TERMINALE S – CHAPITRE 11 CHAPITRE 11 : MOUVEMENTS PLANS I. DE QUOI ON PARLE On étudiera dans ce chapitre des mouvements à deux dimensions, avec l’exemple des corps soumis à la force de gravitation. Nous verrons plus précisément les cas du projectile dans un champ de pesanteur et de l’orbite des planètes et des satellites. II. PROJECTILE DANS UN CHAMP DE PESANTEUR UNIFORME 1. Hypothèses • Le champ de pesanteur est uniforme (dimensions Rterre) • Objet dense par rapport au milieu : ρ ρfluide ⇔ ρ ⋅V ρfluide ⋅V ⇔ m mfluide ⇔ P Π La poussée d’Archimède est donc négligeable par rapport au poids du projectile. • Vitesses faibles (v ∼ quelques m/s) et objet profilé (balle, javelot …) afin que le frottement fluide soit aussi négligeable devant le poids. La seule force agissant sur le projectile est donc son poids : c’est l’étude d’un mouvement de chute libre dans un champ de pesanteur uniforme 2. Théorème du centre d’inertie Dans le référentiel terrestre supposé galiléen : m G g P La seule force appliquée au projectile sur l’objet est son poids, la deuxième loi de Newton s’écrit donc : m⋅a = m⋅ g ⇒ a = g L’accélération est donc constante au cours du mouvement, comme dans le cas de la chute libre verticale : le mouvement est uniformément accéléré. Soulignons de plus qu’elle est indépendante de la masse de l’objet : la masse du projectile n’influe pas sur sa trajectoire. 1/11 TERMINALE S – CHAPITRE 11 3. Conditions initiales, choix des axes z g v0 v0 z α O v0 y y x En plus des lois de Newton, nous avons besoin des conditions initiales du mouvement : quelles sont la position et la vitesse du projectile à l’instant initial ? Si on introduit un repère O, i , j , k orthonormé, ces conditions s’expriment à l’aide ) ( des 6 nombres obtenus par projection des vecteurs sur 3 axes orthogonaux : OG 0 = x0i + y0 j + z0 k v0 = v0 x i + v0 y j + v0 z k Orientons l’axe z vers le haut, de manière à ce que que le champ de pesanteur lui soit colinéaire : g = − g ⋅ k Nous avons la liberté d’orienter les vecteurs i et j des axes x et y dans le plan orthogonal à k : on le fait de telle sorte que la coordonnée x de la vitesse initiale v0 ( ) soit nulle : v0 x = 0 . On a alors en notant α l’angle i , v0 : v0 = v0 y j + v0 z k = v0 cos (α ) j + v0 sin (α ) k Nous avons aussi le choix de la position de l’origine O arbitraire du repère, nous la choisissons telle que le centre d’inertie du projectile soit à l’origine O à l’instant initial : OG 0 = 0 4. Equations horaires Projetons maintenant le théorème du centre d’inertie sur ces trois axes afin d’obtenir trois équations différentielles pour les trois composantes de la vitesse : a = −g ⋅ k a = dv dt ⇒ ⎧ dvx ⎪ dt = 0 ⎪ ⎪ dv y =0 ⎨ d t ⎪ ⎪ dvz ⎪ dt = − g ⎩ • La première équation donne par intégration : vx = cte = v0 x = 0 La vitesse suivant x est donc nulle au cours du mouvement. La coordonnée x du projectile est une primitive de vx : x = cte = x0 = 0 2/11 TERMINALE S – CHAPITRE 11 Elle est donc nulle tout au long du mouvement : le mouvement se fait intégralement dans le plan ( x = 0 ) : le mouvement est plan. • La deuxième équation donne par intégration : v y = cte = v0 y = v0 cos α La composante suivant y de la vitesse est donc constante. La coordonnée y du projectile est une primitive de vy : y = v0 cos (α ) × t + y0 = v0 cos (α ) × t • Intégrons enfin la troisième équation (qui est l’équation de la chute libre verticale) : vz = − g ⋅ t + v0 z = − g ⋅ t + v0 sin α La coordonnée z du projectile est donc : 1 z = − g ⋅ t 2 + v0 sin (α ) × t 2 On a obtenu les équations d’évolution des coordonnées y et z du projectile, paramétrées par le temps : y = v0 cos (α ) × t (et x=0) 1 z = − g ⋅ t 2 + v0 sin (α ) × t 2 Le mouvement du centre d’inertie du projectile est donc la composition d’un mouvement rectiligne uniforme suivant l’axe y et d’un mouvement de chute libre verticale suivant l’axe z. 5. Equation de la trajectoire On isole t dans la première équation et on injecte son expression t = f(y) dans la deuxième : y ⎧ ⎪t = v cos α 0 ⎪ ⎨ 2 ⎛ y ⎞ y ⎪z = − 1 g ⎛ v + sin α × ⎜ ⎜ ⎟ 0 ⎪ 2 ⎝ v0 cos α ⎠ ⎝ v0 cos α ⎩ ⎞ ⎟ + z0 ⎠ En simplifiant : z=− g 2v02 cos2 α y 2 + tan (α ) × y C’est l’équation d’une parabole : un mouvement de chute libre est donc parabolique. Cette équation contient moins d’information que le système obtenu plus haut : elle renseigne sur les positions occupées par le projectile mais pas sur les dates aux différents points. 