Guide pédagogique

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Guide pédagogique
ALIETTE DE BUFFIÈRES PROFESSEUR DES ÉCOLES
CHRISTOPHE SAÏSSE PROFESSEUR D’HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE
Avant-propos
Les huit séquences proposées dans ce guide correspondent aux huit chapitres qui composent les Dossiers
Hachette sur le XIXe siècle. Chaque chapitre regroupe :
– une double page traitant un thème ou une figure historique à l’aide de sources écrites et iconographiques, de repères
chronologiques et de cartes ;
– une double page SUR LES TRACES DE… précisant la biographie du personnage ou approfondissant le thème précédemment abordé ;
– une double page L’HÉRITAGE DE… permettant à l’élève de repérer des traces du passé – l’Histoire reste, comme l’écrivait Marc Bloch, « une connaissance par traces » – et de comprendre le présent de la société à l’aune du passé.
Les huit séquences du guide se référant aux doubles pages du dossier ont une composition identique :
– un rappel des Instructions officielles, ce qui permet d’inscrire la séquence dans une problématique du programme d’histoire ;
– des objectifs qui portent à la fois sur les connaissances factuelles à transmettre aux élèves, mais aussi sur des compétences de savoir-faire qu’il appartient à l’enseignant de fixer et d’évaluer selon une progression ;
– l’organisation de la séquence présentée sous forme d’activités en classe. Ces activités sont précédées d’une rubrique
« Le contexte historique », qui est une mise au point pour l’enseignant. La rubrique « Pour aller plus loin » prolonge la
mise au point. Toutes les activités (lecture, description, comparaison, mise en relation, confrontation…) se fondent sur
les documents sélectionnés dans le dossier et sur les questions qui s’y rapportent. Le guide fournit aussi des indications
de correction. Attention ! Les documents, quelle que soit leur nature, ne sont pas destinés à simplement illustrer le programme pour rendre le passé plus présent ou les territoires plus concrets. Souvent, le texte ou l’image, dont on tire une
ou deux informations en classe, sont utilisés comme des preuves a posteriori qui valident la parole de l’enseignant, parfois tendent à se substituer à elle. Ces pratiques pédagogiques, peu scientifiques, ne sont pas conformes à l’épistémologie de l’Histoire : les documents doivent être étudiés en eux-mêmes. Les textes seront lus par les élèves, les images
décrites et expliquées avec soin. Ainsi, les documents entrent dans la mémoire des élèves et contribuent à leur donner
une culture commune par la reconnaissance de « traces » que les générations précédentes ont déjà distinguées au point
d’en faire des références ;
– des notions (Pour construire le résumé) sont proposées à l’enseignant pour faire écrire le résumé de la leçon. Les élèves
retrouvent ces notions de l’école élémentaire à l’enseignement supérieur, leur intelligibilité relevant de degrés de compréhension et d’expression différents ;
– enfin, une bibliographie (non exhaustive) est fournie à l’enseignant.
Toutes les trois séquences, une double page À la manière de… permet aux élèves de :
– découvrir et vivre des situations du XIXe siècle ;
– pratiquer des activités interdisciplinaires.
Les auteurs.
ISBN : 978-2-01-117434-5
© Hachette Livre, 2008, 43 quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15.
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L. 122-4 et L. 122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement
réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but
d’exemple ou d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants
cause, est illicite ».
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie
(20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
Sommaire général
La Révolution française
5
L’expansion coloniale
31
Napoléon Bonaparte
10
Vivre à la manière de…
les enfants du XIXe siècle
36
Les guerres, de 1792 à 1815
15
La France de 1815 à 1871
38
S’habiller à la manière de…
les chasseurs à cheval
20
Les débuts
de la IIIe République
42
Le temps de l’industrie
22
Peindre à la manière de…
les impressionnistes
46
La société du XIXe siècle
26
Photofiches pour les élèves
48
3
La Révolution française
Pages 6 à 11 du dossier
Référence aux Instructions officielles
La séquence sur la Révolution française doit éviter deux écueils : la chronique linéaire et la démonstration partisane.
De plus, il faut envisager les degrés de l’échelle géographique : la Révolution est d’abord parisienne, mais des événements nationaux et européens s’y mêlent. Ces exigences dictent l’organisation du cours : le point de départ est
1789, le terme est 1799. Quatre périodes rythment le processus révolutionnaire : la révolution politique et juridique
(1789) ; l’échec de la monarchie constitutionnelle et le choix de la République (1790-1792) ; la République menacée,
à l’intérieur comme à l’extérieur, instituant la Terreur (1793-1794) ; la recherche d’un compromis et les dérives de la
guerre européenne (1794-1799).
Compétences
• Identifier et caractériser deux années essentielles : 1789 et 1792.
• Pouvoir raconter une journée révolutionnaire : 14 juillet 1789 et 10 août 1792.
• Comprendre quelques principes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
• Savoir repérer et interpréter les symboles civiques de la Révolution française.
Photofiche
Voir la photofiche p. 48.
– Les délibérations et les votes se déroulent par ordre : le
rapport de force est fixé d’avance puisque les privilégiés
représentent deux voix, et le tiers état, une seule.
– Dans le cadre des 40 000 communautés paroissiales,
des métiers urbains, puis des baillages, le règlement électoral organise aussi une consultation des Français et la
rédaction de cahiers de doléances censés présenter au roi
les vœux unanimes de chaque ordre. Les archives nationales conservent plus de 50 000 cahiers. Les cahiers
ruraux sont modérés et empreints de déférence à l’égard
du roi, mais les revendications pour l’égalité fiscale sont
fermes. Les dénonciations sur les prélèvements et monopoles seigneuriaux et sur le mauvais usage des ressources
de l’Église sont presque unanimes. Bien que les propositions institutionnelles ne soient pas généralisées, la reprise
courante des doléances demandant le vote par tête et la
réunion régulière des états généraux témoigne d’une
réceptivité aux mots d’ordre des bourgeoisies urbaines.
On sait aussi que les revendications sont filtrées par les
gros exploitants et les officiers seigneuriaux. Pourtant,
l’idée qu’il est possible de bouleverser l’ordre immuable
des choses commence à travailler les consciences…
Qu’est-ce que
la Révolution française ?
Le contexte historique
Dans les années 1780, les fastes de la Cour sont critiqués
dans les gazettes, les pamphlets et les « nouvelles à la
main » que les colporteurs distribuent. Ces libelles qui
dénoncent les coteries, les cabales et les scandales supposés
recueillent d’autant plus d’écho que la France traverse une
crise économique qui aggrave les tensions sociales : baisse
brutale du prix du vin par excès de production à la fin des
années 1770, réaction nobiliaire qui provoque l’inflation des
droits seigneuriaux, épizootie de 1785, hausse des prix des
céréales à partir de 1787. Toutes les campagnes militaires
menées au loin en Amérique et aux Indes plombent les
finances du roi, déjà grevées par les pensions accordées à la
noblesse et les divertissements de Versailles. Les conditions
d’une crise générale sont réunies. On comprend mieux
pourquoi Louis XVI libère en 1788 une parole revendicative
depuis longtemps brimée, lorsqu’il demande à ses sujets
leur opinion sur la convocation prochaine des états généraux. La réunion des représentants des trois ordres semble
alors le seul moyen d’éviter la banqueroute. Dans la foulée,
sur le conseil de son ministre Necker, le roi autorise le doublement du tiers état et instaure pour sa désignation un suffrage masculin très large. Mais il ne dit rien sur le vote : par
tête ou par ordre ? Le règlement électoral du 24 janvier 1789
montre en effet que la dernière assemblée convoquée, celle
de 1614, reste le modèle des jurisconsultes :
– Les états généraux ne sont pas une représentation nationale mais la juxtaposition de délégations des corps chargées d’exprimer leurs points de vue, lesquels sont adressés au roi, qui conserve seul le pouvoir de décision.
5
Les grandes pulsations du temps révolutionnaire sont restituées à partir des événements portés sur la chronologie p. 6 :
– la prise de la Bastille (14 juillet 1789) pour la révolution
politique et juridique ;
– la prise des Tuileries (10 août 1792) pour l’échec de la
monarchie constitutionnelle et le choix de la République
(1790-1792) ;
– l’exécution de Louis XVI (21 janvier 1793) pour la
République menacée, à l’intérieur comme à l’extérieur
(1793-1794) ;
– la mort de Robespierre (28 juillet 1794) pour la recherche d’une stabilisation (1794-1799).
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
l’incendie des barrières d’octroi (12-13 juillet) et le pillage
du couvent Saint-Lazare. La révolte aboutit, le 14 juillet, à
la prise de la Bastille. Faire observer le document 2 p. 7
et faire répondre aux questions 3 et 4. Construite entre
1369 et 1383, la forteresse prison de la Bastille est un donjon féodal flanqué de huit tours, dont Louis XIII a fait une
prison d’État (question 3). Même si elle est presque vide
en 1789, la Bastille continue cependant à symboliser l’arbitraire royal, celui des lettres de cachet. Les tours ont des
canons braqués sur la ville et l’intérieur des murs abrite un
véritable arsenal. La foule se presse à la Bastille pour avoir
des armes (question 4). De Launay, son gouverneur, commande d’ouvrir le feu sur les manifestants, faisant une
centaine de morts et des dizaines de blessés. Faire repérer
les bourgeois (en habit à culotte), les gardes nationaux
fédérés (en uniforme) et le petit peuple des faubourgs, des
ouvriers, des compagnons, des commis de boutique épaulés par des petits patrons. Faire repérer les fusils, les
piques et les canons. En prenant d’assaut cette prison
d’État et en massacrant son gouverneur, 40 000 Parisiens
trouvent un exutoire à plusieurs semaines de tensions provoquées à la fois par la faim et par la rumeur du complot
aristocratique. L’insurrection parisienne de juillet fait
entrer la France dans la Révolution. Le comte de Mirabeau
en tirera la leçon : « Tout l’antique édifice, usé, vermoulu
dans tous ses appuis, pourri dans tous ses liens, est tombé
dès le premier choc pour ne se relever jamais. » L’Europe
des Lumières vibre à la nouvelle de l’événement. En 1880,
la IIIe République fera de ce jour la Fête nationale. Dans
l’immédiat, il aboutit à la constitution d’une municipalité,
avec un maire, Bailly, et à la capitulation sans gloire de
Louis XVI, qui arrive à Paris le 17 juillet en souverain
pénitent, arborant la cocarde bleu et rouge aux couleurs
municipales. Grâce à Paris, l’Assemblée nationale
échappe à la dissolution. Mais elle ne peut pas se mettre
tranquillement au travail : les nouvelles qui remontent de
province sont graves, en particulier dans les campagnes où
la colère prend une dimension inattendue…
➤ Activité 1 : document 1 p. 6
Les députés en révolution.
La popularité de Louis XVI est immense, à la mesure des
espoirs que fait naître la réunion des états généraux.
Pourtant, l’attitude du roi, dans l’enchaînement précipité
des événements de la période 1789-1793, sera toujours en
porte-à-faux. Dès la première séance des états généraux le
5 mai 1789, le roi déçoit. En ne tranchant pas sur le problème du vote, il provoque la révolte du tiers état, qui se
transforme en Assemblée nationale le 17 juin. L’initiative
du tiers état consacre une double rupture politique : en
dépit de l’absence des députés de la noblesse et du clergé,
le tiers état s’érige en représentant de l’ensemble de la
nation ; l’Assemblée s’arroge ainsi le droit de consentir
l’impôt sans l’accord du roi. Le ralliement de la majorité
du clergé, le 19 juin, renforce l’Assemblée nationale. Le
20 juin, le roi fait chasser les députés de Versailles. Faire
observer le document 1 p. 6 et faire répondre aux questions 1 et 2. L’Assemblée se rebelle : les députés se retrouvent à Paris au Jeu de Paume et font le serment, après le
président Bailly, de « ne jamais se séparer […] jusqu’à ce
que la Constitution soit établie » (question 1). L’unanimité
du geste (en vérité, un seul député refuse) est montrée
de deux manières par le peintre Jacques Louis David
(question 2) :
– tous les députés prêtent serment au diapason du président Bailly, juché sur une table ;
– au pied du président, trois députés (un pour chaque
ordre) fraternisent.
Suivent trois semaines dominées par le double jeu du roi.
Le 27 juin, il invite les députés de la noblesse à rejoindre
l’Assemblée, tout en ordonnant la concentration de plusieurs régiments autour de Paris. Pendant ce temps,
l’Assemblée crée un comité de Constitution et, le 9 juillet,
se proclame Assemblée nationale constituante. La première Constitution écrite de l’histoire de France sera
adoptée en septembre 1791.
➤ Activité 3 : document 3 p. 7
De la révolution parisienne à la Révolution française.
➤ Activité 2 : document 2 p. 7
Paris est le pôle de cristallisation de la Révolution.
Paris est une extraordinaire concentration humaine : au
moins 600 000 habitants, soit 20 % de la population
urbaine du royaume. Plus que toute autre, la société parisienne est ségréguée. Paris est d’abord une ville aristocratique. Inversement, au bas de l’échelle sociale, le petit
peuple des faubourgs orientaux et méridionaux comme
Saint-Antoine ou Saint-Marcel est gonflé par l’afflux de
migrants, l’importance des domestiques (30 000 à
50 000), des gagne-petit, des chômeurs. La sensibilité aux
crises de subsistance est extrême. Les classes moyennes
sont dominées par le monde de la boutique et de
l’échoppe, avec en tête les métiers de l’alimentation, suivis de la mode et des toilettes, et par les hommes de loi.
