Regards sur l'économie italienne janvier 2017- @ DGTRESOR Regards sur l’économie italienne Publication mensuelle d’information sur l’économie italienne JANVIER 2017 © DGTRESOR CONJONCTURE TABLEAU DE BORD Indicateur Croissance PIB (g.a.) Date valeur 3e trim. 2016 Valeur Tendance Indicateur Date valeur Valeur Tendance +1,0% Inflation IPCH (g.a.) Déc. 2016 +0,5% Consommation des ménages (g.a.) 3e trim. 2016 +1,1% Inflation sousjacente IPCH (g.a.) Déc. 2016 +0,7% Formation brute de capital fixe (g.a.) 3e trim. 2016 +2,3% Production industrielle (g.a.) sept. 2016 +3,2% Importations biens et services (g.a.) 3e trim. 2016 +2,2% Taux de chômage nov. 2016 11,9% Exportations biens et services (g.a.) 3e trim. 2016 +2,5% Taux de chômage des jeunes Nov. 2016 36,4% Source : Elaboration SER de Rome sur données ISTAT FINANCE ET GESTION PUBLIQUES Adoption de la loi de finances pour 2017 Le Parlement italien a adopté le 7 décembre la loi de finances pour 2017. En autorisant un objectif de déficit maximum de -2,3% du PIB en 2017, la loi de finances confirme la déviation de la trajectoire budgétaire italienne, conformément à l’orientation qui avait été présentée dans le projet de programme budgétaire (PPB) que les autorités italiennes avaient soumis à l’examen de la Commission européenne. Cette déviation de la trajectoire de retour à l’équilibre structurel des finances publiques induit un risque de non-respect des dispositions du volet préventif du Pacte de stabilité et de croissance et des règles sur la dette publique, risque souligné par la Commission européenne puis par l’Eurogroupe des 5 et 6 décembre 2016. La création d’un fonds public de soutien au secteur bancaire, doté de 20 Md€ par emprunts (cf. ci-après), contribue à accroître ce risque. Hors ressources d’emprunts nécessaires au fonds de soutien au secteur bancaire, la loi de finances prévoit un accroissement du besoin de financement de l’Etat par emprunt à 293 Md€ en 2017 (254,5 Md€ en 2018 AMBASSADE DE FRANCE EN ITALIE - SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL-©DGTRESOR - 1 - Regards sur l'économie italienne janvier 2017- @ DGTRESOR et 249,5 Md€ en 2019) en lien avec la forte hausse des remboursements d’emprunts prévus (254,5 Md€ en 2017 après 218,5 Md€ initialement prévus pour 2016). Une réduction de la charge d’intérêts de la dette est anticipée à 4,8% du PIB (+5,0% initialement prévus pour 2016) puis 4,5% en 2018 et 4,3% en 2019. Principales mesures de la loi de finances pour 2017 Les mesures nouvelles adoptées en loi de finances représentent 27 Md€ en dépenses. Elles visent à soutenir la croissance (i) en poursuivant une politique d’allègement de la pression fiscale, avec notamment la reconduction du gel des clauses de sauvegarde (renoncement au déclenchement automatique d’une hausse de la TVA en 2017 représentant 15,1 Md€) et un abaissement de la charge fiscale des entreprises et des agriculteurs, et de soutien des ménages, (ii) en relançant les investissements publics et privés, (iii) en atténuant les effets de la réforme des retraites et (iv) en améliorant la situation des agents publics. Elles ont également pour objectifs de faire face aux conséquences des séismes qui ont frappé le pays depuis août 2016 et à la crise migratoire. La loi de finances prévoit que la couverture de ces mesures nouvelles sera assurée en 2017 à près de 45% par le déficit (soit 12 Md€). Le reste (15 Md€) devrait provenir de ressources nouvelles, telles que la poursuite de l’optimisation des dépenses de ministères ou spending review (2,7 Md€), la lutte contre la fraude à la TVA et la restructuration du dispositif de recouvrement (4,3 Md€), l’extension jusqu’à fin 2017 de la régularisation des avoirs détenus à l’étranger ou voluntary disclosure (1,6 Md€), la cession de droits de fréquences (2 Md€) et la réforme de l’ACE ou aide à la croissance économique (1,7 Md€). L’impact de ces mesures sur la croissance italienne est estimé entre +0,2 pt et +0,5 pt en 2017 selon les analyses. Pour le gouvernement, cet impact devrait atteindre + 0,4 pt avec une projection de croissance de +1,0% en 2017 (croissance de +0,9% prévue par la Commission européenne et +0,8% par l’OCDE). Mesures en faveur des entreprises Exclusion, sur la période 2017-2019, des revenus fonciers agricoles de la base des revenus imposables des agriculteurs et entrepreneurs agricoles. Exonération de charges sociales pour les agriculteurs et entrepreneurs agricoles âgés de moins de 40 ans et qui ouvrent une