3/11 TERMINALE S – CHAPITRE 11 6. Importance des conditions initiales Les caractéristiques exactes du mouvement dépendent fortement des conditions initiales sur la vitesse v0 et α (ou de manière équivalente vx et vy, ou v0 ). Le graphe cidessous montre par exemple différentes trajectoires pour une même valeur de la vitesse initiale mais une inclinaison différente par rapport à l’horizontale : 80° 60° 45° 20° III. MOUVEMENT DES PLANETES ET DES SATELLITES 1. Lois de Kepler Les lois qui régissent le mouvement des planètes ont été découvertes expérimentalement par l’autrichien Johanes Kepler, en s’aidant des relevés très précis des positions des astres de l’astronome danois Tycho Brahé (qui lui croyait fermement à une Terre immobile au centre de l’Univers). • 1e loi de Kepler : loi des ellipses Les trajectoires des planètes autour du Soleil sont des ellipses, dont l’un des foyers est occupé par le Soleil. M b Ellipse : FM + MF ′ = cte = 2a a : demi-grand axe b : demi-petit axe pour un cercle : a = b = r F F’ a 4/11 TERMINALE S – CHAPITRE 11 • 2e loi de Kepler : Loi des aires Le rayon vecteur SM balaye des surfaces égales en des durées égales. Ainsi, la planète M met la même durée pour parcourir les portions CD et EF de son orbite si les aires SCD et SEF sont égales. La vitesse de la planète est donc plus élevée lorsqu’elle est proche de l’étoile. • 3e loi de Kepler Le rapport du carré de la période de révolution de la planète sur le cube du demigrand axe de l’orbite est le même pour toutes les planètes, il ne dépend que de la masse de l’étoile. T2 = cte a3 2. Force de gravitation Comme on l’a vu au chapitre 10 : u= AB AB FA B A mA FA / B = −G B mB mA ⋅ mB u d2 3. Mouvement circulaire uniforme Souvent, il est possible en première approximation de considérer que la trajectoire des planètes et des satellites est circulaire. La loi des aires indique que, dans ce cas, le mouvement est uniforme. Nous nous concentrerons dans la fin de ce chapitre sur ce mouvement particulier. 3.1. Accélération Lors d’un mouvement circulaire uniforme, l’accélération est : • radiale (sa direction est confondue avec le rayon du cercle) • centripète (de sens vers le centre du cercle) • de valeur constante égale à a = v 2 R 5/11 TERMINALE S – CHAPITRE 11 τ On définit la base de Frenet {n ,τ } : G n C Le vecteur unitaire n est le vecteur normal et le vecteur unitaire τ est le vecteur tangentiel. Attention : les vecteurs de la base tournent avec le mobile qui se déplace sur le cercle ; ils ne sont donc pas constants au cours du mouvement et on ne peut pas simplement dériver les composantes des vecteurs dans cette base. Prenons un exemple : la vitesse est tangentielle pour un mouvement circulaire, on peut donc écrire v = vτ (où v = v ). On a alors : dv d dv dτ = ( vτ ) = ⋅τ + v ⋅ a= dt dt dt dt Et le dernier terme n’est pas nul puisque le vecteur tangentiel « bouge » au cours du mouvement de G (il n’est donc pas constant, sa dérivée n’est pas nulle). Réécrivons l’accélération lors d’un mouvement circulaire uniforme en utilisant la base de Frenet : a = an = v2 n R 3.2. 3e loi de Kepler pour le mouvement circulaire uniforme Plaçons nous dans le référentiel héliocentrique considéré comme galiléen. Soient m la masse planète et M la masse de l’étoile. Le théorème du centre d’inertie appliqué à la planète s’écrit : m⋅M m⋅M OM (avec u = = −n ) m ⋅ a = −G 2 u = G 2 n OM R R L’accélération est donc normale, centripète et constante : le mouvement est donc circulaire uniforme. La deuxième loi de Kepler est bien vérifiée. Simplifions par la masse de la planète et injectons la relation du §3.1 : v2 G⋅M n= 2 n R R Projetons cette relation vectorielle sur l’axe normal (produit scalaire par n ) : v2 G ⋅ M = 2 R R d’où la valeur de la vitesse de la planète, qui ne dépend que de la masse de l’étoile et de la distance à l’étoile : G⋅M v= R 6/11 TERMINALE S – CHAPITRE 11 La période