
Semaine du 5 au 11 février 2017 3
DOSSIER
Rémunération, paye,
appointment, rétribution,
solde, traitement, gain, reve-
nu, dividende, mensualité,
émolument, honoraire,
cachet, pige,⊠quelque soit
lâappellation quâon lui attri-
but, le salaire restera tou-
jours la préoccupation fon-
damentale des travailleurs, il
constitue lâexistence mĂȘme
de lâindividu et de sa famille,
il est essentiel Ă la bonne
marche de lâentreprise et
nĂ©cessaire Ă lâĂ©quilibre gĂ©nĂ©-
ral de lâĂ©conomie dâun pays.
Une question trĂšs cruciale
vient dâĂȘtre traitĂ©e dans cet
ouvrage : combien d'argents
perdus pour cause d'arrĂȘts
de travail ou de journées de
grĂšve ayant pour principale
revendication la révision des
salaires. La question ne
cesse de susciter l'intĂ©rĂȘt
des pouvoirs publics, d'aigui-
ser les revendications chez
les organisations syndicales
et l'insatisfaction permanen-
te des travailleurs qui ne
cessent de clamer un salaire
toujours plus élevé. En
somme c'est le combat
continu afin de garantir un
pouvoir d'achat décent et
par conséquent une vie
meilleure.
Lâouvrage en question est
une référence en matiÚre
de pratique et de législation
salariale en Algérie, parfaite-
ment Ă jour des derniĂšres
évolutions législatives et
réglementaires. Il comporte
trois parties essentielles, il
sâagit de :
1re partie : le salaire
Cette partie comporte
dâabord un aperçu histo-
rique sur lâĂ©volution des
salaires en Algérie depuis
1909 Ă ce jour mettant en
exergue toutes les disposi-
tions adoptées par le législa-
teur en matiĂšre de salaires.
En plus de la notion du
salaire et son importance,
depuis la naissance de la
relation contractuelle en
passant par la pĂ©riode dâes-
sai et les différentes situa-
tions dues Ă lâĂ©volution de la
relation du travail, lâouvrage
en question réponds princi-
palement aux questions de
la composante des salaires,
variation et modification de
la rémunération, les formes
du salaire et son mode de
paiement. Quelles sont les
justifications du paiement
des salaires. Comment
déchiffrer un bulletin de
salaire ? Quelles garanties
de versement du salaire
lorsque lâentreprise est en
difficulté ? Des rÚgles de
fixation du salaire Ă ses
modalités de paiement, du
régime des heures supplé-
mentaires et les différentes
positions du salarié, le
recours de ce dernier en
cas de non-paiement du
salaire aux limites des saisies
du salaire, etc., les
employeurs comme les sala-
riés trouveront dans cet
ouvrage toutes les rĂšgles Ă
connaĂźtre pour maĂźtriser la
législation liée à la rémuné-
ration du travail.
2epartie : le salaire natio-
nal minimum garanti
En plus dâun aperçu histo-
rique sur lâĂ©volution du
salaire national minimum
garanti en Algérie depuis le
siĂšcle dernier, lâouvrage trai-
te de la notion du salaire
national minimum, son
mode de fixation, sa signifi-
cation, son importance.
Quels sont les mécanismes
de sa fixation ? Quels sont
ses éléments constitutifs?
Comment est-il calculé ?, et
enfin le salaire national mini-
mum garanti comme réfé-
rence.
3epartie : les régimes
indemnitaires
Cette partie traite dâun des
éléments aussi important de
la rĂ©munĂ©ration, il sâagit des
régimes indemnitaires appli-
cables. Dans cette partie
une large place a été consa-
crĂ©e Ă sa significationâŠ
Quelle est sa composition ?
Son mode dâattribution ?
Quelles sont les différentes
retenues et fiscalité appli-
cables au régime indemnitai-
re? Quelles sont les primes
et indemnités les plus cou-
rantes ?, et enfin les régimes
indemnitaires des fonction-
naires appartenant aux insti-
tutions et administrations
publiques.
En conclusion, ce guide per-
mettra Ă chacun de mieux
appréhender une des
notions clés de la relation
de travail. L'utilisateur trou-
vera toutes les facettes
d'une question qui intéresse
aussi bien les chercheurs et
consultants dans le domaine
social, sociologues et spécia-
listes en matiĂšre sociale, les
formateurs, juristes et ins-
pecteurs du travail, diri-
geants dâentreprises et ges-
tionnaires des ressources
humaines et des finances, les
institutions et entreprises
nationales et internationales,
les associations profession-
nelles, les organisations syn-
dicales et patronales, et
enfin les travailleuses et tra-
vailleurs nationaux et ceux
de nationalité étrangÚre
exerçants en Algérie.
Présentation du
âGUIDE
PRATIQUE SUR
LES SALAIRESâ
lll moyenne des salaires publics et
privés est faussée par les salaires des
cadres dirigeants qui chez le public sont
une pléthore surpayée et chez le privé une
minorité dont beaucoup sont associés et
de ce fait, pas salariés». «Il se trouve aussi
que le privé a une masse salariale plus
importante et une population occupée
plus grande dans le secteur productif
déclarant, que le secteur public, sans
avoir les capacitĂ©s de reî©nancement du
public», ajoute-t-il.
