Monnaie - EM Normandie

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SÉQUENCE 3
ET LA MONNAIE DANS
TOUT CELA ?
Mathilde AUBRY
« Il y a davantage d’hommes qui sont devenus fous en étudiant
les problèmes monétaires qu’il y en a qui sont devenus fous
par amour. »
William Gladstone (1809-1898)
« Il n'est pas, dans l’économie, quelque chose de plus
insignifiant que la monnaie. »
John Stuart Mill, Les principes d’économie politique, 1848
La monnaie est au cœur du fonctionnement de nos sociétés. Elle y occupe une
place :
Centrale
Particulière
Toute transaction
se règle en monnaie
Ni un bien de consommation
Ni un bien d’investissement
Cependant ce n’est : Ni un bien de consommation (car elle n’est pas directement source
de satisfaction pour le consommateur), ni un bien d’investissement (car elle ne rapporte
rien)
■■La
monnaie peut se définir comme un bien d’échange, massivement accepté
immédiatement et sans coût. Elle est donc porteuse de choix: qui possède de la
monnaie détient un pouvoir d’achat dont il peut disposer à sa convenance sans
coût ni délai (mais symétriquement, celui qui n’en dispose pas est exclu de fait de
l’économie de marché). Son principal intérêt est d’être acceptée de tous, de servir
de relation entre les individus, ce qui suppose donc une confiance réciproque
mais aussi envers l’institution qui émet la monnaie. La monnaie constitue donc
également un des mécanismes essentiels du lien social
■■Son coût de production est totalement négligeable au regard de sa valeur.
Aujourd’hui la plus grande partie de la masse monétaire est ainsi constituée par
de simples jeux d’écriture au sein des banques et entre banques. Le mécanisme
de production de ce bien particulier qu’est la monnaie n’a donc que peu de points
communs avec les ressorts qui gouvernent la production des biens et services. En
effet, en accordant un crédit la banque met à disposition de son client un certain
montant monétaire qui n’existait pas avant.
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Durant cette séance, nous ferons un rappel, dans un premier temps, sur les différentes
fonctions de la monnaie et sur les différentes formes qu’elle peut prendre. Cela sera
l’occasion de s’accorder sur un vocabulaire commun. Dans un second temps, nous nous
intéresserons à l’offre de monnaie (déterminée par les décisions des banques privées et
de la banque centrale) et au contrôle de la quantité de monnaie en circulation.
1. La monnaie : Nature et fonctions. À quoi elle sert ?
Qu’est-ce ?
1.1. Les fonctions de la monnaie
La monnaie remplit trois fonctions dans l’économie :
1.1.1. C’est un instrument de transaction
C’est donc un actif que les individus ne consomment pas mais utilisent pour échanger des
biens et des services. Par contre, il est nécessaire ici qu’il y ait une confiance totale dans
la valeur de cet actif. Le responsable d’un magasin n’acceptera votre monnaie en échange
des articles qu’il vend que s’il sait qu’il pourra la réutiliser aussi pour se procurer un bien
ou un service.
La monnaie est une solution alternative au troc. Pour chaque échange, le troc nécessite :
■■une coexistence duale des désirs,
■■une possibilité de comparaison,
■■une divisibilité des biens échangeables.
La monnaie brise le troc, et augmente le champ des échanges possibles tout en limitant les
coûts de transaction. Comme l’échange est vu comme quelque chose de positif (puisqu’il
rend possible l’accroissement de la richesse globale), la monnaie est donc positive elle
aussi.
1.1.2. C’est une réserve de valeur
C’est la fonction la plus importante. La monnaie est un élément que les individus utilisent
pour transférer leur pouvoir d’achat du présent vers le futur. Lorsqu’un vendeur accepte
de la monnaie aujourd'hui en échange d’un bien ou d’un service, il peut conserver la
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monnaie et devenir acheteur à un autre moment. Il peut choisir de consommer maintenant
ou après, il peut choisir de différer dans le temps sa consommation. Il peut même choisir
de consommer maintenant de l’argent qu’il gagnera plus tard.