Le mouvement insurrectionnel de juillet 1789 commence
comme une révolte de la misère et du refus fiscal, avec
6
La nouvelle de la prise de la Bastille débouche sur une
révolution municipale, dont l’intensité et les formes divergent selon les villes : feux de joie, port de la cocarde dans
les lieux publics, violences contre les personnes et les
lieux incarnant la monarchie… Cette révolution est à la
fois différente et indissociable de la Grande Peur qui bouleverse les campagnes à partir du 20 juillet. Paisibles
depuis la mort de Louis XIV, les campagnes n’en sont pas
moins travaillées par les revendications. Les dissensions
avec l’Église portent sur la dîme. Envers le fisc royal, on
essaie surtout de frauder et de traîner, mais l’Administration devient efficace. Faire observer le document 3 p. 7
et faire répondre aux questions 5 et 6. La nouveauté est de
s’en prendre au seigneur, petit ou grand, présent ou représenté par un homme d’affaires bourgeois, qui recherche
les droits féodaux tombés en désuétude et surveille les
paiements. Rappeler aux élèves que la seigneurie est le
cadre de la vie quotidienne en France et en Europe dans
trine du droit naturel fondée sur l’idée que l’homme est
fait pour vivre libre. La première forme de la liberté est
donc personnelle : on est libre lorsqu’on n’est soumis au
pouvoir d’aucun autre homme, ce qui pose le problème de
l’organisation de la société. Pour se constituer en société
politique, celle-ci doit conclure un pacte d’association
volontaire (le « contrat social » de Rousseau). En pratique,
les lois sont le résultat du consentement général, et « le but
de toute association politique est la conservation des
droits naturels et imprescriptibles de l’homme »
(art. II). Ces droits sont : la liberté, l’égalité, la propriété,
la sûreté et la résistance à l’oppression. Mais la liberté est
le thème dominant ; afin de lui laisser le plus vaste champ
d’application possible, la liberté se définit négativement :
elle consiste à « pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à
autrui » et « tout ce qui n’est pas défendu par la loi »
(question 7). La protection de la liberté des individus
occupe trois articles : interdiction des arrestations
arbitraires (art. VI), proportionnalité de la peine par rapport à l’infraction et antériorité de la loi par rapport à
l’infraction (art. VIII), présomption d’innocence (art. IX).
La liberté d’opinion et d’expression est proclamée
(art. X et XI). Parmi les autres droits, seule la propriété fait
l’objet d’un article spécifique (art. XVII) ; l’égalité est à
peine évoquée à propos de l’accès aux emplois publics
(art. VI).
les villes et dans les campagnes, depuis le Moyen Âge
central (XIe-XIIIe siècle). Ce mode d’exploitation du sol et
des hommes permet à un petit nombre d’individus, les seigneurs, d’imposer leur pouvoir à l’ensemble de ceux que
les textes nomment les « manants ». Les seigneurs tirent
en effet leur pouvoir soit de la possession du sol, soit de
l’exercice d’un pouvoir de contrainte : le droit de ban
(question 5). La seigneurie banale a une origine politique : le ban, qui consiste dans le pouvoir d’ordonner, de
contraindre et de punir, résulte de l’accaparement des prérogatives du roi par des seigneurs locaux, laïcs ou ecclésiastiques. Ce droit de ban s’exerce sur les hommes, non
sur la terre. À ce titre, le seigneur banal exerce la justice.
Il peut imposer tous types de taxes, aussi bien en nature
qu’en travail ou en monnaie : ce sont les « exactions »,
comprenant la corvée (travail gratuit effectué par le paysan), la taille (somme d’argent levée de manière arbitraire), les péages (droits perçus sur les usages des voies
publiques), les tonlieux (taxes sur les marchandises), ou
encore les banalités (privilèges commerciaux comme le
banvin, c’est-à-dire le droit de vendre le produit de ses
vignes avant les autres producteurs, ou redevances exigées
par le seigneur pour l’utilisation des instruments relevant
de son monopole : moulins, fours, pressoirs…). L’écho
déformé des événements parisiens et la dureté des
temps se cristallisent autour de la peur des brigands : la
rumeur atteste que leurs bandes, payées par les nobles,
brûlent les villages et pillent les récoltes. Les nombreux
villages qui ne trouvent pas de brigands retournent leur
colère contre les seigneurs : en juillet, on bouscule les
agents seigneuriaux, on commence à brûler des châteaux
et des abbayes et, surtout, leurs vieux papiers féodaux
(question 6) ; en août, il n’est plus question de payer les
exactions du seigneur, ni la dîme du clergé ou l’impôt
royal.
– Qu’est-ce que la souveraineté nationale ? En pratique, le
gouvernement repose sur la souveraineté nationale (art. III),
qui s’exprime par la loi, elle-même « expression de la
volonté générale » (art. VI). La loi est votée par les représentants des citoyens (question 8). Revenir sur ce que sont
les états généraux pour faire comprendre la nouveauté des
principes de 1789. La Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen donne à la notion de représentation de la
nation un sens très différent : elle suppose l’égalité des
représentants et la délibération commune. De plus, la mission de l’Assemblée nationale dépasse largement la simple consultation : elle se rapproche des compétences
actuelles du Parlement dans son rôle d’élaboration et de
vote des lois (question 9).
Les troubles inquiètent les députés, qui discutent
Constitution et droits de l’homme. Pour ramener le calme,
deux nobles proposent l’abolition des « privilèges, dîmes
et droits féodaux », mesure votée par l’Assemblée le
4 août 1789. Le but de l’opération est de parvenir à l’égalité civile contre la confirmation de la propriété mise à mal
dans les campagnes. Par la suite, l’Assemblée revient sur
sa générosité en distinguant droits supprimés (comme la
dîme) et droits rachetables (par les bourgeois).
Sur les traces
des révolutionnaires
➤ Activité 4 : document 4 p. 7
Le contexte historique
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
(26 août 1789) pose des principes nouveaux.
Faire lire le document 4 p. 7 et faire répondre aux questions 7, 8 et 9. La Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen est restée jusqu’à nos jours une référence majeure
du droit (elle est citée dans la Constitution de 1958 et a
inspiré la Déclaration universelle des droits de l’homme
adoptée par les Nations unies en 1948). Insister sur la nouveauté des principes de 1789 par rapport à la monarchie
absolue de droit divin. Deux pistes possibles :
– Qu’est-ce que « la liberté » par rapport aux anciennes
libertés (ou privilèges) ? Le combat contre le droit divin
conduit les philosophes des Lumières à élaborer une doc-
7
Le vrai divorce entre le roi et la nation en révolte a lieu le
21 juin 1791 au matin, quand Paris apprend que Louis XVI
s’est enfui. Les noms des rues portant l’adjectif « royal »
sont badigeonnés, les fleurs de lys et les couronnes des
enseignes sont effacées ; une foule se rassemble place des
Victoires pour déverser des ordures au pied de la statue
équestre de Louis XIV. Au retour de l’arrestation de
Varennes, le 25 juin, une foule immense et maussade
accueille « Louis le Fuyard » ; les gardes nationaux tiennent leur fusil crosse en l’air en signe de deuil... Un
moment calmée, l’agitation reprend, en ville comme dans
les campagnes.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
de la plume ou de la boutique, s’expriment un peu sur tout.
Créée à Paris en novembre 1789, la Société des amis de la
Constitution se réunit régulièrement au couvent des
Jacobins, rue Saint-Honoré. Se voulant à l’origine auxiliaire de l’Assemblée nationale, ce club ne tarde pas à
devenir un contre-pouvoir : c’est l’assemblée du peuple,
où se conquiert la légitimité et où se règlent les conflits
de personnes (question 5). Les débats y sont animés
(question 6) :
– le public est nombreux et pèse sur les discussions ;
– les travées se font face comme dans les chambres du
Parlement anglais : cette disposition aboutit à la constitution de groupes d’opinions ;
– dans cet exercice de démocratie directe, l’orateur est
souvent interrompu, interpellé et chahuté.
Tous ceux qui exercent successivement le pouvoir
(Mirabeau, Barnave, Brissot, Robespierre…) prennent
leur essor aux Jacobins. Sous la Terreur, le mouvement
jacobin devient le bras séculier du gouvernement révolutionnaire. Après l’exécution de Robespierre le 28 juillet
1794 (10 thermidor an II), le club parisien est fermé.
➤ Activité 1 : document 1 p. 8
Les sans-culottes forment l’avant-garde révolutionnaire.
Faire lire le document 1 p. 8 et faire répondre aux questions 1 et 2. Dire d’emblée que le sans-culottisme n’est
pas uniquement parisien, mais qu’il a trouvé dans la capitale sa forme la plus aboutie et la mieux étudiée. Le sansculotte porte le pantalon rayé blanc et rouge, la carmagnole blanche, une cocarde tricolore aux couleurs de la
Commune de Paris (rouge et bleu) et du roi (blanc), et le
bonnet phrygien ; les couleurs font évidemment penser au
drapeau national. La différenciation par le costume
contient le premier élément de définition de ce « type »
révolutionnaire, qui se proclame avant tout adversaire des
aristocrates, qui portent bas et culottes courtes. Non seulement le sans-culotte réagit à une situation d’exploitation,
mais il se dresse contre la morgue que les élites reproduisent vis-à-vis du petit peuple (question 2). Le sans-culotte
correspond aussi à un recrutement social et à un engagement spécifique de la période 1792-1794 :
– le sans-culotte travaille (« il est utile, il sait labourer un
champ, forger, scier, limer, couvrir un toit, faire des souliers »), il est majoritairement un petit patron ;
– ce milieu professionnel n’adhère pas à un programme
politique unifié. Trois convictions dominent cependant :
la défense de la petite propriété individuelle ; l’adhésion
aux pratiques de la démocratie directe ; l’acharnement, au
nom de la République, à l’égard de la contre-révolution
(question 1).
Les femmes fréquentent aussi les clubs. Faire observer le
document 4 p. 9 et faire répondre aux questions 7 et 8.
Dans le manifeste de 1791, Olympe de Gouges proclame
les « droits de la femme et de la citoyenne », sur le modèle
de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen :
– les articles I et XIII citent l’égalité civile (y compris pour
l’accès aux emplois publics) et la liberté d’opinion et
d’expression (question 7) ;
– l’article X évoque le droit de vote : « Si la femme a le
droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également
celui de monter à la tribune » (question 8).
➤ Activité 2 : document 2 p. 8
Les chefs révolutionnaires.
Les querelles de tendances et d’hommes déchirent
l’Assemblée nationale, où s’opposent les derniers champions de la monarchie absolue, des modérés ambitieux
(dont La Fayette et Barnave), et une poignée de hardis
révolutionnaires appuyés par les clubs parisiens, parmi
lesquels émergent des sortes de démocrates bientôt républicains, comme le journaliste Marat ou les avocats Danton
et Robespierre. Faire observer le document 2 p. 8 et faire
répondre aux questions 3 et 4. Insister sur les points communs de ces chefs révolutionnaires (question 3) :
– ce sont des députés de gauche, c’est-à-dire qu’ils siègent
à gauche du président à l’Assemblée nationale ;
– ils ont la compétence juridique des hommes de loi de
l’Assemblée constituante, puis de la Législative et de la
Convention républicaine (question 4) ;
– ce sont de puissants et brillants orateurs.
L’héritage
de la Révolution française
Un hymne et un drapeau
➤ Activité 3 : documents 3 et 4 p. 9
Les clubs exercent la vigilance révolutionnaire.
Faire observer le document 3 p. 9 et faire répondre aux
questions 5 et 6. À Paris, outre les cabarets et la rue, l’agitation révolutionnaire a pour cadre des sortes d’assemblées de quartier tenues par les sans-culottes, ou bien des
clubs comme les Jacobins, les Cordeliers ou les Feuillants.
Dans les clubs, les orateurs, souvent issus de la basoche,
8
– Pour La Marseillaise, se reporter au texte du livre de
l’élève p. 10. Le 20 avril, l’Assemblée nationale vote (à
l’unanimité moins une dizaine de voix) la proposition
royale de déclarer la guerre au roi de Bohême et de
Hongrie. Cinq jours après la déclaration de guerre, Rouget
de Lisle, officier du génie, déclame devant le maire de
Strasbourg un chant qu’il a composé pour l’armée du
Rhin. Ce chant deviendra La Marseillaise. Le texte est inspiré d’une affiche diffusée par la Société locale des amis
de la Constitution, et la mélodie doit beaucoup à un
concerto de Mozart. Les volontaires marseillais reprendront ce chant dont les paroles sollicitent à la fois les attachements particuliers (la terre, la famille) et les valeurs
universelles (la lutte contre la tyrannie).
– Pour le drapeau tricolore, se reporter au texte du livre de
l’élève p. 10. Le blanc est la couleur du roi de France
depuis le règne d’Henri IV (1589-1610). C’est Agrippa
d’Aubigné qui prête au roi la formule : « Ralliez-vous à
mon panache blanc ! » Pourtant, rien ne prédispose cette
couleur à incarner l’État royal. En 1562, Louis de
ont à peu près la même taille et leur chef-lieu est situé à
peu près au centre pour en faciliter l’accès. La dimension
moyenne du département explique son maintien et l’attachement que lui portent encore les Français.
Bourbon, prince de Condé, frère cadet d’Antoine de
Bourbon, roi de Navarre, décide en effet que le blanc sera
la marque militaire de la Réformation. Le blanc austère
des protestants contraste alors avec les textiles somptueux
des gentilshommes catholiques. C’est avec Henri IV que
s’opère un complet retournement : durant l’été 1589,
l’écharpe blanche devient la marque du roi, signe de
reconnaissance sur le champ de bataille, alors que se multiplient les portraits du souverain accompagné du blanc
identitaire... Tandis que le bleu et le rouge sont les couleurs de la ville de Paris depuis le Moyen Âge.
