Les pagures du Vietnam

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Arch. F. Nat., LIII, i, p. 433.
+ 1887 — Pagurus setifer, DE MAN.
Zool. Jahrg. Syst. vol. VI, p. 287.
1892 — Pagurus setifer, ORTMANN.
Jena. Deuksch, VIII, p. 30.
1894 — Pagurus setifer, ORTIVIANN.
Report Zool. H.M.S. Alert, p, 555.
non 1894 — Pagurus guttatus, MIERS.
Mem. Austro Mus., III p. 143.
+ 1897 — Pagurus guttatus, WHITELEGGE.
P.Z.S., p. 460.
1898 — Pagurus setifer, BORRADAILE.
Stoma. and Macrour. Willey's Expd.,
? 1899 — Pagurus setifer, BORRADAILE.
p. 296-397-425.
Abh. Senkenberg Nat. Ges., XXV, III,
1902 — Pagurus guttatus, DE MAN.
p. 738.
+ 1902 — Pagurus guttatus, ALCOCK. — Fauna and Geogr. Maldives and Laccadives, vol. II, part. IV, p . 832.
+ 1905 — Pagurus guttatus, ALCOCK. — Cat. Ind. Mus., part II, p. 88, pl. 9, fig. 1.
+ 1910 —, Pagurus guttatus, LENZ. - Crust. Von Madagascar, Ostafrika und
Ceylon, p. 565.
+ 1912 — Pagurus guttatus, BALSS. - Deut. Tiefsee. Expd., vol. XX, p. 95.
+ 1920 — Pagurus guttatus, GRAVIER. — Bull. Mus. Hist. Nat., vol. XXVI, n" 5,
p. 378.
Philipp. Journ. Sci., vol. LXVI,
+ 1938 — Pagurus guttatus, YAP-CHIONGCO.
n° 2, p. 200, pl. 1, fig. 13.
Ann. South. Afric. Mus., vol. XXXVIII,
+ 1950 — Pagurus guttatus, BARNARD.
p. 428.
Rec. Ind. Mus., vol. XLVII, part. I, p. 81.
1950 — Pagurus guttatus, KAWALENI.
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DESCRIPTION. — (d'après ALCOCK, 1905).
Carapace grandement déprimée, sa plus grande largeur à travers la
région branchiale égale à sa longueur dans la ligne médiane : touffes de
soies jaunes sur ses bords antérieurs et latéro-antérieurs. Les pédoncules
oculaires subcylindriques, un peu élargis dans la partie distale, ont environ les 2/3 de la largeur du bord frontal de la carapace ; ils sont légèrement plus longs que les pédoncules antennulaires ; la cornée occupe
moins du quart de leur longueur. L'acicle antennaire soyeux, très court,
n'atteint pas ou presque le bord du dernier article du pédoncule antennaire. Les chelipèdes et les pattes sont plus ou moins entourés, spécialement dans leurs deux derniers articles, de longues soies jaunes ; ces
soies sont plus nombreuses (épaisses) sur la partie inférieure de la face
externe de la main du chelipède gauche et forment une frange particulièrement longue et épaisse le long des bords des deux derniers articles
de la 3' patte gauche. Une grande tache polie, presque nue, marque de
manière caractéristique la face dorsale du carpe des chelipèdes et des
pattes ambulatoires. Des épines sont plus ou moins cachées parmi les
soies des chelipèdes. Le chelipède gauche est le plus grand, mais n'est pas
plus long que le droit et les pattes des deux côtés dépassent ses extrémités. La face externe du propodite et du dactyle de la 3e patte . gauche
élargie porte près du bord supérieur un sillon très régulièrement et magnifiquement strié ou pavé transversalement, comme par une série
d'écailles.
COULEURS DANS L'ALCOOL.
Quelques taches rouges et blanches à l'extrémité antérieure de la
Fig. 26. — Pagurus guttatus (E. 16.020) y -- A, bord frontal et appendices
céphaliques antérieurs. — B, chelipède gauche : face externe. — C, troisième
péreiopode gauche : face externe.
176
carapace, et sur les pédoncules antennulaires et écailles ophtalmiques.
Maxillipèdes externes, chelipèdes et pattes violet-pourpre tacheté de
blanc. Les taches caractéristiques du carpe des chelipèdes et des pattes
presque blanches.
HISTORIQUE.
Nous n'avons pu consulter OLIVIER (1811), GUERIN ( ?) , OWEN (1893).
Milne EDWARDS (1836) donne une description sommaire, mais la couleur
qu'il décrit caractérise bien l'espèce. DANA (1852) rapporte à l'espèce des
spécimens d'Upolu ales des Navigateurs, Pacifique), dont il donne une
description insuffisante et une figure inexacte ; mais la coloration est
celle caractéristique de l'espèce. WHITELEGGE (1897) ne fait que signaler
4 spécimens d'Australie (Funafuti). DE MAN (1902) signale avec une description des spécimens de la région malaise et précise leur situation par
rapport à P. setifer, espèce à laquelle il avait par erreur (1888) rapporté
des spécimens de P. guttatus. ALcocx (1905), avec la description reproduite plus haut, signale des spécimens de l'Indian Museum, et suivant
la remarque de DE MAN (1902) met en synonymie avec l'espèce de nombreux spécimens signalés par des auteurs sous le nom de P. setifer, en
particulier par HESS (1865), HILGENDORF (1878), DE MAN (1887), ORTMANN
(1892), BORRADAILE (1898-1899) et HASWELL (1882). LENZ (1910), BALSS (1912),
YAP-CHIONGCO (1938) BARNARD (1950) et KAWALENI (1950) signalent des
spécimens.
GRAVIER
(1920) apportant : « avec beaucoup de doute » un spécimen au
P. guttatus OLIVIER récolté par DECARY à Diego-Suarez, écrit que cette
espèce : « signalée en premier, lieu à Maurice et à Madagascar a été identifiée par DE MAN au P. setifer HENDERSON. H. LENZ a adopté l'opinion émise
par DE MAN, mais HENDERSON la conteste : A. ORTMANN n'identifie pas non
plus les deux espèces. L'exemplaire de Diego-Suarez ressemble au P. sanguinolentus QUOY et GAIMARDI, que H. Milne EDWARDS tendait à regarder
comme une simple variété du P. guttatus OLIVIER. L'étude de ces espèces
serait à reprendre ».
NOTE SUR LES SYNONYMES.
La figure (pl. 3, fig. 8) d'HILGENDORF (1878) pour P. setifer, correspond bien aux caractéristiques qui ont été définies par la suite comme
étant celles de P. guttatus. HASWELL (1882) décrit Eupagurus setifer avec
« les pédoncules oculaires comme plus courts que le bord antérieur de la
carapace et plus longs que les pédoncules des antennes internes, la cornée
est petite et occupant seulement le 1/5 de la longueur du pédoncule » ;
caractères qui correspondent bien à P. guttatus et non à P. setifer. D'autres parties de la description de son spécimen correspondent davantage
par contre aux caractères de P. setifer : « La patte gauche de la 3e paire
avec trois crêtes longitudinales séparées par des sillons profonds. Les
crêtes externes marginales et soyeuses. Pattes couvertes d'une grande
quantité de longues soies jaunes ; couleur rouge mélangée de jaune ». C'est
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la couleur rouge que Milne EDWARDS signale pour P. setifer ; avec ALCOCK
(1905) nous conservons un doute sur la mise en synonymie de cette forme
avec P. guttatus. La description de P. setifer de DE MAN (1887) correspond
bien à celle de P. guttatus comme l'établit DE MAN (1902).
DISCUSSION.
Les spécimens de la présente collection correspondent à la description d'ALcocK (1905) mais permettent de préciser, outre la coloration à
l'état vivant, divers détails de morphologie. Milne EDWARDS (1836) décrit
les pattes ambulatoires « courtes grosses, cylindriques et' peu poilues »,
sans mentionner les stries transversales des derniers articles du 3e péreiopode gauche. DANA (1852) décrit de même les articles arrondis, sans mentionner les stries, mais seulement des soies plus abondantes sur les bords
supérieur et inférieur du 3e péreiopode gauche ; sa figure est aussi
inexacte. La disposition particulière du propode et dactyle du 3e péreiopode gauche semble avoir échappé aux premières observations, parce que
les Pagurus portent naturellement leurs péreiopodes 2 et 3 allongés vers
l'avant et non repliés vers l'arrière comme c'est le plus souvent le cas
dans les Paguridœ ; si bien qu'à première vue, c'est la face interne (antérieure) de ces articles que voit l'observateur ; or cette face ne présente
pas les différenciations particulières à ces espèces de Pagurus et qui seront
plus loin décrites en détail.
La coloration de l'espèce est très caractéristique. Milne EDWARDS (1836)
écrit : « Couleur du corps blanc jaunâtre ; pattes rouges avec des points
jaunes et sur la face supérieure du quatrième article de celles des trois
premières paires, une grande tache circulaire qui parait être bleuâtre
sur le vivant, mais devient blanchâtre après la mort ». DANA (1852) : « Couleur de la carapace antérieurement bleu verdâtre ; postérieurement bleu
sur la partie centrale, jaunâtre au milieu, et latéralement d'abord presque vermillon se changeant graduellement en brun rouge clair pointillé
de blanc. Les pattes marron foncé pointillé de blanc, à l'exception du 4®
article qui est bleu au-dessus. Base des pédoncules oculaires et des antennes de la même couleur que les pattes ; reste des pédoncules pourpre
foncé, antenne vert sombre, flagelle des antennules et dernier article de
leur pédoncule vert foncé. Abdomen rouge brun foncé pointillé de blanc ».
La coloration de nos spécimens à l'état frais était : teinte générale
de fond du céphalothorax rouge violet tacheté de blanc ; au centre un
écusson vert bleu roi entouré de quatre taches du même bleu. Ecailles
ophtalmiques, écailles antennaires et premier article du pédoncule antennaire comme le céphalothorax rouge violet tacheté de blanc ; 2' article
du pédoncule antennaire passant au vert, flagelle verdâtre. Pédoncules
oculaires verdâtre, cornée noire, un anneau blanc séparant la cornée du
pédoncule. Pédoncules antennulaires verts, un flagelle jaune, un flagelle
noir. Chelipèdes et pattes ambulatoires du même violet tacheté de blanc
que le céphalothorax. Sur chaque carpe une tache vert bleu roi, comme
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celles de la région céphalique. Les touffes de poils du chelipède gauche
et du 3' péreiopode gauche ocre rouge pour le chelipède et ocre jaune
pour le 3e péreiopode gauche. Les autres poils recouvrant les pattes sont
carmin avec l'extrémité jaunâtre. Abdomen d'une couleur générale violette tachetée de blanc.
Certains détails de morphologie insuffisamment décrits seront précisés
sur un de nos spécimens de forme depressus (E. 28.162).
