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Le colza,  hybride  naturel  entre  la  navette  et  le  chou,  peut-il  échanger  des  gènes  avec  les  espèces  sauvages 
apparentées,  ravenelle,  moutarde  et  roquette,  des  Brassicacées  communément  appelées  « mauvaises  herbes »  ? 
Question essentielle dans le cas du colza rendu résistant à certains herbicides. Afin de tenter d’y répondre, une 
étude a été menée pendant 10 ans par l’INRA de Rennes. 
Des croisements ont été réalisés en serre dans un premier temps, puis en conditions naturelles, d'abord en favorisant 
l'hybridation interspécifique,  c'est-à- dire en utilisant des  plantes de colza  ne  produisant  pas  de  pollen («mâle-
stériles») et  fécondées  uniquement par  le  pollen  des  plantes adventices (résultats figure 1.4), puis  en situation 
agronomique  normale.  Les  hybrides  obtenus  ont  été  analysés  pour  évaluer  leur  aptitude  à  produire  une 
descendance.  
Le colza retenu était la variété canadienne de printemps Westar (matériel produit par Plant Genetic Systems, Gent, 
Belgique) contenant le gène bar qui confère la résistance au glufosinate-ammonium (un herbicide commercialisé 
sous le nom Basta®). 
 
Production d’hybrides interspécifiques entre le colza mâle stérile et trois 
adventices (la ravenelle, la roquette bâtarde et la moutarde des champs) dans 
des conditions naturelles. 
Parent femelle  Parent mâle  Nombre de graines 
produites au mètre carré 
Colza mâle stérile  Ravenelle  2200 
Colza mâle stérile  Roquette bâtarde  510 
Colza mâle stérile  Moutarde des champs  60 
Figure 1.4 
 
Les graines hybrides interspécifiques produites, semées au champ en présence de l'espèce adventice, donnent des  
plantes vigoureuses qui ont une morphologie proche de celle du colza ; leur fertilité demeure faible, environ 100 
fois inférieure à celle de la génération précédente. Le gène bar est présent  et il s'exprime. 
La production d'hybrides interspécifiques varie en fonction de la variété de colza utilisée comme parent femelle. 
Sur 2000 plantes observées, en fonction des génotypes et des années, le nombre de graines pour 100 fleurs varie de 
2 à 100 et le nombre de graines par plante de 5 à 1200.  
 Les plantes issues des graines récoltées sur les hybrides, présentent des structures chromosomiques variables mais 
sont presque toutes résistantes au Basta®. Au cours des 2 générations suivantes, le transgène se transmet avec des 
fréquences de plus en plus faibles. Aucune plante ayant le même nombre de chromosomes que l’espèce adventice et 
contenant le gène bar n'a été caractérisée dans ces générations.    
 
 
« L'utopie est la matrice de l'histoire et la sœur jumelle de la révolte. » José Bové