➤ Activité possible
Faire travailler les élèves sur les communes. Depuis deux
siècles, la France compte plus de 36 000 communes. C’est
une spécificité française. L’attachement des Français aux
communes a des racines historiques, aussi bien dans les
villes que dans les campagnes. Avec la Révolution de
1789, on est passé des paroisses aux communes, lorsque le
principe de la souveraineté populaire a remplacé l’autorité
seigneuriale et religieuse. La commune reste le plus vieux
lieu d’une pratique de démocratie quasi directe.
➤ Activité possible
Travailler avec les élèves sur un autre chant révolutionnaire, par exemple La Carmagnole.
Un échec : le nouveau calendrier
De grands principes /
La souveraineté nationale
Se reporter au texte du livre de l’élève p. 11. Institué par
la Convention républicaine le 24 novembre 1793, le nouveau calendrier fixe le début de l’année au 22 septembre
(équinoxe d’automne) et le premier jour de l’ère républicaine au 22 septembre 1792, lendemain de l’abolition de
la monarchie. Les noms des mois s’inspirent des saisons :
brumaire, floréal, pluviôse… Ce calendrier établi sur un
rapport de Fabre d’Églantine est une des mesures qui
visent à déchristianiser la France, en supprimant les
dimanches et les fêtes de saints. Il demeurera en usage
légal jusqu’au 10 nivôse an XIV (31 décembre 1806), date
à laquelle Napoléon Ier remet en vigueur le calendrier grégorien.
On retrouve tous ces grands principes dans la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen, qui reste le texte de
référence. Logiquement, à la manière américaine,
l’Assemblée nationale place son œuvre constitutionnelle
sous l’invocation de cette Déclaration. Ce texte sobre et
ferme reconnaît l’autorité d’un « Être suprême », expression large d’une divinité qui puisse aussi convenir aux protestants et aux juifs, puisque l’article X reconnaît officiellement la liberté de conscience. La proclamation s’adresse
sciemment aux citoyens et non aux sujets, parle de
l’homme et non du seul Français, et traite de ses droits
plus que de ses devoirs ; le tout pour la première fois. Les
mots-clés sont l’égalité (de droit seulement), la liberté
(liberté de la personne – tout homme est présumé innocent –, liberté de parole, liberté de la presse, liberté du travail…), et la propriété, inviolable et sacrée, et même la
résistance à l’oppression. Les seules limites sont la liberté
des autres et l’intérêt supérieur de l’État.
Pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour qu’ils trouvent les mots-clés de
la leçon. Par exemple, « 1789 », « états généraux »,
« Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (26 août
1789) », « nation », « République », « Terreur ». Mettre en
relation chacun de ces mots avec les repères figurant dans
la chronologie p. 6. Mettre en commun les réponses et
écrire ensemble le résumé de cette séquence.
➤ Activité possible
Travailler en classe la question de l’égalité qui se pose en
1789 :
– la Société des amis des Noirs ne peut obtenir l’abolition
de l’esclavage auprès des constituants (qui considèrent le
droit de propriété comme inaliénable), ce qui provoque
l’insurrection de Saint-Domingue ;
– les femmes sont exclues non seulement du droit de vote
mais aussi de l’égalité civile ;
– les pauvres sont largement exclus du champ des droits
de l’homme, par le refus de prendre en compte les droits
sociaux et par la mise en place d’un suffrage censitaire
limitant le droit de vote effectif.
Bibliographie
– F. Bluche, S. Rials, J. Tulard, La Révolution française,
coll. « Que sais-je ? », PUF, 2003.
– F. Furet, M. Ozouf, Dictionnaire critique de la
Révolution française, Flammarion, 1988.
– J. Solé, La Révolution en questions, Le Seuil, 1988.
– F. Furet, Penser la Révolution française, Gallimard,
1978.
– J.-C. Martin, La France en Révolution, Belin, 1990.
Les départements
Le découpage départemental est inventé par l’Assemblée
constituante en 1790. Il obéit au principe de l’égalité de
tous les citoyens devant la loi : les 83 départements créés
9
Napoléon Bonaparte
Pages 12 à 17 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Selon les calculs de Jean Tulard1, Napoléon Bonaparte (1769-1821) a suscité plus de livres qu’il ne s’est écoulé de
jours depuis sa mort… La complexité du personnage expliquerait cette masse documentaire. « C’est le Charlemagne
et l’Alexandre des épopées du Moyen Âge », écrivait Chateaubriand, mais c’est tout aussi bien l’Antéchrist ou
« l’ogre corse ». Comment faire la part des choses en classe ? Deux remarques simples :
– la « légende dorée » a transformé la réalité en mythifiant l’homme et son action ;
– la « légende noire » a dissimulé les « masses de granit » sur lesquelles repose notre modernité.
Compétences
• Appréhender le temps en situant les moments importants du Consulat et de l’Empire.
• Étudier un document patrimonial : Le Sacre de Napoléon Ier par Jacques Louis David.
• Caractériser une période : l’Empire (1804-1815), à la fois despotisme de Napoléon et formation d’un vaste ensemble
continental sous domination française.
Photofiche
Voir la photofiche p. 50.
coup. Du légendaire pont d’Arcole jusque vers 1810 brille
le génie politique et militaire, avec des erreurs encore
rares, et qu’il est trop facile d’apercevoir deux siècles plus
tard. Le putschiste du 19 brumaire, devenu Premier
consul, montre très vite sa stature de pacificateur et de
législateur. Il négocie le Concordat avec le pape Pie VII
(1801) et crée des « masses de granit » capables de souder
ensemble les « grains de sable » dispersés par la
Révolution : les lycées et la Légion d’honneur (1802), le
franc germinal (1803), le Code civil (1804)… Napoléon
justifie le passage à l’Empire (2 décembre 1804) par les
menaces de complot contre sa personne : le principe
héréditaire garantit l’avenir de la dynastie, le cadre
monarchique donne une assise plus solide aux ambitions
européennes de l’empereur.
Qui était Napoléon Bonaparte ?
Le contexte historique
Né à Ajaccio le 15 août 1769, un an après le rattachement
de la Corse à la France, Napoléon Bonaparte est
Français. Sa famille, de petite noblesse, manque de
moyens. Le jeune garçon est boursier à l’école militaire de
Brienne (1779), puis il entre à l’École supérieure de la
Guerre (1784). Il en sort lieutenant de l’armée royale,
mais sa pauvreté ne lui permet pas de se mêler à l’aristocratie locale de Valence, où il est affecté (1785). Suit
une période d’hésitations et d’essais : piètre officier de
garnison (Valence, Auxonne), lisant un peu de tout,
Rousseau notamment, tentant d’écrire, passionné un
moment pour l’indépendance de la Corse et son héros
local Paoli ; rallié à la Montagne et à Robespierre en
1793 ; remarqué au siège de Toulon en décembre 1793, le
voici, à 25 ans, passé de capitaine à général. Radié
des cadres à cause de ses fréquentations robespierristes, il
est remis en selle par le Directoire, qui lui confie un rôle
dans la répression de l’insurrection royaliste d’octobre
1795. Bonaparte est promu commandant de l’armée chargée du maintien de l’ordre à Paris et pénètre la société
directoriale grâce à son mariage avec Joséphine de
Beauharnais, veuve d’un général de la République, le
9 mars 1796…
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 12
Un chef de guerre victorieux.
Faire observer le document 1 p. 12 et faire répondre aux
questions 1 et 2. Le général Bonaparte s’illustre d’abord
en Italie, puis en Égypte (question 1). En mars 1796, il est
nommé commandant en chef de l’armée d’Italie. Le bilan
de la campagne d’Italie est considérable : la paix est
signée avec le roi de Piémont-Sardaigne, qui abandonne
Nice et la Savoie ; l’Autriche signe les préliminaires de la
paix de Leoben (18 avril 1797) après sa défaite à Rivoli.
Mais l’ennemi reste l’Angleterre. Bonaparte propose de
frapper les Anglais à un point névralgique de leurs relations avec les Indes : l’Égypte. Le Directoire donne son
accord en mars 1798. Le corps expéditionnaire français
débarque à Aboukir le 1er août. Très vite, Bonaparte
La chronologie p. 12 montre que le destin de Napoléon
Bonaparte éclot avec le Directoire (1795-1799) et la
constitution d’une société militaire. Avec les campagnes
d’Italie (1796-1797) et d’Égypte (1798-1799) et pour une
quinzaine d’années, l’homme exceptionnel éclate d’un
1. J. Tulard, Napoléon, coll. « Les Grands Hommes d’État », Bayard, 2005.
10
Après la paix d’Amiens avec l’Angleterre, Bonaparte est
nommé consul à vie avec pouvoir de désigner son successeur (1802). Cela ne suffit pas à désarmer les royalistes,
qui voient en lui un usurpateur ; début 1804, la police
découvre un complot fomenté par Cadoudal, un ancien
chouan soutenu par l’Angleterre, qui veut assassiner le
Premier consul ; arrêté à Paris, il est jugé et exécuté. Dans
le même temps, on apprend qu’un prince devait diriger
l’opération : il s’agirait du duc d’Enghien, descendant des
Condé et neveu de Louis XVIII, qui est installé au pays de
Bade. Le duc est enlevé puis fusillé dans les fossés du
château de Vincennes. L’affaire montre aux bonapartistes
la fragilité du régime. Un sénatus-consulte du 28 floréal
an XII (18 mai 1804) modifie alors la Constitution, stipulant que « le gouvernement de la République est confié à
un empereur ». Un plébiscite portant exclusivement sur
l’hérédité approuve le nouveau régime (3 572 329 oui
contre 2 579 non, les abstentions étant comptées comme
oui).
triomphe des mamelouks, qui contrôlent le pays, puis des
troupes du sultan de l’Empire ottoman, dont l’Égypte fait
partie. Il installe un protectorat. Mais l’opération est en
fait un fiasco : le 1er août, l’amiral britannique Nelson
avait détruit la flotte française à Aboukir. L’armée de
Bonaparte est prisonnière de sa conquête… Pourtant, la
popularité de l’homme reste immense. Son brio militaire
a éclaté au cours de la campagne d’Italie, et la propagande a grandi encore les mérites du chef (question 2).
Ainsi, Le Courrier de l’armée d’Italie cultive l’image du
nouveau César : « Il vole comme l’éclair et frappe comme
la foudre. Il est partout et il voit tout. » Bonaparte luimême confesse la dimension nouvelle de ses ambitions :
« Je me regardai non plus comme un simple général
mais comme un homme appelé à influer sur le sort d’un
peuple. »
C’est encore la propagande qui réussit à faire croire au
succès de l’expédition d’Égypte : Bonaparte est accueilli
triomphalement après son débarquement près de Fréjus le
17 vendémiaire an VIII (9 octobre 1799).
En vérité, l’Empire repose sur un singulier mélange de
légitimités :
– la légitimité populaire : le peuple a approuvé par plébiscite le passage à l’Empire ;
– la légitimité personnelle du général Bonaparte. Faire
observer le document 3 p. 13 et faire répondre aux questions 5 et 6. Portant la couronne de laurier d’or et l’épée
au côté, Napoléon apparaît comme un nouveau César qui
tient son pouvoir de ses victoires. C’est une monarchie
militaire à l’antique. Faire observer l’aigle éployée,
empruntée aux Carolingiens, à l’extrémité du sceptre.
L’Empereur arbore le manteau pourpre (que les rois ne
revêtaient qu’après le sacre) parsemé d’abeilles d’or et
doublé d’hermine ; l’abeille se rattache légendairement
aux Mérovingiens et est choisie comme emblème personnel du souverain. Faire observer le collier de la Légion
d’honneur à son cou (question 5). Le sceptre, l’épée et le
trône sont des insignes de souveraineté empruntés à
l’Ancien Régime (question 6) ;
– la légitimité religieuse après le sacre de 1804.
➤ Activité 2 : document 2 p. 13
Le coup d’État du 18 brumaire an VIII.
Le retour inattendu de Bonaparte apporte la solution aux
révisionnistes (partisans de la révision constitutionnelle) :
l’échec du Directoire (désordre financier, impuissance des
assemblées, corruption du personnel politique) rendait
probable un changement de régime. Conseillé par
Talleyrand, Fouché et Sieyès, et appuyé par son frère
Lucien, président du Conseil des Cinq Cents, Bonaparte
prend le risque d’un coup d’État, qui a lieu les 18 et 19
brumaire (8 et 9 novembre 1799). Le 18, tout se passe
bien : sous prétexte qu’un complot anarchiste les menace,
les deux chambres – Conseil des Cinq Cents et Conseil
des Anciens – décident de se transférer au château de
Saint-Cloud et de confier la garnison de Paris à Bonaparte
afin de les protéger. Dans la foulée, trois des cinq
directeurs – Sieyès, Barras et Ducos – démissionnent pour forcer la recomposition du pouvoir
exécutif. Faire observer le document 2 p. 13 et faire
répondre aux questions 3 et 4. Le 19, tout faillit échouer :
Bonaparte bafouille devant le Conseil des Anciens, puis
se fait menaçant devant le Conseil des Cinq Cents. Des
cris « À bas le dictateur ! » retentissent ; Bonaparte est
bousculé et menacé d’être mis hors la loi (question 3).