Bien sûr, la monnaie n’est pas la seule réserve de valeur qui existe dans l’économie. Un
individu peut aussi transférer son pouvoir d’achat du présent vers le futur avec d’autres
actifs. Le terme richesse est utilisé en référence au montant total de toutes les réserves
de valeur incluant les actifs monétaires et non monétaires. Dans la richesse de tous les
individus, la monnaie est l’actif le plus liquide. Le terme liquidité désigne la facilité avec
laquelle un actif peut être transformé en instrument d’échange de l’économie. Comme
la monnaie est l’instrument d’échange de l’économie, c’est l’actif disponible le plus
liquide. D’autres actifs varient largement en termes de liquidités. La plupart des actions
et des obligations peuvent être vendues facilement à faible coût, ce sont donc des actifs
relativement liquides. En revanche une voiture ou un tableau de Rembrandt demande
plus de temps et d’efforts et donc ces actifs sont moins liquides. Lorsqu’un individu décide
sous quelle forme il va détenir sa richesse, il doit mettre dans la balance la liquidité de
chaque actif avec son utilité en tant que réserve de valeur parfaite.
Le rendement de la monnaie est nul (posséder de la monnaie ne rapporte rien).
Cependant, posséder de la monnaie a un coût : un coût d’opportunité (ou le coût du
renoncement, renoncer à la consommation pour garder de la monnaie). On peut être très
riche, mais si on ne possède pas de la monnaie, on ne peut rien acheter.
1.1.3. C’est une unité de compte
Une unité de compte est un référentiel que les individus utilisent pour afficher les prix ou
enregistrer une dette.
Lorsque vous allez faire des courses, vous n’exprimez pas les objets en fonction d’autres,
cela ferait un trop grand nombre de prix relatifs. Vous exprimez tous les prix des biens
et des services en fonction d’un seul bien, ce qui permet de réduire le nombre de prix
relatifs (Ex : on décide que A est une unité de compte, et on fixe ensuite tous les autres
prix en fonction de A).
S’il n’y avait pas de monnaie, il faudrait mettre en place des prix relatifs (en fonction d’un
autre bien, ce qui impliquerait d’établir de nombreux prix).
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1.2. Les formes de la monnaie
■■Elle
fut une marchandise ayant une valeur intrinsèque Monnaie-marchandise
(ex. : Coquillages, sel, bétail, cigrattes... or.)
■■Elle est désormais un signe, basé sur la confiance
Monnaie
= un signe
Matériel
Immatériel
Monnaie fiduciaire
ou fiat monnaie
Monnaie scripturale
(ex. : les dépots à vues, à termes...)
(ex. : Argent liquide -> billets, pièces...)
8,3% de la masse monétaire
91,7% de la masse monétaire
C’est cette création de monnaie qui compte !
Lorsque la monnaie prend la forme d’une marchandise ayant une valeur intrinsèque,
elle est appelée monnaie marchandise. Le terme valeur intrinsèque signifie que cet
élément aurait une valeur quand bien même il ne serait pas utilisé comme monnaie.
L’or est un exemple de monnaie marchandise. Il est utilisé dans l’industrie et pour la
fabrication de bijoux. L’or a longtemps été une forme courante de monnaie car il est
facile à transporter, à mesurer et sa pureté est aisément vérifiable. Il existe aussi d’autres
monnaies-marchandises utilisées de manière plus épisodique. Par exemple, au moment
où l’Union Soviétique a explosé à la fin des années 80 et que les Russes ont commencé
à perdre foi dans le rouble, de nombreux moscovites ont commencé à échanger des
biens et des services en utilisant des cigarettes comme unité de compte et instrument
d’échange.
