SESSION 2012 L`Europe dans la Guerre froide (1947-1989) - Izi-Bac

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CORRECTION BACCALAUREAT
TERMINALE L-ES – SESSION 2012
L'Europe dans la Guerre froide (1947-1989)
Introduction
➔ Phrase d'accroche :
✗ Avant même la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe est au cœur de
toutes les discussions dans les grandes conférences, comme à Yalta, en
1945. Libérée à l'Ouest par les troupes alliées, c'est à dire essentiellement
par les Américains, et à l'Est par les Soviétiques, l'Europe est l'objet de
toutes les convoitises. Dès 1946, dans son discours de Fulton, Churchill,
souligne que l'Europe est divisée d'Est en Ouest par un « rideau de fer » qui
oppose les deux grands vainqueurs de la guerre : les États-Unis et l'U.R.S.S.
➔ Définition des termes du sujet :
✗ « Europe » : Au sens géographique du terme, il s'agit du continent
européen. Il s'agit également d'évoquer les relations entre les États
européens, notamment entre l'Est et l'Ouest de l'Europe à une époque où
ce continent est divisée par des querelles idéologiques. Il faut également
prendre en compte la construction européenne.
✗ « Guerre froide » : Affrontement indirect, en raison de la dissuasion
nucléaire, entre les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale,
l'U.R.S.S. et les États-Unis, qui ont chacun constitué un bloc. Au sens large,
la Guerre froide peut être entendue comme la rivalité Est/Ouest.
➔ Définition des bornes chronologiques :
✗ 1947 : C'est le début de la Guerre froide car c'est l'année où les doctrines
idéologiques des deux Grands sont publiées : la doctrine Truman pour les
États-Unis et la doctrine Jdanov pour l'U.R.S.S. Ces doctrines antagonistes
conduisent à une division de l'Europe en deux blocs, le Bloc de l'Ouest et
celui de l'Est. Cette partition est entérinée avec l'adoption du Plan Marshall,
en 1947 également, par de nombreux pays européens qui constituent le
Bloc de l'Ouest.
✗ 1989 : C'est l'année de la chute du Mur de Berlin, mur de la honte pour
l'Europe divisée. L'année 1989 est également marquée par de nombreuses
manifestations au sein du Bloc de l'Est pour demander plus de libertés et
l'ouverture également de la frontière entre la R.F.A. et la Tchécoslovaquie.
C'est, en quelque sorte, le début de la fin de la Guerre froide, même s'il
faudra attendre 1991 pour voir s'effondrer totalement le bloc de l'Est.
➔ Problématique :
✗ Il faut relier les événements liés à la Guerre froide à l'histoire européenne,
aux relations entre États européens et montrer que l'Europe a été un terrain
d'affrontement mais aussi d'apaisement puis de réconciliation entre les deux
Grands.
✗ Dans quelle mesure le continent européen a-t-il été un enjeu essentiel de la
Guerre froide, c'est à dire un enjeu de la rivalité Est-Ouest ?
➔ Choix du plan :
✗ Le sujet impose un plan chronologique. Il faut toutefois veiller à ne pas
raconter la Guerre froide mais choisir une périodisation (pour le découpage
des grandes parties) en lien avec l'histoire européenne.
➔ Annonce du plan :
✗ Dans un premier temps, on verra comment l'Europe est divisée par la
rivalité américano-soviétique (1947-1962).
✗ Puis, il faudra analyser comment l'Europe est le théâtre de la Détente et de
la Guerre fraîche entre 1962 et 1980.
✗ Enfin, on étudiera comment l'Europe parvient, dans les années 1980, à se
délivrer de la rivalité Est-Ouest pour constituer une nouvelle puissance
dans un monde multipolaire.
1°/ L’Europe divisée par la Guerre froide (1947-1962)
En 1947, l'Europe assiste impuissante, à la formation des deux blocs qui conduisent à sa
division. L'Allemagne et plus particulièrement la ville de Berlin deviennent les symboles
de la rivalité Est/Ouest.
A. La formation de deux blocs
➔ Europe détruite, très fragilisée par les années de guerre. Elle a perdu son
leadership : fin de l'empire colonial (ex : 1956 : crise Suez). Europe occupée par les
vainqueurs de la guerre : Allemagne et Autriche notamment.
➔ Grande Alliance mise à mal par les difficultés à dénazifier l'Allemagne ; problèmes
des frontières (entre l'Allemagne et la Pologne) ; accords de Yalta non-respectés
avec l'expansionnisme soviétique.