Son frère Lucien convainc les soldats d’intervenir et
Murat lance à ses grenadiers : « Foutez-moi tout ce
monde-là dehors ! », ce qu’ils font (question 4). Tard
dans la nuit, on retrouvera cependant quelques députés
pour former deux commissions qui s’empresseront de
remettre le pouvoir à un triumvirat de consuls –
Sieyès, Ducos et Bonaparte –, remplaçants des directeurs
évanouis. De là, les historiens ont pris l’habitude
de terminer la période de la Révolution française au
18 brumaire.
Sur les traces
de Napoléon Bonaparte
Le contexte historique
➤ Activité 3 : document 3 p. 13
Le gouvernement de la République est confié à un empereur.
11
La trajectoire est vertigineuse. En cinq ans, le jeune officier qui perdait pied à Saint-Cloud devant le Conseil des
Cinq Cents (1799) se couronne lui-même empereur à
Notre-Dame de Paris (1804), face au pape successeur de
celui qui, mille ans auparavant, couronna Charlemagne.
Cinq ans plus tard, à l’exception de l’Angleterre, victorieuse dès Trafalgar (1805), Napoléon semble dicter sa loi
à l’Europe entière : il annexe les royaumes, offre des couronnes à sa famille, impose sa protection aux autres
monarques… En épousant Marie-Louise, fille de l’empereur d’Autriche, il devient le neveu de feu Louis XVI et
fonde sa propre dynastie.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
d’Ancien Régime. Les grandes conquêtes révolutionnaires, à savoir l’égalité devant la loi et la propriété, sont
garanties (question 3). Mais le Code civil révèle une
conception inégalitaire des relations interpersonnelles. Le
père dispose ainsi d’une tutelle absolue qui relègue son
épouse et ses enfants dans une complète subordination : le
divorce est rendu plus difficile pour la femme, qui est par
ailleurs inapte à gérer les biens ; le père exerce seul l’autorité parentale sur les enfants jusqu’à leur majorité et
garde le droit de favoriser l’un de ses enfants dans son testament ; en outre, les enfants naturels perdent la qualité
d’héritiers (question 4).
➤ Activité 1 : documents 1 et 2 p. 14
L’épopée napoléonienne repose sur des « masses de
granit ».
– Le franc-or : la Révolution est issue d’une crise financière et d’un refus de tout privilège, surtout fiscal. Les
premières assemblées effacent la législation antérieure et
tentent d’asseoir un régime universel d’impôt direct reposant sur les possessions immobilières et mobilières et sur
les activités à caractère commercial. Puis, taxées à leur
tour, les portes et fenêtres achèvent de constituer la famille
des « quatre vieilles ». Cela ne suffisant pas, les révolutionnaires pensent résoudre le problème en mettant en
vente tous les biens de l’Église (et plus tard ceux des émigrés). Dans la réalité, la Révolution vit ainsi d’impositions
extraordinaires, de réquisitions, d’exactions et de pillages : dans ce domaine, Napoléon Bonaparte brille particulièrement en Italie. Une fois au pouvoir, donc dès fin
1799, il ressuscite toute la gamme des impôts indirects de
l’Ancien Régime et leur fait rendre presque autant que les
contributions directes. Mais l’acte capital est la loi de
mars 1803 qui crée le franc-or. Faire observer le document 1 p. 14 et faire répondre aux questions 1 et 2. La
pièce est chargée de symboles : symboles monarchiques
d’abord, à commencer par le nom, qui vient de celui choisi
au XIVe siècle par Jean II le Bon ; son titre aussi, qui correspond à peu près au poids d’argent de la livre tournois2,
monnaie la plus répandue dans le royaume. Les nouveaux
symboles ne manquent pas non plus : d’un côté, le profil
impérial lauré et le nom de Napoléon (question 2) ; au
revers, la valeur de la pièce – 20 francs (question 1) – est
entourée par la couronne de laurier d’or, qui fait encore
référence à la charge impériale.
– Le Code civil : le 13 août 1800, Bonaparte forme une
commission de quatre avocats des anciens
parlements (Tronchet, Bigot de Préameneu, Portalis et
Maleville) pour écrire un Code civil des Français. Comme
le Premier consul participe à quelques séances de travail,
ce code est aussi connu sous le nom de « Code
Napoléon ». Portalis définit clairement ce dont il s’agit :
« Un corps de lois destinées à diriger et à fixer les relations de sociabilité, de famille et d’intérêts qu’ont entre
eux des hommes qui appartiennent à la même cité. » En
fait, l’unification du droit civil a commencé sous l’Ancien
Régime, mais l’abolition des privilèges donne à l’entreprise une portée nouvelle. Le 2 septembre 1791, la
Constituante décide la mise sur pied d’un « code commun
à tout le royaume ». Des juristes continuent d’y travailler
sous la Convention, puis sous le Directoire. Bonaparte a
pour principal mérite d’accélérer le processus. L’examen
des textes débute en 1801 ; le Code civil est promulgué
le 30 ventôse an XII (21 mars 1804). Faire lire le document 2 p. 14 et faire répondre aux questions 3 et 4.
Le Code, caractéristique de la démarche bonapartiste,
modère les acquis révolutionnaires avec un soupçon
➤ Activité 2 : document 3 p. 15
L’instauration de l’Empire (1804).
Le Sacre de Napoléon Ier, commandé par l’Empereur à
Jacques Louis David (1748-1825), devait faire partie d’un
cycle de quatre tableaux commémorant l’instauration de
l’Empire : Le Couronnement, L’Intronisation, La
Distribution des Aigles et L’Arrivée à l’Hôtel de Ville.
Seuls le premier et le troisième furent réalisés, faute de
temps. Achevé en 1808, Le Sacre est exposé dans le grand
salon du Louvre, en face du Napoléon à Eylau3 de Gros.
Dès 1810, Le Sacre est décroché, en raison du changement
d’impératrice. Un temps rendu à David, le tableau est restitué à la France par l’artiste avant sa mort. Louis-Philippe
l’intègre au musée de Versailles qu’il constitue en l’honneur de « toutes les gloires de la France ». Le Sacre y est
exposé de 1837 à 1889, date à laquelle il rejoint le Louvre
pour le centenaire de la Révolution.
Faire observer le document 3 p. 15 et faire répondre aux
questions 5, 6 et 7.
– Le sacre est d’abord une cérémonie religieuse et monarchique. Rappeler aux élèves ce qu’est le sacre. À partir du
XIe siècle, tous les rois de France sont sacrés (question 6).
Depuis le sacre de Philippe Ier (23 mai 1059), on sait comment se déroule la cérémonie : l’archevêque de Reims
commence par exposer au roi la foi catholique et lui
demande de défendre l’Église. Ayant acquiescé, le roi fait
lecture de sa déclaration et la signe. Les prélats, les grands
vassaux et le peuple approuvent alors en criant par trois
fois : « Nous approuvons, nous voulons, que cela soit ! »
Après cette phase durant laquelle le roi est assis sur un
trône surélevé arrivent l’onction par l’archevêque de
Reims (sur la tête, la poitrine, les épaules, la jointure des
bras et les mains) et la remise des insignes royaux. Le
sacre reste le privilège de l’archevêque de Reims ; sont
présents l’abbé de Saint-Denis, qui garde les insignes
royaux, la couronne et l’épée, et l’abbé de Saint-Rémi de
Reims, qui conserve la sainte Ampoule du chrême (question 5). Mais Napoléon veut se distinguer des Bourbons
tout en rappelant la mémoire carolingienne. Le sacre n’a
pas lieu à Reims, ni d’ailleurs à Rome, mais dans le chœur
de Notre-Dame, en présence du pape Pie VII. Le couple
impérial reçoit du pape l’onction de chrême épiscopal, les
insignes du pouvoir sont bénits par lui, une messe est dite,
un Te Deum est entonné. Mais Napoléon se couronne lui-
2. Le franc germinal équivaut à environ 4,5 grammes d’argent ou à près de 0,3 grammes d’or.
3. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « Les guerres, de 1792 à 1815 », document 2 p. 20.
12
même, avant de couronner Joséphine, épousée religieusement la nuit précédente. Ce geste montre que son pouvoir
ne vient pas de l’Église, qu’il utilise à son profit. Pour
mettre en valeur la cérémonie religieuse, David ouvre une
perspective sur le couple impérial, rejetant le public sur les
côtés. Par ailleurs, il choisit de montrer le couronnement
de Joséphine par Napoléon plutôt que le couronnement de
Napoléon par lui-même, qui a l’inconvénient de rendre
inutile la présence du pape ; il crée ainsi une unité d’action
entre les trois acteurs, tout en montrant la supériorité de
l’Empereur (question 7).
– Le tableau de Jacques Louis David (1748-1825) se lit
aussi comme une galerie de portraits. À droite et de dos se
trouvent les grands dignitaires de la Cour, avec les attributs du pouvoir : l’architrésorier (l’ancien consul Lebrun)
tient le sceptre surmonté de l’aigle ; l’archichancelier
Cambacérès (l’autre ancien consul) tient la main de
Justice. Le tableau est rogné : il manque le maréchal
Berthier, vice-connétable, portant le globe ; Talleyrand, en
manteau rouge, est promu grand chambellan. À côté du
pape se tiennent deux cardinaux, Caprara et Braschi. De
face, à la gauche de Joséphine, le prince Murat tient
encore le coussin sur lequel était posée la couronne ; il est
entouré de maréchaux. Sur la gauche, on reconnaît les
frères de Napoléon, Louis et Joseph, ses sœurs, Caroline,
Pauline et Élisa, ainsi qu’Hortense de Beauharnais et son
premier fils, et enfin, Julie Clary, l’épouse de Joseph.
Dans les tribunes, au premier rang, David a placé la mère
de l’Empereur.
➤ Activité 4 : document 5 p. 15
Les Assemblées sont des coquilles vides.
L’attachement des députés de 1789 ou de 1793 à une
Assemblée unique et nombreuse cède la place au fractionnement du pouvoir législatif. Faire lire le document 5
p. 15 et faire répondre aux questions 10 et 11. Le Conseil
d’État prépare les lois, le Tribunat discute, le Corps législatif vote, le Sénat vérifie la constitutionnalité. Le Sénat
est l’assemblée la plus docile : ses membres sont choisis
directement par Napoléon Bonaparte. Les députés du
Tribunat et du Corps législatif sont choisis par les sénateurs (question 10). En vérité, le pouvoir vient du Premier
consul, puis de l’Empereur (question 11). La confiance se
mesure autrement que par les Assemblées, notamment par
le plébiscite. De plus, le lieu d’élaboration de la loi se
déplace progressivement. Le régime consulaire puis impérial fonde son efficacité sur les experts du Conseil d’État,
qui sont nommés par l’exécutif.
L’héritage
de Napoléon Bonaparte
De Bonaparte à Napoléon,
un sujet pour de nombreux peintres /
Une légende noire
Pas plus que le souvenir de Napoléon, sa légende n’est
morte. Déclenchée par lui-même et ses fidèles dès la campagne d’Italie, elle court tout au long des bulletins de la
Grande Armée. L’image d’Épinal s’en empare aussitôt. Le
Mémorial de Sainte-Hélène, rédigé par Las Cases et diffusé en France à partir de 1823, fait plus encore. La nouvelle génération romantique – Les Enfants du siècle de
Musset – s’en empare, tel le jeune héros Julien Sorel (Le
Rouge et le Noir). La figure de l’Empereur s’en trouve
magnifiée : c’est un Napoléon du peuple qui fait son apparition, un Napoléon défenseur de la Révolution de 1789.
Enfin les relais de la littérature populaire et de la lithographie indéfiniment imitée et reproduite propagent la figure
et le mythe de l’aigle jusqu’au début du XXe siècle.
Pour aller plus loin
Le sacre de 1804 est aussi une cérémonie républicaine : en
l’absence du pape, l’Empereur rejoint le grand trône dans
la nef de Notre-Dame et prononce, la main posée sur les
Évangiles, un serment constitutionnel de fidélité aux
acquis de la Révolution. Il jure ainsi de maintenir l’intégrité du territoire de la République, de faire respecter la
liberté des cultes, l’égalité des droits, la liberté politique et
civile, et de ne lever aucun impôt qu’en vertu de la loi…
➤ Activité 3 : document 4 p. 15
L’accentuation du contrôle de l’opinion.
Faire lire le document 4 p. 15 et faire répondre aux questions 8 et 9. Le Consulat réprime toute forme de critique
publique du gouvernement. Lorsque Bonaparte affirme :
« Je suis national », c’est une manière de dire que toute
contestation est contraire à l’intérêt général. La presse
n’est donc utile qu’en tant que moyen de propagande. Dès
1800, tous les journaux parisiens, sauf treize, sont supprimés. En 1802, il n’en reste que neuf. La création de la
Direction générale de l’imprimerie en 1810 institutionnalise le contrôle de la diffusion de l’écrit. À cette date, il
reste à Paris seulement quatre journaux (question 8).
C’est le ministère de la Police, dont Fouché a la charge
depuis 1799, qui assure cette surveillance. La censure
interdit l’évocation des Bourbons ou de la Révolution ; à
l’inverse, la glorification des faits d’armes impériaux ou
de la prospérité économique sont des passages obligés
(question 9).
