Pragmatique et novateur
Fils d'un médecin rhumatologue, ce Toulousain de naissance a suivi les pas de son père en
s'inscrivant à la faculté de médecine (déjà à Paul-Sabatier). D'abord intéressé par la psychiatrie, il
se spécialise finalement dans l'hypertension portale, une complication des maladies chroniques du
foie. "Nous sommes peut-être 150 ou 200 dans le monde à travailler sur le sujet. C'est une
discipline très variée, vous pouvez suivre un patient de la consultation à l'exérèse d'une tumeur. Et
puis, il y a beaucoup d'urgences, on échappe à la monotonie, j'aimais bien ça", se remémore-t-il.
Et quand on lui demande ce dont il est le plus fier dans sa carrière, le médecin de 65 ans répond
sans hésitation :
"Quand j'étais jeune médecin, le taux de mortalité d'une hémorragie digestive liée à une
hypertension portale était de 35 à 40 %, actuellement il est de 10 %. Ces progrès sont liés à de
multiples facteurs mais il y a quand même des techniques de prise en charge des patients qui ont
été développées. C'est quelque chose de concret."
"Pragmatique", "réaliste", et "novateur" sont les adjectifs qui reviennent le plus pour décrire Jean-
Pierre Vinel. À Purpan, il innove en instaurant pour les élèves des sessions d'immersion complète
dans les services hospitaliers. "Pendant un ou deux mois, les étudiants voyaient les malades en
néphrologie (maladies des reins, NDLR) et ils suivaient à la fac les cours théoriques
correspondants à ces maladies", décrit Didier Carrié. À l'université, son cheval de bataille est de
créer plus de liens entre les disciplines universitaires, mais aussi entre la fac et les entreprises.
"Quand j'étais étudiant, je suis très rarement allé à l'université Paul-Sabatier. Je vivais entre la fac
de médecine et l'hôpital. Mais le problème est que nous ne pouvons pas vivre dans un monde
fermé. La santé est un enjeu beaucoup plus large que l'exercice du soin : il n'existe aucune
discipline universitaire qui n'est pas impactée par les problématiques de santé, détaille-t-il.
Il serait bon qu'il y ait des contacts entre les soignants, les sciences dures, la technologie, les
gestionnaires, les économistes, mais aussi les sciences humaines pour aborder les problèmes
d'éthique, de philosophie... La santé est un univers dans lequel les professionnels de santé ne
sont qu'une partie infime au final."
Fin novembre 2016, il a présenté le "campus innovant" de l'université Paul-Sabatier qui regroupe
cinq projets rapprochant le monde de la recherche de celui des entreprises : fablab, tiers-lieu
collaboratif, centre spatial universitaire ou encore un démonstrateur où les entreprises peuvent
tester leurs innovations dans les salles de classe. "Il faut que l'université soit vue par
les entreprises comme un véritable moteur du développement économique", scande le président
de Paul-Sabatier, qui a succédé à Bertrand Monthubert.
Le sponsoring pour pallier les baisses de dotations de l'État
Ce rapprochement avec la sphère économique passe aussi par la promotion du sponsoring.
L'université Paul-Sabatier dispose déjà depuis quelques années d'une fondation avec pour
mécènes des entreprises comme la Banque Populaire ou EDF mais Jean-Pierre Vinel aimerait
développer ce type de financement. "Le sponsoring est un mode de développement de ressources
propres dont l'université aura besoin puisque l'État se désengage. On voit bien par ailleurs que le
financement des universités n'est pas un enjeu de la campagne présidentielle", assure-t-il.
Ces nouveaux modes de financements doivent permettre selon lui de faire face aux "injonctions
contradictoires" qui traversent l'enseignement supérieur, "faire face à la massification scolaire et
rivaliser dans la compétition universitaire au niveau international".