La monnaie qui n’a pas de valeur intrinsèque s’appelle fiat monnaie (que la monnaie soit)
ou monnaie fiduciaire. Cela signifie que la monnaie est instituée par le gouvernement
par le biais d’un décret. Par exemple, les billets de banque en euros ont cours dans 19
pays d’Europe car les gouvernements de ces pays ont décrété que l’€uro est une monnaie
acceptée dans leurs économies respectives. Pour fabriquer des billets de banque, il faut
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une papeterie et une imprimerie. La Banque de France est la seule banque centrale de
la zone euro à avoir une papeterie. Elle est située à Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme) sur les
bords de l’Allier.
La monnaie qui nous intéresse dans ce cours est la monnaie scripturale : l’argent présent
sur nos comptes en banque, les dépôts. Cette monnaie représente donc 92% de la masse
monétaire.
Aller au distributeur c’est transformer de la monnaie scripturale en monnaie fiduciaire.
1.3. La mesure de l’offre de monnaie
Dans une économie complexe, il est en général assez difficile de tracer une ligne de
séparation entre les actifs que l’on peut qualifier de monnaie et ceux que l’on ne peut
pas. Les pièces dans votre poche sont de la monnaie, un tableau non, mais il existe un
grand nombre d'actifs entre les deux.
Avec tout cela, que prend-t-on en compte pour déterminer la quantité de monnaie dans
une économie ? Que peut-on inclure dans cette mesure?
La masse monétaire, c’est l’ensemble des moyens de paiement utilisables dans un pays
donné et qui circulent entre les agents non financiers. Il existe donc différentes mesures
de la masse monétaire pour les économies avancées.
Dans la zone euro, pour mesurer l’offre de monnaie, on distingue trois agrégats monétaires
(M1, M2, M3) :
■■M1 : mesure étroite, est composée uniquement des billets en circulation (argent
liquide) et de dépôts à vue (compte courant). Cela rassemble tout ce que vous
pouvez utiliser tout de suite pour acheter quelque chose. En effet, la richesse
contenue sur votre compte courant est presque aussi pratique pour faire des
achats que celle que vous avez dans le porte-monnaie (vous pouvez y accéder à la
demande seulement en utilisant une carte de paiement ou avec un chèque)
■■M2 : mesure intermédiaire, offre de monnaie moins liquide. Rassemble M1, plus
des dépôts de monnaie à plus long terme. Les épargnants ne peuvent pas mobiliser
cette épargne avec un chèque ou une carte mais ils peuvent facilement transférer
les fonds vers leur compte courant.
■■M3 : mesure plus large, rassemble M1 et M2, plus des dépôts de monnaie à plus
long terme encore que le second agrégat (M2).
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La base monétaire rassemble ce que l’on appelle la monnaie centrale : les billets et les
pièces que vous avez dans vos poches mais aussi les réserves bancaires (les dépôts des
banques à la banque centrale puisque la banque centrale est la banque des banques).
C’est un peu la matière première permettant de créer de la monnaie.
Masse monétaire M3
9686 Mds EUR
Pensions
120 Mds EUR
Dépôts à trois mois
auprès des IFM
2041 Mds EUR
M2
8870 Mds EUR
M1
5025 Mds EUR
Dépôts à vue
auprès des IFM
4158 Mds EUR
Titres d’OPCVM
monétaires
482 Mds EUR
Dépôts à deux ans
auprès des IFM
1803 Mds EUR
Base
monétaire
1675 Mds EUR
Billets &
pièces en
circulation
893 Mds EUR
Réserves des
IFM auprès de la
Banque centrale
515 Mds EUR
Facilités de
dépôt
261 Mds EUR
Titres de créance
à deux ans
213 Mds EUR
Figure 1 : Masse monétaire et base monétaire (septembre 2012)
Source : NATIXIS
Pour une mise à jour régulière de ces données :
http://www.ecb.europa.eu/press/pr/stats/md/html/index.en.html
La stratégie de la BCE (Banque Centrale Européenne) notamment consiste à surveiller
l'évolution de l'agrégat monétaire M3. Elle doit contrôler la masse monétaire. En effet,
l’inflation est un accroissement de la masse monétaire, qui a pour conséquence, à terme,
l’augmentation des prix.