➔ Opposition de deux doctrines : doctrine Truman et containment (endiguement du
communisme)/doctrine Jdanov
➔ Opposition de deux modèles économiques : économie libérale portée par
l'O.E.C.E. Et favorisée par le Plan Marshall face à une économie planifiée
(Comecon).
➔ Bouleversement du climat politique en Europe : fin de la Grande Alliance et
naissance d'une méfiance entre les deux vainqueurs de la Seconde Guerre
mondiale.
B. Une Europe divisée par la logique
bipolaire
➔ En acceptant le Plan Marshall, les pays d'Europe de l'Ouest se séparent des pays
d'Europe de l'Est.
➔ Les pays d'Europe de l'Ouest acceptent de devenir des démocraties libérales, sous
protection américaine, quand, à l'Est, les États deviennent des démocraties
populaires, sous l'autorité de Moscou.
➔ Les deux systèmes d'alliances qui sont créés en 1949 et 1955 consacrent cette
division de l'Europe. L'O.T.A.N. est créée en 1949, et regroupe les pays d'Europe
de l'Ouest, sous le « parapluie américain ». La riposte soviétique ne tarde pas à
arriver : en 1955, le Pacte de Varsovie place les pays d'Europe de l'Est sous la
protection de l'U.R.S.S.
C. L'Allemagne et Berlin, symbole de la
Guerre froide en Europe
➔ Allemagne est située au cœur de l'Europe, entre l'Est et l'Ouest. Depuis la fin de la
guerre, l'Allemagne et Berlin, sa capitale, sont divisées en quatre zones
d'occupation par les Alliés. Les Français, les Britanniques, les Américains et les
Soviétiques administrent ensemble la puissance déchue par la guerre.
➔ 1948 : Blocus de Berlin organisé par Staline
➔ Mise en place d'un pont aérien organisé par les Américains, soutenus par les
Anglais.
➔ 1949 : Division de l'Allemagne en deux États indépendants : R.F.A. et R.D.A.
➔ 1961 : Construction du Mur de Berlin :
Transition : A partir de 1947, l'Europe est donc au cœur de la Guerre froide.
L'Allemagne et Berlin en particulier sont des enjeux stratégiques essentiels dans
l'opposition Est/Ouest.
2°/ L'Europe, à l'heure de la Détente et de la Guerre Fraîche (1962-1980)
A partir de 1962, les relations entre les deux Grands s'apaisent. L'Europe devient alors le
théâtre de la Détente puis de la Guerre fraîche, lorsque l'affrontement reprend.
A. L'Europe au cœur de la Détente (19621975)
➔ Nouveau contexte politique : construction européenne en marche à l'Ouest qui
renforce les solidarités ; décolonisation et repli des Européens sur leur continent
en tant que tel ; nouveaux terrains de tension entre les deux Grands en Asie
(Corée, Vietnam) ou en Amérique du Sud (Cuba,...).
➔ Volonté d'apaisement (politique de coexistence pacifique) et d'ouverture :
Ostpolitik : politique d'ouverture à l'Est menée par Willy Brandt à partir de 1969
➔ Reconnaissance officielle par les deux États, la R.F.A et de la R.D.A., de leur
existence mutuelle, en 1972.
➔ 1972 : Signature des Accords SALT par Brejnev et Nixon : gel des armements
nucléaires dans les deux camps.
➔ 1975 : Signature des Accords d'Helsinki qui font reconnaître à la fois la noningérence dans les affaires intérieures (art.6) et le respect des Droits de l'Homme
(art.7)
B. Une volonté de s'émanciper des
deux Grands
➔ Construction européenne avance (C.E.C.A., C.E.E., P.A.C., marché commun) et
les élargissements se poursuivent (1973, 1981, 1986). Le couple franco-allemand
fonctionne bien.
➔ Des tentatives à l'Ouest pour gagner de l'autonomie au fur et à mesure que la
construction européenne avance. De Gaulle mène une politique de grandeur
nationale et souhaite que la France soit indépendante sur le plan nucléaire. Il se
retire du commandement intégré de l'O.T.A.N en 1966.