Sur le chelipède gauche, le merus est de section subtriangulaire, le
bord supérieur en angle très arrondi, sans épine. Le bord inférieur de
la face interne avec sept épines blanches ; les deux proximales très rapprochées, émoussées et sans pointe aiguë de chitine noire ; la 4' la plus
forte, les trois distales sur la partie inférieure du bord antérieur. Le bord
inférieur de la face externe avec également sept épines, mais toutes dans
la région distale ; les trois distales étant beaucoup plus fortes, plus aiguës
que celles du bord de la face interne et disposées sur la partie inférieure
du bord antérieur. Sur les autres parties du bord antérieur du merus quelques petites épines courtes très aiguës et une semblable près du bord
distal sur la face externo-supérieure. Le carpe avec sur le bord supérieur
deux épines, la distale, près de son bord antérieur, de beaucoup la plus
forte ; sur la face externe très aplatie 4 épines, y compris celle en arrière
de la distale du bord supérieur, encadrent la plaque polie caractéristique, qui porte un petit pinceau de soies à son milieu ; sur la face externe
le bord antérieur du carpe avec 8 à 9 épines dont deux plus grandes, une
supérieure, une médiane. A la face inférieure du carpe, immédiatement
en arrière du bord antérieur distal, un fort repli chiniteux armé de fortes épines aiguës et garni de fortes soies longues et denses ; ce repli
occupe l'angle antéro-inférieur de la face externe ; sur la face interne, le
bord inférieur du carpus est sans épine. La main est sur la face externe
et supérieure entièrement garnie de fortes épines et de pinceaux de fortes
soies longues ; sur la ligne du bord supérieur à la face interne quatre
épines de taille décroissante, la plus grande étant la proximale ; sur le
reste de la face externe de la main environ une vingtaine d'épines de
tailles différentes, disposées plus ou moins irrégulièrement en six rangées
parallèles au bord inférieur de la main ; la rangée la plus basse à épines
plus faibles se continue sur la partie proximale du doigt fixe ; cette région
de la main garnie de soies beaucoup plus denses et beaucoup plus souples formant une brosse ; au bord inférieur de la main et du doigt fixe
et à la limite de la région des soies denses, une dernière rangée d'une
vingtaine d'épines plus petites à pointes noires plus aiguës tournées vers
l'avant. La face interne du propodus lisse, sauf la partie distale du doigt
fixe, qui est garnie de touffes denses de fortes soies courtes. Le dactyle
avec sur sa face externe et supérieure la même disposition que le bord
externe supérieur du propode ; sur la face interne lisse.
La différenciation des articles du 3' péreiopode gauche intéresse le
carpe, le propode et le dactyle. Le carpe a sa face antérieure (interne) très
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aplatie et presqu'entièrement occupée par une plaque arrondie lisse ; le bord
interne (antérieur) sans épine, le bord distal (de l'articulation carpo-propodale) très spinuleux entre la partie interne (antérieure) et la partie externe (postérieure) les épines les plus internes et les plus externes étant les
plus fortes, les externes plus que les internes ; ces épines externes et internes courbes, leur pointe étant orientée distalement vers l'axe longitudinal
de l'article ; les autres épines du bord distal petites et à pointe droite ; un
peu avant l'angle externe, en arrière du bord distal, sur la face supérieure
Fig. 27. — Section des dactyles et propodites du troisième péreiopode gauche chez Pagurus Setifel (A, dactyle ; B, propodite) et Pagurus Guttatus (C,
dactyle , D, propodite).
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un fort repli chitineux armé de quatre fortes épines. La face postérieure
(externe) du carpe est très aplatie, son bord postérieur constitué de six
forts prolongements en écailles de tailles croissantes, le proximal étant
très petit, le distal très développé ; les bords externes de ces écailles
(tubercules dont les sommets sont fortement aplatis) sont garnis de longues soies denses ; les lignes séparant ces tubercules forment les stries
transverses très caractéristiques. Sur le bord antérieur de cette face inférieure, il y a seulement une ébauche à peine indiquée de cette différenciation des tubercules ciliés. Sur le propode la différenciation est à
son plein développement. La face antérieure (interne) est convexe et lisse,
ses bords inférieur (postérieur) et supérieur (antérieur) portent de fortes
rangées de soies denses mais sont différents ; le bord inférieur (postérieur) est spinuleux, portant, sur la face de l'article et un peu avant le
bord, quelques tubercules arrondis très effacés, chacun surtout marqué
par deux courtes épines aiguës entourant une touffe de soies. On
retrouve les mêmes tubercules mais plus développés, élargis au sommet
en plaque portant une touffe de soies et une ou deux épines, au long du
bord même de l'article ; ils sont le plus net à la partie proximale. Le bord
supérieur (antérieur) est garni d'une quinzaine de tubercules semblables, élargis à leur sommet et portant une rangée de soies ; les tubercules
en rangée régulière s'accroissant légèrement de la partie proximale à
la partie distale.
Avant de parler de la face postérieure (externe) du propode, il faut
rappeler que ces Pagurus par une modification des articulations carpomerale et carpo-propodale ramènent vers l'avant les deux articles distaux
des péreiopodes 2 et 3, transformant en face inférieure (interne) ce qui est
habituellement, sur les espèces qui replient leur péreiopode en arrière, la
face postérieure (externe). La face postérieure (externe) est lisse, fortement
convexe dans son axe médian, devenant aplatie sur ses bords supérieur
(antérieur) et inférieur (postérieur) ; davantage sur ce dernier bord. On
retrouve sur ces deux bords la rangée de longues touffes de soies déjà
décrite sur l'autre face ; la surface lisse de l'article est presque entièrement couverte de stries transversales correspondant aux lignes de jonction des tubercules différenciés décrits plus haut, mais dont l'aplatissement en écaille est encore plus développé. L'axe de fixation sur l'article
de ces tubercules en écailles très aplaties est une courbe partant à la partie proximale de l'angle du bord inférieur de l'articulation carpo-propode
et courant environ au tiers supérieur de la hauteur de l'article ; de sorte
que les écailles (stries) sont beaucoup plus longues sur la partie correspondant au bord inférieur (postérieur) que sur la partie correspondant
au bord supérieur (antérieur). On remarque également que certaines
écailles ne partent pas de cet axe et sont comme des intercalaires ; tandis que d'autres partant de l'axe n'aboutissent pas au bord de l'article.
Le dactyle présente la même disposition générale mais notablement
modifiée ; la face antérieure (interne) est plus spinuleuse et garnie d'une
181 —
rangée longitudinale médiane supplémentaire de touffes de soies ; sur
cette face les tubercules déformés en écailles de la face postérieure n'apparaissent en rien. La face postérieure (externe) porte une forte carène
longitudinale arrondie qui court au tiers de son bord inférieur, c'est-àdire beaucoup plus près de lui que de son bord supérieur ; cette carène
striée transversalement est entièrement formée par le rapprochement des
tubercules qui cette fois se différencient non plus en écailles aplatis mais
en courts cylindres ; les stries marquent les lignes de juxtaposition des
tubercules. Les sections du propode et du dactyle ont été schématisées
en fonction de l'interprétation que nous donnons de ces formations. Il ne
semble pas que jusqu'à maintenant les auteurs aient suffisamment remarqué que la différenciation du 3 0 péreiopode gauche atteint le carpe ; cependant la figure d'HILGENDORF (1888) sous le nom de P. setifer est déjà
très significative à ce sujet.
VARIATIONS.
L'espèce est sujette à de notables variations qui expliquent que
les descriptions des auteurs ne sont pas toujours pour certains détails
concordantes entre elles. Ces variations sont liées, sans doute comme
dans P. sanguinolentus et les espèces voisines, à la différenciation plus
ou moins marquée d'une forme depressus. Certains caractères ne sont
donc à considérer qu'avec quel que réserve comme différentiels ; c'est le
cas en particulier des dimensions relatives de la largeur et longueur du
plastron sternal, des pédoncules oculaires, de la longueur des péreiopodes
2 et 3 et de leurs articles. Sur la plupart de nos spécimens, qui sont de
forme depressus, le plastron céphalique est nettement plus large que
long -- sur ces mêmes spécimens les terga séparant les basipodites du
4° péreiopode ont une longueur égale à la largeur antérieure du bord frontal du plastron céphalique.
Les variations de la pilosité sont parmi les plus remarquables. YAP(1938) signale sur le bord externe de la paume du chelipède
gauche une « brosse épaisse de longues soies rouges ». Certains de nos
spécimens possèdent cette brosse, d'autres non ; les soies qui la constituent sont beaucoup plus fines et beaucoup plus denses que les soies habituelles qui persistent. Nous avons observé une disposition analogue sur
certains P. sanguinolentus et elle est toujours associée à des formes depressus très marquées.
CHIONGC0
SITUATION DE L'ESPECE.
L'espèce appartient au groupe de celles ayant : a) les articles distaux
du flagelle antennaire en hernie ; b) pas de plaque cristiforme au bord
antéro-inférieur de la face interne du merus du chelipède ; c) des surfaces
arrondies lisses sur les carpes des péreiopodes ; d) une déformation du
propode du 3e péreiopode. Par ces quatre caractères elle est liée à P. sanguinolentus ; parenté que Milne EDWARDS (1836) note déjà. Elle se sépare
de cette espèce par : 1°) la coloration sur le vivant ; 2°) le développement
— 182 —
beaucoup plus marqué des plaques polies sur les carpus de péreiopodes ;
3°) la différenciation très poussée du propode et dactyle du 3' péreiopode
gauche, qui, sur P. sanguinolentus, forme affinîs, est même inexistante.
Par les caractères a) et d), elle est liée au P. setifer, espèce à laquelle,
on l'a vue, de nombreux auteurs ont rapporté par erreur des spécimens
de P. guttatus ➢ mais elle s'en sépare par : a) les pédoncules oculaires
plus courts ; ils sont égaux aux pédoncules antennaires, plus longs que
les pédoncules antennulaires et plus courts que la largeur du bord frontal,
tandis que sur P. setifer, ils sont plus longs que les pédoncules antennaires, égaux aux pédoncules antennulaires, égaux ou plus longs que la
largeur frontale antérieure de la carapace ; b) la main du chelipède gauche plus allongée ; deux fois plus longue que haute, alors que sur P. setifer, elle n'est pas beaucoup plus longue que haute ; c) la disposition des
propodus et dactyle du 3' péreiopode gauche ; les stries en écailles de la
face externe du propodus sont sur P. guttatus beaucoup plus développées
(longues) sur la partie inférieure par rapport à l'axe médian longitudinal
que sur la partie supérieure ; sur P. setifer les deux parties de part et
d'autre d'une carène ont sensiblement le même développement. De même
dans P. guttatus le dactyle est plus long par rapport au propodus que sur
P. setifer ; d) la présence sur les carpus des chelipèdes et péreiopodes 2
et 3 d'une plaque lisse arrondie qui n'existe pas sur P. setifer ; e) les
soies entourant les épines sur la main gauche du chelipède en buisson ;
elles sont plus courtes et disposées en éventail à la base des épines sur
P. setifer ; f) le bord inférieur de la main du chelipède sans tubercule
en palissade, mais seulement épineux.
REPARTITION GEOGRAPHIQUE.
L'espèce est signalée de l'Océan indien par Milne EDWARDS (1836),
d'Upolu dans le groupe du Navigateur (Pacifique) par DANA (1852), d'Ibo
(Mozambique) par HILGENDORF (1878), de Port Jackson (Australie) par
HASWELL (1882), de Poulo Edam et d'Amboine par DE MAN (1887), de Funafuti par WHITELEGGE (1897) et BORRADAILE (1898), des Iles Loyauté, de
la Nouvelle-Guinée Britannique par BORRADAILE (1898), de Minikoi et des
Mers du Sud par ALCOCK (1905), de Dugo Garcia par BALSS (1912), des
Philippines par YAP-CHIONGCO (1938), de Natal par BARNARD (1950). La
collection de l'Institut Océanographique de Nhatrang en contient cinq spé.
cimens.
Pagurus setifer, Marte Edwards (1836)
(Fig. 28. — A, B, C. — Fig. 27. — A, B. — Pl. V, 4, 5, 6, 7, 8)
+ 1836 — Pagurus setifer, Milne EDWARDS. - Ann. Sci. Nat. Zool., (2), VI, p. 274.
+ 1837 — Pagurus setifer, Milne EDWARDS. - Hist. Nat. Crust., II, p. 225.