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2. La création monétaire : l’offre de monnaie
2.1. La création de monnaie par les banques commerciales
2.1.1. Étape 1
Une banque crée de la monnaie lorsque des entreprises ou des ménages demandent un
crédit. Si la banque accorde le crédit, elle crédite le compte du bénéficiaire, il y a création
de monnaie scripturale (on dit qu'elle crée ex-nihilo, c'est-à-dire "en partant de rien").
Cette monnaie sera détruite lorsque l’entreprise ou le ménage remboursera son crédit.
La banque accorde un prêt et crédite le compte du bénéficiaire
Création de monnaie ex nihilo
Remboursement du crédit
Destruction de monnaie
On aura donc un accroissement de la masse monétaire lorsque la population fait des
emprunts, et destruction quand les gens remboursent les crédits. Si l’on généralise au
niveau d’une économie, la masse monétaire s’accroît lorsque les crédits distribués aux
agents non financiers sont supérieurs à leurs remboursements.
Les banques privées sont tout de même limitées dans leur action. La quantité de crédits
qu’elles peuvent accorder dépend des fonds que les déposants leur ont confiés (leurs
dépôts à vue). Elles doivent, en effet, constituer des réserves. Les banques centrales
fixent le ratio de réserves minimum pour les banques privées. Si, par exemple, le ratio
de réserves minimum dans un pays est de 10 % alors la banque ne pourra accorder des
crédits que pour un montant inférieur à 90 % de ce qu’elle détient dans ses coffres. Si la
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banque avait 100 € en dépôt, elle ne pourra accorder que 90 € de crédit. Les banques
peuvent cependant aussi choisir de constituer des réserves au-delà du minimum et dans
ce cas, on parle de réserves excédentaires. La fraction des dépôts qu’une banque détient
en réserves est son ratio de couverture.
En acceptant des dépôts et en accordant des crédits, les banques contribuent au fait
que l’offre de monnaie puisse croître. Pour comprendre ce qui détermine la quantité de
monnaie qu’elles créent, il vous faut comprendre le multiplicateur monétaire.
Le multiplicateur monétaire
Supposons que Monsieur A. qui conservait jusque-là son argent liquide sous son lit
(1000€) décide un beau matin de le déposer à la banque.
Dans un premier temps, cela ne change rien. Les billets de banque tout comme les dépôts
bancaires font partie de l’offre de monnaie. On assiste juste à une transformation de la
monnaie fiduciaire en monnaie scripturale.
Cependant, les choses ne vont pas en rester là. La banque qui vient de recevoir 1000€ va
pouvoir accorder des crédits. Nous supposerons ici que le taux de réserves obligatoires
est de 10 %. Cela veut dire qu’elle peut prêter 900€ en liquide à Mme B., par exemple,
mais doit garder 100 € pour ses réserves obligatoires. L’offre de monnaie s’accroit alors
de 900 € (M. A a toujours 1000 € sur son compte, il n’a pas conscience que son dépôt a
permis à sa voisine de s’acheter une télévision à crédit).
Mme B. a emprunté de l’argent dans le but de le dépenser. Le propriétaire du magasin de
télévision reçoit donc 900 € qu’il va déposer dans une autre banque. Cette autre banque
gardera une partie de ce dépôt mais prêtera le reste. Elle créera alors encore plus de
monnaie.
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Billets en
circulation
Comptes
bancaires à vue
Offre de
monnaie
1000 €
0€
1000 €
Première étape 2/2 :
M. A décide de déposer son argent à
la banque
0€
1000 €
1000 €
Deuxième étape :
La banque prête 900 € à Mme B qui
fait des achats dans un magasin
900 €
1 000 €
1 900 €
Troisième étape :
Le propriétaire du magasin dépose
900 € dans une autre banque, qui
prête 810 € à un autre emprunteur
810 €
1 900 €
2 710 €
Première étape 1/2 :
M. A conserve son argent liquide
sous son lit
Pour résumer
En premier lieu, l’offre de monnaie était composée uniquement des 1000 € de Monsieur A.