➤ Activité possible
13
Travailler avec les élèves sur la « légende dorée » et la
« légende noire » :
– Pour la « légende dorée », le choix est large : le
Napoléon à Eylau d’Antoine-Jean Gros (1808), le
Bivouac de Napoléon sur le champ de bataille de Wagram
d’Adolphe Roehn (1810), les Adieux de Napoléon à la
Garde impériale à Fontainebleau d’Antoine Montfort ou
le Retour de l’île d’Elbe de Wilhelm Sternberg…
– Pour la « légende noire » : sur la caricature allemande Le
Triomphe de l’an 1813, le chapeau de l’Empereur est orné
de l’aigle victorieuse de la Prusse (et non de l’aigle napoléonienne). Le visage de l’ogre Napoléon est formé de ses
victimes. Son uniforme est une carte de l’Allemagne marquée des défaites françaises. La toile d’araignée du despotisme napoléonien est déchirée par la main de Dieu.
L’application du Code civil
dans une partie de l’Europe
➤ Activité possible
Comparer le lycée napoléonien et le lycée d’aujourd’hui :
points communs et différences.
Napoléon rêve d’un système fédératif d’États. Des
réformes profondes sont imposées, qui appliquent le Code
civil dans les pays conquis ou vassalisés et diffusent l’égalité devant la loi, la liberté religieuse et la suppression du
servage.
La Légion d’honneur
Le Consulat rompt avec la culture révolutionnaire, qui
avait supprimé toutes les distinctions. Le 19 mai 1802 est
instaurée la Légion d’honneur. Roederer, alors directeur
de l’Instruction publique, en précise les objectifs :
« Auxiliaire de toutes lois républicaines, […] elle paie au
service militaire comme au service civil le prix du courage
qu’ils ont tous mérité. […] Elle efface les distinctions
nobiliaires qui plaçaient la gloire héritée avant la gloire
acquise. » Elle doit donc susciter les initiatives personnelles au service de la collectivité.
La création des lycées
L’effort éducatif de la Révolution aboutit, en 1793, à
l’adoption du principe d’une instruction primaire gratuite
et obligatoire. Mais la décision ne peut être appliquée et,
dès 1795, la loi Daunou renonce à la gratuité, de même
qu’elle ne reprend pas l’expérience éphémère des
« écoles normales » ayant vocation à former les maîtres.
En revanche, elle prévoit la création d’une école centrale
par département destinée aux enfants de 12 à 18 ans.
Le bilan est maigre : en 1797, 81 établissements accueillent un effectif correspondant au quart de la fréquentation des collèges jésuites en 1789. Au début du Consulat,
Chaptal expose un projet qui reprend les idées révolutionnaires, mais Bonaparte lui préfère la loi Fourcroy,
qui est adoptée le 11 floréal an X (1er mai 1802).
L’enseignement primaire est désormais considéré comme
l’affaire des familles, des communautés d’habitants
ou des congrégations religieuses qui, sans être autorisées, se reconstituent rapidement. La loi se désintéresse
de l’enseignement des filles. L’effort de l’État se
concentre sur la formation secondaire des garçons. Le
lycée napoléonien accueille, après examen, les fils de
notables et les élèves méritants, encouragés par des
bourses. Le lycée dure sept ans, de 12 à 18 ans (de la
sixième à la terminale), et s’achève par l’examen du
baccalauréat. Les programmes se concentrent sur les
humanités (langues anciennes, rhétorique, etc.) et les
sciences (mathématiques, physique, sciences naturelles) et sont complétés par un enseignement d’histoire
et de géographie. Les professeurs – laïcs – et les élèves
sont soumis à une discipline d’inspiration militaire, avec
uniforme, grades et exercices physiques au son du
tambour…
Pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour qu’ils trouvent les mots-clés de
la leçon. Par exemple, « coup d’État du 8-9 novembre
1799 », « Premier consul », « Légion d’honneur »,
« lycées », « franc germinal (franc-or) », « Code civil »,
« sacre », « Empire ». Mettre en relation chacun de ces
mots avec les repères figurant dans la chronologie p. 12.
Mettre en commun les réponses et écrire ensemble le
résumé de cette séquence.
Bibliographie
– J. Tulard, Napoléon, coll. « Les Grands Hommes d’État »,
Bayard, 2005.
– J.-O. Boudon, Histoire du Consulat et de l’Empire,
Perrin, 2003.
– J. Tulard, Le 18 brumaire ou comment terminer une
révolution, Perrin, 1999.
– G. Chaussinand-Nogaret, « L’irrésistible ascension d’un
Robespierre botté », revue L’Histoire, n° 124.
– Collectif, « Le coup d’État de Bonaparte », revue
L’Histoire, n° 237.
14
Les guerres, de 1792 à 1815
Pages 18 à 23 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Par la volonté des assemblées françaises successives, la guerre contre la plus grande partie de l’Europe dure de 1792
à 1815, juste coupée par deux trêves (1801-1803 et 1814-1815). Cette guerre commande très souvent la politique intérieure et amène la dictature, aussi bien montagnarde que napoléonienne. Certes, elle n’explique pas tout – pas plus le
détail des querelles internes que les affaires religieuses –, mais elle pèse longuement et lourdement et laisse peut-être
autant de faiblesses nouvelles face à l’Angleterre et à la Prusse que de souvenirs glorieux.
Compétences
• Caractériser une période : l’Europe française.
• Mettre en perspective l’épopée napoléonienne en la replaçant dans la chronologie des guerres européennes.
• Confronter deux documents de nature différente : par exemple, une carte des campagnes napoléoniennes et une
chronique sur la retraite de Russie.
Photofiche
Voir la photofiche p. 52.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
Pourquoi la France est-elle
en guerre de 1792 à 1815 ?
➤ Activité 1 : document 1 p. 18
Le contexte historique
La marche à la guerre.
Les premiers malheurs de Louis XVI sont vivement ressentis par les rois d’Europe, du moins le disent-ils. Crient
le plus fort ceux qui sont le plus loin, comme la tsarine
Catherine II, ou ceux qui n’ont aucune envie de venir le
secourir, comme le roi d’Espagne et les souverains italiens.
Les trois grands États continentaux – Autriche, Prusse,
Russie – songent surtout à se découper des morceaux de
l’Empire ottoman et à se partager la Pologne. De plus, certains ont leurs problèmes intérieurs, surtout l’empereur
Léopold – le frère de Marie-Antoinette – avec les PaysBas (Belges) et la Hongrie révoltés. Tous ces grands États,
et l’Angleterre en plus, considèrent les premières actions
révolutionnaires avec une certaine faveur, puisqu’elles ne
peuvent qu’affaiblir la France, qui vient de gagner la
guerre d’Amérique. Même après l’équipée de Varennes et
la suspension de son beau-frère (juin 1791), Léopold
annonce qu’il envisagerait une intervention seulement si
toute l’Europe se range à ses côtés, ce qu’il sait alors
impossible. Pourtant, six mois suffisent pour tout faire
basculer. Pourquoi ?
La mort inopinée de Léopold le 1er mars 1792, remplacé par
son fils l’archiduc François, ni prudent ni libéral comme
son père, accélère la marche à la guerre. Mais la France
prend l’initiative : le 25 mars 1792, l’ambassadeur de
France à Vienne remet un ultimatum exigeant la dispersion
des émigrés fixés en Rhénanie. L’ultimatum est repoussé.
Le 20 avril, l’Assemblée législative vote à l’unanimité
moins une dizaine de voix la proposition royale de déclarer
la guerre à l’Autriche. Faire lire le document 1 p. 18 et
faire répondre aux questions 1 et 2. Tous ceux qui comptent alors veulent la guerre : Louis XVI et, surtout, MarieAntoinette, qui parient sur la défaite des révolutionnaires ;
les arrivistes comme La Fayette et Dumouriez, qui pensent
utiliser l’armée pour tenir le premier rôle auprès d’un roi
forcément reconnaissant ; les idéalistes aussi, qui rêvent de
porter la liberté aux peuples asservis d’Europe, dont les
girondins, qui espèrent aussi se renforcer (question 1).
Tous, sauf Maximilien de Robespierre : pour lui, les
Français ne doivent pas imposer leur volonté aux peuples
européens, sinon ils seront perçus comme des agresseurs et
non comme des libérateurs (question 2). En classe, on
pourra évoquer le droit des peuples à disposer d’euxmêmes.
L’étude de la chronologie p. 18 montre que la guerre
contre l’Europe, incluant la puissante Angleterre, dure de
1792 à 1815, juste coupée par deux courtes trêves : 18011803 et 1814-1815 (première Restauration). Deux phases
sont à distinguer :
– les guerres de la Révolution (1792-1801) ;
– les guerres de l’Empire (1803-1815).
Dans les deux cas, c’est la France qui déclare la guerre à
l’Europe…
➤ Activité 2 : document 2 p. 18
et document 3 p. 19
15
De la guerre à la République (avril-septembre 1792).
Outre l’armée autrichienne, les armées françaises vont
affronter la redoutable armée prussienne, qu’elles n’attendent pas. Certes, les Français disposent du meilleur armement et, surtout, de la meilleure artillerie d’Europe, mais
deux éléments s’opposent au sein de cette armée. Tout
la rapide conquête de toute la Belgique, du Palatinat, de la
Savoie et du comté de Nice enlevés au roi de PiémontSardaigne, la jeune Convention républicaine décrète le
19 novembre qu’elle apportera désormais « fraternité et
secours à tous les peuples qui voudront recouvrer leur
liberté ». Cette proclamation inquiète les monarques
d’Europe. Puis, franchissant une nouvelle étape, la
Convention, victorieuse mais peu argentée, couvre ses
frais de guerre en confisquant les biens des princes et des
religieux des pays occupés, tandis que Danton retrouve la
théorie des frontières « marquées par la nature » : le Rhin
et les Alpes. Quelques mois plus tard, alors que se déroule
le procès de Louis XVI (guillotiné le 21 janvier 1793), les
pays occupés sont tout simplement annexés. Sous prétexte
de l’exécution de Louis Capet, Londres expulse le représentant de la République. Faire observer le document 4
p. 19 et faire répondre aux questions 7 et 8. La
Convention réplique en déclarant le 1er février 1793 la
guerre à l’Angleterre et, par surcroît, à la Hollande, devenue pays-frontière. Dans la foulée, se joignent aux quatre
coalisés (l’Autriche et la Prusse étant restées en guerre) :
l’Espagne, le Portugal, le Piémont-Sardaigne, le royaume
de Naples et la Russie (question 7). En quelques
semaines, c’est la catastrophe pour les armées de la
République. Expulsées de toutes leurs conquêtes, trahies
par certains chefs – dont Dumouriez –, elles ne peuvent
empêcher une invasion multiple : les Autrichiens assiègent
Maubeuge et Valenciennes, les Prussiens prennent
Mayence et Landau, les Piémontais reprennent pied en
Savoie, et les Espagnols débordent les Pyrénées par les
deux bouts. Même les Anglais, bien que convoitant surtout
les riches Antilles, investissent Dunkerque, la Corse et
Toulon… En ce printemps 1793, la Convention doit aussi
faire face aux révoltes intérieures. En Provence, d’abord,
travaillée depuis des mois par les royalistes. Puis, l’élimination des girondins par les montagnards en juin étend ces
insurrections ; elles couvrent un bon tiers de la France,
dont la Franche-Comté et la Normandie (question 8). Les
troupes envoyées pour mater ces « ennemis de l’intérieur »
opèrent sans douceur, en particulier dans les bocages de
l’ouest – angevins d’abord, poitevins ensuite et bretons un
peu plus tard – que l’on appelle « la Vendée », où la guerre
civile atteint les sommets de l’horreur. Faire lire le document 5 p. 19 et faire répondre aux questions 9 et 10.
L’insurrection vendéenne éclate au moment où la
Convention décrète la levée de 300 000 hommes le
24 février 1793. Les Français âgés de 18 à 40 ans sont
déclarés en état de réquisition permanente (question 9).
Ce n’est pas encore le service obligatoire pour tous ; la
levée exige seulement un contingent par département,
avec répartition entre les communes : on enrôle d’abord
les volontaires, puis on complète pour atteindre les objectifs (question 10). Une telle procédure provoque des résistances. L’incorporation est très lente ; elle ne produira que
la moitié de l’effectif fixé. Cette conjonction de dangers
requiert aussi un gouvernement de salut public. La
Convention, après avoir rédigé une Constitution démocra-
d’abord, les troupes anciennes, qui sont bien entraînées
mais en plein désarroi après l’émigration de plus de la
moitié de leurs officiers ; leur tiédeur à l’égard du commandement révolutionnaire se traduit par des milliers de
désertions. Faire observer le document 2 p. 18 et faire
répondre aux questions 3 et 4. D’autre part, les
100 000 soldats prélevés en 1791 dans la Garde nationale,
souvent enthousiastes et pleins de bonne volonté, mais
naturellement dénués d’instruction et sans expérience du
combat. Faire décrire leur armement : le fusil à baïonnette
et le sabre (question 3). L’équipement du soldat
régulier inclut aussi les rations – pièce de viande accrochée à la baïonnette – et le matériel de cuisine : besace
légère, gourde et écumoire (question 4). En effet, plutôt
que de transporter les équipements en charrette ou
à dos de mulet, ce qui ralentit la progression du contingent, on fait porter le matériel par les hommes euxmêmes. Au premier contact avec les Autrichiens vers la
frontière belge, une partie des soldats français se débande.
Par chance, les Prussiens se font attendre durant deux
bons mois. En juillet 1792, l’armée prussienne s’ébranle :
l’Assemblée législative déclare la patrie en danger et
ouvre des listes de volontaires, qui se présentent nombreux, tandis que les Fédéraux, dont les célèbres
Marseillais, convergent sur Paris. Dans cette atmosphère
survoltée est soudain révélé, le 1er août, le fameux manifeste de Brunswick : il promet la mort à tout Français qui
résisterait à l’armée impériale et royale (commandée par
Brunswick) et l’exécution militaire si le roi et sa famille
ne sont pas respectés ni rétablis dans leur pouvoir.