➔ A l'Est également, beaucoup de soulèvements populaires ont lieu : révolte de
Budapest en 1956, Printemps de Prague en 1968, relayés par les mouvements
intellectuels (Charte 77, écrits de Soljenitsyne)
C. L'Europe, enjeu de la Guerre fraîche
➔ Émancipation étouffée, notamment à l'Est : révoltes à l'Est avortent ; doctrine
Brejnev de la « souveraineté limitée » des démocraties populaires pour préserver
l'attachement des pays d'Europe de l'Est au Bloc Soviétique : sert à justifier a
posteriori l'intervention soviétique à Prague en 1968.
➔ Crise des euromissiles entre 1977 et 1983 : SS20 contre les missiles Pershing de
l'O.T.A.N. Crise résolue par la signature des accords de Washington en décembre
1987. Démantèlement des euromissiles et des missiles de croisière.
Transition : Durant les décennies 1960 et 1970, l'Europe tente de se détacher des deux
Grands, notamment en favorisant la Détente. Elle ne peut toutefois empêcher la reprise
des affrontements lors de la Guerre fraîche. Il faut attendre les années 1980 pour que la
fin de la rivalité américano-soviétique devienne réalité en Europe.
3°/ La fin de la rivalité Est-Ouest en Europe (années 1980)
A. Une émancipation progressive de la tutelle
soviétique
➔ Charte 77, élaborée par des intellectuels en Tchécoslovaquie contre la
« normalisation » mise en place par l'U.R.S.S.
➔ Pologne : pays pionnier pour la dissidence. Rôle de Lech Walesa (prix Nobel de la
paix, 1983) et du syndicat, Solidarnosc, qui demande plus de libertés. Rôle du
Pape, Jean-Paul II : porte-parole des pays de l'Est, dans le camp de l'Ouest.
➔ Réveil des nationalismes et contagion dans toute l'Europe de l'Est (Hongrie,
Tchécoslovaquie, Roumanie,...). Volonté des pays de l'Est d'accéder à un meilleur
niveau de vie, comme à l'Ouest.
➔ Rôle aussi de Gorbatchev : homme d'ouverture qui sent qu'il faut réformer le
pays. Réformes : Glasnost et Pérestroïka. Autorise la libre détermination des
peuples de l'Est car il se rend compte qu'il n'a plus les moyens d'imposer autant de
restrictions.
B. La chute du Mur de Berlin, symbole de la
fin des hostilités en Europe
➔ 9/11/1989 : Chute du Mur de Berlin : symbole de la fin de la rivalité Est-Ouest.
Rassemblement du peuple autour du mur. Le peuple abat le Mur et écrit ainsi son
Histoire. Les Berlinois ont conscience de participer à un événement historique de
l'histoire européenne. Les politiques sont dépassés par l'engouement des peuples.
➔ Début de la fin de la Guerre froide car le Mur symbolise en quelque sorte la mort
du modèle économique et politique défendu par l'U.R.S.S. Dans les faits, le
communisme ne disparaît pas avec la chute du Mur.
➔ 1990 : Réunification de l'Allemagne, symbole de la réunification de l'Europe
entière.
Conclusion
➔ Entre 1947 et 1989, l'Europe a donc été un enjeu essentiel de la Guerre froide.
➔ Théâtre d'affrontements ou terrain d'apaisement et de réconciliation selon les
périodes.
➔ La fin de l'affrontement Est/Ouest a redonné à l'Europe l'espoir de voir son
territoire uni dans la construction européenne. Peuples de l'Est sont très
enthousiastes à l'idée d'adhérer à l'Union Européenne.
➔ Toutefois, l'Europe demeure une puissance fragile. L'éclatement de l'U.R.S.S. En
1991 a réveillé les nationalismes qui ont fait naître de nouvelles guerres, dans les
Balkans notamment. L'Europe s'est alors montrée incapable de gérer ces violences
sur son territoire et a dû faire appel aux Américains.
CORRECTION BACCALAUREAT
TERMINALE L-ES-S – SESSION 2012
La Ve République : institutions et vie politique
Introduction
➔ Phrase d'accroche :
✗ Depuis 1958, la France est sous le régime de la Ve République. Fondées par
le Général de Gaulle, les institutions françaises de la Ve République ont dû,
au fur et à mesure, être adaptées aux évolutions de la société française.
➔ Définition des termes du sujet :
✗ « Ve République » : Régime politique qui succède à la IVe République à
partir de 1958.
✗ « Institutions »: Ensemble des structures politiques et sociales établies par
la loi, et notamment la loi suprême qu'est la Constitution, et qui permettent
de régir un État. Ce sont les organes décisionnels en France qui détiennent
l'exercice du pouvoir ou son contrôle : présidence et gouvernement ;
parlementaires (Assemblée nationale et Sénat) ; corps intermédiaires
(syndicats, associations,...)
