04 POLITIQUE CULTURELLE MARTIGUES
La politique culturelle a,
à Martigues, une saveur
particulière, sans doute
davantage liée à la vie
de la cité, à l’éducation,
que dans certaines
municipalités.
C’est ce que nous explique
Sylvie Berger, attachée
depuis les dernières
élections municipales
à la Direction Culturelle de
la Ville de Martigues.
Elle s’y occupe plus
particulièrement de
coordonner certaines
manifestations, comme
l’Odyssée des lecteurs.
Elle nous a répondu sans
langue de bois à des
questions parfois
désarçonnantes…
Zibeline : Que veut dire, selon vous, l’expression
«politique culturelle» ?
Sylvie Berger : C’est simplement la manière dont
un élu décide de faire sa commande au technicien.
Cela relève de choix politiques, mais se concrétise
en décisions pratiques. Par exemple on peut
décider, dans le cadre d’un développement culturel,
de s’adresser au plus grand nombre possible
d’habitants de la ville. Il faudra alors envisager une
manifestation qui intéresse un public qui ne
fréquente pas les lieux culturels, et peut-être un
lieu, comme la Halle de Martigues, qui ne soit pas
intimidant…
Existe-t-il des différences entre une politique
culturelle de droite, de gauche ? Entre une politique
culturelle socialiste et communiste ?
Oui, et c’est heureux : il s’agit de politique. Donc
elle ne doit pas reposer sur les goûts des uns et
des autres, ni sur des bonnes intentions, mêmes
réelles. Une politique culturelle définit des objectifs
à l’échelle de la ville, ou au-delà. En terme de for-
mation, d’éducation, de rayonnement, de pratique
culturelle. Pour nous, dans une municipalité
communiste donc, il s’agit clairement de nous
adresser au plus grand nombre, si possible dans des
manifestations gratuites ou du moins abordables,
et de corréler autant que possible la culture avec sa
pratique. Tout en gérant les structures existantes
au mieux, bien sûr. À Martigues il y a la Scène
Nationale des Salins, le cinéma Renoir, le musée
Ziem, la médiathèque Aragon qui sont tous très
actifs, inventifs en terme d’événements. Ils
drainent un public nombreux et satisfait…
Quel est, historiquement, votre ministre de la
culture préféré ?
La question est délicate ! Je n’ai pas d’idole en tous
les cas. Évidemment il y a Malraux, qui dans un
gouvernement de droite, malgré ses erreurs, a
inventé les Maisons de la Culture. Après lui on est
dans le consensus. Lang était un peu plus inté-
ressant que ceux d’aujourd’hui, il a impulsé des
choses, mais il était lui aussi très consensuel.
Comment les subventions doivent-elles être
attribuées aux associations culturelles ?
Vous voulez dire dans l’idéal, ou dans la pratique ?
Dans l’idéal d’abord…
Idéalement, pour les aides à la création en tous les
cas, il faudrait un comité de pilotage composé de
professionnels et d’élus, mais avec une charte
précise. Cela éviterait de donner des subventions
culturelles à des associations qui ne relèvent pas
de ce domaine, par exemple, et permettrait d’établir
des échelles de valeur qui ne seraient pas
empiriques. Même si on peut envisager de donner
des subventions d’accompagnement différentes,
lorsqu’il s’agit par exemple de missions de
formation, les aides à la création doivent aller aux
créateurs, aux artistes, aux écrivains…
Et dans la pratique ?
À l’échelle d’une ville il n’existe pas de charte. La
Ville de Martigues est généreuse en subventions,
mais elles sont attribuées empiriquement, sans
comité de pilotage, par une Direction de la Culture
éclairée, mais sans charte précise… Il faudrait
parvenir, surtout si les collectivités territoriales
sont amenées à prendre de plus en plus largement
en charge ces domaines, à définir ce qu’on attend
et quels sont les critères d’attribution.
Qu’est-ce qui relève selon vous du culturel ?
Justement cela : on est dans le domaine culturel à
partir du moment où il y a un travail de création,
et une relation entre un artiste, un auteur, un
comédien, un scientifique… et un public.
Concrètement, est-ce que le Carnaval de Martigues
par exemple relève du culturel ?
Indéniablement. Je ne dirai pas cela de tous les
carnavals, mais à Martigues depuis des années la
population travaille avec des compagnies de
théâtre, de musique, avec des artistes de rue ; ce
n’est pas juste un défilé festif. D’ailleurs, s’il faut
différencier ces domaines, il est difficile de les
cloisonner : un événement culturel peut se dérouler
en partenariat avec une activité de loisir, ou
sportive.
La différence n’est-elle pas entre l’événement,
passif, et la pratique, active ?
La fréquentation des lieux culturels, en tant que
spectateur, n’amène pas forcément à pratiquer une
activité culturelle. Et vice versa ! Le travail en
amont de la création permet d’élargir le nombre de
gens concernés par un événement. Par exemple,
pour L’Odyssée des lecteurs il y a des spectacles,
pour enfants, pour adultes, des projections, des
L’élu
à la Culture
La Ville de Martigues a, depuis
longtemps, un adjoint à la Culture
renommé : Monsieur Salazar-
Martin est aussi directeur de la
Fédération nationale des
collectivités territoriales pour la
culture (FNCC). Récemment, lors
des «Entretiens de Valois» tenus
en février par Madame Albanel,
Ministre de la Culture, face aux
directeurs de Scènes Nationales
inquiets du désengagement de
l’Etat, monsieur Salazar-Martin n’a
pas hésité, par exemple, à parler
de «défausse» de l’État sur les
collectivités locales.
A.F.
Quand la culture s'adresse
L’Odyssée des lecteurs 2007 © X-D.R