TD Première ES : la télévision, une instance de socialisation Quand

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TD Première ES : la télévision, une instance de socialisation
Document 1
Quand je parlais précédemment de barbarie sournoise, j’ajouterai même que ce fait divers de la
Star Ac 2005, montre combien le peuple ici et maintenant est devenu cet étrange étranger, cet
ennemi intérieur du pays. Il est à la fois honte de l’autre et honte de soi. Il se manifeste - via une
scène politique, médiatique, experte et toujours bien-pensante - une sorte de xénophobie renversée
qui n’est pas moins grave que celle s’exerçant à l’égard de ceux venus d’ailleurs. Tandis que
Magalie chantait, Argenteuil et bien d’autres banlieues urbaines s’enflammaient…
Après les insultes au corps, au faciès, à la vacuité de l’émotion et de l’intellect, ce furent toutes
les pratiques « historiques » de la culture populaire : les bals musette, ceux du samedi soir, les
campings, les réunions familiales du mariage, celles des baptêmes, les fêtes foraines, les foires qui
furent, sur le ton du crachat préalable, associés à ses ambitions et à son goût de chanter. Et pour ne
rien oublier dans l’escalade à la bêtise et au rejet, on prit soin de la dénommer, elle et ses proches,
sous les pseudonymes de personnages, devenus lieux communs risibles de la caricature des pauvres
types, ces autres que soi, bien sûr… Les posts, toujours les posts mélange pervers de la fine
technologie et de l’archaïque instinct de destruction) invoquèrent Les Michus présidents, parlèrent
de la finale des Bidochon, et dans la famille Groseille, demandèrent la fille, tous très satisfaits de
leur humour.
Joëlle DENIOT, Professeur de sociologie à l'Université de Nantes, www.sociologie-cultures.com
Pourquoi la gagnante de la Star Academy a subi une sanction sociale de la part des téléspectateurs ?
Comment s'est opérée cette sanction sociale ?
Quelles sont les normes véhiculées par ces sanctions ?
Document 2
La cellule familiale est une cellule sociale. Le statut qu'elle donne à la télévision, la place qu'elle
lui accorde dans les routines domestiques, les règles qui sont élaborées à son sujet, tous ces
éléments sont pris dans des logiques culturelles et sociales différenciées. Il y a de très nombreuses
manières d'intégrer la télévision dans les dynamiques familiales. [...] La relation à la télévision varie
grandement selon les milieux sociaux.
Les chiffres d'audience montrent une première chose, simple, mais néanmoins importante: en haut
de l'échelle sociale on regarde moins la télévision qu'ailleurs. L'écart est de plus d'une heure par
jour. Il est donc conséquent. Mais ce que les études d'audience sont impuissantes à mesurer est sans
doute beaucoup plus intéressant : la télévision n'est pas seulement plus regardée dans les familles
populaires, elle y tient aussi une place différente dans les rythmes familiaux.
Il faut les outils de l'ethnologue pour le comprendre. Il faut pénétrer avec Olivier Schwartz1 dans
ces familles ouvrières du Nord le téléviseur « de proportions généralement imposantes, encastré
dans un meuble qui le valorise, aspire à lui tout l'espace du salon, les fauteuils tournés vers lui et lui
rendant comme un culte muet avant même que les spectateurs viennent s'y loger et célébrer, soir
après soir, la grande cérémonie télévisuelle ». [...]
Ce qui distingue un foyer de cadre d'un foyer d'ouvrier n'est pas tant le fait que l'un cherche à
minimiser l'occupation de l'espace par la télévision en reléguant le poste dans la chambre conjugale
1 Olivier Schwartz, La vie privée des ouvriers, 1990.
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tandis que l'autre en fait au contraire l'objet magique central autour duquel va s'organiser la pièce
principale, que le statut fondamentalement différent qu'ils accordent l'un et l'autre au média lui-
même.
Chez les premiers, la télévision est allumée pour regarder des programmes précis à des heures
précises. Une partie des rituels familiaux, dont les repas, se déroulent sans elle. On lui a donné une
certaine place dans la vie familiale mais cette place est délimitée, limitée. Il y a d'autres choses, la
lecture, la musique, les sorties, la présence d'invités extérieurs à la famille.