L’effet produit n’est pas celui qui était escompté : le
10 août, les sans-culottes prennent d’assaut le palais des
Tuileries. Le roi se réfugie auprès de la Législative, qui ne
peut que le suspendre, l’emprisonner et convoquer une
Convention constituante nouvelle, puisque la Constitution
de 1791 est manifestement dépassée. Les Prussiens prennent Verdun le 2 septembre, menaçant déjà Paris. Faire
observer le document 3 p. 19 et faire répondre aux questions 5 et 6. Trois semaines plus tard, à Valmy, une
manœuvre astucieuse de Dumouriez et Kellermann coupe
leur retraite aux Prussiens. Faire repérer les deux carrés
français sur la gauche du tableau ; face à eux, l’alignement
prussien (question 6). La courageuse résistance à la
canonnade des jeunes troupes mêlées de vieux soldats –
faire repérer l’explosion dans le rang français (question 5)
– fait faire demi-tour à un ennemi réputé invincible, certes
surpris, mais aussi englué dans la boue, atteint par la dysenterie, et écœuré de ne recevoir aucun secours de l’allié
autrichien. Le lendemain, 21 septembre, la Convention
abolit la royauté. Le 22 septembre sera l’an I de la
République1.
➤ Activité 3 : documents 4 et 5 p. 19
« Il faut étouffer les ennemis intérieurs ou extérieurs de la
République ou périr avec elle ! »
Sauvée en septembre 1792 à Valmy, confortée en novembre par la victoire de Dumouriez à Jemmapes, exaltée par
1. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « La Révolution française », « L’héritage de la Révolution française », « Un échec : le nouveau calendrier »,
p. 10.
16
Musset, et l’imagerie d’Épinal ainsi que la peinture d’histoire sont puissamment sollicitées par la commande
publique. Plus la guerre devient carnage, plus il devient
vital de la sublimer.
– Faire observer le document 2 p. 20 et faire répondre à
la question 4. Quelques semaines après la sinistre bataille
d’Eylau (8 février 1807), qui laisse 18 000 Français et
25 000 Russes hors de combat, le directeur du musée
Napoléon, Denon, lance un concours de peinture qui
impose de montrer la visite de l’Empereur sur le champ de
bataille au lendemain de la boucherie. La toile d’Antoine
Gros montre un Napoléon consolateur, vainqueur saisi par
la pitié, les yeux élevés par la mansuétude. Un jeune
soldat russe, le bras couvert de pansements, effleure
l’Empereur pour lui marquer sa reconnaissance. Les
traces de l’hécatombe, pour autant, ne sont pas éludées.
Une baïonnette égoutte des cristaux de givre ensanglantés, la neige boueuse recouvre cadavres et blessés à
l’agonie.
– Faire observer le document 4 p. 21 et faire répondre aux
questions 7 et 8. Le 20 avril 1814, Napoléon, qui a abdiqué le 6 avril, fait ses adieux aux soldats de la Garde impériale dans la cour du château de Fontainebleau, avant son
départ forcé pour l’île d’Elbe (voir les Adieux de Napoléon
à la Garde impériale à Fontainebleau le 20 avril
1814, d’Antoine Montfort). L’épilogue de la campagne de
France de 1814 se termine dans un mélodrame. La
« légende dorée » s’en empare pour magnifier l’indéfectible fidélité des grognards de la « vieille garde ». La Garde
impériale est à la fois une garde prétorienne et une
troupe de réserve. Son effectif passe d’un peu moins de
10 000 hommes en 1804 à environ 90 000 en 1814. Les
« messieurs » de la Garde bénéficient de traitements de
faveur, tant pour les promotions que pour les cantonnements. Faire décrire le costume du grenadier à pied : habitveste en drap de laine bleu national, parements et retroussis rouges, plastron et pattes de parements blancs, boutons
en laiton, épaulettes, culotte blanche et gilet de laine
blanche, bonnet en peau d’ours (question 7). Faire comparer ce costume à celui du soldat de l’armée républicaine : on retrouve l’habit-veste bleu national, les parements et retroussis rouges, le plastron et les pattes de
parements blancs, ainsi que les épaulettes ; le pantalon
rayé blanc et rouge du sans-culotte et le bicorne surmonté
par la cocarde tricolore ont disparu (question 8).
tique qu’elle met rapidement de côté, déclare que le gouvernement de la France sera « révolutionnaire jusqu’à la
paix ». Des mesures d’une grande énergie, souvent criminelles, conduisent à la dictature des montagnards, au
Comité de salut public et à la Terreur… Résultat : fin
1793, les Vendéens sont battus et la coalition européenne
est à peu près reconduite aux frontières. Dès le printemps
1794, les succès (Fleurus) et les reconquêtes (Belgique,
Rhénanie, Savoie, confins espagnols) commencent. Les
coalisés songent à la paix, alors que le grand drame révolutionnaire atteint son paroxysme entre mars et juillet
1794, les montagnards se déchirant jusqu’à l’exécution de
Robespierre (28 juillet).
Sur les traces des victoires
et des défaites
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 20
L’insurrection vendéenne.
Faire lire le document 1 p. 20 et faire répondre aux questions 1, 2 et 3. Dès mars 1793, des jeunes s’assemblent en
de nombreux villages, s’en prennent aux symboles républicains comme les arbres de la Liberté et forment de véritables troupes. Des villes sont attaquées. Le mouvement
s’étend du Finistère aux Deux-Sèvres, de la Loire inférieure à la Sarthe et à l’Ille-et-Vilaine (question 1). Les
insurgés refusent de s’enrôler : ils ne quitteront pas leur
village pour aller combattre des ennemis lointains pour le
compte d’un gouvernement mal connu et mal aimé2 (question 2). Au nord de la Loire, les Républicains prennent
très vite le dessus. En revanche, les révoltés du sud de la
Loire s’organisent en « armées » et se donnent des chefs,
nobles (Charrette de La Contrie, La Rochejaquelein) ou
roturiers (Cathelineau, Stofflet). L’« armée » du HautPoitou et d’Anjou devient « catholique et royale ». Le basculement dans la contre-Révolution est irréversible. À partir d’octobre, sous le commandement de Kléber et
Marceau, les armées républicaines entreprennent une véritable guerre contre les Vendéens, qui se termine par le
massacre des insurgés (question 3).
➤ Activité 2 : document 2 p. 20
et document 4 p. 21
➤ Activité 3 : documents 3 et 5 p. 21
L’ambition impériale.
Le règne de Napoléon se confond avec une guerre européenne quasi continue.
Faire observer le document 3 p. 21 et faire répondre aux
questions 5 et 6. Les scansions de l’aventure impériale
sont bien connues, depuis les victoires d’Austerlitz (1805,
sur l’Autriche), d’Iéna (1806, sur la Prusse) et de
Friedland (1807, sur la Russie). Montrer ensuite le Grand
Empire, ses 130 départements, ses royaumes vassaux ou
alliés, le dernier grand triomphe de Wagram (1809), suivi
du mariage autrichien et de la naissance du « roi de
L’Empereur est plus souvent en campagne qu’aux
Tuileries. Entre 1805 et 1809, trois coalitions ne viennent
pas à bout d’une conquête qui mène la Grande Armée
d’Austerlitz à Wagram, sans oublier Vienne, Madrid,
Berlin, Varsovie… Pourtant, la dureté des combats est
occultée par la « légende dorée ». Les bulletins de la
Grande Armée bercent la génération des Vigny et des
2. Habitués à leurs « bons prêtres », les paysans de l’ouest refusent les « jureurs » mais accueillent avec joie l’abolition des taxes seigneuriales car ils n’adorent pas spécialement leurs seigneurs. En revanche, ils prennent mal l’installation de municipalités dominées par les bourgeois et l’achat massif par ceux-ci
des biens nationaux, qu’ils convoitent sans le dire…
17
Rome »3 (1811), puis la chute, venue par l’Espagne, la
Russie (1812) et l’Allemagne (désastre de Leipzig, 1813),
et enfin, l’invasion et la première abdication (avril 1814)
avant le retour et les Cent-Jours, clos à Waterloo (question 5). Napoléon n’inaugure pas la guerre de conquête,
déjà bien entamée par le Directoire (1795-1799), mais il
lui donne une extension inédite. Entre 1805 et 1807, la
défaite successive des trois principales puissances continentales – Autriche, Prusse et Russie – redessine la carte de
l’Europe. La mainmise sur l’Italie devient complète avec
l’annexion du royaume de Naples. Le Saint-Empire romain
germanique vole en éclats avec la création de la
Confédération du Rhin. Dans le même temps, l’Europe est
fermée aux exportations anglaises par le blocus continental.
Après 1807 et l’alliance franco-russe conclue à Tilsit, la
politique de puissance se porte sur la Méditerranée, maillon
faible du blocus continental. Une guerre sans merci est
menée en Espagne et au Portugal. L’édifice bâti en une
décennie couvre en 1811 la quasi-totalité de l’Europe, à
l’exception de l’Angleterre. L’agrégat d’États aux statuts
différents mérite le nom de « système continental ». Au
cœur du dispositif, le Grand Empire regroupe 130 départements et près de 50 millions d’habitants. Autour de lui gravitent des États satellites qui sont soit dirigés par des
Bonaparte (Joseph est roi d’Espagne, Louis roi de
Hollande, Jérôme roi de Westphalie) ou par des proches
(Murat et Bernadotte deviennent rois de Naples et de Suède,
Masséna prince d’Essling, Lefebvre duc de Dantzig), soit
laissés à leurs souverains lorsqu’ils ont fait allégeance à
l’Empereur (Bavière, Wurtemberg). Enfin, les intérêts ou
les menaces obligent des pays comme l’Autriche, le
Danemark ou la Russie à conclure des accords avec la
France (question 6). Mais le reflux commence dès 1812,
dans l’immensité de la Russie. Faire lire le document 5 p.
21 et faire répondre à la question 9. L’armée de Koutousov,
l’incendie de Moscou et les eaux glacées de la Berezina ne
suffisent pas à expliquer la débâcle de la Grande Armée :
l’activité de francs-tireurs et la tactique de la terre brûlée
viennent aussi des moujiks, fanatisés par leurs popes, qui
voient en Napoléon, créature de la Révolution, l’image du
Diable ou de l’Antéchrist. Affamés, trempés, maraudeurs
par nécessité, les soldats français sont confrontés à des souffrances inédites, tout comme leur Empereur, se traînant à
pied à côté des aigles en berne. Le pillage économique, les
levées d’hommes dans les pays occupés, l’arrogance de
Napoléon déclenchent une guerre de libération nationale en
Espagne, puis en Allemagne. Au sortir de cette épopée, près
de 1 million de Français ont perdu la vie.
appelés sous les drapeaux en vertu de la loi JourdanDelbrel) et des prélèvements sur les pays occupés.
L’effectif est certes considérable, mais les Français mobilisés ne représenteront jamais plus de 3 % de la population
(alors que le taux atteindra 20 % pendant la Première
Guerre mondiale).
➤ Activité possible
Travailler avec les élèves sur la loi du 28 octobre 1997
réformant le service national. La disparition de la
conscription (et donc la professionnalisation des armées)
crée de nouveaux devoirs pour les citoyens, notamment
pour les plus jeunes : 1) les principes et l’organisation de
la défense nationale et de la défense européenne font l’objet d’un enseignement obligatoire en classe de 3e ; 2) le
recensement est obligatoire entre 16 et 18 ans ; 3) la participation à la Journée d’appel de préparation à la défense,
obligatoire, concerne aussi bien les garçons que les filles.
Le souvenir des victoires
napoléoniennes
Se reporter au texte du livre de l’élève p. 22.
➤ Activité possible
Travailler avec les élèves sur le maréchalat d’Empire.
Supprimée par la Révolution, cette dignité militaire
d’Ancien Régime est rétablie par le sénatus-consulte du
18 mai 1804 sous le titre de « maréchal d’Empire », attribuée dès le lendemain à 14 généraux et 4 sénateurs. Les
boulevards qui entourent la seconde enceinte de Paris portent les noms de maréchaux d’Empire et sont nommés
pour cette raison « boulevards des maréchaux ».
Augereau, Bernadotte, Grouchy, Marmont, Moncey,
Oudinot et Pérignon n’ont pas de boulevard ; Augereau,
Moncey, Oudinot et Pérignon ont toutefois leur rue, mais
Bernadotte, Grouchy et Marmont, considérés comme des
traîtres, ne sont pas honorés par Paris.
L’école militaire de Saint-Cyr
C’est à Napoléon Bonaparte que l’on doit la création de
l’École militaire en 1802. Installée d’abord à
Fontainebleau, puis à Saint-Cyr (près de Versailles) en
1808, elle forme pendant 150 ans l’élite des officiers de
l’armée de terre. Après la guerre de 1870, les landes de
Coëtquidan (Morbihan) sont utilisées comme champ de tir
d’artillerie, puis comme terrain de manœuvre, avant que
soit créé, au début du XXe siècle, le camp actuel. Les bâtiments de Saint-Cyr ayant été détruits en 1944, décision est
prise en 1945 de former les officiers d’active de l’armée
de terre à Coëtquidan, dans une école baptisée « École
spéciale militaire interarmes ». À partir de 1961, elle se
sépare en deux écoles : l’École spéciale militaire SaintCyr et l’École militaire interarmes, qui forment toutes
deux les officiers des armes. En 1977, une troisième école
est créée à Coëtquidan, destinée à former les élèves officiers des services de l’armée de terre, du service de santé
et du service des essences (expert pétrolier des armées) :
L’héritage des conquêtes
de la Révolution et de l’Empire
Le service militaire
La masse des armes impériales provient de la conscription
(entre 1804 et 1814, plus de 2 millions d’hommes sont
3. Afin de donner une descendance à sa dynastie, Napoléon divorce de Joséphine restée stérile. Après l’échec des pourparlers en vue d’épouser la sœur du
tsar Alexandre Ier, une alliance est conclue avec les Habsbourg. Le 2 avril 1810, Napoléon épouse Marie-Louise de Habsbourg, fille de François Ier et nièce
de la défunte Marie-Antoinette. L’événement est dûment célébré à Paris, de même que la naissance du roi de Rome en 1811.