1886 — Pagurus setifer, MULLER. - Verh. Nat. Ges. Basel, VIII, p. 472 (simple
liste).
+ 1893 — Pagurus setifer, HENDERSON. - Trans. Linn. Soc. London, Zool., sér. 2,
vol. V, D. 420.
— 183 —
+ 1905 — Pagurus setifer ALcocK. — Cat. Ind. Mus., part. II, p. 83, pl 8, fig. 3.
+ 1910 — Pagurus setifer, LENZ. — Crust. Von Madagascar Ostafrika und Ceylan,
p. 563-564.
? 1921
Pagurus setifer, BALSS.
K. Sv. Vet. Ak. Handl. LXI, n° 10, p. 19.
1950 --- Pagurus setifer, BARNARD. — Ann. South. Afric. Mus., vol. XXXVIII,
p. 426, fig. 79d.
DESCRIPTION (d'après ALcocx, 1905).
Les pédonculès oculaires aussi longs que le bord antérieur de la
carapace sont légèrement plus longs que les pédoncules antennaires. Les
articles de la moitié distale du flagelle antennaire ont les angles internes
antérieurs prolongés. Les chelipèdes et les pattes de même proportion et
couverts des mêmes épines à sommets noirs que sur P. pwrictulatus
mais les soies très courtes et fines ne cachent pas les épines et ornements
de la surface. Sur la main du grand chelipède, les soies forment de petites
colerettes autour de la base des épines ; au long du bord inférieur les
épines sont groupées formant une sorte de palissade (plus nette sur la face
interne). Une ornementation voisine en lobes crénelés marque les bords
des deux derniers articles de la 3' patte gauche ; la forme et la sculpture
de la face externe de ces deux articles est caractéristique : ils sont élargis
(la plus grande largeur du propodite étant environ les 3/5 de sa longueur) et sont longitudinalement traversés par une carène épineuse ; les
parties de chaque côté de la carène, mais spécialement sur le côté dorsal
sont creusées et très élégamment marquées d'une série de sillons profonds
et extrêmement réguliers.
COLORATION (dans l'alcool). — Carapace jaunâtre avec quelques
taches roses éparpillées ; chelipèdes et pattes jaune et rouge rouille, le
rouge tendant à former des bandes qui sont mieux marquées sur le merus
et le carpe.
HISTORIQUE. — Milne EDWARDS (1836) pour des spécimens de la
Nouvelle-Hollande décrit P. setifer qu'il caractérise surtout par la forme
de la patte gauche de la 3' paire, qui « présente trois crêtes longitudinales,
séparées par des sillons profonds et dont les deux externes sont marginales et setifères ». DE HAAN (1849) rapporte à l'espèce un spécimen du
Japon, dont il donne une courte description en latin. L'espèce est signalée
dans la Région Indo-Pacifique par : HESS (1865), HILGENDORF (1878), MULLER (1886), DE MAN (1888), ORTMANN (1892), HENDERSON (1893), BORRADAILE
(1898, 1899), ALcocx (1905), LENZ (1910), BALSS (1921), BARNARD (1950) ;
mais les spécimens de la plupart de ces auteurs ont par la suite été rapportés à d'autres espèces : P. guttatus ou P. crassimanws. On ne peut considérer avec quelque certitude comme appartenant à l'espèce de Milne
EDWARDS que les spécimens de MULLER (1886), HENDERSON (1898), ALCOCK
(1905) , LENZ (1910), BALSS (1912) et. BARNARD (1950).
Les espèces P. setifer Mile
EDWARDS,
P. crassimanus Milne
EDWARDS,
— 184 —
P. sculptipes STIMPSON, P. pavimentatus HILGENDORF, sont très proches et
assez voisines de P. guttatus ; elles ont donné lieu, faute d'une suffisante
description, à de multiples confusions, dont nous donnons un rapide historique pour faire comprendre la situation des synonymies.
(1858, 1907) décrit P. sculptipes, espèce très voisine, qu'il
définit sommairement et dont ORTMANN (1892, 1897), DOFLEIN (1902) et
RATHBUN (1903) signalent des spécimens. HILGENDORF (1878) décrit et figure
STIMPSON
P. pavimentatus, espèce de la côte orientale d'Afrique très voisine, mais
qu'il sépare de P. setifer, dont il cite des spécimens dans le même travail.
ORTMANN (1892), sans doute sur la foi d'HILGENDORF lui-même, met le
P. pavimentatus HILGENDORF en synonymie avec le P. sculptipes STIMPSON,
auquel il rapporte le P. setifer DE HAAN ; il conserve comme une espèce
différente le P. setifer Milne EDWARDS, auquel il rapporte les P. setifer
de HESS (1865), HILGENDORF (1878), DE MAN (1888) et l'Eupagurus setifer
d'HASWELL (1882).
HENDERSON
(1893) envoit un spécimen de P. setifer récolté à Madras à
Milne EDWARDS, qui lui répond que son spécimen est identique au P. setifer Milne EDWARDS et qu'à son avis P. sculptipes STIMPSON est la même
espèce. HENDERSON met en synonymie avec P. setifer Milne EDWARDS, le
P. sculptipes STIMPSON et le P. pavimentatus HILGENDORF et, ALCOCK (1905)
adopte son point de vue.
Entre temps, DE MAN (1902) étudiant des spécimens de P. guttatus
OLIVIER rapporte à cette espèce son P. setifer (1888) et ceux de divers
auteurs ; HILGENDORF (1878), ORTMANN (1892, 1894), BORRADAILE (1898, 1899).
ALcocK (1905), adoptant également ce point de vue, rapporte en plus à
P. guttatus, le P. setifer de HESS (1865) et celui d'HASWELL (1882).
En étudiant P. guttatus, nous avons mis toutes ces formes en synonymie avec P. guttatus.
LENZ
(1910), signalant un spécimen de P. setifer (Milne
EDWARDS)
examine le type du P. pavimentatus HILGENDORF, conservé au
Musée de Berlin dont il précise les caractères différentiels du P. setifer
Milne EDWARDS. BALSS (1914) confirme que le P. pavimentatus HILGENDORF
est un synonyme du P. sculptipes STIMPSON.
HENDERSON,
BUITENDIJK (1937) examinant le spécimen type du P. crassimanus
Milne EDWARDS, conservé au Museum d'Histoire Naturelle de Paris, trouve
qu'il correspond exactement au spécimen sec du Pagurus setifer (DE
HAAN) et à la description du P. sculptipes de STIMPSON. Le P. crassimanus
a la priorité sur P. pavimentatus, P. sculptipes qui ne sont que des synonymes et le P. setifer (DE HAAN) est à rapporter à cette espèce.
DISCUSSION. — Les caractères des spécimens de la présente collection correspondent à la fois à la description d'ALcocK (1905) et aux précisions données pour l'espèce par LENZ (1910). La description trop sommaire
de l'espèce et sa figuration insuffisante étant pour une grande part à Pori-
e
Fig. 28. — Pagurus setifer (E. 18.390)
A, bord frontal et appendices
céphaliques antérieurs. — B, chelipède gauche : face externe. — C, troisième péreiopode gauche : face externe.
.
—
— 186
gine des confusions de nombreux auteurs, il paraît utile d'en donner une
description complète.
Carapace pas très déprimée. Bord, frontal sans rostre. Pointes latérales
situées entre les antennes et les yeux. Pédoncules oculaires et pédoncules antennulaires sensiblement égaux, mais suivant les spécimens, de
longueur variable par rapport à la largeur antérieure de la carapace.
L'écaille antennaire atteint le premier article des pédoncules antennaires ;
ceux-ci sont plus courts que les pédoncules oculaires. Le flagelle des antennes est égal à une fois et demie la longueur de la carapace ; les articles
de sa partie distale sont en hernie. Les chelipèdes sont dissemblables ;
le gauche beaucoup plus grand que le droit. Sur la face interne, les bords
inférieurs du basipodite et du merus sont épineux (4 à 5 dents) ; mais
il n'y a pas dans l'angle antéro-inférieur à la partie distale d'aile cristiforme. La face externe du merus est granuleuse, épineuse à l'angle distal
du bord inférieur. Le carpe est épineux avec deux à trois épines plus
fortes au bord supérieur. La paume est plus longue que haute, les bords
inférieur et supérieur sont convexes. Toute la paume est recouverte de
petits tubercules à pointe épineuse noire dirigée verticalement ; ces tubercules sont régulièrement mais peu espacés les uns des autres et caractérisés par un éventail de soies très courtes à la base de chacun d'eux ;
les épines sont plus fortes au bord supérieur de la paume et sur la face
externe du dactyle. Le bord inférieur de la paume est formé d'une palissade de tubercules les extrémités de ces tubercules montrent, en vue
normale, une forme schématiquement carrée avec 4 à 5 épines disposées
aux quatres angles et une touffe de soies au milieu du sommet aplati du
tubercule de forme carrée (pl. V, fig. 7). Les doigts, dont les extrémités
portent une petite plaque cornée noire, laissent entre eux un très petit
espace, lorsqu'ils sont fermés. La face interne de la paume est plutôt lisse,
avec quelques touffes de poils. Sur le 3e péreiopode gauche, le carpe est
comprimé ; le merus triangulaire avec deux à trois épines au bord distal
supérieur et de nombreuses soies à l'extrémité distale de sa face interne.
Le propode a la face externe (postérieure) aplati avec une ornementation
caractéristique une ligne médiane longitudinale très légèrement en saillie de tubercules ronds, bordés distalement de soies (une de ces soies
étant plus forte et à tendance épineuse) ; les bords aplatis de ces tubercules
leur donnent un aspect d'écaille. De part et d'autre de cette légère crête,
les régions qui la séparent de chacun des bords de l'article paraissent
striées ; les stries, constituées par de petites dépressions correspondent
aux lignes qui séparent les bords très aplatis des tubercules ; les stries
qui descendent vers le bord inférieur partent immédiatement après les
tubercules de la crête ; celles qui vont vers le bord supérieur sont précédées avant leur départ d'un ou deux tubercules très faibles irrégulièrement disposés ; les stries à leurs extrémités distales supérieure et inférieure sont garnies de soies courtes, dont quelques-unes très fortes à tendance épineuse, plantées dans les bords aplatis des tubercules. Les ex-
187
trémités de chaque strie aux bords de l'article portent une forte touffe
de soies longues qui réunies à leurs voisines, forment la frange des bords
supérieur et inférieur de l'article. La face interne (antérieure) du propode
est convexe ; les bords supérieur et inférieur montrent des échancrures
en palissade correspondant aux pieds des tubercules aux bords aplatis
en écaille ; les longues soies formant la frange du bord sont très visibles
sur cette face. La partie convexe est lisse à l'exception de quelques touffes de soies et de marbrures verticales irrégulièrement disposées.
Le dactyle est d'une longueur égale au 5/3 de celle du propode. Sa
face externe aplatie, présente au 3/4 une arête longitudinale saillante ;
les parties entre l'arête et le bord de l'article étant concaves. Des épines
molles sont situées au bord de l'arête. Les bords supérieur et inférieur
de l'article présentent la même disposition en palissade que le propodite ;
et des touffes de soies y forment une frange. La face interne (antérieure)
du dactyle convexe porte des touffes de soies plus nombreuses que la
face interne (antérieure) du propodite et un léger sillon longitudinal plus
marqué dans sa partie proximale que dans sa partie distale.
Nos spécimens diffèrent de la description d'ALcocx (1905) par la main
du chelipède gauche plus courte que celle de sa figure (ALcocK, pl. VIII,
fig. 3).