✗ « Vie politique » : C'est, à la fois, l'organisation des forces politiques, la
constitution et l'évolution de majorités ou de forces d'opposition par
exemple mais aussi la pratique politique (participation des français aux
décisions politiques par les référendums ou encore l'abstention).
➔ Définition des bornes chronologiques :
✗ Le sujet ne propose pas des bornes chronologiques.
✗ Cela dit, le sujet permet de les déduire puisque la Ve République court de
1958 à nos jours.
➔ Problématique :
✗ Il s'agit d'étudier les relations entre, d'un côté, le moule institutionnel,
instauré par De Gaulle en 1958, et de l'autre, l'évolution de la vie politique
française.
✗ Dans quelle mesure les institutions fondées par la Constitution de 1958
ont-elles dû être adaptées pour répondre aux attentes des Français et aux
différentes crises posées par la vie politique française ?
➔ Choix du plan :
✗ Plusieurs plans sont possibles, chronologique comme thématique. Il faut
éviter le plan trop simple : 1. Les institutions et 2. La vie politique car le but
du sujet est d'étudier les rapports, les relations entre ces deux termes.
✗ Le plan le plus efficace est sans doute celui qui allie la dimension
chronologique (pour le découpage des grandes parties) à la dimension
thématique.
➔ Annonce du plan :
✗ Dans un premier temps, il faudra analyser la nature des institutions fondées
par De Gaulle et voir comment Pompidou s'est inscrit dans la continuité de
cette nouvelle République.
✗ Puis, l'on verra que les institutions ont dû être adaptées, à partir des années
1970, pour prendre en compte les attentes des Français.
✗ Enfin, les institutions ont été encore réformées, dans les années 2000, pour
rendre l'exercice du pouvoir plus efficace.
1°/ Une République gaullienne : la naissance de nouvelles institutions (19581974)
Pour comprendre dans quel contexte les institutions de la Ve République ont été créées,
il faut analyser la chute de la IVe République.
A. La chute de la IVe République
➔ 1958 : Création d'une nouvelle République par le Général de Gaulle pour
remplacer le régime parlementaire de la IVe République.
➔ La IVe République avait créée en 1946. Régime parlementaire instable qui a vu se
succéder 17 gouvernements. Régime incapable de mener des politiques sur le long
terme car l'Assemblée Nationale a le pouvoir de censurer le gouvernement.
➔ 13 mai 1958 : Émeute à Alger menée par les Français d'Algérie, qui demandent le
retour du Général de Gaulle au pouvoir. Le Président de la République, René
Coty, se trouve dans l'incapacité de gérer la question algérienne. Il est obligé de
rappeler le Général de Gaulle qui impose ses conditions. Fin de la IVe
République.
B. La mise en place d'une nouvelle
République et d'un régime semi-présidentiel
➔ Eté 1958 : La future Constitution de la Ve République est rédigée et reprend les
idées développées en 1946 par le Général De Gaulle dans son discours de Bayeux.
Elle instaure un régime « semi-présidentiel », et non plus parlementaire. Pour De
Gaulle, le Président doit être « la clé de voûte des institutions ». On reconnaît bien
là le militaire, l'homme du 18 juin, celui qui a dû prendre des mesures
exceptionnelles au moment de l'occupation de la France.
➔ La Constitution prévoit un pouvoir exécutif fort qui renforce l'autorité
présidentielle. Le Président nomme le Premier Ministre, a le pouvoir de dissoudre
l'Assemblée nationale. Pour la gauche qui est à l'époque dans l'opposition, c'est
une sorte de « Coup d'État permanent » (F.Mitterrand, 1964) qui est permis au
Président de la République avec cette mesure.
➔ Le Président est, par ailleurs, le Chef des Armées. Il peut en cas de crise grave,
menaçant l'intégrité du territoire, prendre des mesures exceptionnelles sans
consulter les parlementaires (article 16).
➔ Le pouvoir législatif est confié aux deux chambres, le Sénat et l'Assemblée
Nationale qui voient cependant leurs pouvoirs limités. L'Assemblée Nationale ne
peut plus censurer le gouvernement.
➔ Par ailleurs, la Constitution prévoit que le Président puisse consulter directement
les Français grâce au référendum, ce qui contribue à marginaliser les partis
politiques. C'est chose faite le 28 septembre 1958 lorsque les Français approuvent
à 79% la nouvelle Constitution.