18
pierre de Rosette, qui comporte des inscriptions en égyptien ancien et en grec. Même les meubles adoptent le style
baptisé « retour d’Égypte » et l’art décoratif utilise des
têtes de sphinx et des hiéroglyphes…
c’est l’École militaire du corps technique et administratif
(EMCTA).
➤ Activité possible
Organiser la visite du musée du Souvenir des Écoles de
Saint-Cyr Coëtquidan (56381 Guer Cedex, www.st-cyr.
terre.defense.gouv.fr ou www.tourismebretagne.com.
Accueil du musée : 02 97 70 77 50. Réservations et
groupes : 02 97 70 77 51 ou 77 52 ou 77 48). Le musée
expose de nombreux objets personnels : dessins, documents authentiques, armes, costumes et reliques familiales, provenant des écoles et des officiers qui en sont
issus ; de Gaulle, Lyautey, de Foucauld ou Napoléon
Bonaparte y ont aussi leur place.
Pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour qu’ils trouvent les mots-clés de
la leçon. Par exemple, « guerres de la Révolution »,
« Valmy », « La Marseillaise », « Napoléon Bonaparte »,
« guerres de l’Empire », « Grande Armée ». Mettre en
relation chacun de ces mots avec les repères figurant dans
la chronologie p. 18. Mettre en commun les réponses et
écrire ensemble le résumé de cette séquence.
Des expressions populaires
Se reporter au texte du livre de l’élève p. 22.
Les débuts de l’égyptologie
Bibliographie
Napoléon Bonaparte prend la tête de la campagne
d’Égypte en 1798. Les 170 archéologues, astronomes, linguistes, historiens et botanistes embarqués n’ont d’autre
justification que d’apporter une caution intellectuelle à
l’expédition et d’attirer les bonnes grâces de l’Institut sur
Bonaparte. Sa mission marque le début d’une période
d’égyptomanie qui n’a cessé, dès lors, de sévir en France.
Les bases de l’égyptologie reposent sur une œuvre monumentale intitulée La Description de l’Égypte, un ouvrage
en vingt volumes contenant de nombreux croquis réalisés
par Vivant Denon. Champollion met au point un dictionnaire et une grammaire des hiéroglyphes en étudiant la
– J. Tulard, La France de la Révolution et de l’Empire,
coll. « Quadrige », PUF, 2004.
– Revue L’Histoire : J.-M. Gaillard, « Valmy : la légende
héroïque », n° 125, pp. 16-23 ; F. Attar, « 1792 : la
France déclare la guerre à l’Europe », n° 159, pp. 2633 ; F. Lebrun, « La déroute de l’armée vendéenne »,
n° 155, pp. 8-13 ; J.-C. Martin, P. Leclercq, A. Gérard,
« Vendée : les crimes des colonnes infernales », n° 176,
pp. 84-93.
19
S’habiller à la manière de… les chasseurs à cheval
Pages 24 et 25 du dossier
Référence aux Instructions officielles
L’Histoire aide l’élève à construire une première intelligence du temps historique. Elle lui donne les références culturelles nécessaires pour que le monde des hommes commence à prendre un sens pour lui. Appuyés sur une première
découverte du document en histoire, les enseignants élargissent la curiosité des élèves et leur offrent des connaissances qui pourront être réinvesties utilement en littérature, en sciences expérimentales ou en éducation artistique.
Plus largement, la comparaison avec des sociétés différentes dans le temps et l’espace doit permettre à l’élève de se
construire une identité forte, à la fois sûre d’elle-même et ouverte, fondée sur la conscience de s’inscrire dans un héritage et de participer à l’aventure d’un espace commun à tous les hommes.
Compétences
• Être capable de choisir la mise en forme la mieux adaptée à son travail (dessin légendé, tableau, dessin).
• Être capable de justifier son choix.
• Être capable de décrire les uniformes avec les termes adaptés.
• Être capable d’effectuer des recherches complémentaires en bibliothèque ou sur Internet.
L’exploitation pédagogique en classe
parements rouges, pantalon de peau jaune, bottes à la hongroise bordées d’un galon jaune, pelisse écarlate avec
galon jaune, fourrure de pelisse noire, gilet rouge avec
galon jaune, ceinture vert et jaune, sabretache et colback à
flamme rouge, plumet vert et rouge.
➤ Activité 1 : « Je découvre qui sont
les chasseurs à cheval »
La Garde impériale fut créée par Napoléon Bonaparte le
28 floréal an XII (18 mai 1804) à partir de l’ancienne
Garde des consuls. À l’origine, la Garde a pour rôle la protection de l’Empereur. Mais, très vite, elle devient un
corps d’armée d’élite entièrement dévoué à la personne de
Napoléon et un corps de réserve de l’armée. Composée
des plus valeureux soldats, elle passe de 9 800 hommes en
1804 à plus de 112 000 en 1814.
La Garde impériale se divise en « Jeune Garde »,
« Moyenne Garde » et « Vieille Garde », chacune possédant ses unités de cavalerie, d’infanterie et d’artillerie.
(Quand un soldat de la Vieille Garde partait en retraite, il
devenait « un vieux de la Vieille Garde », d’où l’expression « les vieux de la Vieille ».)
Au sein de la Garde impériale, le corps de cavalerie des
chasseurs à cheval constitue l’unité favorite de
l’Empereur. Ces soldats revêtent l’uniforme le plus prestigieux (le célèbre uniforme vert) et bénéficient de divers
avantages : leur solde est supérieure à celle des autres soldats, ils sont prioritaires pour le ravitaillement au cours
des campagnes, et, en temps de paix, ils ont la chance de
pouvoir être souvent en repos à Paris.
➤ Activité 3 : « Je décris un uniforme
de chasseur de la Garde »
L’activité demandée aux élèves se rattache à la fois aux
objectifs de français et aux objectifs transversaux méthodologiques et organisationnels.
Objectifs de français :
– transformer un document iconographique en un document « texte » ;
– mettre en forme une production d’écrit ;
– hiérarchiser les éléments iconographiques pour faire
figurer dans la description seulement les éléments les plus
probants ;
– produire un travail qui respecte les normes d’écriture et
d’orthographe de la langue.
Objectifs méthodologiques : le fait de passer d’une image
à un texte permet d’aborder les questions liées à la description. Le piège dans cet exercice est que les élèves se
focalisent sur les détails : pour eux, il est en effet important de tout décrire. L’objectif de l’enseignant est de les
aider à hiérarchiser leur description ; il faut les aider non
pas à sélectionner ce qui est à décrire ou pas, mais à choisir l’ordre.
➤ Activité 2 : « Je découvre les uniformes
des chasseurs à cheval »
Alors que les soldats de l’armée de Napoléon sont souvent
mal vêtus, l’uniforme des chasseurs à cheval est toujours
impeccable. L’Empereur lui-même revêtait souvent l’uniforme de colonel des chasseurs à cheval.
À l’origine, les chasseurs à cheval ont un uniforme semblable à celui des Guides de Bonaparte, à la seule différence qu’ils sont coiffés d’un colback au lieu du chapeau.
Peu à peu, l’uniforme prestigieux prend forme : dolman
vert garni de galons, tresses et franges jaunes, collet vert,
Il est nécessaire que les élèves soient familiarisés par
avance avec l’utilisation des tableaux ou des dessins
légendés comme outil de présentation de leurs travaux.
Les dessins légendés sont plus souvent utilisés en
sciences, mais, dans l’objectif du collège, il est important
de familiariser les élèves avec une autre utilisation de ces
dessins (géographie, histoire, mathématiques).
20
Pour les élèves en difficulté, l’enseignant pourra proposer
un travail simplifié, qui peut prendre diverses formes :
chait le camouflage, ou bien que les conditions de vie, de
ravitaillement et d’hygiène sont longtemps restées très
précaires.
– tableau avec les noms de certains habits seulement : cela
permettra à l’élève de se concentrer sur la description. Il
n’aura pas à mettre en forme ses réponses ni à sélectionner les pièces d’uniforme ;
– description préécrite à rapprocher des pièces d’uniforme :
ce travail de mise en relation dispensera l’élève des
contraintes de l’écriture. Il pourra se concentrer sur la lecture et sur la compréhension ;
– dictée des descriptions à l’adulte : l’élève n’aura pas à
faire l’effort de l’orthographe et de la grammaire. Il
pourra se concentrer sur la description.
Les recherches peuvent se poursuivre sur l’uniforme des
soldats d’autres nationalités : par exemple, les élèves
étrangers pourront, sous forme d’exposé, présenter l’uniforme de leur pays. Ce travail permet également d’ouvrir
des portes sur l’éducation civique (les enfants soldats, les
droits de l’homme…) ou sur la géographie.
Le travail peut se prolonger avec un « rallye historique »
avec les élèves des autres classes, qui consistera à :
– faire correspondre quelques pièces d’uniforme avec
leurs descriptions ;
– retrouver à quel corps de soldats appartiennent les uniformes ;
– décrire rapidement une pièce d’uniforme.
Pour les élèves ayant des difficultés avec l’écriture, l’enseignant pourra aménager les tâches à effectuer : les descriptions pourront être préécrites dans un tableau à part,
que l’élève devra faire correspondre à la bonne pièce
d’uniforme. Dans ce travail, l’élève met en relation un
objet texte et un objet iconographique. Ses tâches principales sont la lecture et la compréhension ; il est soulagé de
la partie description et écriture.
Bibliographie
Si les difficultés de l’élève se polarisent plutôt sur les
contraintes orthographiques, l’enseignant pourra proposer :
– un travail à deux : un élève se charge de la description,
l’autre des contraintes orthographiques ;
– un travail sous forme de dictée à l’adulte : l’élève prépare son travail oralement et l’adulte le transcrit par écrit.
– M. Gallo, Napoléon. Tome 2 : le soleil d’Austerlitz,
Pocket, 1998.
Cet ouvrage permet une remise à niveau des connaissances historiques sur la période et sur l’homme.
– R. Holmes, Napoléon : avec 40 fac-similés de documents rares, Gründ, 2006.
Fac-similés de documents d’époque pour les passionnés
de l’époque et de l’homme.
– A. Pigeard, L’Armée de Napoléon : organisation et vie
quotidienne, Tallandier, 2003.
Ce livre permet de pénétrer le quotidien des soldats de
la Grande Armée.
Pour les élèves qui sont rétifs à la mise en forme, l’enseignant pourra :
– alléger le travail en proposant de décrire uniquement
quelques parties de l’uniforme ;
– proposer une mise en forme d’un autre type que le texte :
tableau, catalogue de vente…
L’élève pourra alors se concentrer sur la description.
Pour aller plus loin
Ce travail de description peut permettre d’amorcer des
recherches sur Internet à propos des différents uniformes
militaires selon la période historique.
Plusieurs musées – comme celui des Invalides à Paris –
proposent des vitrines très attractives sur les uniformes et
les équipements des soldats. Les élèves sont toujours très
étonnés de réaliser que le paquetage des soldats est particulièrement lourd et qu’il comporte parfois des objets
pouvant sembler inutiles. Ils découvrent aussi que la couleur des uniformes était souvent très voyante, ce qui empê-
Sites
– http://www.napoleon.org
Un site très sérieux de la Fondation Napoléon.
– http://ameliefr.club.fr
Le site officiel sur Napoléon Bonaparte.
– http://www.curiosphere.tv/napoleon/site
Ce site éducatif très large propose différents documents
sur Napoléon, notamment sur son sacre.
21
Le temps de l’industrie
Pages 26 à 31 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Mécanisation, progrès de la métallurgie, concentration des usines et des ouvriers, rôle nouveau de la banque, accélération des transports et triomphe du chemin de fer (en attendant l’automobile et l’aviation) : tout cela caractérise assez
sommairement la montée en puissance du capitalisme industriel au XIXe siècle.
Compétences
• Appréhender le temps en situant les étapes du processus d’industrialisation.
• Étudier un document patrimonial : la locomotive à vapeur, par exemple.
• Caractériser une période : le cercle vertueux du machinisme, de la baisse des prix industriels et de la croissance des
profits place l’Europe en position hégémonique ; elle est, pour un siècle, l’« atelier du monde ».
Photofiche
Voir la photofiche p. 54.
cours d’eau pour produire de l’électricité (Aristide Bergès,
1889) déterminent le triomphe de cette énergie nouvelle.
Pour la première fois, la communication ultrarapide à
longue distance est établie grâce au télégraphe électrique,
puis grâce au téléphone (Alexander Graham Bell en 1876)
et à la télégraphie sans fil (TSF, 1889). Les activités industrielles sont de plus en plus diverses et complexes. Elles
courent après la science et la technique, qui subissent un
processus d’emballement au début du XXe siècle.
Qu’est-ce que
« le temps de l’industrie » ?