Chez les seconds elle est allumée tout le temps, qu'on la regarde ou non, et bien souvent on la
regarde distraitement, en même temps que d'autres activités : les repas, le travail scolaire, les tâches
ménagères, tout cela se fait devant elle. Elle est intégrée à l'intimité familiale, à toutes ses routines
domestiques. Elle accompagne la vie de famille, comme fondue dans ses rythmes et ses réseaux.
Dominique Pasquier , La culture des sentiments : l'expérience telévisuelle des adolescents, 1999
Comparez l'attitude envers la TV selon le milieu social
Document 3
Les enfants, même jeunes, sont bien conscients que ce qu'ils disent de la télévision engage toute
leur personne socialement. Ils apprennent vite à opérer le travail de figuration nécessaire pour
entrer en conformité avec les normes et les valeurs des groupes dans lesquels ils cherchent à
s'insérer. Ils apprennent à nier certains goûts, à refouler des préférences, ou au contraire à regarder
pour entrer dans une communauté de téléspectateurs. Les séries pour adolescents constituent un
terrain privilégié pour s'initier aux règles de ce jeu social. Tout d'abord parce qu'elles sont un objet
commun : le soir après l'école, c'est la vie avec ceux de l'école qui se poursuit. Elles constituent
aussi une sorte de répertoire de situations et de caractères, dont il est possible de tirer des
correspondances avec la vie dans la société des pairs. Elles alimentent des cultures, à travers le jeu
de rôle chez les plus jeunes ou les mutations vestimentaires chez les plus grands, des cultures qui
supposent des collectifs et exigent une confrontation.
Dominique Pasquier , La culture des sentiments : l'expérience telévisuelle des adolescents, 1999
Quels sont les mécanismes de socialisation mis en place lors du visionnage d'une série TV ?
Expliquez et illustrez la phrase soulignée .
Document 4
La théorie des effets puissants
La théorie des .effets puissants attribue aux mass media (radio, presse, cinéma et, surtout,
télévision) une très grande influence sur la formation des opinions et des valeurs, dans le domaine
politique et, par extension, dans l'ordre des pratiques et des préférences culturelles. [...]
Depuis le début des années 1970, ce modèle interprétatif envisage davantage l influence des
médias du point de vue des thèmes occultés que du point de vue des messages explicitement
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transmis.
Certains auteurs font ainsi valoir que l'influence normative des mass media, qui reste
déterminante, s'exerce principalement par la sélection des thèmes inscrits à l'« agenda » du
débat public. Le modèle de la spirale du silence repose de même sur l'idée que la menace de
l'isolement exerce sur les individus un effet de censure sur les opinions et les goûts qui ne sont pas
conformes à ceux qui sont massivement véhiculés par les médias.
La théorie des effets limités
Une tradition théorique alternative, dite des « effets limités » s'est constituée dès les années 1940
autour des travaux de Paul Lazarsfeld et de son équipe du Bureau of Applied Social Research . Par
« effets limités », ces auteurs entendent souligner les capacités d'interprétation critique des
destinataires des messages diffusés par les médias, variables selon l'âge, la position sociale,
l'appartenance ethnique, l'orientation politique ou religieuse, etc. Ils suggèrent d'autre part que les
contenus véhiculés par les médias et les industries culturelles sont médiatisés par les relations
interpersonnelles, selon le principe du « two step flow of communication » : un premier
mouvement - vertical - de l'émetteur vers une série de récepteurs particulièrement exposés aux
médias, dotés d'un certain volume de relations et d'un certain niveau de prestige social au sein de
leur milieu d'interconnaissance, à l'intérieur duquel ils font fonction de leaders ou de relais
d'opinion ; un second mouvement - horizontal - de diffusion à l'intérieur de ce groupe. De ce double
mouvement résulte un processus de coproduction de sens beaucoup plus que d'imposition de
normes. L'exposition aux messages médiatiques renforce les opinions, les préférences et les
dispositions préexistantes beaucoup plus qu'elle ne tes forme
Philippe Coulangeon, Sociologie des pratiques culturelles, Collection Repères, 2005.
Est-ce que les sociologues sont d'accord sur l'influence des mass media sur la formation de
l'opinion publique ? Pourquoi ?
Expliquez les deux phrases soulignées.
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Document 5 (transparent)
tracez le profil social de la personne qui utilise la télévision pour renforcer son capital
culturel, et le profil social du gros consommateur de télévision.
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