de révolution T de la planète autour du Soleil est la durée mise par la planète pour parcourir la circonférence du cercle de rayon R à la vitesse constante v : 2π R 2π R R3 v= ⇔ T= ⇔ T = 2π T v G⋅M Elevons cette relation au carré : T 2 4π 2 4π 2 R3 2 = T = ⇔ G⋅M R3 G ⋅ M Cette relation permet de mesurer la masse d’une étoile ou d’une planète si on parvient à mesurer sa distance à l’étoile. Elle est à savoir retrouver. Remarque : Cette relation reste valable dans le cas des orbites elliptiques en remplaçant le rayon du cercle par le demi-grand axe de l’ellipse : T 2 4π 2 = a3 G ⋅ M Exemple : Masse du centre galactique Depuis 1992, les télescopes de l’Observatoire Austral Européen (European Southern Observatory, E.S.O.) surveillent le centre de la galaxie, situé dans la constellation du Sagittaire. Dans cette région, les étoiles se déplacent très rapidement, l’image ci dessous reconstitue la trajectoire de l’étoile « S2 » entre 1992 et 2006 : 7/11 TERMINALE S – CHAPITRE 11 La première loi de Kepler indique que l’astre autour duquel gravite l’étoile est situé dans un des foyers de l’ellipse décrite par S2. L’étoile a un mouvement beaucoup plus rapide « en bas » de l’image, la deuxième loi de Képler permet donc de situer l’astre massif dans le foyer « du bas » de l’image (noté SgrA* ), et ce bien qu’aucun astre ne soit visible en ce point. Enfin, utilisons la troisième loi de Kepler pour évaluer la masse de l’astre central, le demi-grand axe de l’ellipse étant de 4 jours-lumière : a ≈ 4 j.l. ≈ 4 × 24 × 3600 × 3 ×108 ≈ 1×1014 m La période orbitale de l’étoile est de 14 ans (février 1992 à février 2006), soit : T = 14 ans ≈ 14 × 365 × 24 × 3600 ≈ 4 ×108 s La troisième loi de Kepler donne donc : T 2 4π 2 4π 2 R3 = ⇒ M= ≈ 4 ×1036 kg = 2 ×106 M S 3 2 G⋅M a G ⋅T La masse du soleil étant M S = 2,0 ×1030 kg . La masse du centre galactique est donc 2 millions de fois la masse d’une étoile !! Cet astre exotique est un trou noir supermassif, dont la masse est si élevée que même la lumière ne peut s’en échapper, il en existe au centre de la plupart des galaxies. 3.3. Satellites 3.3.1. Expression de la vitesse Nous nous intéressons maintenant au cas des satellites artificiels de la Terre, en nous plaçant dans le référentiel géocentrique. Remarquons tout d’abord que d’après la première loi de Kepler, le plan de la trajectoire contient le centre de la Terre. L’expression de la vitesse d’un satellite en mouvement circulaire uniforme s’obtient comme en 2.2. avec l’équation du mouvement : G ⋅ MT v= RT + h où h est l’altitude du satellite mesurée par rapport à la surface de la Terre et RT le rayon de la Terre. 3.3.2. Satellites géostationnaire Définition : Un satellite est dit géostationnaire si il reste en permanence à la verticale du même point de la surface terrestre. Comme le plan de l’orbite doit contenir le centre de la Terre (1ère loi de Kepler), un satellite géostationnaire doit se trouver au dessus de l’équateur. Sa période de révolution est la période de rotation propre de la Terre Tp ( 24h : 23h56mn4s = 86164s). La troisième loi de Kepler permet d’en déduire l’altitude du satellite : 8/11 TERMINALE S – CHAPITRE 11 Tp2 ( RT + h ) 3 = 4π G ⋅ MT 2 ⇒ ( RT + h ) 3 = ⎛ T p2 ⋅ G ⋅ M T ⇒ h=⎜ 2 ⎜ 4π ⎝ T p2 ⋅ G ⋅ M T 2 4π 1 ⎞3 ⎟ − RT = 35,8 ×106 m ⎟ ⎠ puisque T p = 86164 s ; M T = 5,98.1024 kg ; RT = 6370 km . G ⋅ MT = 3,07 ×103 m/s RT + h Sa vitesse est alors de : v = 3.3.3. Impesanteur Considérons un astronaute A dans une station spatiale S en orbite autour de la Terre, et plaçons nous dans le référentiel géocentrique pour l’étude du mouvement. La seule force exercée sur la station est la force de gravitation exercée par la Terre (on néglige l’interaction gravitationnelle avec les autres astres) : FT / S = mS ⋅ g ( h ) Rappelons que la force de gravitation peut s’écrire en effet (voir chapitre 10) : FT / S ⎛ ⎞ G ⋅ MT ⎟ ⎜ u = mS ⎜ − u = mS ⋅ g h = −G 2 2 ⎟ ⎜ RT + h ⎟ RT + h ⎝ ⎠ mS ⋅ M T ( ) ( ) ( ) La deuxième loi de Newton appliquée à la station donne donc : mS ⋅ aS = FT / S ⇒ aS = g ( h ) De même, la seule force exercée sur l’astronaute est la force de gravitation exercée par la Terre sur lui, la deuxième loi de Newton donne donc : mA ⋅ a A = FT / A ⇒ a A = g ( h ) Les accélérations de la station et de l’astronaute sont donc identiques. Comme leur vitesse initiale sont aussi identiques, leur mouvement seront les mêmes : ils ne se déplacent pas l’un par rapport à l’autre, l’astronaute « flotte » dans la station. C’est le phénomène d’impesanteur. 