Résumé
Manifestation du processus de rationalisation capitaliste contemporain, la gestion des
ressources humaines s’est largement développée et diffusée comme paradigme
d’organisation des relations sociales au sein de l’entreprise, mais aussi à l’extérieur de
celle-ci. En m’appuyant sur l’étude Les employés de Siegfried Kracauer (2004 [1931])
ayant mis en lumière les effets de la rationalisation de l’entreprise moderne sur les traits
de mentalités des employés dans les années 1920, je propose de me pencher sur les
employés en gestion des ressources humaines aujourd’hui. Plus précisément, c’est la
tension dont ils sont à la fois les porteurs et les objets qui constitue le coeur de ce
mémoire. Cette tension lie la fonction particulière que ces employés sont appelés à jouer
dans l’entreprise et leur propre condition comme employé. Ainsi, c’est par la constitution
de rapports à la tension sous une forme idéaltypique — propre à l’approche
wébérienne — que ce mémoire propose d’appréhender la condition des employés en
gestion des ressources humaines. L’interprétation des rapports à la tension et à la pratique
professionnelle de ces employés, à l’aune de quatre idéaltypes construits à cette fin (le
sous-officier comptable, le sous-officier sportif, celle qui prend sur soi et le synthétique),
permet de mettre en lumière des dilemmes qu’ils sont enclins à vivre, dilemmes inhérents
à leur condition d’employés dans le monde rationalisé.
Mots-clés : employés; gestion des ressources humaines; rationalisation; pratique
professionnelle; idéaltypes; Siegfried Kracauer; Max Weber.