La Révolution française
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Référence aux Instructions officielles
La séquence sur la Révolution française doit éviter deux écueils : la chronique linéaire et la démonstration partisane.
De plus, il faut envisager les degrés de l’échelle géographique : la Révolution est d’abord parisienne, mais des évé-
nements nationaux et européens s’y mêlent. Ces exigences dictent l’organisation du cours : le point de départ est
1789, le terme est 1799. Quatre périodes rythment le processus révolutionnaire : la révolution politique et juridique
(1789) ; l’échec de la monarchie constitutionnelle et le choix de la République (1790-1792) ; la République menacée,
à l’intérieur comme à l’extérieur, instituant la Terreur (1793-1794) ; la recherche d’un compromis et les dérives de la
guerre européenne (1794-1799).
Compétences
• Identifier et caractériser deux années essentielles : 1789 et 1792.
• Pouvoir raconter une journée révolutionnaire : 14 juillet 1789 et 10 août 1792.
• Comprendre quelques principes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
• Savoir repérer et interpréter les symboles civiques de la Révolution française.
Photofiche
Voir la photofiche p. 48.
Pages 6 à 11 du dossier
Le contexte historique
Dans les années 1780, les fastes de la Cour sont critiqués
dans les gazettes, les pamphlets et les « nouvelles à la
main » que les colporteurs distribuent. Ces libelles qui
dénoncent les coteries, les cabales et les scandales supposés
recueillent d’autant plus d’écho que la France traverse une
crise économique qui aggrave les tensions sociales : baisse
brutale du prix du vin par excès de production à la fin des
années 1770, réaction nobiliaire qui provoque l’inflation des
droits seigneuriaux, épizootie de 1785, hausse des prix des
céréales à partir de 1787. Toutes les campagnes militaires
menées au loin en Amérique et aux Indes plombent les
finances du roi, déjà grevées par les pensions accordées à la
noblesse et les divertissements de Versailles. Les conditions
d’une crise générale sont réunies. On comprend mieux
pourquoi Louis XVI libère en 1788 une parole revendicative
depuis longtemps brimée, lorsqu’il demande à ses sujets
leur opinion sur la convocation prochaine des états géné-
raux. La réunion des représentants des trois ordres semble
alors le seul moyen d’éviter la banqueroute. Dans la foulée,
sur le conseil de son ministre Necker, le roi autorise le dou-
blement du tiers état et instaure pour sa désignation un suf-
frage masculin très large. Mais il ne dit rien sur le vote : par
tête ou par ordre ? Le règlement électoral du 24 janvier 1789
montre en effet que la dernière assemblée convoquée, celle
de 1614, reste le modèle des jurisconsultes :
– Les états généraux ne sont pas une représentation natio-
nale mais la juxtaposition de délégations des corps char-
gées d’exprimer leurs points de vue, lesquels sont adres-
sés au roi, qui conserve seul le pouvoir de décision.
– Les délibérations et les votes se déroulent par ordre : le
rapport de force est fixé d’avance puisque les privilégiés
représentent deux voix, et le tiers état, une seule.
– Dans le cadre des 40 000 communautés paroissiales,
des métiers urbains, puis des baillages, le règlement élec-
toral organise aussi une consultation des Français et la
rédaction de cahiers de doléances censés présenter au roi
les vœux unanimes de chaque ordre. Les archives natio-
nales conservent plus de 50 000 cahiers. Les cahiers
ruraux sont modérés et empreints de déférence à l’égard
du roi, mais les revendications pour l’égalité fiscale sont
fermes. Les dénonciations sur les prélèvements et mono-
poles seigneuriaux et sur le mauvais usage des ressources
de l’Église sont presque unanimes. Bien que les proposi-
tions institutionnelles ne soient pas généralisées, la reprise
courante des doléances demandant le vote par tête et la
réunion régulière des états généraux témoigne d’une
réceptivité aux mots d’ordre des bourgeoisies urbaines.
On sait aussi que les revendications sont filtrées par les
gros exploitants et les officiers seigneuriaux. Pourtant,
l’idée qu’il est possible de bouleverser l’ordre immuable
des choses commence à travailler les consciences…
Les grandes pulsations du temps révolutionnaire sont resti-
tuées à partir des événements portés sur la chronologie p. 6 :
– la prise de la Bastille (14 juillet 1789) pour la révolution
politique et juridique ;
– la prise des Tuileries (10 août 1792) pour l’échec de la
monarchie constitutionnelle et le choix de la République
(1790-1792) ;
– l’exécution de Louis XVI (21 janvier 1793) pour la
République menacée, à l’intérieur comme à l’extérieur
(1793-1794) ;
– la mort de Robespierre (28 juillet 1794) pour la recher-
che d’une stabilisation (1794-1799).
Qu’est-ce que
la Révolution française ?