Le Carnet du Public – L’Encrier a disparu– Daniil Haarms
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Marie-Paule : Et tu as proposé à Jules-Henri de travailler avec moi. Il était tout à fait partant.
C'était après la naissance de Lisa ? Parce qu'à la reprise, j'étais enceinte d'Antoine.
Bernard : Oui, je me souviens que Lisa était tout bébé quand on travaillait là-dessus.
Marie-Paule : Et ça s'est appelé « Orage sur un dictionnaire ». Et moi, j'étais trop heureuse.
D'autant plus qu'on a eu une belle carte blanche. Alors, on chipotait, on cherchait. C'était tous
des sketches. On rêvait, on faisait des trucs avec des bouts de papiers, avec un piano, avec des
ombres... On a fait une chanson à quatre francs cinquante. C'était très, très amusant ! C'était
toutes des petites choses complètement fantaisistes. Ca à été notre première collaboration de
spectacle et d'écriture.
Le Public : Les idées, elles viennent d'où et comment ? Est-ce que c'est une envie commune
qui part d'une discussion autour de la table du petit déjeuner ?
Bernard : Ca change, je trouve. Parce qu'à l'époque, les idées venaient plutôt de : « Bon, on a
à faire un spectacle d'une heure. Qu'est-ce qu'on fait ? » Il y avait une espèce d'urgence. On
s'inspirait d'univers qu'on connaissait ou d'exercices qu'on avait faits. Le but, c'était
simplement de monter un spectacle. Il n'y avait pas une ambition autre. On n'avait pas un
projet qui devait raconter forcément quelque chose. C'était plutôt : « Qu'est-ce qu'on va
faire ? » Il n'y avait pas d'objectif.
Marie-Paule : Nous arrivions en répétition et l'un de nous disait : « Moi, j'ai préparé un peu la
répèt d'aujourd'hui et je propose ceci ». Et on cherchait autour d'une peinture, ou d'autre
chose. Et puis la fois d'après, c'était l'autre qui amenait une idée et qui dirigeait. On
fourmillait d'idées !
Bernard : Maintenant nous avons des projets qui sont devenus - et c'est naturel - plus
élaborés. Avec des désirs : « On voudrait parler de ça, Que ça raconte ça. Et même que ça se
passe comme ça. Que le ton soit celui-ci plutôt que celui-là. » Donc l'exigence devient plus
précise et en même temps plus étroite. Alors qu'avant nous partions d'une base plus large,
avec en tête : « Amusons-nous ! »
Marie-Paule : Mais dans « l'Ethique du lombric » quand même, on a retrouvé ce plaisir de
chercher, de chipoter. Avec les textes de Benni, nous avions de nouveau envie de raconter des
histoires, de faire du bricolage, de l'artisanat. Moi j'ai retrouvé le plaisir de chercher. « Tiens,