➔ Constitution de 1958 prévoit aussi la création d'un Conseil Constitutionnel qui
veille à la régularité des scrutins et des référendums. Ses décisions s'imposent
« aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles »
(art. 62 de la Constitution 1958).
➔ 1962 : Suite aux attentats, organisés par l'O.A.S. qui ont failli lui coûter la vie, De
Gaulle demande une révision constitutionnelle. Il souhaite que le Président de la
République soit élu au suffrage universel direct. Les Français approuvent, par
référendum, en octobre 1962, ce nouveau mode de scrutin à 62%.
➔ De Gaulle instaure donc une relation directe avec les Français, qui passe
également par une utilisation des médias (allocutions télévisuelles fréquentes).
C. Une continuité institutionnelle assurée
sous la présidence de Pompidou
➔ Crise de mai 1968 : De Gaulle ne parvient pas à gérer la crise étudiante qui se
transforme en grève générale. Répression très forte. Mécontentement d'une
grande partie des Français.
➔ 27 avril 1969 : Référendum organisé sur la réforme du Sénat et de la
régionalisation. Comme De Gaulle a annoncé qu'il démissionnerait si le « non »
l'emportait, le débat porte moins sur la réforme du Sénat que sur le fait de laisser
ou pas De Gaulle au pouvoir. Le « non » l'emporte à 52% car l'opposition à la
politique du Président en fonction est de plus en plus forte.
➔ En tenant sa parole et en démissionnant, De Gaulle renforce la légitimité des
institutions de la Ve République. Georges Pompidou, son ancien Premier
Ministre, lui succède et s'inscrit dans la continuité de la politique gaullienne, en
menant une politique de grandeur et d'indépendance nationale.
➔ 1974 : Décès de Georges Pompidou. Valéry Giscard d'Estaing, partisan d'une
droite plus modérée, lui succède.
2°/ Adapter les institutions pour se rapprocher des citoyens français (1974-années
2000)
A son arrivée au pouvoir en 1974, Valéry Giscard d'Estaing se veut le président du
rajeunissement, du changement et de la modernité.
A. Abaisser l'âge de la majorité
➔ Valéry Giscard d'Estaing est conscient qu'il faut prendre en compte les évolutions
de la société française. Les jeunes constituent une force politique importante. Ils
ont été capables de faire chuter De Gaulle, au moment de la crise de mai 1968.
➔ Il faut donc faire évoluer les institutions et permettre aux jeunes de voter. L'âge de
la majorité passe donc de 21 ans à 18 ans.
B. Alternance politique et cohabitation : une
bipolarisation de la vie politique française
➔ Avec les décès de De Gaulle et de Pompidou, les forces politiques se
recomposent en France, que ce soit à droite ou à gauche. Les partis se multiplient
(Front National fondé en 1972, Les Verts en 1974,...).
➔ Le scrutin majoritaire qui permet de dégager une majorité forte, favorise la
bipolarisation de la vie politique, comme le montrent les élections présidentielles
de 1974 et 1981.
➔ 1981 : L'élection du socialiste, François Mitterrand, conduit à l'alternance politique
pour la première fois depuis la mise en place de la Ve République.
➔ 1986 : L'opposition remporte les législatives. Mitterrand doit faire évoluer les
institutions de la Ve République pour prendre en compte le choix des Français. La
Constitution de 1958 ne prévoyait pas ces situations de cohabitation. Mitterrand
innove et choisit donc un Premier Ministre issu de l'opposition : Jacques Chirac.
Deux autres épisodes de cohabitation ont lieu entre 1993 et 1995 et entre 1997 et
2002. A chaque fois, la vie politique se trouve paralysée par la rivalité entre ces
deux têtes de l'exécutif et les pouvoirs du Président sont réduits.
C. L'acte de décentralisation : des citoyens
au cœur du processus de décision
➔ 1982 : Loi Defferre. Premier acte de décentralisation en France. Les collectivités
territoriales bénéficient de nouveaux pouvoirs pour prendre en compte les
attentes des citoyens français.
➔ Principe de subsidiarité : c'est la recherche du niveau pertinent pour effectuer une
action publique, c'est à dire faire veiller à ce qu'une action publique soit effectuée
par le plus petit échelon possible.
➔ Contexte européen en évolution : à partir de 1979, les citoyens élisent les
parlementaires européens au suffrage universel direct.
