Table ronde Futuribles du 16 avril 2008 - L’Inde à l’horizon 2025
et la Chine sont des éléments de soutien de
la conjoncture mondiale et le tournant de
l’économie mondiale pourrait venir de ces
deux pays. Ainsi, en Chine, les impor-
tations sont à la hausse, et des programmes
d’investissements keynesiens (construc-
tions d’infrastructures) sont à l’œuvre,
alors que les exportations baissent, ce qui
signifie que la Chine pourrait soutenir la
conjoncture mondiale.
L’Inde n’a certes pas la même ouverture
que la Chine, sa conjoncture est plus
fluctuante car son économie est plus mar-
quée par le « cycle du business ». Ainsi,
l’Inde a connu une hausse rapide de sa
croissance en 2002-2006 (dopée par les
investissements étrangers), désormais ra-
lentie par les pressions inflationnistes mon-
diales. De plus, l’Inde connaît un cycle de
business interne semblable aux pays anglo-
saxons, qui a entraîné une bulle immo-
bilière dont l’explosion (la baisse des prix)
aura des conséquences sur les équilibres
des portefeuilles des entreprises ayant in-
vesti dans ce secteur.
Au final, l’Inde devrait connaître un ralen-
tissement de son taux de croissance, qui
devrait se stabiliser entre 6 % et 8 % (au
lieu de 10 %), en partie grâce à la demande
interne.
Or, même si, de 1996 à 2001, l’Inde a
connu une croissance molle (autour de
3 %), elle a triplé son PIB (produit
intérieur brut) en 12 ans et cela commence
à se voir. Donc, dans tous les cas, le pays
ne devrait pas subir de baisse dramatique
de sa croissance, notamment parce que
l’économie est tirée par la demande in-
terne. Il est donc possible de proposer la
fourchette de 3 % à 7 % de croissance pour
l’année à venir.
- L’Inde va connaître une importante année
électorale 2008-2009 avec les élections
législatives : quelle lisibilité en a-t-on ?
Ce qui est sûr, c’est que la proximité de ces
élections explique pourquoi l’accord nu-
cléaire avec les États-Unis n’est pas encore
signé, alors qu’il s’agit d’une question
énergétique importante et de la condition
du réarmement nucléaire de l’Inde. Cet
accord aurait aussi un impact sur le
rééquilibrage éventuel face à la Chine. Car
si l’Inde est loin de pouvoir rejoindre la
Chine d’un point de vue économique, elle
pourrait néanmoins devenir un acteur
incontournable des grands équilibres, avec
le Japon, l’Afrique et la Russie.
Jusqu’à maintenant, l’Inde ne faisait pas
partie du monde multipolaire, elle n’avait
quasiment pas d’influence sur le plan
mondial. C’est en train de changer, no-
tamment grâce au regard nouveau que lui
portent les États-Unis et l’Europe.
L’Inde des statistiques
Pour envisager l’Inde à l’horizon 2025,
J.-J. Boillot a analysé les prévisions déjà
réalisées par plusieurs organismes : Gold-
man Sachs, le CEPII (Centre d’études
prospectives et d’informations internatio-
nales), la Banque mondiale (projections
pour l’Inde en 2030) et le FMI (Fonds
monétaire international). Il a notamment
comparé les paramètres, les critères et les
méthodologies utilisés.
Il a rappelé les limites des statistiques sur
l’Inde à l’horizon 2025, qui cachent
l’essentiel, à savoir ce que sera l’Inde en
2025.
Au final, ces projections à l’horizon 2025,
réalisées en dollars US courants base 2000
et taux de change courant, envisagent un
PIB indien compris entre 2 000 et 3 000
milliards de dollars US. L’Inde serait donc
toujours loin d’être une superpuissance,
puisque la Chine, elle, réaliserait un PIB de
9 000 milliards de dollars US, un chiffre
lui-même inférieur au PIB anticipé des
États-Unis. L’Inde représenterait donc 4 %
du PIB mondial, contre 2 % aujourd’hui,
soit un doublement mais un pourcentage
qui reste très faible, inférieur notamment à
la Chine d’aujourd’hui.
De même, le PIB par habitant par rapport
aux États-Unis ne passe que de 2 % à 4 %,
même en envisageant une croissance
élevée à 6 %.
L’Inde devrait maintenir son poids relatif
dans la population mondiale mais elle ne