
8 Journal Spécial des Sociétés - Samedi 13 mai 2017 – numéro 38
International
C
ette annonce inattendue marque
un changement de ton en ce qui
concerne la santé économique
mondiale. Pour la première fois
depuis ces deux dernières années, le FMI
entrevoit une accalmie – avec un bémol
pour les États exportateurs de produits de
base – grâce à une amélioration notable,
bien que modeste, des perspective s
mondiales. Amorcée à l’été 2016, l’embellie
prévisionnelle de l’expansion économique
mondiale est confirmée par l’organisme
international qui annonce une croissance
à hauteur de 3,5 % pour l’année 2017,
contrairement aux 3,4 % annoncés en
début d’année. La reprise dans l’industrie
manufacturière et le commerce n’y est pas
indifférente.
Avec 1,7 % de croissance, la zone euro
voit ainsi ses prévisions reconsidérées. Et
la France n’est pas en reste avec 1,4 %,
bien que les résultats de son activité
économique ne parviennent pas à atteindre
la moyenne. Plusieurs facteurs contribuent
à cette prévision de reprise : une monnaie
européenne à faible taux, une croissance
américaine qui se porte bien et une politique
monétaire arrangeante de la part de la BCE
avec les États européens.
Au Royaume-U ni, malgré le scénario
catastrophique annoncé au lendemain
du vote pour le Brexit, on observe une
résist ance de l’é conomie bri tann ique
avec une possible progression de 2 %
contrairement au 1,1 % prévu en octobre
2016. Cependant, la partie n’est pas gagnée
pour la situation économique du Royaume-
Uni qui devrait ressentir les premiers effets
négatifs de sa scission avec l’UE dès
l’année prochaine. Le choix opéré par la
Première ministre, Theresa May, d’avancer
les élections législatives devrait noircir un
peu plus le tableau, puisqu’il apportera son
lot d’« incertitudes », ce qui « en général
(...) n’est jamais une bonne chose » comme
l’indique Maurice Obstfeld, chef économiste
du FMI. La sortie effective du marché
commun européen devrait faire plonger le
taux à seulement 1,5 %.
Contrairement à ce qui a été craint, l’arrivée
de Donald Trump dans le Bureau ovale n’a,
jusqu’à présent, pas fait sombrer l’économie
du partenaire outre-Atlantique de l’Union
européenne. Bien au contraire, après un
certain assouplissement, le plan de relance
préparé par l’équipe du 45e président
combiné à la confiance renouée avec les
entreprises, a boosté l’activité économique
du pays qui revoit à la hausse sa croissance
prévisionnelle avec 2,3 % pour l’année
2017 et de 2,5 % pour 2018.
Quant aux pays émergents – dont le Brésil,
qui bénéficierait d’une croissance de 1,7 %
en 2018 –, ils devraient connaître une
période plus agréable grâce à la croissance
chinoise qui reste forte (6,2 % en 2018 contre
6,6 % en 2017) et à la valeur des produits de
base revue à la hausse.
L e t a b l e a u n ’ e s t p a s a u s s i r o s e
po ur l’ Am é r iq u e du S u d e t l ’A fr iq ue
subsaharienne. Confrontés à une perte
de revenus conséquente due à la chute
du cours des matières premières, aux
conditions météorologiques défavorables et
aux instabilités politiques, ils s’exposent très
certainement à une période de « famine de
masse ».
UN SYSTÈME ÉCONOMIQUE SUR LE DÉCLIN ?
Néanmoins, ce progrès quasi général
n’est pas sans failles. En effet, bien que
porté pour le moment par un nouvel élan
économique, l’optimisme de l’institution
internationale ne peut ignorer la conjoncture
mondiale et les risques qu’elle représente.
C e t t e a m é l i o r a t i o n n e p e u t d o n c
s’entendre qu’à court terme. Les risques
de dégradation persistent. En effet, la
croissance du produit intérieur brut est
sur le fil du rasoir. Elle aura maille à
partir avec le regain de protectionnisme
constaté dans nos contrées occidentales.
C e d e r n i e r p ou r r a i t , p a r a i l l e u r s ,
occasi onner no mb re de fr ac ture s au
sein du marché économique mondial –
déjà fragilisé par la crise de 2008 qui a
creusé un peu plus le fossé des inégalités –
en « sapant les relations commerciales
internationales et, plus généralement, la
coopération multilatérale ». À l’occasion
d’une conférence de presse à Washington,
Monsieur Obstfeld n’a d’ailleurs pas hésité à
soulever la question pour le moins épineuse
de la durabilité de cet élan sur le moyen
et le long terme. Il en a conclu, pour le
moment, que ce point « reste en suspens ».
Fonds monétaire international
Le retour à une croissance dynamique ?
Dans un récent rapport semestriel en date du 18 avril 2017, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la hausse ses prévisions
quant à la croissance économique pour l’année en cours. L’organisme met cependant en garde contre une éventuelle
« guerre
commerciale »
à venir, en raison de la montée inquiétante du protectionnisme au sein de l’Occident.
D.R.