3°/ Réformer les institutions de la République pour éviter une paralysie de la vie
politique française (Années 2000)
A. Des réformes institutionnelles pour
garantir l'efficacité du pouvoir politique
➔ Face aux risques de situations de cohabitation qui paralysent la vie politique
française, Jacques Chirac décide de faire un référendum en 2000 pour ramener le
mandat présidentiel à cinq ans et le faire coïncider avec le mandat législatif.
Inversion du calendrier électoral pour permettre le fait présidentiel (appelé aussi le
fait majoritaire), c'est à dire permettre au Président d'obtenir une majorité à
l'Assemblée et mener ainsi sa politique. Le quinquennat est donc adopté à 73%.
➔ Élections présidentielles de 2002 : Le 21 avril, Jacques Chirac se retrouve au
deuxième tour des élections face à Jean-Marie Le Pen, candidat du Front
National. La montée des extrêmes signe l'atténuation de la bipolarisation de la vie
politique puisque la gauche, incarnée par Lionel Jospin, chef de gouvernement
depuis 1997, est marginalisée. Ces résultats dénotent une crise de la représentation
politique en France puisque 28% des Français ne se sont pas déplacés pour aller
voter ce jour-là.
➔ 2005: Référendum sur le traité constitutionnel : vifs débats en France. Les
partisans du « non » sont présents dans tous les partis. L'échiquier politique est
bouleversé par ce débat. 55% des Français rejettent le traité.
B. Quel avenir pour la Ve République ?
➔ Ve République est un régime aujourd'hui très critiqué : abstention, montée des
extrêmes, périodes de cohabitation, une Assemblée nationale muselée et d'où
certains partis sont absents, sont autant de raisons qui poussent de nombreux
politiques à penser le passage à une VIe République (S.Royal, A.Montebourg,
F.Bayrou,...)
➔ Cette VIe République établirait une démocratie parlementaire (pouvoirs du
Parlement seraient renforcés), favoriserait le dialogue social entre grands patrons
et syndicats, accorderait une plus grande représentation aux territoires locaux
(renforcés par la décentralisation) et associerait davantage le peuple aux décisions
(démocratie participative).
➔ Toutefois, ce changement de République n'est pas à l'ordre du jour puisque les
deux derniers Présidents élus ne l'avaient pas intégré à leur programme. N.
Sarkozy en 2007 s'est plutôt inscrit, durant son mandat, dans
l'hyperprésidentialisation. Quant à F. Hollande, il a fondé toute sa campagne en
2012 sur l'idée du changement, sans pour autant envisagé celui-ci.
Conclusion
➔ Depuis 1958, les institutions de la Ve République ont su s'adapter aux évolutions
de la vie politique française. Le moule constitutionnel pensé par et pour le
Général de Gaulle en 1958 s'est, au fil du temps, assoupli pour mieux prendre en
compte les attentes des français et dépasser les blocages de la vie politique. Si
aujourd'hui c'est un régime contesté par certains, il demeure toutefois solide, y
compris en temps de crise.
CORRECTION BACCALAUREAT
Terminale S-L-ES - Session 2012
Vers un nouvel ordre mondial : espoirs et réalités.
Document 1 : Le « nouvel ordre mondial » selon John Kenneth Galbraith
Document 2 : De l'anticommunisme au jihad anti-américain
Document 3 : Les États-Unis et le monde
Document 4 : Les défis d'un monde qui change
Première partie
Analysez l'ensemble documentaire en répondant aux questions suivantes :
1. Comment John Galbraith envisage-t-il le nouvel ordre mondial et le rôle de
l'O.N.U. à la fin des années 1980 ? (document 1)
John Galbraith envisage un nouvel ordre mondial fondé sur une aide financière
des pays riches aux pays pauvres. Selon lui, la pauvreté est responsable des désordres
politiques dans le monde : « un nouvel ordre mondial […] doit aussi aller au-delà des
conflits et des massacres pour s'attaquer à leurs causes. » Pour que la paix soit garantie
dans ce nouveau contexte international, il faut que les pays riches aident les pays les
moins avancés, à la fois en donnant des fonds, en diffusant la démocratie mais aussi en
promouvant l'éducation.
