L’échelle, un jeu de l’espace à plusieurs niveaux
Le dictionnaire usuel aborde la définition de
l’échelle selon la discipline concernée. Terme
courant utilisé en géologie, philosophie,
musique ou technique, seulement absent de
l’espace mathématique, chacun pourrait établir
une définition propre de la notion d’échelle.
Concernant la discipline de l’architecture,
l’échelle peut être considérer comme :
« Une suite continue et ordonnée en
parties égales servant de moyen de comparaison
ou d’évaluation ; système de référence : L’échelle
des températures. »
« L’apport d’une longueur sur une
représentation graphique, cartographique,
photographique, sur une maquette, un modèle
réduit, etc., à la longueur réelle correspondante.
Le document représenté est d’autant plus détaillé
que l’échelle est grande. »
« Un système de niveaux ou de degrés
constituant une hiérarchie, une structure
hiérarchisée ; suite continue et progressive :
L’échelle sociale. »
l’évolution de Paris, et en deuxième année, la
période de la Renaissance en Europe jusqu’aux
inventions industrielles du XIX° siècle, con-
sidéré en 1914 par les historiens, à travers la
publication des grands traités architecturaux,
fils directeurs qui ont su appuyés ou remettre en
questions les grandes doctrines de l’architecture.
Notre approche de l’échelle historique se
construit par la lecture des grands penseurs de
l’Architecture. Il y a tout d’abord la rencontre
avec des hommes de proportion, tels Vitruve
pour sa théorie des modules, et Alberti, pour sa
théorie des cinq ordres.
5
Théorie des cinq ordres, De re aedificatoria (1452-85), Alberti
La question d’échelle s’impose depuis les
débuts de l’Architecture. Nos cours d’Histoire de
l’architecture et de la ville nous ont permis
d’appréhender cette idée de l’échelle à travers
des époques et des mouvements caractéris-
tiques. C’est une très grande richesse de
connaître et comprendre l’évolution de l’échelle
dans et hors du monde de l’architecture.
Malgré la redondance du programme d’histoire
de la Licence, qui se borne à nous réitérer
chaque année les grands moments du
Modernisme et de ses représentants les plus
célèbres, nous abordons cependant avec
beaucoup de précision en première année
C’est avec Eupalinos qu’une impossibilité
homothétique de l’échelle nous touche, « tout
change avec la grosseur », quand Viollet-le-Duc
explique la flexibilité de l’échelle : « Changeant
d’échelle, l’architecte doit échanger un mode et
le style consiste à choisir le mode qui
convient à l’échelle, en prenant le mot dans sa
plus large acception. ». Quelques approches
issues des Ponts et Chaussées nous parviennent
avec Léonce Reynaud lorsque nous étudions
les différentes façons d’étudier l’architecture en
France jusqu’en 1962 : « toute forme doit être
conçue en vue des dimensions et doit, entre
certaines limites, porter témoignage de l’échelle ».
Je n’ai pas attendu un enseignant de projet
de troisième année pour exercer ma culture
générale et particulièrement littéraire. La
littérature a cela en commun avec l’architecture
de faire parler les espaces. L’un en le dessinant,
l’autre en le décrivant. Il est même fort probable
que je me sois tournée vers l’architecture pour
éviter de ne décrire qu’une réalité construite
par d’autres. L’architecte parle avec du recul,
l’écrivain cerne les choses de l’intérieur. Et de
nombreux ouvrages, aidés par l’imagination
de l’auteur et de son lecteur, introduisent des
valeurs importantes à la conception d’espaces.
A l’échelle de se référer au Voyage de Gulliver
de Jonathan Swift et de cette citation : « les
éléphants sont généralement dessinés plus
petits que nature et les puces toujours plus
grandes. » C’est avec Zola que l’on arpente
au mieux Paris, son ventre et ses faubourg, ou
encore les écrivains surréalistes qui ont imaginé
une nouvelle façon de se représenter la ville.
C’est en ce sens qu’il me faut commencer ce
bilan par préciser l’importance de l’Histoire dans
les disciplines du cursus de licence. Elle enrichit
nos connaissances en mettant à notre disposi-
tion des moyens de comprendre notre monde
actuel. Ainsi, les cours d’histoire de la ville de
première année, apparemment sans lien avec
le projet d’architecture, m’ont servi pour une
analyse urbaine du cardo parisien en troisième
année, précisément sur le quartier des Halles
et de Beaubourg, centre historique longtemps
étudié.
Les études d’architectures sont donc pour moi
une question de balance et d’une infinité de
possibilités. Le projet pourrait être le noyau de
ses études, mais sans électrons gravitant autour,
il ne peut y avoir atome et par extension matière.
Les disciplines que nous devons accepter au
cours des trois ans et qui s’ajoute à l’exercice
très spécifique du projet, sont autant de façons
de voir et d’appréhender l’architecture. Chaque
matière nous apporte ainsi une définition de
l’architecture et, dans le cas qui nous intéresse,
de l’échelle, pour nous permettre de construire
une meilleure image de ce que vers quoi nous
désirons aboutir.
carte psychogéographique, Discours sur les passions de l’amour,Guy Debord
Illustration,Voyage de Gulliver, Johnathan Swift