(1910) caractérise en particulier le P. setifer (OLIVIER) HENDERSON par : a) la main du chelipède gauche plus longue que dans P. pavimentatus (= P. crassimanus) ; b) la présence autour de la base des épines
de la face externe de la main d'éventails de soies courtes, alors que sur
P. pavimentatus (= P. crassimanus) les soies plus longues sont en buisson ; c) le bord inférieur de la main du chelipède gauche avec des rangées
de tubercules en palissade ; sur P. pavimentatus les tubercules sont plus
pointus, moins aplatis, garnis de fines soies chitineuses. Nos spécimens
ont : a) à la base des épines sur la face externe de la main du chelipède
de courtes soies en éventail ; b) sur le bord inférieur de la main du ellenpède des tubercules en palissade. En ce qui concerne les dimensions de
la main du chelipède gauche, nous avons déjà noté la différence entre
nos spécimens et la figure d'ALCOCK (1905) ; nos spécimens sont plus proches pour la proportion de la largeur et de la longueur de la main du
chelipède gauche, de la figure du P. pavimentatus HILGENDORF (1878, pl. III,
fig. 1) que de celle d'ALcocx (1905).
LENZ
BARNARD (1950) signalant des spécimens de P. setifer avec, sur la main
du grand chelipède, les soies en éventail autour des bases des tubercules
de la face externe et des tubercules en palissade au bord inférieur —
caractères de l'espèce de Milne EDWARDS — remarque que ses spécimens de
Natal concordent davantage avec la description et la figure d'HILGENDORF
(1878) sous le nom de P. pavimentatus qu'avec celles d'ALcocx. Il est
possible que l'espèce soit sujette à certaines variations qui intéresseraient
la longueur et la largeur de la paume du grand chelipède. Deux de nos
188
quatre spécimens montrent une importante variation de l'élargissement
du céphalothorax ; l'espèce présente sans doute une tendance à une forme depressus qui, à la lumière des faits exposés plus haut à propos de
P. sanguinolentus, définirait le cadre de ces variations. En donnant quelques mesures faites sur nos spécimens, nous précisons la définition de
l'espèce ; une comparaison détaillée avec le type de Milne EDWARDS apporterait d'utiles précisions.
Larg. antér. carapace
Long. carapace
Long. pédon. ocul
Long. pédon. antennul.
Long. pédon. anten.
Long. main chelip. gauche
Larg. main chelip. gauche
Long. propode 3' pér. gauche
Long. dact. 3' pér. gauche
E. 13.361
E. 19.992
E. 18.390
8 mm.
16,5
7,5
7,5
7
16
11
8
12,5
10 mm.
21
9
7
9
18
14 5
9
14,5
7 mm. 5
18
9
8
7
14,5
10
8
12
,
BARNARD (1950) décrit la couleur « jaunâtre ou rougeâtre, les chelipèdes et pattes jaunâtres avec des taches rougeâtres tendant à former des
bandes transversales, principalement sur les 4 0 et 5 e articles ; les soies
verdâtres ». Nos spécimens à l'état vivant étaient d'une teinte générale
brun rougeâtre (terre de sienne brûlée), plus claire sur le céphalothorax,
plus foncée sur les trois premières paires de pattes, mêlée d'ocre jaune.
Quelques petits points bleuâtres espacés sur le céphalothorax et sur certains tubercules à pointe en épine de la face externo-supérieure de la
paume du chelipède gauche ; une tache bleuâtre diffuse sur la face supérieure du carpe du chelipède ; la même très faible à la partie proximale de
la face supérieure du carpe des péreiopodes 2 et 3. Quelques points brun
rouge foncé mêlés et identiques aux points bleuâtres cités ci-dessus. Les
antennes et antennules ocre jaune ; les pédoncules oculaires brun clair,
la cornée brun noirâtre. Les soies ocre jaune, mêlées avec des soies ocre
rouge (terre de sienne brûlée) ; ces dernières beaucoup plus nombreuses
sur le 3° péreiopode gauche.
La coloration- est donc entièrement différente de celle de P. guttatus
et à l'état vivant fournit un excellent caractère de séparation au premier
regard des deux espèces.
SITUATION DE L'ESPECE. -- L'espèce appartient au groupe des
Pagurus ayant a) les articles de la partie distale du flagelle antennaire
prolongés en avant ; b) une différenciation très marquée du propode et
du dactyle du péreiopode 3 ; c) pas de plaque cristiforme à l'angle antéroinférieur du bord interne du merus du chelipède gauche. ALCOCK (1905)
la rapproche et la différencie surtout de P. punctulatus, dont elle se sépare
précisément par les deux premiers caractères qui viennent d'être énumérés
— 189 —
et par d'autres caractères, telles les soies courtes en éventail à la base
des épines de la face externe de la main du chelipède gauche. Elle est
très voisine du P. guttatus en étudiant la première de ces espèces les
caractères, qui l'en distinguent, ont été précisés. Elle se différencie du
P. crassimanus comme nous l'avons dit plus haut principalement par : a)
les soies courtes en éventail à la base des épines de la face externe de
la main du chelipède gauche ; b) les tubercules plus ou moins carrés en
forme de palissade du bord inférieur de la main du chelipède gauche.
REPARTITION GEOGRAPHIQUE. — L'espèce est signalée de la
Nouvelle-Hollande par Milne EDWARDS (1836) de Tuticorin, Golfe de
Martaban et Madras par HENDERSON (1893) , du golfe de Mahar, côte de
Ceylan, côte d'Arakan, côte de Malabar et Hong-Kong par ALcocx (1905) ,
de Ceylan par MULLER (1886) et LENZ (1910) , d'Afrique du Sud par BARNARD (1950). HENDERSON (1893) pense que c'est une espèce probablement
commune et largement répandue dans la Région Indo-Pacifique. La
collection de l'Institut Océanographique de Nhatrang en contient cinq
spécimens, tous récoltés à Nhatrang sur un faciès (II) de banc de sable
à la sortie d'un estuaire, en draguant sur des fonds de 4 à 5 m. Au contraire, tous les spécimens de P. guttatus de la collection ont été récoltés
sur des faciès (III et IV) de plate-forme de coraux morts ou de fond
rocheux mêlés de formation de coraux vivants ; le site d'habitat des
deux espèces est nettement différent.
Pagurus se tellatus, Milne Edwards (1848)
:Fig. 29. -- A, B, BI, C. — Pl. VI, 5, 6, 7, 8, 9, 10)
+ 1848 — Pagurus scutellatus, Milne
p. 62.
EDWARDS. -
Ann. Sci. Nat. Zool., sér. 3, X,
+ 1851 — Pagurus fabimanus,
DANA. -
Proc. Acad. Nat. Sci., Philadel., p. 270.
-I- 1852 — Pagurus fabimanus,
DANA. -
U.S. Explor. Expd. Crust., part I, p. 454.
+ 1855 — Pagurus fabimanus,
fig. a, c.
DANA. -
U.S. Explor. Expd. Crust., Atlas, pl. 28,
+ 1878 — Pagurus fabimanus,
HILGENDORF. -
Mb. K. Ak., Berlin, p. 819.
+ 1897 — Pagurus fabimanus, WiirrELEGGE. — Mem. Austr. Mus., III, p. 142.
+ 1905 — Pagurus fabimanus, ALcocx. — Cat. Ind. Mus., part II, p. 84, pl. 8,
fig. 2.
J- 1915 — Pagurus scutellatus, BOUVIER. - Bull. Sci. France et Belgique, 7' série,
t. XLVIII, (3), p. 32-36, fig. 14.
-I- 1937 — Dardanus fabimanus,
BUITENDIJK. -
Temminckia, 2, p. 273, fig. 18-19.
+ 1937 — Dardanus scutellatus,
BUITENDIJK. -
Temminckia, 2, p. 273, fig. 16-17.
+ 1938 — Pagurus fabimanus, YAP-CHIONGCO.
n° 2, p. 199, pl. 1, fig. 2.
1950 — Pagurus fabimanus,
p. 427.
BARNARD. -
-
Philipp. Journ. of Sci., vol. LXVI,
Ann. South. Afric. Mus., vol. XXXVIII,
+ 1953 — Pagurus scutellatus, FOREST. - Bull. Mus. Nat. Hist. Nat. Paris, t. XXV,
2' sér., n° 5, p. 560,
— 190 —
DESCRIPTION (d'après BOUVIER, 1915).
La carapace est dorsalement aplatie beaucoup plus longue que large
calcifiée et lisse en avant du sillon cervical, où des lignes très nettes délimitent un élégant écusson. Le front est légèrement convexe et moins saillant, que les dents latérales, prononcées mais obtuses, qui le limitent de
chaque côté, entre les pédoncules oculaires et les pédoncules antennaires ;
l'angle antéro-latéral est peu saillant, obtus, armé de quelques denticules
Les pédoncules oculaires sont longs et se dilatent quelque peu d'arrière en avant ; leur cornée est médiocre avec une très profonde échancrure dorsale. Les écailles ophtalmiques sont grandes, triangulaires et
terminées en avant par quelques denticules, entre leur base on aperçoit
un petit arceau ophtalmique traversé longitudinalement par un sillon.
Les pédoncules antennulaires atteignent à peine le bord postérieur (type)
ou le bout distal (exemplaire de Maurice) de la cornée ; leur article terminal égale environ trois fois la longueur du précédent. Les pédoncules
antennaires dépassent un peu le milieu des pédoncules oculaires, leur
deuxième article se termine en dehors et en avant par une forte épine ;
l'acide atteint à peine la base du dernier article et se termine également
en pointe.
Le chelipède droit (du type) présente quelques denticules sur le bord
inféro-externe du méropodite, trois tubercules aigus sur le bord supérieur et arrondi du carpe, six tubercules sur le bord correspondant de la
région palmaire et deux autres au voisinage, deux rangées assez nettes de
tubercules à pointe cornée sur la partie supérieure du doigt mobile et une
rangée de tubercules semblables, mais moins nombreux et plus petits,
sur' la face externe du doigt fixe. La pince est longue, étroite, un peu
convexe sur ses deux faces, un peu courbe et obtuse sur le bord inférieur ;
sa face externe présente en assez grand nombre de légères saillies transverses qui portent une spinule cornée et quelques soies plus ou moins
longues. Les doigts sont un peu plus longs que la portion palmaire et
à peine tuberculeux sur leurs bords en regards ; ils laissent entre eux
un large hiatus et les bords de leur cuillère terminale sont marginés de
corne noire.
Le chelipède gauche du type est beaucoup plus long et plus fort que
le droit et d'ailleurs bien différent. Le bord inféro-interne du méropodite est frangé d'une série continue de onze dents qui sont toutes subaiguës, sauf la première qui est beaucoup plus forte que les autres et obtuse ;
le bord inféro-externe du même article ne présente que quelques dents
réduites, d'ailleurs localisées dans sa partie antérieure. Le carpe est arrondi en dehors où il porte quelques petits tubercules spiniformes et des
courts poils semblables à ceux de la main ; la partie supérieure est munie
de tubercules spiniformes assez nombreux et très inégaux, le bord inférieur d'une légère crête denticulée. La main est tout à fait caractéristique, latéralement comprimée, surtout en bas où elle devient mince et
presque cristiforme, un peu tordue suivant la longueur et deux fois en-
Fig. 29. — Pagurus scutellatus (E. 27.464) d . — A, bord frontal et appendices céphaliques antérieurs. — B, chelipède gauche : face externe. — Bl, le
même : face interne. — C, troisième péreiopode gauche : face externe.
