/ Service DIH DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE
Dossier thématique – Introduction au DIH / Historique – V 15.05.2012
FICHE 1.3. HISTORIQUE DU DIH
1. Des origines à 1859
La guerre est une constante dans l'histoire de l’humanité. Mais, de tout temps, les hommes ont
souhaité établir certaines règles visant à atténuer, autant que faire se peut, les dommages et les
conséquences des conflits armés. Ces règles se trouvaient dans des ouvrages philosophiques, dans
des codes religieux, dans des règlements destinés aux troupes, ou encore dans des traités bilatéraux
conclus entre les Etats.
Dès l’Antiquité, certains chefs politiques et militaires cherchèrent à protéger certaines catégories
de la population, notamment les femmes et les enfants, et certains biens indispensables à la survie
de celle-ci. Des trêves étaient organisées pour permettre aux parties en présence de recueillir les
morts et les blessés.
Exemples de sources de règles anciennes :
• Code d’Hammourabi (vers 1750 avant J.C.) : «Je prescris ces lois afin d’empêcher que le
fort n’opprime le faible.»
• Sun Tzu (VIe siècle avant J.C.), L’art de la guerre : neutraliser l’ennemi plutôt que de le
détruire, respecter les prisonniers,…
• Concile de Latran (1139) : interdiction de l’arbalète.
Par ailleurs, des principes fondamentaux d’humanité, comme la condamnation du meurtre et de la
torture et la protection des femmes, enfants et vieillards, se retrouvent dans la plupart des textes
religieux (Coran, Bible etc.).
En 1625, Grotius publie son ouvrage Droit de la guerre et de la paix qui énumère les règles de base
du droit de la guerre et qui marque la naissance du droit international public
.
De même, les philosophes au XVIIIe
siècle, tels Montesquieu et Rousseau, ont énoncé des principes
généraux d’humanité à prendre en compte dans la guerre.
• Montesquieu, De l'esprit des lois (1748) :
« …il est faux qu'il soit permis de tuer dans la guerre, autrement que dans le cas de nécessité… Tout
le droit que la guerre peut donner sur les captifs est de s'assurer tellement de leur personne, qu'ils
ne puissent plus nuire. Les homicides faits de sang-froid par les soldats, et après la chaleur de
l'action, sont rejetés de toutes les nations du monde. »
• Jean-Jacques Rousseau, Le contrat social (1762) :
« La fin de la guerre étant la destruction de l’État ennemi, on a le droit d’en tuer les défenseurs tant
qu’ils ont les armes à la main; mais sitôt qu’ils les posent et se rendent, cessant d’être ennemis ou
instruments de l’ennemi, ils redeviennent simplement hommes et l’on n’a plus le droit sur leur vie.»
De l’origine des conflits à l’avènement du droit humanitaire moderne, on a ainsi recensé plus de 500
cartels, codes de conduite et autres textes dont le but était de règlementer les hostilités.
Malgré cela, ce n’est que bien plus tard dans l’histoire de l’humanité que des principes
humanitaires clairs et précis applicables en situation de conflit s’imposeront juridiquement et de
manière contraignante aux belligérants.
2. 1859/1864 Naissance du Mouvement international de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge et du DIH moderne
En 1859, Henry Dunant, est le témoin des tragiques conséquences de la bataille de Solferino (Italie -
24 juin 1859) où près de 40.000 victimes sont abandonnées sur le champ de bataille. Il dénonce les
horreurs de cette guerre dans un texte qui circule dans toute l’Europe, « Un Souvenir de Solferino »
(1862). Il conclut son texte avec deux suggestions visant à réduire les souffrances des victimes des
combats :
• la constitution « dès le temps de paix, de sociétés de secours dont le but serait de faire donner
des soins aux blessés en temps de guerre » ;
• la formulation de « quelque principe international, conventionnel et sacré, qui servirait de
base à ces sociétés. »
En 1863, il crée avec quatre de ses concitoyens, Gustave Moynier, le général Guillaume-Henri
Dufour, Louis Appia et Théodore Maunoir, le Comité international de secours aux militaires blessés,
futur Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Ce « Comité des cinq » organise à Genève une