John Galbraith envisage également un rôle plus étendu pour l'O.N.U. Avec la fin
de la rivalité Est/Ouest, les relations internationales ont évolué. Lors de la guerre du
Golfe, les deux anciens rivaux, les États-Unis et l'U.R.S.S. se sont, pour la première fois,
soutenus mutuellement. Pour Galbraith, il est désormais nécessaire qu'il y ait « un certain
abandon de souveraineté » au profit de l'O.N.U. Il faut que les Nations-Unies, selon lui,
puissent non seulement empêcher les conflits inter-étatiques mais également intraétatiques, notamment en ayant le pouvoir de s'ingérer dans la politique intérieure d'un
pays.
2. En quoi les nouvelles menaces évoquées par les documents 1, 2 et 3
montrent-elles les limites de cette analyse ?
La pensée de Galbraith est très difficile à mettre en place car les États-Unis ne
sont pas prêts à abandonner une partie de leur souveraineté au profit des Nations-Unies.
Ils y sont d'autant moins prêts qu'ils ont pris conscience de leur vulnérabilité, au moment
des attentats terroristes du 11 septembre 2001. De plus, la pensée manichéenne
développée par les élites politiques américaines, à commencer par Georges W. Bush, qui
engage les États-Unis dans une guerre contre « l'Axe du Mal », sans le soutien des
Nations-Unies, constitue également une limite à l'analyse de Galbraith.
3. De quelle vision du monde le document 3 témoigne-t-il ?
Le document 3 témoigne d'une vision manichéenne du monde. Plantu formule ici une
critique de la pensée américaine qui aurait tendance, selon lui, à classer les peuples du
monde soit du côté du Bien, c'est à dire du côté des valeurs chères aux Américains
(libéralisme, capitalisme, droits de l'homme,...), soit du côté du Mal qui regrouperait les
ennemis de l'Amérique. C'est une pensée qui ne permet pas de saisir toute la complexité
du monde.
4. En confrontant les documents 1 et 4, montrez à quels défis la communauté
internationale n'a pas répondu en 2005.
John Galbraith, en 1991, souhaitait que l'O.N.U. voit son rôle être accru dans le nouvel
ordre mondial. Or, en 2005, la lutte contre la pauvreté et pour l'éducation n'a pas été
menée à son terme. Ces objectifs qui avaient été rappelés au moment de la Déclaration
du Millénaire n'ont pas pu être atteints car le contexte international, marqué par le
terrorisme, a réduit le partenariat entre les pays du Nord et les pays du Sud. Pire, l'O.N.U.
semble même ne plus être considérée comme une organisation de confiance. Même si le
monde est « plus riche » qu'en 1991, les inégalités persistent et sont responsables du
désordre international. Le défi du développement n'ayant pas été relevé, l'instabilité
politique mondiale demeure.
Deuxième partie
A l'aide des réponses aux questions, des informations contenues dans les
documents et de ses connaissances, le candidat rédigera une réponse organisée
au sujet suivant :
Vers un nouvel ordre mondial : espoirs et réalités.
En 1991, beaucoup d'espoirs sont placés dans l'Organisation des Nations-Unies.
Qu'en est-il quinze ans plus tard, en 2005 ? Quelle est la teneur du nouvel ordre mondial
hérité de la Guerre froide ?
La fin de l'affrontement entre les États-Unis et l'U.R.S.S. fait naître un nouvel
ordre mondial, placé sous l'égide de l'O.N.U. Comme l'indique John Galbraith,
économiste américain, dans l'article paru le 16 avril 1991 dans Le Monde, l'année 1991
suscite beaucoup d'espoirs. Lors de la guerre du Golfe qui a opposé les États-Unis à
l'Irak, suite à l'invasion du Koweit, George Bush a sollicité l'appui de l'O.N.U. et d'une
coalition internationale pour intervenir militairement. Beaucoup d'espoirs sont donc
fondés sur la capacité de l'O.N.U à résoudre les conflits. Galbraith espère également que,
dans le cadre de l'O.N.U., les pays riches, développés vont soutenir les pays les moins
avancés, récemment décolonisés. Selon lui, en effet, le manque d'éducation, l'absence de
développement sont les causes de l'instabilité politique entre les États mais également au
sein des États. Il faut donc qu'un partenariat Nord/Sud soit mis en place à l'échelle
mondiale pour résorber les déséquilibres économiques.
Cette analyse est toutefois très difficile à mettre en place car les décennies 1990 et
2000 sont marquées par des attentats terroristes d'une extrême violence (11 septembre
2001 notamment). Face au jihad lancé par les islamistes radicaux dans le monde entier,
les États-Unis de George W. Bush répliquent, sans l'accord de l'O.N.U. La pensée
manichéenne qui consiste à réduire le monde en deux camps, le Bien et le Mal, empêche
d'établir le partenariat Nord/Sud voulu par Galbraith en 1991. Les crédits américains ne
bénéficient donc pas aux pays du Sud mais sont utilisés, aux États-Unis, pour financer la
guerre contre le terrorisme international.