— 192 —
viron aussi longue que large. Sa face externe est ornée d'un très grand
nombre de pointes, qui deviennent de plus en plus fortes à mesure qu'on
se rapproche du bord supérieur, où elles se disposent en une série de
tubercules aigus, d'autant plus petites et plus cornées qu'on se rapproche
davantage du bord inférieur. Ces pointes sont accompagnées de soies
courtes et raides, et dissimulées quelque peu par un duvet court et irrégulier, légèrement floconneux, qui occupe tous les intervales. Les doigts
sont beaucoup plus courts que la portion palmaire, contigus sur leurs
bords en regard, armés de dents obtuses et à peu près terminés en pointe
ils ne sont pas excavés en cuillère et leur bordure cornée est des plus
légères.
Les pattes ambulatoires antérieures Ge distinguent par les rugosités
setifères de leur face supérieure et par la longueur de leurs doigts ; dans
celle du côté gauche, le propodite est presque plat sur sa face externe et
égale environ la moitié de la longueur du doigt ; dans celle du côté droit,
la face externe du propode est un peu plus convexe. Le propodite est plus
long par rapport aux doigts. Les pattes droites de la paire suivante sont
semblables aux précédentes et simplement plus longues dans toutes leurs
parties. La patte opposée est à peu près également longue, mais offre
une structure tout à fait spéciale : le propodite et le doigt sont larges
déprimés latéralement et concaves sur toute la longueur de leur face
externe qui présente de légères saillies, de faibles spinules noyées dans
de courtes soies et un duvet analogue à celui de la grande pince ; les
soies deviennent bien plus longues sur les bords. Le propodite, presque
rectangulaire quoique un peu arqué, est plus court que le doigt et à peu
près deux fois aussi long que large ; son bord supérieur présente une
série de saillies obtuses frangées de longues soies.
Dans les pattes nettoyeuses antérieures, le doigt mobile égale la plus
grande longueur de la portion palmaire et dépasse notablement le doigt
fixe ; dans celles de la paire suivante, les pinces sont parfaites et les doigts
plus courts que la portion palmaire.
Le telson est remarquable toujours par le grand développement de
son lobe droit et la réduction extrême de son lobe gauche.
HISTORIQUE.
Milne EDWARDS (1848) définit sommairement P. scutellatus pour un
spécimen de Zanzibar conservé au Museum de Paris. BOUVIER (1915), signalant de l'île Maurice un deuxième spécimen, donne une description détaillée de l'espèce en réexaminant le type de Milne EDWARDS. BUITENDIJK
(1937) en signale dans les collections du Snellius. FOREST (1953), en rapportant à l'espèce un petit spécimen de Tahiti et examinant le type de
Milne EDWARDS, établit que le P. fabimanus DANA est identique à cette
espèce ; le P. fabimanus que BUITENDIJK (1937) sépare de P. scutellatus
par des caractères, qui ne dépassent pas le cadre des variations de l'espèce,
est donc un synonyme de P. scutellatus. Cette position de FOREST (1953) de
— 193 —
rattacher P. fabimanus DANA à P. scutellatus, en n'accordant que la valeur
de variations individuelles aux caractères utilisés par BUITENDIJK (1937)
pour séparer les deux espèces, devrait conduire également, pensons-nous,
à mettre en synonymie avec P. scutellatus le P. scabrimanus DANA
DANA (1851) décrit pour des spécimens des Philippines l'espèce P.
fabimanus ; il lui donne le nom de fabimanus à cause de là forme de fève
du chelipède gauche. DANA (1852) figure et décrit plus complètement l'espèce et sa coloration pour un spécimen de Tongatabu. HILGENDORF (1878)
la signale à Ibo (Mozambique) et précise sa situation par rapport à P. deformis. WHITELEGGE (1897) la cite de Funafuti. ALcocx (1905) et YAPCHIONGC0 (1938) signalent, le premier de Minikoi, le second des Philippines, des spécimens qu'ils décrivent et figurent. BARNARD (1950) signale
d'après HILGENDORF (1878) l'espèce d'Afrique du Sud, bien que depuis elle
n'ait pas encore été trouvée au Sud d'Ibo (Mozambique).
DISCUSSION.
La très sommaire description de Milne EDWARDS (1878) est complétée par celle de BOUVIER (1915), qui se réfère au type et donne une excellente figure du plastron céphalique. Nos spécimens concordent avec
cette description, sauf sur certains détails qui ne dépassent pas le cadre
de variations individuelles. La variabilité de l'espèce explique que les
descriptions des auteurs sous le nom de P. fabimanus ne sont pas toujours concordantes pour certains détails et que BUITENDIJK ait laissé
P. fabimanus séparé de P. scutellatus. Parmi ces variations, BOUVIER (1915)
signale que le chelipède droit de son exemplaire de Maurice diffère de
celui du type en ayant « les tubercules aigus du bord supérieur du carpe
à peine différents des saillies setifères externes du même article, celles
du bord supérieur de la main sont un peu moins nombreuses, les spinules
cornées de la face externe ne sont pas toutes distinctes ».
Comme dans les espèces voisines, ces variations sont sans doute en
relation avec la situation respective de chaque individu par rapport à la
tendance de l'espèce vers une forme extrême (depressus). FOREST (1953)
considère comme un caractère essentiel de l'espèce la « brièveté de l'écusson thoracique, qui contrairement, écrit-il, à ce qu'on observe chez les
autres Pagurus est nettement plus large que long ». Ce caractère se retrouve sur les P. guttatus de forme depressus, et tous les P. scutellatus
ne le possèdent pas. De même, la longueur relative des pédoncules oculaires, des pédoncules antennulaires et des articles des péreiopodes 2 et
3 sujette à des variations ne doit à notre avis être utilisée qu'avec réserve
comme caractère de discrimination spécifique. Certains détails de nos
spécimens seront décrits.
Sur le chelipède gauche, le bord inférieur interne du merus présente
à sa partie distale un élargissement aplati cristiforme ; cette plaque, qui
occupe la plus grande partie du bord interne antérieur et inférieur distai du merus, porte 6 à 7 fortes épines aiguës, disposées en éventail ; en
194 —
arrière de cette plaque le bord inférieur interne du merus porte encore
3 à 4 épines moins grandes, dont une très forte dent proximale, juste
avant l'articulation avec l'ischium. Le bord inférieur externe du merus
porte également deux ou trois fortes épines distales disposées d'une manière un peu analogue, mais avec une plaque beaucoup moins développée
que celle de la face interne. Le bord supérieur interne du carpus présente trois à quatre fortes dents, les plus grandes étant les distales ; le bord
supérieur interne de la main présente une dizaine de fortes dents aiguës,
les plus grandes étant les proximales ; on trouve quelques autres dents
beaucoup plus petites sur la face externe du bord supérieur ; le reste
de cette face paraît non pas lisse, mais légèrement feutrée ; à la loupe,
on y distingue de nombreux petits tubercules blancs lisses espacés, certains comme des granules saillants à pointe émoussée, ces derniers sont
plus denses dans la région avoisinant le bord supérieur et le bord inférieur ; ces tubercules deviennent spinuleux sur le bord supérieur et sont
particulièrement développés et nombreux sur le dactyle, dont la face
supérieure est nettement spinuleuse ; toutes ces épines étant courtes. La
région du bord inférieur, particulièrement du doigt fixe du propodus, est
beaucoup plus rugueuse que le reste de la face externe de la main ; mais
les quelques tubercules lisses, signalés dans les autres régions de la paume, y sont absents ou très rares et très petits. La face interne du dactyle et du propode est lisse sauf dans la partie supérieure où elle présente
quelques très petits granules. Le propode est deux fois plus long que
large, les mesures correspondant à sa plus grande hauteur et à sa longueur mesurée sur le bord inférieur. La main comme l'ensemble du chelipède gauche est très peu soyeuse ; il y a quelque très rares soies isolées
et courtes ; ce qui ne correspond pas à la figure (pl. 8, fig. 2) d'ALcocx
(1905). Le chelipède droit est beaucoup plus petit que le gauche comme
figuré par ALCOCK.
Le propode et le dactyle du 3' pérelopode gauche ne sont pas moins
caractéristiques. Le propode est un peu plus de deux fois plus long que
haut ; le dactyle à peu près deux fois plus long que le propode. Le propode est aplati et très différent du propode du péreiopode 2 ; la face
externe (postérieure) est entièrement rugueuse ; la rugosité étant produite par des tubercules irréguliers, plus ou moins garnis de très courtes
soies, donnant à la rugosité un aspect feutré ; cette disposition est particulièrement développée sur la moitié inférieure et distale. Les bords
supérieur et inférieur ont sur cette face externe un aspect irrégulier, constitué par une rangée de gros tubercules ; ces tubercules, séparés à leur base,
se réunissent plus ou moins par leurs sommets élargis en plateau pour
former en quelque sorte une deuxième bordure ; cette dernière est feutrée
par de nombreuses soies courtes et quelques soies longues garnissent le
sommet des tubercules ; cette disposition est encore plus nette et plus
visible sur les bords du dactyle. Nous y voyons une ébauche de la disposition, qui sur P. guttatus et P. setifer marque, par des sortes d'écailles,
195
les bords de ces articles. Sur la face antérieure (interne), les bords supérieur et inférieur du propode et du dactyle montrent bien cette disposition
des tubercules, qui est spécialement nette à la partie distale du bord supérieur du propode et à la partie proximale du bord inférieur du dactyle.
Le reste de la face antérieure de ces articles est lisse.
Nous n'avons pu observer la coloration de nos spécimens à l'état
vivant. DANA (1852) donne « Les pédoncules oculaires sont d'une légère
couleur ardoise avec du jaune sur les cornées ; yeux légèrement bleus ;
carapace d'une couleur verte grisâtre très pâle, rouge brun près du front,
ou brun tacheté de blanc ; la même couleur caractérise la portion supérieure de quelques-uns des articles des pattes ; antennes externes, jaune
interne bleu, à l'exception des extrémités orange. Abdomen gris vert et
tacheté de points ou de taches ».
SITUATION DE L'ESPECE.
Comme P. sanguinolentus, P. setifer, P. guttatus, l'espèce présente sans
doute une tendance à l'adaptation par aplatissement à la vie dans certaines
coquilles à ouverture aplatie ; les yeux à leur partie distale présente un
commencement d'aplatissement ; comme sur P. sanguinolentus, P. guttatus, P. setifer, les articles distaux des flagelles antennaires présentent un
prolongement sur le bord interne antérieur. La modification du propodus
et dactyle du 3' péreiopode est plus forte que dans P. sanguinoientus, mais
beaucoup moindre que sur P. guttatus et P. setifer. Les précisions données
plus haut montrent assez ce qu'elle a de particulier sur P. fabimanus
pour qu'on puisse ne pas confondre l'espèce avec ses voisines.
REPARTITION GEOGRAPHIQUE.
Sous le nom de P. scutellatus, l'espèce est signalée de Zanzibar par
Milne EDWARDS (1848), de l'île Maurice par BOUVIER (1915), de l'expédition du Snellius par BUITENDIJK (1937) et par FOREST (1953) de Tahiti.
Sous le nom de P. fabimanus, est signalée de Mindanao (Philippines), de
l'Archipel des Fidji et Tongatabu par DANA (1852), d'Ibo (Mozambique)
par HILGENDORF (1878), de Funafuti par WHITELEGGE (1897), de Minikoi
par ALCOCK (1905) et de Mindoro (Philippines) par YAP-CHIONGCO (1938).
La collection de l'Institut Océanographique de Nhatrang contient neuf
spécimens.
Pagurus wood-masoni, Ale ck (1905)
(Fig. 30. — A, B, Bl, C. — Pl. VI, 1, 2; 3, 4)
+ 1902 — Pagurus wood-masoni, ALCOCK. — Fauna and Geogr. Maldives and Laccadives, vol. II, part. IV, p. 831.
