Sujet : « Qui veut tuer l’inflation assassine -t-il la croissance et l’emploi » ?
« Qui veut tuer l’inflation, surtout en France, assassine la croissance et l’emploi, à fortiori
quand la volonté devient entêtement et que la durée favorise l’excès au détriment de la
raison ». Alain Cotta, La France en panne, 1991
Contexte de l’époque : inflation vaincue mais au prix de taux d’intérêt élevés et d’une faible
croissance, craintes de déflation. Débat toujours actuel : certains réclament à la BCE et à la FED
des politiques monétaires encore plus accommodantes.
Problématique : La lutte contre l’inflation se paye-t-elle par la récession et le chômage ?
I La lecture keynésienne de la courbe de Phillips montre les coûts de la lutte contre l’inflation
1- Mise en évidence de la courbe de Phillips
2- Lecture de Samuelson et Solow (1960) : politique budgétaire et monétaire stricte => baisse
de la demande => moins d’inflation mais aussi moins de production et d’emploi. Le
gouvernement peut choisir un point particulier sur la courbe de Phillips suivant son objectif
(faible inflation ou faible chômage).
3- Application : la désinflation depuis le début des années 1980 a été obtenue par une restriction
de la demande et des taux d’intérêt élevés, elle s’est accompagnée d’une faible croissance,
d’une hausse du chômage et d’un coût social élevé, particulièrement en Europe occidentale
et en France.
II Pourtant, l’idée d’un arbitrage inflation/chômage à long terme a été invalidée
1- Friedman (1968) : la liaison inflation/chômage existe seulement à court terme : phénomène
d’anticipations adaptatives : la baisse de l’inflation non anticipée provoque effectivement du
chômage, mais peu à peu les agents s’aperçoivent de la baisse du taux d’inflation et
diminuent les demandes de hausse de prix, de loyers, de salaires, et l’emploi peut repartir.
Sargent et Wallace (1975), utilisant l’hypothèse d’anticipations rationnelles, affirmeront
même qu’à court terme il n’y a pas d’arbitrage inflation/chômage.
2- On trouve de nombreux exemples de pays sans inflation et sans chômage (ou avec des taux
très modérés) : Allemagne pendant les 30 glorieuses ; USA, RU, Danemark, Pays-Bas, etc.
aujourd’hui. Pas d’inflation => meilleure compétitivité, moins d’incertitude, pas de
brouillage sur l’information véhiculée par les prix, apport de capitaux étrangers => plus de
croissance.
3- Plus globalement, Friedman a montré que le taux de chômage « naturel » est compatible avec
n’importe quel niveau d’inflation : le chômage est déterminé par le fonctionnement du
marché du travail, l’inflation par la croissance de la masse monétaire. En France, la
désinflation a coïncidé avec une montée durable du chômage mais corrélation ne signifie pas
causalité.
III Cependant, certains considèrent qu’une inflation modérée est préférable à une inflation
nulle
1- Une faible inflation permet un ajustement plus facile des salaires réels, donc met de l’huile
dans les rouages du marché du travail, à causes de la rigidité du salaire nominal (Thèse
d’Akerlof)
2- Elle rend la politique monétaire plus efficace en permettant des taux d’intérêt réels négatifs
3- Elle évite que certaines branches ne soient systématiquement confrontées à la baisse des prix
Conclusion : c’est cette dernière idée (III) qui est partagée par les banquiers centraux actuels qui
redoutent la déflation plus que tout. Ils favorisent une inflation rampante dans le but (vain ?) de
ranimer la croissance.
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