CONFÉRENCE DU FORUM DES SAVOIRS
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
QUAND BOLZANO CORRIGE KANT
CONFÉRENCE PAR GHISLAIN VERGNES
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1000-088
QUAND BOLZANO CORRIGE KANT
conférence de Ghislain Vergnes donnée le 23/03/2007
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Philosophe praguois de langue allemande, Bolzano est resté méconnu jusqu'à la fin du XXème
siècle malgré son rôle fondamental en mathématiques, en logique et en métaphysique. Peu
publiée de son vivant, son œuvre, immense et consistante, émerge petit à petit de l'inconnu
depuis le début du XXème siècle. La philosophie classique prétend que les déclarations de
Kant au sujet de la métaphysique sont incontournables. Mais la philosophie classique ignore
toujours l'ampleur de la destruction de la philosophie kantienne effectuée par Bolzano. Une
invitation à une double relecture : celle de Kant et celle de Bolzano.
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Pourquoi avoir choisi ce sujet ?
Ma curiosité a été éveillée par Kevin MULLIGAN (professeur à Genève) dont les écrits
portent (depuis 1983) sur « ontologie, philosophie de l’esprit, phénoménologie réaliste,
philosophie autrichienne de BOLZANO à WITTGENSTEIN ».
Dans le Précis de philosophie analytique de Pascal ENGEL (2000) il rédige le chapître
« Métaphysique et Ontologie » il cite BOLZANO plusieurs fois en association avec
FREGE, chapitre qu’il termine sur une note : « de toutes les parties de la philosophie
théorique, l’ontologie et la métaphysique sont les plus vigoureuses. »…1… « au moins en
ce qui concerne la philosophie analytique. La philosophie Continentale, certes, prétend
que les déclarations de Kant au sujet de la métaphysique sont incontournables. Mais la
philosophie Continentale ignore toujours l’ampleur de la destruction de la philosophie
kantienne effectuée par BOLZANO. »
Le nom de BOLZANO n’est pas inconnu : en mathématiques au début de l’analyse
(étude des fonctions) il est associé à GAUSS, CAUCHY, WEIERSTRASS dans plusieurs
théorèmes fondamentaux. En logique, Robert BLANCHÉ le place dans son Histoire de la
logique comme mathématicien qui participe au réveil de la logique au début du XIXème
siècle. Mais ce nom reste difficile à trouver dans les encyclopédies et les bibliographies
d’avant 1990.
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QUAND BOLZANO CORRIGE KANT
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR GHISLAIN VERGNES
I BIOGRAPHIE, ŒUVRE ET POSTÉRITÉ
1 - Biographie
2 - Œuvre
3 - Postérité
II LA CRITIQUE DE KANT
1 - Réfutation de l’Esthétique transcendantale
2 - Sources de cette incohérence
A - Définitions de l’a priori et de l’intuition
B - Confusion entre caractère et composante
3 - La raison des jugements synthétiques a priori
4 - Rejet de la « Révolution Copernicienne »
5 - Une autre interprétation pour l’espace et le temps
6 - Théorie de la détermination
A - L’analyse permet à Bolzano de distinguer et d’associer ce qui est ontologique
et ce qui est sémantique dans sa théorie
B - La question est de savoir par quelles voies les représentations parviennent à
exprimer quelque chose de ce qui est
III LA QUESTION DE LA MÉTAPHYSIQUE APRÈS KANT
ORA ET LABORA
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I BIOGRAPHIE, ŒUVRE ET POSTÉRITÉ
1 - Biographie
Bernhard BOLZANO, 5 octobre 1781 - 18 décembre 1848 à Prague, empire d’Autriche.
Père immigré italien marchand d’objets d’art, mère germanophone fille de commerçants
pragois. Famille imprégnée de l’esprit des lumières allemandes mêlé de catholicisme
italien. Sa famille perd dix de ses frères et sœurs.
Élève au lycée des Piaristes de Prague. Ensuite.
Étudie la philosophie et les mathématiques à la faculté de philosophie de Prague.
En 1799 il manifeste le souhait de devenir prêtre : devant l’opposition de son père, il
repousse son projet d’un an et en profite pour étudier les mathématiques et l’œuvre de
Kant (qui à l’époque était mis au ban sur le territoire autrichien).
Il fait ses études de théologie de 1800 à 1804 où il est ordonné prêtre*. En même temps
il fait un doctorat de mathématiques sur la géométrie. À l’université il obtient la nouvelle
chaire de science de la religion catholique (avril 1805) qui visait à neutraliser, par le
détour d’une propagande religieuse réactionnaire, les contrecoups de la révolution
française. L’esprit rationaliste de Bolzano ne correspondait pas très bien à cette mission.
Ses cours et ses discours dominicaux étaient faits selon ses propres vues libérales et
tolérantes et non d’après le manuel obligatoire prescrit par l’aumônier de la cour
impériale… On mit fin à son office avec les vacances en l’accusant d’être « kantien » (!)
mais il put facilement se justifier et fut même titularisé en 1806. C’est qu’il bénéficiait de la
protection de hauts fonctionnaires à tendance libérale, l’absolutisme étant fortement
ébranlé par les guerres napoléoniennes.
1811 : Il put officieusement professer ses propres doctrines.
1813 à 1815 : Il dut s’arrêter à cause de la tuberculose, mais il ne fut démis de ses
fonctions qu’en décembre 1819. Il subit un procès durant cinq ans qui le condamna à ne
plus enseigner, ne plus publier, ne plus donner les sacrements.
Dès ces années-là il était la référence philosophique et le plus grand animateur du
« joséphisme » (gallicanisme allemand).
Il put dès lors se consacrer à son œuvre.
De Mars 1823 à 1841 : Il vécut chez un disciple ami à Techobuz au sud de Prague, et
ensuite chez son dernier frère à Prague jusqu’à sa mort le 18 décembre 1848.
* Bien que Bolzano estime qu’une doctrine religieuse n’a pas à être vraie, mais qu’elle est justifiée
dans la mesure où le fait d’y croire est garant d’un plus grand bien que le fait de ne pas y croire.
Il se réfère à un principe moral suprême selon lequel il faut toujours agir,
ayant considéré toutes les possibilités, comme l’exige le bien général.
2 - Œuvre
L’œuvre de BOLZANO est immense, la plus grande partie éditée à titre posthume et avec
plus de cent ans de retard. Deux textes seulement ont été traduits en français et ont été
publiés de son vivant, outre sa thèse, en 1810 : Contributions à une exposition des
mathématiques sur de meilleurs fondements ( et un Appendice sur la doctrine kantienne
traduit par J. LAZ).
Des résultats mathématiques paraissent en 1816-17 en analyse et sur les ensembles
infinis.
1827 : Athanasia ou raisons de l’immortalité de l’âme. Présente les fondements de son
ontologie du réel. Grand succès, fut réédité en 1838.
1834 : La science de la religion. Son cours publié par ses élèves.
1837 : Théorie de la science. Son ouvrage majeur. Sans écho dans l’Autriche impériale :
à la fin du siècle la première édition n’était pas entièrement écoulée !
1843-1849 : Des opuscules sur le beau et les arts.
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