+ 1905 — Pagurus wood-masoni, ALCOCK. — Cat. Ind. Mus., part II, fasc. 1, p. 85,
pl. 9, fig. 3.
+ 1938 — Pagurus wood-masoni, YAP-CHIONGCO.
Philipp. Journ. of Sci.,
vol. LXVI, n° 2, p. 198.
DESCRIPTION (d'après ALCOCK, 1905).
Carapace fortement déprimée, sa plus grande largeur à travers la
— 196 —
région branchiale environ les 11/12 de sa longueur mesurée dans la ligne
médiane ; presque sans soies. Pédoncules oculaires aplatis, plus larges dans
la partie distale, pas tout à fait aussi longs que le bord frontal de la carapace, légèrement plus longs que les pédoncules antennulaires. Les cornées
grandes, reniformes, occupent entre le 1/3 et 1/4 de la longueur du pédoncule oculaire. L'acicle antennaire en dents de scie recouvrant considérablement le dernier article du pédoncule antennaire. Les chelipèdes et
les pattes sont peu soyeuses. Le chelipède gauche est largement le plus
grand, sa longueur mesurée en ligne droite est environ deux fois celle
de la ligne sagittale de la carapace. Sa main, qui est longue et comparativement étroite, est tournée vers l'intérieur un peu comme celle du
Diogenes miles : le merus a ses bords épineux, spécialement le bord interne cristiforme ; le carpus a son bord interne et la partie inférieure de
sa face externe épineux ; la main et le dactyle sont abondamment épineux ; sur la face externe et supérieure, et sur le bord interne de la main
les épines étant plus fortes ; celles du bord inférieur forment une crête
en dents de scie. Les pattes ambulatoires des deux côtés dépassent l'extrémité du plus grand chelipède, celles du côté droit étant un peu plus longues ; sur toutes, le carpe est épineux à sa partie distale, le propodite et
le dactyle épineux le long de la face supérieure ; la face externe du dactyle porte un sillon longitudinal. Le propodite est deux fois aussi long
que large et sa face externe est épineuse.
COULEUR (dans l'alcool).
Jaune blanc avec des taches rose pâle sur les pédoncules oculaires, le
merus, le carpe, le propodite des chelipèdes et pattes.
DISCUSSION.
ALcocx (1905) crée l'espèce pour des spécimens des nes Adamans et des
Maldives et YAP-CHIONGCO (1938) en signale des spécimens des Philippines.
Nos spécimens concordent avec la description de ces auteurs et permettent
de préciser certains détails de morphologie qui seront examinés en comparant l'espèce au P. scutellatus qui est très voisin. Auparavant, la coloration de nos spécimens à l'état vivant sera décrite. Teinte générale de fond
ocre jaune avec la partie antérieure du céphalothorax, les chelipèdes et le
bord antérieur du 2e péreiopode gris bleu ardoise. La partie antérieure du
céphalothorax bleu ardoise avec quelques points de blanc léger et trois
taches noirâtres irrégulières de forme, une médiane en arrière du bord frontal et une dans chacun des angles antéro-latéraux ; une tache ocre clair dans
la région gastrique. La partie du céphalothorax postérieure au sillon cervical est ocre jaune, avec dans la partie médiane postérieure une tache plus
orange qui s'étend sur le début de l'abdomen. Les écailles ophtalmiques
bleu gris ; les pédoncules oculaires de la même couleur, avec la base ocre
orange ; les pédoncules antennaires et le flagelle brun clair mêlé d'ocre ;
les pédoncules antennulaires ocre pâle mêlé de bleu pâle à la partie
distale ; le flagelle bleu pâle. Les chelipèdes avec le merus gris bleu ar-
Fig. 30. — Pagurus Wood-Masoni (E. 27.894) g . — A, bord frontal et appendices céphaliques antérieurs. -- B, chelipède gauche : face externe. — Bl, le
même : face interne. — C, troisième péreiopode gauche : face externe.
198—
doise sur la partie supérieure et distale, des taches claires rose sur les
faces internes et externes et quelques points bleu ciel sur le bord supérieur, les épines blanches, les poils jaunes. Le carpus bleu ardoise avec
les épines blanches et les soies jaunes. La main est bleutée dans sa
partie proximale passant graduellement au jaune orangé dans la partie
distale, les épines gris bleuâtre, les doigts ocre plus clair, surtout le
doigt fixe du propode ; les péreiopodes 2 et 3 ocre rose à la partie postérieure, avec des taches gris bleu mêlé de brun sur les bords supérieurs (antérieurs) ; les dactyles presqu'entièrement ocre, surtout à la
partie distale. Le chelipède droit et les pattes ambulatoires droites présentent les mêmes tonalités : mélange de bleu ardoise et de jaune ocre.
SITUATION DE L'ESPECE. — L'espèce appartient au groupe des
Pagurus présentant ; a) les articles distaux des antennes prolongés sur leur
bord antérieur ; b) un prolongement en plaque cristiforme de 8 à 10 dents
à l'angle antéro-inférieur du bord interne du merus du chelipède ; c) une
légère différenciation du propode et dactyle du 3' péreiopode gauche ; d)
un aplatissement du plastron céphalique. L'espèce est surtout très proche
du P. scutellatus avec qui elle a en commun : 1°) la forme allongée de la
main du chelipède avec la même torsion vers l'intérieur ; et la même proportion de la main deux fois plus longue que haute ; 2°) la présence d'une
plaque cristiforme au bord distal inférieur interne du merus du chelipède ; 3°) les pédoncules oculaires légèrement dilatés antérieurement à
cornée renif orme occupant environ le tiers ou le quart des pédoncules ; 4°)
l'aplatissement du plastron thoracique qui sur nos spécimens de P. woodmasoni est encore plus marqué que sur ceux de P. scutellatus.
Elle s'en sépare par : a) l'ornementation de la face externe du chelipède gauche beaucoup plus spinuleuse, les épines étant beaucoup plus
fortes ; des tubercules à sommets garnis de dents aiguës sur le bord inférieur remplaçant la légère spinulation de P. scutellatus à cet endroit ; ce
bord inférieur vu de la face interne est seulement très finement denticulé
dans P. scutellatus, il est très fortement en dents aiguës sur P. wood-masoni ; b) le propode du 3e péreiopode gauche avec la face externe sans aucune
trace d'aplatissement, comme une ébauche en existe sur P. scutellatus ;
il est spinuleux, les épines étant très denses sur le bord supérieur et un
peu moins dans toute la partie distale de la face externe ; c) le dactyle
marqué sur la face externe par un sillon longitudinal, délimitant une
partie inférieure et une partie supérieure, cette dernière très spinuleuse ;
ce qui n'est pas le cas sur le P. scutellatus. Les soies bordant cet article
sont plus longues et moins nombreuses que chez P. scutellatus.
,
Les deux espèces sont très voisines et le P. wood-masoni paraît être
comme une forme spinuleuse du P. scutellatus.
- 199
Pagurus deformis, Marie Edwards (1836)
(Fig. 31. - A, B, C. - Fig. 33. - E, F. - Pl. IV, 6)
+ 1836 - Pagurus deformis, Milne EDWARDS. - Ann. Sci. Nat. Zool. (2), VI,
p. 272, pl. 13, fig. 4-4a.
+ 1837 - Pagurus deformis, Milne EDWARDS. - Hist. Nat. Crust., II, p. 222.
Pagurus deformis, RANDALL.
1840
Proc. Philad. Acad. Nat. Sci., vol. VIII,
p. 133.
1847 - Pagurus cavipes, WHITE. - Proc. Zool. Soc., London, p. 122.
? 1848 -- Pagurus deformis, Milne EDWARDS. - Ann. Sci. Nat. Zool. (3), t. X,
p. 60.
1848 - Pagurus cultratus, WHITE. - List. Crust. Brist. Mus., p. 60.
1848 - Pagures cavipes, WHITE. - Ann. Mag. Nat. Hist. (2), I, p. 224.
1852 - Pagurus difformis, DANA. - U.S. Expl. Exp., vol. XIII, Crust., part I,
p. 449.
1859
Pagu, us deformis, STIMPSON. - Proc. Acad. Nat. Sci., Philad., vol. X,
p. 246.
1862 - Pagurus deformis, A.M. EDWARDS. - Faune de' l'Ile de la Réunion
(Maillard), Annexe F., p. 13.
+ 1865
Pagurus deformis, HELLER. - Crustaceen Reisé Novara, Zool., II, p. 86.
1875
Pagurus deformis, MIERS. - - Zool. Voy. « Erebus and Terror », Crust.,
p. 3, pl. 2, fig. 3.
+ 1878
Pagurus deformis, HILGENDO RF. - S.B. Ges. Nat. Fr., Berlin, p. 186.
+ 1878 - Pagurus deformis, HILGENDO RF. - Monatsber. d.k. Akad. d. Wiss, Berlin,
p. 818, pl. 3, fig. 6-7.
1880 - Pagurus deformis, MIERS. - Ann. Mag, Nat. Hist. (5), V, p. 374.
1881
1886
-V 1887
+ 1888
Pagurus deformis, LENZ U. RICHTERS.
Abh. Senck. Nat. Ges., XII,
p. 426.
Pagurus deformis, MULLER. - Vern. Nat. Ges., Basel., VIII, p. 472.
Pagurus deformis, DE MAN. - Arch. f. Naturg., vol. LIII, i, p. 435.
Pagurus deformis, DE MAN. - Journ. Linn. Soc. Zool., XXII, p. 225.
- Challenger Anomura, vol. XXVII,
+ 1888
Pagurus deformis, HENDERSON.
p. 57.
+ 1892
Pagurus deformis, ORTIVI.ANN. - Zool. Jahrg. Syst., vol. VI, p. 288.
+ 1893
1894
Pagurus deformts, HENDERSON. - Trans. Linn. Soc. Zool. (2), V, p. 420.
+ 1894
Pagurus deformis, ORTMANN. - Semon's Zool. Forchunger Austr., p. 31.
Pagurus clef OrMis, ZENTHNER.
Ann. Mus. d'Hist. Nat., Genève, II,
p. 191, pl. 8, fig. 20-20a.
1898 - Pagurus deformis, BORRADAILE. - Proc. zool. soc., Lond., p. 460.
1899 - Pagurus deformis, BORRADAILE. - Stom. And. Macr. of Willey's., Exp.,
p. 424.
Pagurus
deformis, DE MAN. - Decap. und stomat., p. 740.
+ 1902 Pagurus deformis, ALCOCK. - Fauna and geogr. Maldives and Lacca-H 1902
dives, vol. II, part. IV, p. 832.
Pagurus
deformis, ALCOCK. - Cat. Ind. Mus. pt. II, p. 89, pl. 9, fig. 4.
1905
+
1905 - Pagurus deformis, LENZ. - Abh. Senckenb, Ges., XXVII, p. 376.
Ann. Sci. Nat. sér. 9, t. IV, p. 122.
Pagurus deformis,
+ 1906
+ 1906 - Pagurus deformis, GRANT et Mac CuLLocx. - Proc. Linn. Soc. N.S.
Wales, p. 37.
1906 - Pagurus deformis, LENZ. - Reise in Ostafrika, p. 562.
— 200 —
Mem. Torino. Roy. Acad. Sci., série 2,
1907 — Pagurus deformis, NOBILI.
t. LVII, p. 370.
Smith. Mise. Coll., vol. XLIX, p. 204.
+ 1907 — Pagurus deformis, STIMPSON.
Crust. Madagascar, Ostafrika, Ceylon, vol. II,
Pagurus deformis, LENZ.