Après qu’il ait déposé son liquide sur un compte en banque et que la banque ait accordé
un crédit, l’offre de monnaie augmente de 900€. Après le second dépôt et le second crédit,
l’offre de monnaie augmente encore de 810€. Et le processus se poursuivra évidemment.
Ce processus de création monétaire est donc un processus du multiplicateur.
Cet exemple nous permet de remarquer que la force du multiplicateur dépend notamment
du niveau du ratio de réserves des banques (c’est la part des dépôts qu’une banque
conserve au titre des réserves). Il dépend aussi de la part de monnaie que les individus
choisissent de conserver sous forme de billets ou de pièces. Ainsi, le multiplicateur
dépend de la base monétaire.
Formellement, le multiplicateur correspond au ratio entre l’offre de monnaie et la base
monétaire.
Multiplicateur monétaire =
Offre de monnaie
Base monétaire
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2.1.2. Étape 2
Une banque peut emprunter sur le marché interbancaire : un marché financier qui
permet aux banques en manque de réserves d’en emprunter –généralement du jour
au lendemain- à des banques qui ont des réserves excédentaires. Le taux au jour le jour
(taux d’intérêt déterminé sur le marché interbancaire) est largement influencé par les
décisions des banques centrales. Le taux au jour le jour est influencé par le taux directeur
de la banque centrale. Par ailleurs les banques peuvent aussi emprunter auprès de la
banque centrale : elles le font au taux de refinancement en Europe et au taux d’escompte
aux USA (ce qui leur coûte plus cher dans les faits, le but étant de les décourager).
Les banques centrales doivent contrôler la base monétaire : les réserves bancaires et les
billets en circulation. La banque centrale dans la zone euro est appelée la BCE (Banque
centrale européenne), la banque centrale américaine est appelée la FED (Federal Reserve),
au Royaume Uni on parle de BoE (Bank of England).
2.2. Le contrôle de l’offre de monnaie par les banques
centrales
Les banques centrales contrôlent et supervisent le système bancaire. Elles ont à
leur disposition des opérations conventionnelles.
Outils de contrôle monétaire de la banque centrale
Opérations
d’open-market
Achat ou vente de dette
de l’État (obligations)
la banque centrale
Taux de
refinancement
(taux d’escompte aux États-Unis)
La banque centrale d’une
économie fixe le taux
d’intérêt auquel elle est
prête à faire des prêts aux
banques
Réserves
obligatoires
Réglementations relatives
au montant minimum de
réserves qu’une banque
doit détenir relativement
aux dépôts
Figure 2 : Les opérations conventionnelles
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Trois outils de contrôle monétaire :
2.2.1. Les Réserves obligatoires : réglementation d’un montant
minimum de réserves détenues par les banques
Si la banque centrale réduit les réserves obligatoires alors les banques prêtent un
pourcentage plus important de leur dépôt, générant davantage de crédits et donc une
augmentation de l’offre de crédit par l’intermédiaire du multiplicateur monétaire. Ainsi,
la masse monétaire aura tendance à croître.
A l’inverse si elle augmente les réserves obligatoires, le banques sont obligées de
réduire leur prêt entrainant une diminution de l’offre de monnaie par l’intermédiaire du
multiplicateur monétaire. Ainsi, la masse monétaire aura tendance à décroître.
2.2.2. Les opérations d’open-market : la vente ou l’achat
d’obligations d’Etat par la banque centrale.
Une opération d’open-market est tout simplement le fait que la banque centrale décide
d’acheter ou de vendre des obligations d’Etat.
