
Rapport
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Les prix de la construction résidentielle en France, s’ils sont inférieurs aux prix allemands en
parité de pouvoir d’achat, ont par contre progressé un peu plus vite que les coûts dans la
période récente, notamment entre 2000 et 2008. Cela semble tenir, pour cette dernière
période, à la progression des marges commerciales. Le coût des évolutions réglementaires,
nombreuses au cours de la période 2010-2012, a également joué un rôle, alimentant la
croissance de l’indice du prix de la construction, non encore corrigé complètement de « l’effet
qualité ». L’indice du coût de la construction a toutefois baissé de 3 % environ entre mi-2012
et fin 2013.
En second lieu, il apparaît que les marges pratiquées par les entreprises du secteur de
la construction, variables du fait de la cyclicité du secteur immobilier et selon l’activité
concernée, demeurent significativement inférieures à celles de l’ensemble de
l’économie.
La filière de la construction et rénovation de bâtiments, qui comprend les activités de
réalisation de travaux, la fabrication et la commercialisation de matériaux et équipements de
construction ainsi que des prestations de services (architecture, promotion immobilière)
rassemble plus de 300 000 unités légales en 2012. Elles ont généré une valeur ajoutée de
102 Md€, soit 5 % du PIB.
D’un point de vue macro‑sectoriel, cette filière ne présente pas de marges particulièrement
élevées. Mesuré en rapportant le résultat net comptable au chiffre d’affaires, le taux de marge
moyen est de 2,3 % pour la réalisation de travaux en 2011, 3,5 % pour la fabrication de
matériaux, 2,8 % pour leur commercialisation. Ces taux de marges tiennent compte d’une
correction réalisée par la mission consistant à déduire du résultat net comptable des
entreprises indépendantes, nombreuses dans la filière de la construction et rénovation de
bâtiments, la rémunération du chef d’entreprise.
Les marges de la filière construction sont fortement corrélées au volume d’activité. En
période de croissance de l’activité (décennie 1998-2008 par exemple), les taux de marges
augmentent. Ils diminuent en période de contraction de l’activité (1990-1998, par exemple).
En 2008, les taux de marge moyens étaient de 3,5 % pour la réalisation de travaux, 4,4 %
pour la fabrication de matériaux, 3,0 % pour leur commercialisation.
Sur la base de cette analyse quantitative, les marges de la filière de la construction et
rénovation de bâtiments n’apparaissent pas, sur la période récente, particulièrement élevées.
La mission a réalisé une analyse, à partir des données de déclarations fiscales collectées par
la Direction générale des finances publiques, de dix activités économiques de la filière qui
présentent un profil de marges particulier (fabrication de ciment, chaux et plâtre, promotion
immobilière de logements, architecture et économie de la construction, extraction de pierres,
de sables et d'argiles, etc.).
Dans ces secteurs, une analyse selon la taille des entreprises (mesurée par leur chiffre
d’affaire) ou selon la région ne permet pas de mettre en évidence de sous-populations
d’entreprises aux marges élevées. Tout au plus, les taux de marge des activités de fabrication
de matériaux pondéreux (ciment, plâtre et chaux ainsi que pierres, sables et argiles) sont plus
élevés. Par exemple, parmi les 10 % d’entreprises d’extraction de pierres, sables et argiles
ayant le chiffre d’affaires le plus élevé, la moitié d’entre-elles a un taux de marge supérieur à
5,4 %. Parmi le quart des entreprises de fabrication de ciment, plâtre et chaux qui ont un
chiffre d’affaires le plus élevé, la moitié a un taux de marge supérieur à 8 %.
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À l’issue de cette phase de diagnostic, la mission observe que les constats à l’origine de la
lettre de mission laissant craindre une insuffisance de concurrence dans le secteur de la
construction apparaissent fragiles, ce qui réduit l’intérêt des investigations approfondies
envisagées lors du cadrage de la mission.