1910
p. 563.
Bull. Sci., France- :elg., 7" série,
+ 1915 — Pagurus deformis, BOUVIER.
t. XLVIII, fasc. 3, p. 32.
Ann. Durban mus., II, p. 20.
Pagurus deformis, STEBBING.
1917
-
-
-
-
Buil. Mus. Hist. Nat., XXV, n° 5, p. 378.
-r 1920 — Pagurus deformis, GRAVIER.
TERAO.
Cat. Hermits Crabs. Ann. zool. jap.,
1913 — Pagurus deformis,
vol. VIII, p. 376.
Pagurus deformis, PESTA. -,- Decap. und Stomat. Samoa. Deutsch Ak.
1914
wiss. wien., vol. LXXXIX, p. 679.
Pagurus deformis, LAURIE. — Trans. Linn. Soc. London, zool., XIX,
+ 1926
p. 157.
+ 1926 — Dardanus deformis", Mac NEIL . — Austr. zool., vol. IV, pt V, p. 303.
Pagurus deformis, BOONE. — Bull. Vanderbilt. Mar. Mus., vol. VI, p. 28,
+ 1935
pl. 5.
Biol. Res. Snellius Exp. Temminckia,
+ 1937 — Dardanus deformis, BUITENDIJK.
vol. II, p. 275.
Philipp. Journ. of science,
+ 1938 — Pagurus deformis, YAP-CHIONGCO.
vol. LXVI, n° 2, p. 195, p1. 1, fig. 10.
Ann. South African Mus., vol. XXXVIII,
+ 1950 — Pagurus deformis, BARNARD.
p. 428.
Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., 2' série, t. XXV,
+ 1953 — Pagurus deformis, FOREST.
n° 6, p. 556.
-
-
-
-
-
-
DESCRIPTION (d'après ALcocx, 1905).
Carapace peu aplatie ; sa plus grande largeur, à travers la région
branchiale, environ des deux tiers de sa longueur sur la ligne médiane ;
peu soyeuse à l'exception des bords latéraux antérieurs. Pédoncules oculaires aplatis, très élargis distalement, d'une longueur égalant environ les
deux tiers de la longueur du bord antérieur de la carapace ; ils atteignent
environ les deux tiers de l'article terminal du pédoncule antennaire ;
les cornées reniformes occupent de la moitié au 2/5 de la longueur du
pédoncule oculaire. L'acicle antennaire, avec des dents de scie et des
soies, dépasse nettement la base du dernier article du pédoncule antennaire. Les pattes et chelipèdes peu soyeux ; le chelipède gauche beaucoup plus grand que le droit, sa longueur mesurée en ligne droite (corde)
a environ une fois 3/5 celle de la carapace mesurée dans sa ligne médiane
(sagittale) ; son merus avec le bord inférieur interne en forme d'aile
en dents de scies fortes et irrégulières ; le carpe avec les faces supérieure
et externe couvertes de fortes dents, celles du bord interne sont les plus
grandes ; la main courte et haute, avec deux lignes longitudinales saillantes de tubercules au long de la face supérieure, en plus de la ligne
de dents aiguës au long de son bord interne ; elle porte en outre de nombreuses granulations espacées ; son bord inférieur est bien défini et crénelé, mais la partie inférieure de la face externe est lisse ; le bord interne
de la face supérieure du dactyle forme une crête en dents de scie. Les
Fig. 31. — Pagurus deformis (E. 16.014) e
A, bord frontal et appendices
céphaliques antérieurs. — B, chelipède gauche : face externe. — C, troisième
péreiopode gauche : face externe.
.
—
— 202
pattes ambulatoires des deux côtés sont presque de la même longueur et
dépassent nettement l'extrémité du plus grand chelipède ; la face supérieure de leurs trois derniers articles est irrégulière, couverte de tubercules séparés mais pas distinctement épineux. Le propode et le dactyle
de la 3e patte gauche sont caractéristiques ; ils ont le bord externe de
la face supérieure formant une mince crête aiguë, finement crénelée ; la
face externe du dactyle est fortement concave.
Couleurs dans l'alcool. — Jaune biscuit, avec souvent des bandes rouges
sur les pédoncules oculaires et les pattes.
HISTORIQUE.
L'espèce bien décrite et figurée par .Milne EDWARDS (1836) est signalée
dans la région Indo-Pacifique par plus de quarante auteurs, dont certains
apportent quelques précisions sur sa morphologie ; en particulier, HILGENDORF (1878) et ZENTHNER (1894). ALCOCK (1905), BOONE (1935), YAP-CHIONGCO
(1938) en donnent une bonne description ; les deux premiers avec la synonymie et BOONE avec une répartition géographique détaillée.
MIERS (1880) met en synonymie avec l'espèce le P. cultratus WHITE
(1840) et ALcbcx (1905) le P. cavipes WHITE (1847). MIERS (1880) suggère
la possibilité de rapporter l'espèce au P. pedunculatus HERBST (1804)
RATHBUN (1907), en republiant les travaux de STIMPSON (1859), donne en
note (p. 204) le nom de Dardanus pedunculatus comme nom vrai de
P. de formis.
Mac NEIL (1926) note très justement à ce propos qu'il est difficile de
reconnaître quelque ressemblance entre les figures d'HERBST pour P. pedunculatus et celle de Milne EDWARDS pour P. deformis et ajoute qu'il n'a
jamais vu publier de raisons à cette mise en synonymie de l'espèce de
Mine EDWARDS avec celle d'HERBST.
DISCUSSION.
Les spécimens de la présente collection concordent avec les descriptions et figures des auteurs, en particulier Milne EDWARDS (1836), ZENTHNER
(1894), ALCOCK (1905), BOONE (1935) et YAP-CHIONGCO (1938). Les différentes descriptions des auteurs se complètent bien que certaines de leurs
parties ne concordent pas exactement entre elles ; les différences étant
dues soit à des imprécisions, soit à des variations individuelles. Trois points
principaux seront examinés : la portion précervicale de la carapace avec
les appendices céphaliques, la morphologie du chelipède gauche et celles
des péreiopodes, en particulier du 3e gauche.
Pour la partie céphalique Milne EDWARDS (1836) écrit « Pédoncules
oculaires très gros et courts, quoiqu'un peu plus long que la portion basilaire des antennes externes, cornée grande et occupant la moitié de la
longueur de l'article terminal des pédoncules oculaires ». DANA (1852) :
« Pédoncule oculaire (cornée incluse) fortement plus long que la base des
antennes externes, beaucoup plus court que la base des antennes internes ».
— 203 —
BONNE (1935) : « Portion précervicale de la carapace à peu près carrée, aussi
large que longue ; bord frontal tronqué, à l'exception des dents submédianes triangulaires situées entre la base des yeux et des antennes externes. Bords latéraux rugueux avec des denticules, des touffes de soies fortes...
Les écailles ophtalmiques triangulaires avec les sommets dirigés vers
l'intérieur ; les pédoncules oculaires épais, leur longueur (cornée comprise)
égalant la moitié du bord antérieur ; la largeur du pédoncule étant environ la moitié de sa longueur totale ; le pédoncule ayant -dorsalement un
prolongement sur la cornée, qui est terminale, hémisphérique, noire, un
peu plus large que le pédoncule. Les antennules fines dépassent la longueur de l'oeil par environ la moitié de l'article distal et le flagelle. Les
antennes ont l'article basal carré, avec l'angle externe distal pointu ;
l'acicle étroit, mince triangulaire, l'extrémité n'atteignant pas tout à fait
la base de la cornée ; le deuxième article petit à moitié dissimulé sous
; le troisième article mince, allongé, s'étendant aussi loin que
la cornée ; le flagelle multiarticulé, environ 1 fois à 1 fois 1/2 aussi long
que la carapace ».
YAP-CHIONGCO (1938) : « Les pédoncules oculaires sont aussi longs ou
un peu plus longs que les pédoncules antennaires ». Il ne s'agit là que de
variations individuelles et l'on ne doit pas accorder de valeur absolue à la
longueur relative de ces appendices. Sur nos spécimens l'extrémité antérieure de la cornée dépasse nettement celle du pédoncule antennaire, ce
qui semble être très généralement le cas.
Pour le chelipède gauche Milne EDWARDS (1836) écrit : « Pattes antérieures courtes et grosses, surtout du côté gauche, lisses en dehors et épineuses en dessus ; une crête dentelée sur le bord supérieur du doigt mobile de celle du côté gauche ». ZENTHNER (1894) : « Le bord supérieur de
la main gauche est droit, parallèle au bord inférieur et armé de 5 à 6 dents
dirigées en avant. La face externe de la portion palmaire présente dans
sa partie supérieure deux dépressions entre lesquelles on voit une rangée
de tubercules. L'arête inférieure de la main est crénelée jusqu'à l'extrémité du doigt fixe et forme une ligne presque droite. Le doigt mobile est
fortement caréné en dessus et la carène est très régulièrement crénelée ».
LAURIE (1926) : « En plus des deux rangées de granules sur la face supérieure de la main gauche il y a proximalement sur le côté externe l'ébauche d'une troisième rangée, marquant le bord entre la face supérieure et
la face externe de la main ; dans cette région proximale ces deux faces
se rencontrent en approchant un angle droit ; distalement le bord est arrondi ». BOONE (1935) : « La paume renflée est haute, son bord supérieur
avec deux ou trois séries d'épines et, 2 rangées longitudinales additionnelles dont la plus basse se termine entre la base des doigts ; la moitié
inférieure de la paume est lisse à l'exception de denticulations grossières
sur le bord inférieur ; le doigt supérieur avec 3 rangées de denticulations
sur les faces externe et supérieure ; le doigt inférieur lisse excepté sur
son bord inférieur ». YAP-CHIONGCO (1938) : « Face externe de la main du
— 204 —
chelipède gauche avec deux sillons qui s'effacent graduellement avant
d'atteindre les doigts, le bord supérieur interne avec une ligne de dents
aiguës espacées par des granules entre elles ; le bord inférieur distinct
et crénelé : surface externe inférieure lisse ». Rien n'est contradictoire
dans toutes ces précisions des auteurs ; le développement plus ou moins
spinuleux des dents (épines) de la face supérieure et des sillons est sujet
à des variations suivant les individus. Nos spécimens confirment en particulier l'existence : a) dans la région proximale de la face externe de la
paume d'un angle marquant la jonction des faces externes 'et supérieures
(LAuRiE) ; b) de 3 rangées de dents sur le bord supérieur externe du dactyle (BooNE) ; c) l'existence de granules entre les dents du bord supérieur
interne (YAP-CHIoNoco).
En ce qui concerne les péreiopodes 2 et 3, Milne EDWARDS (1836) écrit :
« Pattes lisses et peu poilues ; celles du côté gauche garnies en dehors
d'une crête saillante, qui s'étend sur les 2 derniers articles et qui sur la troisième patte, est très forte et finement dentelée ; rien de semblable du côté
opposé ». DANA (1852) : « L'avant-dernier article de la 3 0 paire de pattes
du côté gauche a le sommet obliquement tronqué, la surface étant linéaire,
très faiblement concave et presque à angle droit avec les côtés ; le bord
externe est beaucoup plus saillant et subcaréné ; le dactyle est caréné en
dessus et presque très plat sur .5a face externe ». ZENTHNER (1894) : « Le
propodite de la 3e paire de patte gauche est deux fois aussi large que
le dactyle. Sa face externe est po:courue à mi-hauteur par un bourrelet ;
elle devient concave et forme à sa rencontre avec la face supérieure une
crête bien marquée et finement crénelée. Une crête semblable se voit
sur le bord inférieur du propodite. Le dactylopodite est concave sur sa
face externe et ses bords supérieur et inférieur sont crénelés ». BOONE
(1935) : « Les pattes droites et gauches des 1"' et 2 - paires sont subégales
des 2 côtés ; la 2 0 paire de patte dépassant la 1" paire en longueur par
environ un cinquième de la longueur du dactyle. Les merus, carpe et propodus sont comprimés ; la face dorsale rugueuse avec des denticules peu
visibles, à l'exception de deux ou trois plus forts à la partie distale du
carpus. Les dactyles sont longs, courbes, à extrémités pointues et garnis
de nombreuses touffes de soies. Le dactyle de la seconde patte du côté
gauche se distingue des autres en ayant une profonde excavation longitudinale accentuée par une ligne médiane longitudinale, et le bord
supérieur en dents de scie ».