Si la banque centrale décide d’augmenter la quantité de monnaie en circulation, elle
va acheter des obligations d’Etat détenues par le public. Elle va créditer les comptes en
banque de ménages, institutions ou entreprises vendeuses. Les banques détenant plus de
monnaie en réserve, peuvent donc accorder plus de crédit. Ainsi, il y a bien accroissement
de la masse monétaire ou création monétaire. L’achat d’obligations d’Etat par une banque
centrale accroit l’offre de monnaie.
Alternativement, si la banque centrale veut réduire l’offre de monnaie, elle va vendre les
obligations de son portefeuille au public. Ainsi, la monnaie qu’elle reçoit, en contrepartie
des titres, n’est plus dans le public. Les ménages, institutions ou entreprises acheteuses
vont voir leur compte en banque se réduire. Les banques détenant moins de monnaie en
réserve, peuvent accorder moins de crédit. Ainsi, une vente d’obligations d’Etat par une
banque centrale réduit l’offre de monnaie.
2.2.3. La fixation du taux de refinancement : taux d’intérêt auquel
la banque centrale prête aux banques commerciales.
La banque centrale n’est autre que la banque des banques. Si les banques commerciales
manquent de réserves, elles peuvent emprunter directement à la banque centrale ainsi
que je le disais plus haut.
Les banques centrales fixent des taux d’intérêt auxquels elles sont prêtes à faire des
prêts à court terme aux banques commerciales.
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Si la banque centrale réduit ses taux, le coût pour les banques en manque de réserves
diminue ; les banques réagissent en répercutant cette baisse sur leur propre taux et
donc en augmentant leurs prêts. Ainsi, l’offre de monnaie augmente par le biais du
multiplicateur monétaire.
Si la banque centrale augmente ses taux, le coût pour les banques en manque de réserves
augmente ; les banques réagissent en répercutant cette hausse sur leur propre taux et
donc en baissant leurs prêts. Ainsi, l’offre de monnaie baisse par le biais du multiplicateur
monétaire.
Exemple
Réponses passives ou proactives à la crise financière de 2007-2008 ?
La BCE, la Fed et la banque centrale du Royaume-Uni (BoE) sont des exemples de banques
centrales indépendantes. Chacune décide, au sein d'un comité de direction, de la politique
monétaire à mener. Nous allons voir comment ces établissements ont agi avant et après la
crise économique de 2007-2008.
Aux États-Unis, le Fédéral Open Market Committee (FOMC) se réunit huit fois par an pour
déterminer la politique à mener afin d’assurer la croissance du pays. La BCE, elle, prend
sa décision concernant les taux d'intérêt au début de chaque mois, tout comme la banque
centrale du Royaume-Uni. Les objectifs de la Fed sont plus larges que ceux des banques
centrales européennes : cela a-t-il un impact sur les politiques pratiquées ?
L’inflation est, en général, supérieure aux Etats-Unis, de début 2005 à l’automne 2006. Durant
cette période, la FED a augmenté son taux d’intérêt : il est passé de 2,25 % à 5,25 % ainsi que
vous pouvez le voir sur les graphiques ci-dessous.
La Fed a conservé ses taux élevés jusqu’à la crise de liquidité durant l’été 2007. Sa réponse,
en termes de taux d’intérêt, était beaucoup plus forte que celles des banques centrales
européennes, lesquelles étaient contraintes par leur objectif d’inflation.
La BCE semblait, en effet, particulièrement obsédée par l'inflation. Elle maintint un taux
d’intérêt élevé jusqu’en en juillet 2008 où elle décida de l’augmenter (au cours de la même
période, les taux américains chutèrent de 5,25 % à 2 %).
Les réponses des banques centrales indépendantes sont assez différentes les unes des
autres. La Fed était très proactive, la BCE et la BoE du Royaume-Uni étaient plus passives.
