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Introduction
Au cours de ces deux précédentes décennies, le capital investissement, ou private equity, a
connu un essor mondial des plus rapides. L’acquisition d’entreprises avec effet de levier,
communément appelé LBO (Leveraged Buy-Out), en constitue un mode particulier, et a
participé à cette croissance, même si le marché des LBO a subi également les aléas des cycles
macro-économiques et financiers de ces dernières années.
Le LBO consiste dans l’acquisition du contrôle d’une société dite cible, financée
majoritairement par de l’endettement dans le cadre d’un schéma juridiquement spécifique et
fiscalement optimisé où les dirigeants sont associés en partenariat avec des investisseurs
professionnels spécialisés. Le dispositif se caractérise par l’idée de « qui s’endette
s’enrichit »1. Par cet appel majoritaire à la dette, qui permet d’augmenter la rentabilité des
capitaux propres, et la présence, le plus souvent d’un ou plusieurs fonds d’investissement
spécialisés, le LBO se distingue d’une acquisition d’entreprise ordinaire. De plus la société
visée par le rachat est le plus souvent non cotée.
Le principe du montage repose sur l’interposition d’une société holding, dite de reprise,
société crée par les repreneurs, qui s’endette pour racheter la société cible.
Il s’agit donc d’un mode d’intermédiation financière qui permet d’augmenter la capacité de
financement du repreneur, dont l’apport et la capacité d’endettement seront souvent
insuffisants pour acquérir l’entreprise convoitée, palliant ainsi les limites du financement
direct. En effet, l’entreprise cible que l’on va acquérir va produire des recettes qui
permettront normalement à elles seules de financer l’investissement. Cela correspond à la
volonté des investisseurs de se prémunir des risques, en particulier en ce que les
investisseurs ne veulent pas que le projet pèse sur leurs comptes.
C’est pourquoi la mission des fonds spécialisés va notamment consister à détecter des
sociétés à racheter ayant un fort potentiel de développement. Ils vont chercher à financer une
unité économique qui soit viable sur le plan technique, commercial et financier et dont le free
cash-flow (qui s’entend du flux de trésorerie disponible) sera jugé suffisant pour assurer, avec
une marge couvrant les aléas, le service de la dette, la couverture des coûts opératoires et la
juste rémunération du capital. Il s’agit là du principal facteur de réussite d’une telle
opération. Et cela explique que les sociétés cibles appartiennent le plus souvent à des
secteurs d’activité matures, des marchés en croissance, sans rupture technologique.
Cependant la taille de l’entreprise importe moins, puisque ce mode de financement peut
s’appliquer aussi bien aux PME qu’aux grandes entreprises.
Le LBO constitue souvent une solution à une succession familiale ou à une cession par un
groupe d'une division satellite, non stratégique. Elle peut également permettre de sortir une
société de la bourse quand celle-ci est mal valorisée.
Le LBO est une opération de moyen terme, en général de 3 à 5 ans, au cours de laquelle
l’équipe de direction de la cible, bien souvent sous l’impulsion des acteurs financiers, aura
1 A.Reygrobellet, Essai sur le concept juridique de l’endettement des entreprises : RTD com. 2001, p.315.