nouvelle entreprise en 2017, à hauteur de 100% les trois premières années d’activité puis de 66% et 50% les deux années suivantes. Hausse du taux de compensation TVA applicable aux bovins (à hauteur de 7,7%) et porcins vivants (8%). Allègement de la pression fiscale Outre la réduction, à partir de 2017, du taux d'imposition des sociétés (IRES) de 27,5% à 24%, déjà prévue dans la loi de finances pour 2016, sur les entreprises la loi de finances pour 2017 prévoit une taxation du revenu des entrepreneurs individuels à un taux unique de 24% par l’introduction d’un nouveau régime d’imposition (création de l’impôt sur le revenu des entreprises individuelles IRI). Prolongation de l’amortissement des investissements dans les Super et hyper amortissements (mesures du plan Industria 4.0) équipements industriels introduit dans la LF pour 2016 (140%) et introduction d’une augmentation de 150% pour l'amortissement des immobilisations sur les contenus à haute technologie (portant le taux à 250%). Renforcement du crédit d'impôt Prolongation du crédit d’impôts pour les investissements réalisés jusqu'au 31/12/2020. Le montant annuel maximal du crédit d'impôt recherche et développement accordé à chaque bénéficiaire est relevé de 5 à 20 millions d'euros. Extension et renforcement des allègements fiscaux pour les Mesures en faveur des investissements dans les start-up et les PME innovantes. entreprises innovantes Ouverture, pour les sociétés cotées qui détiennent une participation d’au moins 20% dans une entreprises nouvellement créée, de pouvoir céder les pertes fiscales générées dans les trois premiers exercices. Soutien au monde agricole AMBASSADE DE FRANCE EN ITALIE - SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL-©DGTRESOR - 2 - Regards sur l'économie italienne janvier 2017- @ DGTRESOR Création de centres de compétence à haut niveau de spécialisation (mesure du plan Industria 4.0) Création des Plans individuels d’épargne (PIR - piani individuali di risparmio) Financement pour la création de centres de compétences à haut niveau de spécialisation, à hauteur de 20 M€ pour 2017 et 10 M€ pour 2018. Les modalités de mise en place de ces centres seront précisées par décret du ministère du développement économique dans les 120 jours suivant l’entrée en vigueur de la loi de finances. L’objectif est d’orienter l'épargne des ménages vers des investissements de long terme dans des entreprises industrielles et commerciales implantées en Italie (d’origine italienne ou européenne). Les revenus dérivant de ces investissements bénéficient d’une exonération fiscale sous réserve d'une durée minimale d'investissement de 5 ans. Mesures fiscales en faveur des entreprises et des particuliers Prolongation de la déduction fiscale de 65% pour les dépenses de Aides à la rénovation rénovation énergétiques et de la déduction fiscale de 50% des dépenses immobilière, la requalification énergétique et la prévention des engagées pour la restauration de bâtiments. Mesures de prévention du risque sismique, sous la forme de déductions fiscales de 50% à 80% des risques sismiques dépenses de prévention des risques sismiques sur les bâtiments. Nouvel abaissement du montant de la redevance audiovisuelle (canone Redevance télévisée RAI) à partir de 2017 de 100 à 90 euros (montant déjà réduit de 113,5 à 100 euros par la loi de stabilité 2016) Mesures en faveur de l’emploi Exonérations de charges pour les employeurs privés qui embauchent en Mesure en faveur de l’emploi contrat à durée indéterminée des étudiants ou apprentis qu’ils privé employaient préalablement en alternance. Création d'un fonds de 1,48 Mds € pour 2017 et 1,39 Mds € à partir de Mesures en faveur de l’emploi 2018, avec pour objectifs l’amélioration de la situation économique des public agents publics, de nouvelles embauches en CDI et l’amélioration de la carrière des personnels des forces de polices, des forces armées et des sapeurs-pompiers. Retraites Introduction à titre expérimental du 1er mai 2017 au 31 décembre 2018, Retraites d’un nouvel instrument financier, l’APE (Anticipo pensionistico) qui permettra le financement du départ à la retraite anticipé des salariés à partir de 63 ans, qui atteindraient l’âge de la retraite dans les 3 ans et 7 mois (l’âge légal de départ à la retraite étant de 66 ans et 7 mois). L’APE est un prêt bancaire garanti par une compagnie d’assurance et remboursable sur 20 ans. Mesures en faveur de la famille Mise en place en 2017 d’un bon de réduction de 1000 € par an pour la Bons pour la garde d’enfants garde d’enfants en crèches et prolongation de la mesure introduite en 2013-2015 de bons pour des services de garde d’enfant. Instauration d’une prime de naissance de 800 € (sous condition de revenu Prime de naissance < à 25 000 € par an). Relance des investissements Création d’un fonds pour des investissements dans les infrastructures et Relance des investissements les transports dans un objectif de mobilité durable, la sécurité routière, publics le réaménagement et l'accessibilité des gares, ainsi que la construction publique, la rénovation urbaine et la sécurité des banlieues, mais aussi la préservation des sols et de la stabilité hydrogéologique et la prévention du risque sismique. Le fonds bénéficiera d’une dotation de 1,9 Md€ pour AMBASSADE DE FRANCE EN ITALIE - SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL-©DGTRESOR - 3 - Regards sur l'économie italienne janvier 2017- @ DGTRESOR Réforme du dispositif de recouvrement Régularisation des avoirs détenus à l’étranger (voluntary disclosure) 2017 ; 3,15 Md€ pour 2018 ; 3,5 Md€ pour 2019 et 3 Md € de 2020 à 2032. Nouvelles recettes fiscales Suppression de l’agence de recouvrement Equitalia à compter du 1er juillet 2017 et transfert de l’activité de recouvrement à l’Agenzia delle Entrate. Pour apurer leurs dettes fiscales, les contribuables pourront bénéficier de conditions plus favorables. L’échéance pour le dépôt des demandes de régularisation fiscales concernant les avoirs détenus à l’étranger non déclarés à fin septembre 2016 est repoussée au 31 juillet 2017. SECTEUR FINANCIER Actualité des banques italiennes Afin de faire face aux difficultés qui pèsent sur le secteur bancaire italien, qui se sont notamment traduites par l’incapacité de la banque Monte dei Paschi di Siena à mener à bien son plan de recapitalisation par appel au marché, le gouvernement italien a pris, le 23 décembre un décret-loi visant à un soutien financier public au secteur bancaire. Ce décret-loi dit « Salvarisparmio » est actuellement en cours d’examen par le sénat en vue de son approbation (jusqu’au 23 février). Il se compose de 3 volets, prévoyant les modalités selon lesquelles le gouvernement pourrait intervenir en soutien à la liquidité bancaire, en renforcement du patrimoine et en protection des épargnants, via la création d’un fonds doté de 20 milliards d’Euros. Après l’échec de son plan de recapitalisation par appel au marché, et dans le cadre de ce nouveau dispositif, la banque Monte dei Paschi a demandé le 26 décembre à bénéficier d’une recapitalisation de précaution de la part de l’Etat italien. La BCE a estimé le montant de cette opération à 8,8 mds €. Après répartition des charges entre actionnaires et créanciers de la banque (principe de « burden sharing » prévu par le droit européen des aides d’Etat) resteraient 6,6 mds € à la charge de l’Etat italien, dont 4,6 mds € au titre de sa participation au capital de la banque et environ 2 mds € de compensation aux épargnants, selon la Banque d’Italie. La banque présentera d’ici la fin janvier son nouveau plan de restructuration à la commission européenne (au titre du contrôle de la législation sur les aides d’Etat) puis au superviseur bancaire (BCE). Le groupe Banco BPM, issu de la fusion conclue le 13 décembre entre Banco Popolare et Banca Popolare di Milano, est opérationnel depuis le 1er janvier 2017. Avec un capital de 171 mds €, 2 467 filiales, 25 000 employés et 4 millions de clients, il s’agit désormais du 3ème groupe bancaire italien derrière UniCredit et Intesa Sanpaolo. La bourse de Milan a salué ce rapprochement, le titre BPM étant en hausse de 16 % après trois semaines de cotation. L’augmentation de capital de 13 mds €, annoncée par UniCredit le 13 décembre 2016 et approuvée par l’assemblée des actionnaires le 12 janvier 2017, pourrait être lancée début février et devrait être terminée d’ici le 10 mars 2017. Cette opération s’inscrit dans un plan industriel prévoyant la cession de 17,7 mds € de créances douteuses et la suppression de 14 000 emplois. La banque mènera courant 2017 la première phase de cession de ses créances douteuses, soit la cession de 20% d’entre elles via un portefeuille titrisé. Le reste s’étalera sur la durée du plan industriel de la banque (d’ici à 2019). La banque UBI Banca a fait le 12 janvier une offre de rachat pour un euro symbolique des banques Banca Marche, Banca Etruria et CariChieti. Cette offre faite au fonds de résolution