Ces différences d'action posent nettement la question de savoir quelle est la bonne ou la
mauvaise politique. Vaut-il mieux, comme la BCE, rester attaché à un objectif d'inflation ou
faut-il, comme la Fed, prendre plus d'indicateurs en compte et agir avec plus de latitude ?
Dans le but de stimuler la croissance économique, la BCE a, elle aussi, décidé de réduire ses
taux directeurs, passant de 4,25 % en juillet 2008 à 0,15 % en juin 2014, tout en conservant
un taux d'inflation mesuré.
13
i
i
i
Évolution des taux directeurs BCe et FED depuis janvier 1999
7%
Monnaie centrale plus
chère
Taux BCE
Taux FED
6%
Monnaie centrale moins
chère
5%
4%
3%
La banque répercute
cette hausse sur ses
propres taux
1%
0%
1999
La demande de crédit
diminue et la création
monétaire est freinée
La banque répercute
cette baisse sur ses
propres taux
2%
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Dernier changement de taux directeur de la BCE : 2014-09-10 taux 0.05%
Dernier changement de taux directeur de la FED : 2008-12-16 taux 0.25%
2010
2011
2012
2013
2014
2015
La demande de crédit
est en hausse et la création
monétaire est accélérée
Figure 3 : Les taux de refinancement depuis 1999 de la BCE et de la FED
Zoom sur la Banque Centrale Européenne
La Banque Centrale Européenne (BCE) basée à Francfort, est chargée de mener les
opérations de politique monétaire pour l’ensemble des pays de l'Union Européenne qui
ont adopté la monnaie unique. Cependant, les banques centrales nationales, comme
la Banque de France ou la Bundesbank en Allemagne, n’ont pas été abolies. Elles sont
chargées de distribuer la devise européenne et de relayer la politique monétaire de la
BCE dans chaque pays en respectant les institutions locales. Le pouvoir de la BCE, qui
est indépendante des gouvernements nationaux et qui gère la politique monétaire
de l’économie européenne, est immense. En effet, la BCE est une des banques les plus
indépendantes du monde. Elle n’a que très peu de lien avec les gouvernements nationaux.
Le président de la BCE doit seulement s’expliquer devant le parlement européen, mais ce
dernier n’a aucun pouvoir sur elle.
La BCE a deux organes de décision principaux : le conseil des gouverneurs (Governing
Council) et le directoire (Executive Board). S'y ajoute un troisième organe de décision, le
conseil général, qui regroupe des États membres qui n’ont pas encore adopté l’euro.
L'objectif principal de la BCE est la stabilité des prix (absence d'inflation). Initialement, elle
visait un taux d'inflation annuel proche, et de préférence en deçà, de 2 % à moyen terme.
Il s’agit d'un taux moyen pour l’ensemble de la zone euro, pas du taux qui doit être atteint
dans chaque pays membre.
Le taux d’intérêt est décidé par le conseil des gouverneurs par vote majoritaire. En cas
d'égalité des votes, le président de la BCE a le pouvoir de trancher.
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3. Conclusion
Nous avons vu dans la section précédente comment la politique budgétaire pouvait être
utilisée pour relancer une économie. Faisons le point désormais sur le rôle de la politique
monétaire.
Nous l’avons dit, la banque centrale peut décider de mettre en place une politique
monétaire de manière à accroître l’offre de monnaie ou de manière à baisser l’offre de
monnaie dans une économie. Dans le premier cas, on parlera de politique monétaire
expansive (puisqu’elle fait augmenter la demande de biens et de services) et dans le
second de politique monétaire restrictive (puisqu’elle fait diminuer la demande de biens
et de services).
En effet, quand l’offre de monnaie augmente, les investissements sont encouragés
(car les taux d’intérêt sont faibles), les revenus s’accroissent (moins de chômage) et la
consommation augmente aussi.
À l’inverse, quand l’offre de monnaie baisse, les investissements sont découragés (car
les taux d’intérêt sont élevés), les revenus ont tendance à décroître et la consommation
diminue à son tour.
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