Les cadres mieux payés chez le privé
Puisquâon parle de statistiques, il est Ă©ta-
blis que si les salaires, du moins pour les
moyennes catégories, sont meilleurs chez
le public que chez le privé, mais le privé
gagne par contre en nombre en oîrant le
plus dâopportunitĂ©s dâemploi. Mieux
encore, et toujours question salaire, les
cadre et les techniciens sont mieux valo-
risĂ©s chez le privĂ© que chez le public oĂč
les grilles de salaires sont îgĂ©es sans
tenir compte de la plus value que peut
apporter un salarié par rapport à un
autre.
Les derniĂšres statistiques de l'Oîce
national des statistiques (ONS) qui révÚ-
lent que le salaire net moyen mensuel en
Algérie est estimé à 39 200 DA en 2015,
Ă raison de 54 700 DA dans le secteur
public, contre 32 100 DA seulement
dans le privé, ne révÚle pas pour autant
le fond de la problĂ©matique. Ces chiîres
issus d'une enquĂȘte annuelle sur les
salaires menée par l'ONS auprÚs de 581
entreprises publiques et de 252 entre-
prises privées de 20 salariés et plus (hors
administration et agriculture), sâintĂ©res-
sent aux salaires attribué, faisant ainsi
que les employés du secteur public se
trouvent mieux rémunéré, notamment
en ce qui concerne le salaire de base qui
représente 60% du net à payer chez le
public et de 50,8% chez le privé. Le reste
est versĂ© sous forme dâindemnitĂ©s
diverses, généralement non imposables.
Toutefois, pour les cadres, les salaires
sont beaucoup plus importants chez le
privé, notamment dans le domaine de
lâindustrie et du commerce. Les ingĂ©-
nieurs sont également mieux rémunérés
par le privĂ© que par lâĂtat. Une exception
seulement fait la diîĂ©rence au niveau du
secteur public. Il sâagit essentiellement
des régimes appliqués dans la Fonction
publique (administrations notamment)
et les entreprises publiques Ă caractĂšre
commercial et/ou économique (Epic,
EPEâŠ). Ă ce niveau, il faut dire que la
diîĂ©rence est de taille, Ă©tant donnĂ©
quâon trouve de meilleurs salaires auprĂšs
des entreprises économiques, au
moment oĂč les salaires de la Fonction
publiques restent parfois trĂšs loin en
arriĂšre.
LâONS conîrme cette donne, en indi-
quant que les activités dans les «indus-
tries extractives» (production et services
d'hydrocarbures essentiellement) et les
«activitĂ©s î©nanciĂšres» (banques et assu-
rances) demeurent les secteurs qui
payent le mieux : salaire net moyen de
100 500 DA/mois dans les «industries
extractives» et 59 200 DA/mois dans le
«secteur î©nancier».
Il nây a pas que le salaire qui compteâŠ
En revanche, et toujours selon la mĂȘme
étude, le salaire net moyen dans le sec-
teur «construction» est le plus faible avec
29 900 DA/mois.
En eîet, si le salaire des agents d'exĂ©cu-
tion dans les activités liées aux hydrocar-
bures est de 68 700 DA, il est Ă seule-
ment 23 400 DA au niveau du secteur de
la santé, par exemple.
«La qualiî©cation du salariĂ©, le secteur
juridique, la taille de l'entreprise ainsi
que les spĂ©ciî©citĂ©s de rĂ©munĂ©ration secto-
rielles des entreprises de certains secteurs
sont les éléments les plus discriminants
du niveau des salaires», relĂšve la mĂȘme
lâONS qui note que le niveau relative-
ment élevé du salaire dans le public est
dû en partie à «l'existence de certaines
entreprises publiques importantes en
termes d'eïŹectifs avec un systĂšme de
rémunération avantageux».
Dâautre part, on relĂšve que le salaire
nâest pas la seule motivation des
employĂ©s, puisque lâon trouve de plus en
plus de personnes en activitĂ©, mĂȘme
moyennant un trĂšs bon salaire, mais qui
cherchent de nouveaux challenges. Cette
tendance est de plus en plus importante
chez les jeunes cadres notamment, pour
qui les conditions de travail, lâĂ©volution
de la carriÚre et la formation sont égale-
ment des atouts à ne pas négliger.
J. D.
2 assumer les salaires et les charges.
Les limites de versement de retraites Ă
2,4 millions de dinars annuellement,
pour les cotisants Casnos, limitent aussi
les cotisations à cette base précise, pour
le secteur privé, alors que dans les
sphĂšres dirigeants des deux autres sec-
teurs, le FSR prend le relais Ă partir
d'une certaine catégorie de salariés, qui a
tout intĂ©rĂȘt Ă dĂ©clarer de hauts salaires,
surtout que la cotisation incombe Ă la
nation et pas aux intéressés.