Conséquence de cette guerre menée par les États-Unis contre le terrorisme, les
inégalités Nord/Sud s'accroissent, déstabilisant un peu plus les pays du Sud qui ont des
difficultés à s'insérer dans un contexte de mondialisation avancée. Kofi Annan, Secrétaire
Général des Nations-Unies en 2005, ne peut alors que prendre note de l'échec de la
Déclaration du Millénaire. Le pouvoir est mal réparti, tout comme les richesses, ce qui
engendre une instabilité politique forte à l'échelle mondiale.
Les espoirs fondés sur le nouvel ordre mondial émanant de la Guerre froide en
1991 ont donc été rapidement réduits à néant, lorsque le terrorisme s'est imposé sur la
scène internationale. Lorsque les États-Unis ont été frappés sur leur sol par les jihadistes,
le 11 septembre 2001, les relations Nord/Sud ont été fragilisées et l'O.N.U. marginalisée.
La politique de dialogue et de partenariat s'est donc effacée devant la guerre. Cinq ans
plus tard, les inégalités économiques et politiques entre le Nord et les Sud persistent et
plongent dans de nouvelles conflictualités une bonne partie du monde, sous l'oeil
impuissant de l'O.N.U.
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CORRECTI ONS BACCALAUREAT
TERMINALE S-ES-L : Sessi on 2012
La Russie : un esoace en reco
sition
l"/ Un
espace contraignant
qui s'est replié sur lui-même depuis
l'effondrement du bloc soüétique
A" Un territoire réduit et contesté ...
Nouvelles frontières de la Russie après le démantèlement de
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Retout des pieds rouges
Conflit tchétchène
B. ... aux contraintes
nombreuses
Limite du permafrost
Banquise hivernale qui freine le développement
2o
/ La Russie, un Etat qui cherche à s'intégrer
davantage dans la
mondialisation
A. Un Etat qui détient des ressources énergétiques très convoitées par le
reste du monde
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Gis ements d'hydrocarbwes
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Gisements de houille
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Gisement, a.
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et de métaux
B. Un Etat qui s'ouvre sur le monde
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Potts ouverts sut le teste du monde
Interfaceeuropéenne:interfacedominante
fnterface asiatique: interface majeure en devenit qü pourrait
faire basculer les échanges de la Russie vers
30
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lâsie orientale.
IJne insertion variable dans la mondialisation
A. Des centres d'impulsion pour le développement de la Russie
Moscou : métropole et centte d'impulsion maieur qui concentre
des fonctions de commandement politiques et économiques
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Métropoles secondaires
Axes de communication (ttanssibérien et BANO : des transports
structuraflt
B, Des espaces inégalement peuplés et exploités
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Russie utile, densément peuplée
et
intégrée dans
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mondialisation
Russie exploitée mais partiellemeat maîttisée: périphérie plus
ou moins intégrée et peuplée .
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Russie du
vide: pédphérie faiblement peuplée, en marge de la
mondialisation
C. Des flux dissymétriques qui tenforcent les contrastes spatiaux
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Fhx de matières premières et de population
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CORRECTI ONS BACCALAUREAT
TERMINALE S-ES-L : Session 2012
Centres d'impulsion et inégalités de développement
dans le monde
10/ Des centres d'impulsion, maioritairement concentrés au Nord et qui
génèrent des flux d'échanges dans une économie mondialisée
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Pôles de la Triade
Mégalopoles
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Nouveaux territoires de la mondialisation
Flux maieurs eritre les pôles de la Triade
Limite Nord/Sud
Desespaces inégalement développés et intégtés à la mondialisation
A. Des Notds, espaces moteurs de la mondialisation
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PrD
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Pays en recomposition (ex Pays du bloc soviétique)
1}
NPIA: quatte dragons (Cotée du Sud, Tarwan,
Singapour,
Hong-Kong)
B. L'émergence d'un Sud de plus en plus industrialisé
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Pays éme(gents, rrotâmment les BRICS (Brésil, Chine, Inde,
Afrique du Sud)
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Pays exportateurs
d'\drocarbures
C. Des pays du Sud en marge de la mondialisation
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Pays les moins avancés
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