bancaire italien, actuel détenteur des trois banques qui avaient fait l’objet d’une mise en résolution fin 2015, a reçu le feu vert de la banque d’Italie le 18 janvier. Elle est conditionnée à une recapitalisation des trois institutions à hauteur de 450 M€ et UBI Banca devra procéder à une augmentation de capital de 400 M€ afin de maintenir son ratio de fonds propres au même niveau qu’actuellement (soit un ratio CET1 supérieur à 11%). AMBASSADE DE FRANCE EN ITALIE - SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL-©DGTRESOR - 4 - Regards sur l'économie italienne janvier 2017- @ DGTRESOR Les banques Popolare di Vincenza et Veneto Banca, détenues par le fonds Atlante qui avait procédé à leur recapitalisation, vont présenter un plan de fusion d’ici la fin janvier, afin que celle-ci soit réalisée au plus tard début 2018. Ces banques, qui doivent également présenter à la BCE un plan de diminution des créances douteuses, doivent en outre faire face aux menaces de poursuites de leurs anciens actionnaires et ont présenté, le 9 janvier, une offre d’indemnisation qui concerne 169 000 anciens actionnaires (94 000 pour Popolare di Vincenza et 75 000 pour Veneto Banca) et pourrait coûter 600 M€ aux deux établissements. Enfin, s’agissant de l’encours global des créances douteuses italiennes les dernières données communiquées par la Banque d’Italie montrent une stabilisation sur l’année 2016 du stock de créances bancaires irrécouvrables (sofferenze) à 199,06 mds € fin novembre 2016 (200,7 mds € fin décembre 2015). FINANCEMENT DE L’ECONOMIE L’Italie est demeurée l’un des principaux pays bénéficiaire des interventions du groupe BEI en 2016 Le 12 janvier 2017, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI), Dario Scannapieco, a présenté au ministre de l’économie et des finances italien les résultats de l’activité de l’institution en Italie en 2016. Le groupe BEI a contribué au financement de 137 projets en Italie en 2016 pour un montant total de 11,2 Md€, dont 9,9 Md€ en prêts de la BEI (pour 101 projets) et 1,3 Md€ en opérations de garantie, capitalrisque et capital-investissement du Fonds européen d’investissement FEI (36 projets). Les projets soutenus ont une valeur totale estimée à 37,4 Md€ et impliquent 35 900 PME représentant environ 682 000 emplois. Parmi ces projets, peuvent être cités la souscription à la première obligation de projet (project bond) lancée en Italie (pour le refinancement de la portion d’autoroute Passante du Mestre), le renforcement du plan de modernisation des écoles (de 950 M€ à 1,5 Md€), la mise en sécurité et la modernisation du réseau ferroviaire (1 Md€), le programme d’accès des PME du Mezzogiorno au crédit (SME initiative) qui devrait permettre de concéder 1,2 Md€ de nouveaux prêts. Au total, l’Italie est le principal bénéficiaire du groupe BEI avec plus de 200 Md€ de financements concédés depuis la création de la BEI en 1958. Par ailleurs, dans le cadre du plan Junker, la BEI et le FEI développent plusieurs plateformes d’investissement avec la Cassa depositi et prestiti (CDP) : Alpine Platform qui prévoit la création d’un fonds equity multirégional pour soutenir l’économie locale (Lombardie, Piémont, Vénétie) ; COSME, plateforme de risk sharing bénéficiant d’une dotation de 225 M€ pour soutenir les nouveaux investissements des PME pour plus de 6,2 Md€ ; ITAtech pour soutenir des projets de transferts technologiques (investissement conjoint FEI-CDP de 200 M€). D’autres plateformes sont en projets avec la CDP centrées sur le changement climatique, le soutien aux Mid-Cap à travers des instruments de risk sharing, et sur le cofinancement de grands projets. Financements du groupe BEI (BEI et FEI) en Italie (en Md€) Répartition sectorielle des projets soutenus en 2016 Source : communiqué de presse MEF italien-BEI AMBASSADE DE FRANCE EN ITALIE - SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL-©DGTRESOR - 5 - Regards sur l'économie italienne janvier 2017- @ DGTRESOR Copyright Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du service économique régional (adresser les demandes à [email protected].). Auteur : Pôle Ecofin Ambassade de France en Italie Service économique régional - © DGTRESOR. Adresse : Piazza Farnese 48 ROME 00186 ITALIE Rédigée par : Béatrice Di Piazza, Cécile Tassin. Revue par Arnaud Guigné Clause de non-responsabilité Le service économique régional s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. 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