mais Gloire à lui !... ».
Sourate 19,88-92 : « Ils ont dit : “Le Miséricordieux s’est donné un fils”. Vous avancez là une chose
abominable. Peu s’en faut que les cieux ne se fendent à cause de cette parole ; que la terre ne
s’entrouvre et que les montagnes ne s’écroulent ! Ils ont attribué un fils au Miséricordieux ! Il ne
convient pas au Miséricordieux de se donner un fils ! ».
Sourate 112 : « Dis : “Lui, Dieu est Un ! Dieu !.. L’Impénétrable ! Il n’engendre pas, il n’est pas
engendré, nul n’est égal à lui” ».
(Le Coran, Introduction, traduction et notes par D. Masson, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade,
1967).
Pour poursuivre l’étude : D. Masson, Monothéisme coranique et monothéisme biblique, Doctrines
comparées, Paris, 1976, p. 95-119 ; R. Caspar, Théologie musulmane, tome 2 : Le credo, Rome, 1999,
p. 41-71 ; J. Gnilka, Qui sont les chrétiens du Coran ?, Paris, 2008, p. 111-127.
3. Saint Thomas d’Aquin : la foi trinitaire donne de saisir la profondeur de la création et du salut
« La connaissance des Personnes divines nous fut nécessaire à un double titre. Le premier est de nous
donner une juste notion de la création des choses. En effet, affirmer que Dieu a tout fait par son Verbe,
c’est rejeter l’erreur selon laquelle Dieu a produit les choses par nécessité de nature; et reconnaître en
lui la procession de l’Amour, c’est montrer que si Dieu a produit des créatures, ce n’est pas qu’il en
eût besoin, ni pour une autre cause extérieure à lui : c’est par amour de sa bonté. […] Le second motif,
et le principal, est de nous donner une vraie notion du salut du genre humain, salut qui s’accomplit par
l’incarnation du Fils et par le don du Saint-Esprit » (saint Thomas d’Aquin, Somme de théologie I,
q. 32, a. 1, ad 3).
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