Sur nos spécimens la différenciation du propode et dactyle du 3'
péreiopode gauche est très marquée et tout à fait semblable à celle figurée
par Milne EDWARDS (1836, pl. 13, fig. 4 a). Ce caractère, malgré de très
légères variations individuelles, est toujours très marqué et constitue un
des meilleurs éléments de différenciation spécifique. Sur nos spécimens le
dactyle présente sur le tiers distal de son bord supérieur, d'une manière
analogue à ce qui existe sur P. hessi, des soies denses, que l'on peut déjà
reconnaître sur la figure de BOONE 1935, pl. 5). Le prolongement aliforme
— 205
denté du bord distal antérieur de la face interne du merus du chelipède
constitue également un bon caractère de différenciation spécifique.
(1888) émet un doute que le spécimen récolté à Tahiti et rapporté à P. deformis par HELLER (1865) appartienne bien à cette espèce,
parce qu'HELLER décrit l'article terminal de la 3e paire de pattes comme
étant deux fois aussi long que l'avant-dernier article ; sur P. deformis le
dactyle ne serait pas aussi long. Les mensurations de 3 de nos spécimens
montrent qu'il s'agit là d'une variation individuelle.
DE MAN
E. 7.494
Longueur céphalothorax
Largeur antérieure céphalothorax
Longueur pédoncule oculaire
Longueur pédoncule antennulaire
Longueur pédoncule antennaire
Longueur chelipède gauche
Longueur chelipède droit
Longueur 3' patte gauche
Longueur propode
Largeur propode
Longueur dactyle
15
8
6.5
6.5
6,
30
21
38.5
9
5.5
15.5
19.988
17
9
7.5
7
7
36
25
45
10
5.5
19
YAP- CHIONGCO (1938) définit très bien l'espèce par : 1°) pédoncules oculaires dilatés distalement et plus courts que le bord antérieur de la carapace ; 2°) dactyle du chelipède gauche avec sur toute la longueur de son
bord supérieur une crête de dents verticales ; 3°) surface externe de la
main gauche avec 2 sillons longitudinaux qui s'aplatissent graduellement
avant d'atteindre la base des doigts ; 4°) propode et dactyle du 3° péreiopode gauche avec le bord supérieur de la face externe prolongée en une
élégante crête saillante grossièrement nouée ; le dactyle avec un sillon
longitudinal ; le propode avec un renflement médian longitudinal. BARNARD
(1950) a son tour caractérise l'espèce spécialement par : 1°) le bord inférieur du merus du chelipède en aile fortement dentée ; 2°) le bord supérieur du doigt du chelipède en crête dressée ; 3°) les deux derniers articles
de la 3° patte gauche avec le bord supérieur interne très saillant en crête
crénelée dépassant la surface externe concave de cet article. Nos spécimens confirment toute la valeur de ces caractères.
Pour la coloration YAP-CHIONGCO (1938) sur des spécimens récemment
mis dans l'alcool note : « Carapace grise, mêlée de couleur rougeâtre, pattes orange rouge, la couleur tendant à former des bandes au milieu des
articles, spécialement sur les merus, carpus et propodus ; pédoncules oculaires avec une bande brunâtre à la base ». Nous n'avons pu noter la coloration à l'état frais que d'un petit spécimen : la carapace, les chelipèdes
sont rose très pâle. Les antennes et antennules sont bleues, les cornées jaune, les pédoncules oculaires gris violacé avec un anneau violet
206 au-dessus de la base ; les écailles ophtalmiques gris violet comme les
pédoncules oculaires. Les spécimens conservés à l'alcool ne montrent plus
de trace de coloration sauf un anneau violet sur les pédoncules oculaires.
HILGENDORF (1878) et de nombreux auteurs après lui signalent que les
mâles de cette espèce possèdent sur la base de la 3e paire de pattes des
orifices correspondant aux orifices des oviductes des femelles (HILGENDORF,
1878, pl. 3, fig. 6 et 7) en plus des vrais orifices mâles sur les bases de
la 5' paire. Nos spécimens possèdent cette caractéristique.
SITUATION DE L'ESPECE.
L'espèce est proche par certains caractères de P. varipes
peaunculatus?), P. haani et P. hessi. En étudiant ces deux dernières espèces les
caractères qui les séparent de P. deformis seront précisés ; en étudiant
P. haani la situation de P. deformis par rapport à P. varipes sera également précisée.
REPARTITION GEOGRAPHIQUE.
L'espèce est signalée des Iles Seychelles et de l'Ile de France par
Milne EDWARDS (1836, 1837, 1848), des Iles Sandwiches par RANDALL (1840),
des îles Philippines et d'Australie par WHITE (1848), des îles Fidji et détroit
de Balabac par DANA (1852), d'Ousima (Japon) par STIMPSON (1859-1907),
de l'île de la Réunion par Milne EDWARDS (1852), de Tahiti et des îles de
la Société par HELLER (1865), de l'Australie par MIERS (1875), des côtes de
Mozambique par HILGENDORF (1878), d'Amboine dans les Mollusques et de
Timor par HILGENDORF (1878), ORTMANN (1894) et ZENTHNER (1894), des Philippines par MIERS (1880), des Seychelles par RICHTERS (1880), de Madagascar par LENZ et RICHTERS (1881), de Trincomali (Ceylan) par MULLER
(1886), de l'archipel des Merguis (île Owen) par DE MAN (1887), de Borneo
et de Poulo Edam par DE MAN (1888), de Tahiti par HENDERSON (1888), de
Dar es Salam par ORTMANN (1892), de Tuticorin (Indes) par HENDERSON
(1893), de l'archipel des Maldives et Laccadives par BORRADAILE (1898), des
îles Loyauté et Rotuma par BORRADAILE (1898), de Ternate par DE MAN
(1902), des îles Adarnans et Merguis par ALCOCK (1905), de Madagascar
par LENZ (1905), de la Mer Rouge par NOBILI (1906), de l'Australie par
GRANT et MAC Cm_Locx (1906), de Mangareva et Archipel des Paumotu
par NouiLi (1907), de l'île Maurice par BOUVIER (1915), de Durban (Afrique du Sud) par STEBBING (1917), de Madagascar par GRAVIER (1920), de
Chagos par LAURIE (1926), d'Australie par MAC NEIL (1926), de Tahiti et
d'Australie par BOONE (1935), de Timor, des Celèbes et autres îles du
Pacifique par BUITENDIJK (1917), des Philippines par YAP-CHIONGCO (1938)
et d'Afrique du Sud par BARNARD (1950).
L'espèce a été récoltée dans toute la région Indo-Pacifique approximativement entre : long. 40°E à 150°W et Lat. 28°N à 18°S. La collection de l'I.O.N. contient 4 spéciMens, tous récoltés dans la baie de Nhatrang, dont un jeune sur les récifs de coraux de Binh-Tan, les autres
207
adultes dans les poches des chaluts ayant travaillé sur des fonds de 15
à 20 m. de sable vaseux dans la baie de Cauda.
Pagurus haani, Rathbun (1903)
(Fig. 32. — A, B, C. — Fig. 33. — A, B. — Pl. IV)
+ 1849
+ 1852 —
1859 —
+ 1880 —
+ 1881 —
+ 1882 —
+ 1886 —
1894 —
+ 1894 —
Faun. Japon. Crust., p. 208, pl. 49, fig. 4.
Pagurus asper, DE HAAN.
Pagurus asper, DANA. - U.S. Explor. Expd. Crust., part. I, p. 450.
Pagurus asper, STIMPSON.
Proc. Ac. Nat. Sei., Philadel., vol. X, p. 246.
Ann. Mag. Nat. Hist. (5), V, p. 374.
Pagurus pedunculatus, MIERS.
Notes Leyden Mus., III, p. 130.
Pagurus asper, DE MAN.
Cat. Austr. Crust., p. 155.
Pagurus pedunculatus, HASWELL.
Vern. Nat. Ges., Basel, VIII, p. 472.
Pagurus asper, MULLER.
Pagurus asper, ORTMANN.
Semon. Zool. Forschunger, p. 31.
Pagurus sigmoidalis, ZENTHNER.
Rev. Suisse Zool. Ann. Mus., Genève,
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II, p. 192, pl. 8, fig. 19 a-b.
Pagurus asper, BORRADAILE.
Stomat. and Macrour. of Willey's Expd.,
1899
p. 396, 397, 424.
Dardanus haani, RATHBUN.
Proc. U.S. Nat. Mus., XXVI, p. 34.
+ 1903
Pagurus
asper,
ALCOCK.
—
Cat.
Ind. Mus., part. II, p. 90, pl. 9, fig. 5.
+ 1905
STIMPSON.
Smiths.
Misc. Collect., vol. XLIX, p. 204.
Pagurus
asper,
+ 1907 —
BUITENDIJK.
Dardanus
haani,
Biol.
Res. Snellius Expd. Temminckia,
+ 1937
vol. II. p. 275.
Pagurus asper, YAP-CHIONGCO.
Philipp. Jour. Sei., vol. LXVI, n° 2,
+ 1938
p. 197, pl. 1, fig. 14.
Pagurus asper, THOMPSON.
+ 1943
The John Murray Expd., vol. VII, p. 416.
Ann. South. Afric. Mus., vol. XXXVIII,
+ 1950 — Pagurus asper, BARNARD.
p. 430.
? 1950 — Neopagurus horai, KAWALENI.
Rec. Ind. Mus., vol. XLVII, part. I,
p. 83-84, fig. 2, 3. (Fide Forest 1953).
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DESCRIPTION.
Carapace peu aplatie ; le bord frontal avec un rostre très effacé
arrondi, mais prolongé en deux grandes dents latérales situées entre la
base des yeux et les antennes ; les bords latéraux rugeux avec des touffes de soies ; en arrière du bord frontal un sillon marqué de trois touffes
de soies (1 centrale, 2 latérales) ; les écailles ophtalmiques triangulaires, denticulées à la partie antérieure ; pédoncules oculaires épais et distalement aplatis, la largeur étant environ les 2/3 de la longueur ; la cornée reniforme plus large et fortement échancrée à la face dorsale, avec
une petite touffe de poils sur le prolongement du pédoncule oculaire
occupant l'échancrure. Le dernier article du pédoncule antennulaire dépasse les pédoncules oculaires d'environ la moitié de sa longueur, Les
pédoncules antennaires dépassent légèrement les pédoncules oculaires.
L'acide antennaire soyeux dépasse largement l'avant-dernier article du
pédoncule antennaire. Les chelipèdes sont très inégaux : sur le chelipèçle gauche, le bord inférieur de l'ischium avec une rangée de trois tubercules en forme de molaire ; le bord inférieur interne du merus est armé
de fortes épines irrégulières, la proximale étant la plus forte ; le bord inférieur externe est denticulé, la face externe et le bord supérieur du merus
portent des petites touffes de soies situées dans de petites dépressions, qui
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