I. De la doctrine de l’Etat…..
Née avec la contractualisation des politiques publiques, la notion de droit commun serait tout ce qui reste et qui ne relève pas de cette contractualisation. A cette
notion, il faut rajouter la notion de territoire où la présence ou non du droit commun se pose et où la Politique de la Ville construit sa légitimité sur la base d’un
déficit de solidarité, dessinant alors un « espace à part ». Rapidement, la Politique de la Ville a été considérée comme un lieu d’expérimentation et a permis que de
nouveaux modes opératoires soient mis en œuvre, de nouvelles réponses soient élaborées etc.… A partir de la situation socio-économique du territoire, la
Politique de la Ville a longtemps complété le droit commun ou tenté de pallier aux défaillances de celui-ci (inefficacité ou saturation). Son institutionnalisation est
aussi un rendez vous manqué car elle s’est érigée comme une politique en tant que telle, substitutive du droit commun, insuffisamment interpellatrice, et ne
faisant plus bouger « les lignes » de ces politiques.
De nombreux travaux, rapports du Sénat, de l’IGAGS, de la Cour des Comptes….ont depuis de longues années dénoncé l’invisibilité de la Politique de la Ville. Le
dernier rapport d’information (rapport Dallier 2007) rend compte de l’enquête conduite par la Cour des Comptes sur les crédits d’intervention de la Politique de
la Ville.
Cette commission tente de construire les réponses concernant les constats suivants établis par la Cour des Comptes :
- La complexité des critères qui fondent la géographie prioritaire de la Politique de la Ville et son obsolescence,
- La confusion des rôles entre les différentes administrations notamment la DIV et l’ACSE,
- Les faiblesses des outils de péréquation, dont la dotation de solidarité urbaine (DSU),
- L’incapacité actuelle de l’Etat à mesurer l’efficacité de son action pour les quartiers.
Des éléments importants sont soulignés : si les crédits d’intervention ne résument pas la Politique de la Ville, l’Etat éprouve des difficultés à fournir des
informations fiables sur les crédits de droit commun et les crédits spécifiques. La Cour des Comptes observe que « les crédits spécifiques » sont souvent
considérés comme constituant l’intégralité de la Politique de la Ville en contradiction avec le principe selon lequel, ils ne doivent intervenir qu’en complément
pour créer un effet levier par rapport à la mobilisation des politiques de droit commun.
Cette logique a conduit à un double processus d’enfermement de la Politique de la Ville : d’une part, les politiques dites classiques ont eu tendance à
« s’accaparer » ces enveloppes exceptionnelles pour compenser la chute de leur budget ; d’autre part, la Politique de la Ville s’est recroquevillée sur ses crédits
comme unique outil de mobilisation des partenaires, support privilégié des négociations avec les acteurs de terrain. Cet enfermement a donc induit une
mobilisation autour de l’expérimentation ou de la substitution, sans véritablement interroger ce que font les autres politiques publiques.