Le secteur privé productif et employeur,
étant laminé par les facteurs précédents,
et une îscalitĂ© que lui paie sous peine de
saisie ou de mesures pénales, ne peut
ĂȘtre appelĂ© Ă sâaligner sur des secteurs
qui, dans les faits, disparaĂźtront quelques
jours aprĂšs le tarissement des puits au
Sud, et appuient toutes leurs largesses
sur cette unique richesse non pérenne
du pays.
Le grand décalage des salaires et des
autres privilĂšges dont bĂ©nĂ©î”cient les
employés se trouve notamment chez les
cadres, au moment oĂč le personnels
exécutants continuent à percevoir des
salaires minables, quelle est la raison
selon-vous ?
Ce grand décalage, qui apparaßt surtout
chez les secteurs étatiques, renseigne sur
la vision de la productivité dans ces
sphĂšres bureaucratiques ou l'individua-
lisme des cadres dirigeants est appuyé
sur la position du moment, et une fausse
certitude de pérennité induite par le
prolongement de la rente depuis les
années 1980, mais aussi par leur qualité
de législateurs, de décideurs et d'exécu-
teurs rassemblĂ©es dans la mĂȘme sphĂšre Ă
plusieurs casquettes.
Dans une entreprise privée, le personnel
qualiîĂ© sur le terrain est mieux rĂ©tribuĂ©
que le personnel administratif tous
grades confondus, et la grille est souple ;
elle obéit aux impératifs de rentabilité de
l'entreprise. Ainsi vous trouverez un
enginiste dans une entreprise privée qui
touche le salaire de 3 administratifs.
Dans le secteur public, oĂč la grille des
salaires a été élaborée par des person-
nages déconnectés de la réalité écono-
mique et connectĂ©s sur leur intĂ©rĂȘts de
caste, on trouve un fondeur rĂ©tribuĂ© Ă
un salaire inférieur à celui d'une secré-
taire de département, avec un chef de
dĂ©partement sous qualiîĂ© pour cette
tĂąche mais ayant quand mĂȘme la qualitĂ©
de cadre dirigeant d'une entreprise tou-
jours au bord de la faillite aprĂšs une
dizaine d'eîacements de dettes et de re-
înancements avec les cotisations des
autres. Et lĂ oĂč l'obligation de rĂ©sultats
est remplacée par celle de l'allégeance,
on trouve ce résultat, qui ne dure que le
temps des rentes qui le maintiennent en
vie.
Sinon comment expliquer qu'un secteur
public, sous employeur, et sous payeur
pour les catĂ©gories exĂ©cutantes mĂȘme
qualiîĂ©es, nous soit revenu Ă 80 mil-
liards de dollars d'assainissements
depuis 30 ans, sans aucune contribution
Ă la îscalitĂ© ordinaire du pays, n'emploie
que 04% de la masse employée du sec-
teur privé ? avec une masse salariale
intĂ©gralement couverte par les eîorts du
reste de la nation ?
Mettons les deux secteurs au diapason
des nouvelles dispositions constitution-
nelles, et nous verrons combien de jours
ce secteur rĂ©sistera înanciĂšrement Ă ses
largesses mal orientées.
Le marché de l'emploi en Algérie est
totalement déstructuré, ne pensez-vous
pas qu'il est temps d'opérer des réajus-
tements Ă mĂȘme de mettre un peu
d'ordre et de permettre une vraie
concurrence qui mettra en valeur les
compétences ?
Il n'existe aucune raison de parler d'un
marché de l'emploi, tant que l'emploi en
lui-mĂȘme n'est pas considĂ©rĂ© comme un
produit, rétribuable en fonction de sa
qualité et de son utilité. Il existe des sec-
teurs qui, en s'accaparant une masse
salariale globale de 30 milliards de dol-
lars en amont de tout revenu national,
nâont aucune obligation de rĂ©sultats ni
risque d'échec à assumer.
Nous pourrons parler de marché de
l'emploi, quand ces deux critÚres clé de
toute pĂ©rennitĂ© Ă©conomique ou mĂȘme
politique seront pris en charge.
J. D.
Biographie
Zahir Battache, nĂ© le 28 juin 1969 Ă
Seddouk dans la Willaya de Béjaia.
DiplĂŽmĂ© en sciences de lâinformation et
de la communication. Journaliste colla-
borateur Ă lâhebdomadaire RĂ©volution
et Travail, organe central de la centrale
syndicale (UGTA), journaliste, auteur et
producteur dâĂ©missions radiophoniques
traitant des questions liées au monde
du travail sur les ondes de la radio
nationale, avant dâentamer une longue
carriĂšre dans le secteur du travail, de
lâemploi, de la formation professionnelle
et la protection et sécurité sociale.
Une large carriĂšre Ă lâInspection du
Travail (IGT), consultant Ă lâInstitut
National du Travail (INT). Conseiller en
droit du travail et en communication
pour plusieurs entreprises publiques et
privées.