Napoléon, le Consulat et l’Empire
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La proclamation du régime consulaire
La proclamation du régime consulaire
"Aux Français,
Rendre la République chère aux citoyens, respectable aux étrangers, formidable aux ennemis,
telles sont les obligations que nous avons contractées en acceptant la première magistrature. Elle
sera chère aux citoyens, si les lois, si les actes de l’autorité sont toujours empreints de l’esprit
d’ordre, de justice, de modération.
Sans l’ordre, l’administration n’est qu’un chaos : point de finances, point de crédit public ; et, avec
la fortune de l’État, s’écroulent les fortunes particulières. Sans justice, il n’y a que des partis, des
oppresseurs et des victimes. (...) La République sera imposante aux étrangers, si elle sait respecter
dans leur indépendance le titre de sa propre indépendance ; si ses engagements, préparés par la
sagesse, formés par la franchise, sont gardés par la fidélité. Elle sera enfin formidable aux ennemis,
si ses armées de terre et de mer sont fortement constituées ; si chacun de ses défenseurs trouve
une famille dans le corps auquel il appartient, et dans cette famille un avantage de vertus et de
gloire ; si l’officier formé par de longues études obtient, par un avancement régulier, la
récompense due à ses talents et à ses travaux."
Napoléon Bonaparte, Paris, le 4 nivôse an VIII (25 décembre 1799) in Histoire 2e, Les
fondements du monde contemporain, Nathan (Coll. J. Marseille), 1996.
BONAPARTE ET L’EGLISE CATHOLIQUE D’APRES THIBAUDEAU
BONAPARTE ET L’EGLISE CATHOLIQUE D’APRES THIBAUDEAU
« Le 21 prairial [an IX = 10 juin 1801], le conseiller d’Etat N... [Thibaudeau] dînait à la
Malmaison. Après le dîner, le Premier Consul l’emmena seul avec lui dans le parc, et mit la
conversation sur la religion. Il combattit longuement les différents systèmes des philosophes sur
les cultes, le déisme, la religion naturelle, etc. Tout cela n’était, suivant lui, que de l’idéologie. Il
cita plusieurs fois Garat à la tête des idéologues. « Tenez, dit-il, j’étais ici dimanche dernier, me
promenant dans cette solitude, dans ce silence de la nature. Le son de la cloche de Rueil vint tout à
coup frapper mon oreille. Je fus ému ; tant est forte la puissance des premières habitudes et de
l’éducation. Je me dis alors : quelle impression cela ne doit-il pas faire sur les hommes simples et
crédules ! Que vos philosophes, que vos idéologues répondent à cela ! Il faut une religion au
peuple. Il faut que cette religion soit dans la main du gouvernement. Cinquante évêques émigrés et
à la solde de l’Angleterre conduisent aujourd’hui le clergé français. Il faut détruire leur influence ;
l’autorité du Pape est nécessaire pour cela. Il les destitue, ou leur fait donner leur démission. On
déclare que la religion catholique étant celle de la majorité des Français, on doit en organiser
l’exercice. Le Premier Consul nomme cinquante évêques, le pape les institue. Ils nomment les
curés, l’Etat les salarie. Ils prêtent serment. On déporte les prêtres qui ne se soumettent pas. On
défère aux supérieurs pour les punir ceux qui prêchent contre le gouvernement. Le pape confirme
la vente des biens du clergé ; il sacre la République. On chantera : salvam fac rem gallicam. La
bulle est arrivée. Il n’y a que quelques expressions à changer. On dira que je suis papiste ; je ne
suis rien ; j’étais mahométan en Egypte, je serai catholique ici pour le bien du peuple. Je ne crois
pas aux religions... Mais l’idée d’un Dieu... » et levant ses mains vers le ciel : « Qui est-ce qui a fait
tout cela ? »
N...parla à son tour, car jusque-là il avait écouté sans dire mot. « Discuter la nécessité d’une
religion, c’est déplacer la question. J’accorde même l’utilité du culte. Mais un culte peut exister
sans clergé. Car des prêtres ou un clergé sont deux choses bien différentes. Il y a dans un clergé
une hiérarchie, un même esprit, un même but ; c’est un corps, un pouvoir, un colosse. Si ce corps
avait pour chef le chef de l’Etat, il n’y aurait que demi-mal ; mais s’il reconnaît pour chef un chef
étranger, alors c’est un pouvoir. Jamais la situation de la France n’a été plus favorables pour faire
une grande révolution religieuse. Vous avez maintenant les constitutionnels, les vicaires