par des ouvriers germanophones suite à un incendie. Depuis, la capitale des Grisons
est majoritairement germanophone, renforçant ainsi le rayonnement de l’allemand.
D’autre part, les Walser, venus du Haut-Valais, ont occupé les vallées hautes grisonnes
au 14ème siècle. Le romanche est également en contact avec l’italien et les dialectes
lombards, parlés traditionnellement dans les vallées du Sud des Grisons. Toutefois, de-
puis quelques décennies, il n’y a plus de locuteurs adultes romanches monolingues.
Le romanche est essentiellement parlé dans la vallée du Rhin antérieur (Surselva), dans
le centre des Grisons en amont de Coire, ainsi que dans l’Engadine et le Val Müstair. Ces
régions déterminent aussi les variétés du romanche. Le temps de la Réforme a donné
naissance à l’écriture du romanche. Des orthographes et des normes linguistiques ont
été élaborés indépendamment dans chaque région ; les divergences religieuses ont
également donné lieu à des "orthographes protestantes" et des "orthographes catho-
liques" dans la Surselva. Finalement, ces efforts de standardisation ont abouti à cinq
idiomes régionaux (Gross 2004) :
Sursilvan L’idiome sursilvain est le plus important en ce qui concerne le nombre de
locuteurs (17000), et est parlé dans la vallée du Rhin antérieur.
Sutsilvan Cet idiome compte uniquement 1000 locuteurs natifs ; il est le plus menacé
de disparition. Il est parlé dans la vallée du Rhin postérieur, à proximité de la ville
de Coire, et le long de l’axe routier du San Bernardino.
Surmiran Cet idiome, avec 3000 locuteurs natifs, est parlé sur le versant nord des Cols
de l’Albula et du Julier. Avec le Sutsilvan, il forme le groupe central du romanche.
Puter Le puter est parlé en Haute-Engadine, par 5000 locuteurs. Malgré ce nombre
relativement élevé, il est menacé par de nombreux locuteurs de l’allemand et de
l’italien qui affluent dans cette région touristique.
Vallader Cette variété est parlée en Basse-Engadine et dans le Val Müstair. On recense
6000 locuteurs, ce qui fait du Vallader le deuxième idiome du romanche des Gri-
sons.
Ces cinq idiomes représentent des normes écrites régionales. Cependant, certains vil-
lages peuvent utiliser des dialectes qui s’écartent considérablement de la norme régio-
nale – parfois ces dialectes sont même plus proches de la norme d’une région voisine.
En plus, les normes sont assez vagues et admettent beaucoup de variation orthogra-
phique.
En plus de ces cinq idiomes "naturels", une sixième langue a été développée dans les
années 1980 (Schmid 1989), le Rumantsch Grischun (RG). Il a été conçu comme une
langue suprarégionale écrite, pour l’usage administratif et médiatique. Cet idiome a
été compilé à partir des cinq idiomes pour trouver un compromis compréhensible par
tout le monde. A partir de 2005, le RG est enseigné dans les écoles romanches.
L’analyseur morphologique et syntaxique présenté dans les sections suivantes se base
sur la variété sursilvaine (Spescha 1989; Liver 1982). De manière rétrospective, il aurait
peut-être été plus judicieux d’utiliser le Rumantsch Grischun comme point de départ.
Je ne l’ai pas fait parce que je sous-estimais l’importance de cette langue commune, et
que je préférais travailler sur une langue qui s’est développée naturellement. En plus,
des documents sur le Sursilvan m’étaient plus facilement accessibles.
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