4. La naissance de la relativité générale (pour ceux qui veulent) 4.1. Rôles de la masse La masse est une quantité intrigante, car elle joue en physique deux rôles radicalement différents : • D’une part, elle entre dans la loi de la gravitation de Newton, et de ce fait elle est à l’origine de l’attraction gravitationnelle entre deux corps quelconques. Lorsqu’elle joue ce rôle les physiciens l’appellent parfois masse « grave ». • Par ailleurs, elle intervient dans la deuxième loi de Newton comme le facteur de proportionnalité entre la résultante des forces exercées et l’accélération du mobile. Plus elle est grande, moins l’accélération est intense à force égale, et 9/11 TERMINALE S – CHAPITRE 11 donc moins le mouvement du mobile est modifié. C’est le phénomène de l’inertie1, la masse est parfois qualifiée de masse « inerte » lorsqu’elle joue ce rôle. Appliquons maintenant la deuxième loi de Newton à un objet subissant uniquement une force de gravitation : comme la masse apparaît des deux côtés de l’équation, elle se simplifie. m⋅a = m⋅ g ( z) ⇒ a = g ( z) masse inerte masse grave On obtient l’équation de la chute libre, indépendante de la masse de l’objet en chute (d’où l’état d’impesanteur vu au paragraphe précédent). 4.2. L’idée d’Einstein Einstein, en réfléchissant à la chute libre comme nous venons de le faire, eut l’idée de postuler le principe suivant : Dans un référentiel en chute libre, il est impossible de détecter localement la présence d’un champ de gravitation. Par exemple, l’astronaute est en impesanteur dans le référentiel en chute libre de la station spatiale : il lui est donc impossible de détecter localement (i.e. dans un petit volume d’espace, à l’intérieur de la station), par une expérience, le champ de pesanteur de la Terre. Qu’il lâche par exemple un objet, il ne le verra pas chuter. 4.3. Les prémices de la relativité générale Réalisons maintenant une expérience de pensée, comme les affectionnait Einstein. Soit une physicienne équipée d’un laser, enfermée dans une boîte, en chute libre vers la Terre. Selon le principe du paragraphe précédent, tout se passe dans la boîte comme s’il n’y avait pas de champ de gravitation. En particulier, la lumière émise horizontalement par le laser se propage horizontalement en ligne droite dans la boîte (fig.a). t t + Δt g a. 1 b. encore très mal compris en physique théorique aujourd’hui 10/11 TERMINALE S – CHAPITRE 11 Changeons de référentiel pour observer l’expérience depuis la surface de la Terre (référentiel terrestre). La boîte est uniformément accélérée vers la surface de la Terre : entre l’émission de la lumière par le laser et son absorption par la paroi de la boîte, il s’est écoulé une durée Δt au cours de laquelle la lumière a « chuté » en même temps que la boîte (pour se propager en ligne droite dans le référentiel de la boîte) ; i.e. la lumière est déviée par un champ de pesanteur (fig.b). La déviation de la lumière d’une étoile lointaine fut historiquement le premier test de la relativité générale : Sir Eddington mena une expédition en Afrique en 1935 pour profiter d’une éclipse solaire. Il put ainsi observer les rayons lumineux provenant d’étoiles lointaines et passant très près de la surface solaire. Il confirma ainsi que, du fait de la courbure des rayons lumineux par le champ de gravité solaire, on pouvait observer des étoiles qui se trouvaient derrière le Soleil. T S Einstein, à qui on avait proposé de participer à l’expédition, refusa : il en connaissait déjà le résultat. Lorsque l’astre est suffisamment compact, son champ de gravitation est si intense que la lumière est piégée dans le voisinage de l’astre et ne peut s’échapper à grande distance : l’objet est alors invisible, on l’appelle « trou-noir ». C’est ce type de bestiole qui est tapi au centre de notre galaxie. 11/11