Le contexte historique
En Angleterre au moins, la révolution industrielle mérite
bien son nom. De 1780 à 1880, une croissance sans précédent du produit industriel introduit des ruptures en
chaîne dans l’économie, la société, les paysages mêmes.
Cette première industrialisation est fondée sur le système
technique charbon-fer-textile : le charbon et le fer permettent l’alimentation énergétique et la fabrication de
machines capables de transformer le coton, le lin et la
laine. L’étude de la chronologie p. 26 montre que le décollage industriel est amené par une série d’innovations dans
les secteurs de l’énergie, de la métallurgie et du textile,
entre 1760 et 1790 : la machine à vapeur de James Watt en
1769 ; le puddlage1 d’Henry Cort en 1784 ; la Spinning
Jenny (machine à filer) de James Hargreaves (1767), la
Mule Jenny (machine à tisser) de Samuel Crompton
(1779)… Ces innovations permettent à la fois d’augmenter le volume des productions et de diminuer leur coût. Par
exemple, le prix de revient des cotonnades baisse de 85 %
entre 1779 et 1812. L’économie anglaise atteint un degré
de spécialisation extrême : l’Angleterre, avec 2 % de la
population mondiale, fournit 53 % de la production de fer
et 49 % de la consommation de coton en 1850 !
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 26
L’Europe est l’« atelier du monde ».
Faire observer le document 1 p. 26 et faire répondre aux
questions 1 et 2. Partir d’une idée simple : le fer et la
houille sont les moteurs de la croissance économique pendant la première industrialisation (avant l’utilisation de
l’électricité et du pétrole). Pour éviter les transports coûteux, l’industrie se concentre donc à proximité de ces ressources naturelles (question 1) :
– La croissance anglaise repose sur les ressources des
Midlands, du pays de Galles et de l’Écosse centrale. La
production de charbon passe de 10 millions de tonnes en
1789 à 22 millions de tonnes en 1830, pour atteindre 50
millions de tonnes vingt ans plus tard. La
production de fer passe de 33 000 tonnes en 1770 à
630 000 tonnes en 1830, et dépasse les 2 millions de
tonnes en 1850. C’est aussi l’Angleterre qui compte le
plus grand nombre de voies ferrées (question 2). Elle possède en 1840 un réseau sextuple du réseau français, tient
le premier rang européen, puis le deuxième quand
l’Allemagne (plus vaste) la dépasse vers 1870-1880 ; la
France vient loin derrière, et la Russie la dépasse même en
1900.
Puis la production industrielle se diversifie grâce au chemin de fer (première locomotive à vapeur de Georges
Stephenson en 1814), qui devient l’investissement de base
entre 1850 et 1880. La demande en acier2 accélère la
mutation du système technique, qui combine chimie, électricité, pétrole, et automobile après 1880. L’invention de la
dynamo (Zénobe Gramme, 1872), puis de l’ampoule électrique (Thomas Edison, 1878), et l’intuition d’exploiter les
1. Ce procédé permet d’obtenir du fer ou de l’acier à basse teneur en carbone, par brassage (to puddle) de la fonte avec une scorie oxydante au four.
2. Le convertisseur de l’ingénieur anglais Bessemer (1855) permet de produire de l’acier en grande quantité et à moindre coût.
22
Les conditions de travail à l’usine sont une réalité terrible
pour les ouvriers. Faire lire le document 4 p. 27 et faire
répondre aux questions 8 et 9. Pour les écrivains de
l’époque, c’est l’occasion d’inventer un nouveau « type »
littéraire : celui du prolétaire évoluant dans un environnement de désolation, comme le montre la description de
Liège par Victor Hugo (question 9). Liège est un grand
centre sidérurgique de la Belgique et un port fluvial au
confluent de la Meuse et de l’Ourthe ; elle est reliée au
bassin houiller de la Campine (question 8). Faire relever
une ou deux phrases : « On croirait qu’une armée ennemie
vient de traverser le pays » ; « Cette copie effroyable de la
dévastation est faite par l’industrie ». On pourra préciser
aux élèves que le concept d’écologie, inventé par le biologiste allemand Haeckel en 1866, est contemporain de la
première industrialisation.
– En France, la mise au point de machines à vapeur, l’essai du coke dans les hauts fourneaux et la mécanisation
dans le textile montrent que, vers 1780, les prémices d’une
industrialisation sur le modèle anglais sont bien posées.
Le taux de croissance annuel moyen (1 à 2 %) entre 1750
et 1780 rapproche la France de l’Angleterre qui, partie
plus tôt, ne fait pas mieux. Mais les guerres de la
Révolution et de l’Empire brident le décollage industriel3.
La croissance décalée des années 1830-1850 repose sur le
charbon du Nord (Anzin4) et de la Loire (Saint-Étienne),
puis, après 1850, du Pas-de-Calais. Le fer lorrain est
exploité pendant plus de deux siècles5. Mais les ressources
sont insuffisantes : la production de charbon ne couvre en
1880 que 70 % de la demande ; le fer lorrain contient trop
de phosphore pour produire de l’acier.
– Vers 1850, les démarrages industriels de la Belgique et
de l’Allemagne copient celui de l’Angleterre (trilogie
classique « charbon-fer-textile »). En Belgique, l’industrie
se concentre sur le sillon houiller de Sambre et Meuse, et
en Allemagne dans la Ruhr.
Pour aller plus loin
Si les écrivains, notamment Émile Zola, dénoncent à juste
titre la dureté du sort réservé aux ouvriers, il faut aussi
tenir compte du dolorisme de l’époque : le XIXe siècle
apprécie la pose et fait une grande place aux tactiques de
l’apitoiement. Il faut se méfier notamment des autobiographies ouvrières6 : parfois coulées dans une forme romanesque, elles ont souvent pour fonction d’émouvoir ou
d’illustrer et de conforter une action militante.
➤ Activité 2 : documents 2, 3 et 4 p. 27
L’univers de l’usine.
Faire observer le document 2 p. 27 et faire répondre aux
questions 3 et 4. L’usine symbolise le changement. Elle
crée un paysage fait de bâtiments d’une taille inusitée
où dominent la brique, la fonte et le fer. Elle s’organise
autour de gros équipements : alignement de Mule Jennies,
presses mécaniques ou batteries de hauts fourneaux crachant leur fumée (question 3). Quelques baraquements en
bois situés à proximité de l’entrée de l’usine montrent que
des populations vivent tout près de ce lieu de production
(question 4).
Sur les traces des progrès
techniques et scientifiques
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
Faire observer le document 3 p. 27 et faire répondre aux
questions 5, 6 et 7. Le village du Creusot est un lieu-dit
situé au nord-est de Montcenis, près d’Autun, dans la vallée de la Charbonnière, où on recueillait le charbon de très
ancienne date. Entre 1782 et 1785, on y construit l’usine
métallurgique la plus moderne d’Europe (Angleterre
exceptée). L’entreprise prend son essor sous l’impulsion
d’une grande famille de maîtres de forges, les Schneider,
qui rachètent l’usine en 1835 : de 3 000 salariés en 1840,
la main-d’œuvre passe à 6 000 en 1860 ; entre 1847 et
1865, les tonnages de fonte et de fer sont quintuplés. Entre
1860 et 1867, les Schneider adoptent une politique d’expansion résolue des équipements, qui dilate l’espace de
l’usine. S’accroissant de dix hauts fourneaux, celle-ci dispose d’une nouvelle forge aux proportions inédites : couvrant 12 hectares, longue de 500 mètres et large de
240 mètres, elle comprend des zones de puddlage, de
laminoirs et de fabrication de locomotives et de rails
(question 5). Ici, une dizaine d’hommes forgent au marteaupilon un rail dans une température difficilement supportable.
Un cadre surveille la manœuvre (questions 6 et 7).
➤ Activité 1 : documents 1 et 2 p. 28
Sa Majesté la machine.
La mécanisation agricole n’est qu’un cas particulier du
phénomène général de mécanisation des activités productives. Il y a mécanisation chaque fois que l’homme utilise
un objet qu’il a inventé et fabriqué pour faciliter une de ses
actions bien définie et répétitive. La mécanisation a
d’abord englobé les outils, les instruments, puis les
machines animées par des moteurs. La motorisation a
d’abord fait appel à la vapeur, puis aux moteurs à explosion. Faire observer le document 1 p. 28 et faire répondre
aux questions 1, 2 et 3. Faire repérer la machine à vapeur
sur la gauche de l’affiche : faire distinguer le foyer où
brûle le charbon, la chaudière où l’eau est chauffée, la cheminée d’évacuation des fumées (question 1). Le battage
des céréales se faisait manuellement jusqu’à l’utilisation
de la machine à vapeur (questions 2 et 3).
La mécanisation s’applique aussi aux transports terrestres.
Faire observer le document 2 p. 28 et faire répondre aux
3. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « Les guerres, de 1792 à 1815 », pp. 18 à 23.
4. Le bassin minier d’Anzin, près de Valenciennes, est découvert en 1734. L’exploitation ne commence à être rentable qu’en 1757, lorsque le prince de Croÿ
reprend l’entreprise sous la forme d’une société par actions. La Compagnie des mines d’Anzin extrait à elle seule la moitié de la production nationale de charbon.
5. La sidérurgie lorraine est dominée par une famille dont le nom est, à lui seul, un symbole du capitalisme industriel : les Wendel.
6. M. Nadaud, Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon, Hachette, 1976 ; N. Turquin, Mémoires et aventures d’un prolétaire à travers la Révolution,
Maspero, 1977 ; J. Bouvier, Mes mémoires ou cinquante-neuf années d’activité industrielle, sociale et intellectuelle d’une ouvrière, La Découverte, 1983.
23
mines. Les femmes sont très nombreuses dans les services, mais elles ne jouent pas pour autant la fonction
d’une armée de réserve. Non concurrentes des hommes,
elles favorisent plutôt la qualification et la promotion de
ces derniers. Ainsi, la féminisation des bureaux téléphoniques fait que les postes de techniciens et de contremaîtres sont occupés par des hommes (question 8).
questions 4, 5 et 6. Le 15 septembre 1829 est inaugurée la
ligne reliant Liverpool à Manchester, pour laquelle George
Stephenson a mis au point la Rocket, une locomotive à
vapeur capable de remorquer 13 tonnes à 22,5 km/h sur un
parcours continu de 112 km ; quelques jours après l’ouverture de la ligne, la Rocket bat son propre record en remorquant une charge de 40 tonnes, soit dix fois son poids, puis
en atteignant une vitesse de 85 km/h sur 6 500 mètres. Faire
observer la réserve à charbon accrochée à la locomotive
(question 4). Les wagons ressemblent beaucoup aux fourgons des diligences : les bagages sont chargés sur le toit, par
exemple (question 5). Le chemin de fer permet :
– l’accélération des mobilités. Jusqu’au milieu du siècle,
les voyageurs prennent la traditionnelle diligence ; très
lourde, pesant plus de 2 tonnes à vide, dotée de trois compartiments correspondant à trois classes tarifaires, tirée
par des chevaux ne progressant qu’au trot, elle couvre
10 km par heure. Le voyageur pressé emprunte la malleposte, plus légère, qui, grâce à des relais de chevaux,
effectue des trajets à une vitesse de 20 km/h. Le chemin de
fer fait exploser ces vitesses. Par exemple, l’ouverture du
tronçon Amiens-Boulogne le 17 avril 1848 permet la liaison Paris-Londres en 13 heures, le parcours Paris-Le
Havre s’effectuant en 1854 en 4 heures et 20 minutes à la
vitesse commerciale de 52,6 km/h… ;
– la réduction du coût du transport. En trente ans, la
Rocket ramène le coût du transport terrestre au sixième de
ce qu’il était avec la diligence (question 6).
➤ Activité 3 : document 4 p. 29
L’hégémonie scientifique de l’Europe.
L’Europe a les plus grands mathématiciens (Jordan,
Poincaré) et de remarquables physiciens (Maxwell, Herz,
Röntgen, Branly, Joffe, Geiger, Pierre et Marie Curie).
Liebig et Berthelot sont à la base de la création de la chimie organique. Les biologistes en arrivent souvent aux
applications pratiques grâce aux travaux de Pasteur, Koch,
Yersin ou Roux. Faire observer le document 4 p. 29 et
faire répondre aux questions 9, 10 et 11. Dans son laboratoire de l’École normale supérieure, Louis Pasteur met
au point une méthode de conservation des liquides alimentaires consistant à soumettre le produit à l’action de la
chaleur (question 9). La pasteurisation rapide (en anglais
High Temperature Short Time – HTST) garantit la destruction totale des formes végétatives de tous les microorganismes et l’intégrité des propriétés organoleptiques du
produit. Elle est effectuée au moyen d’échangeurs qui
chauffent le produit jusqu’à une température de 72-85 °C
pendant 5 à 30 secondes, puis le refroidissent. La pasteurisation à température ultrahaute (Ultra High Temperature
– UHT) utilise des échangeurs qui chauffent le produit
jusqu’à 90 °C pendant 1 seconde (question 10). La pasteurisation laisse pressentir la possibilité d’agir sur le
développement des micro-organismes : en découvrant –
par culture et atténuation du virus – le vaccin antirabique
(1881), Pasteur ouvre la voie d’un secteur thérapeutique,
celui de la vaccinothérapie et de la vaccinoprophylaxie
(question 11).
➤ Activité 2 : document 3 p. 29
La communication ultrarapide à distance.
La machine intervient aussi dans la diffusion de la pensée,
avec l’invention du télégraphe (Samuel Morse, 1840), de
la rotative (William Bullock, 1863), de la machine à écrire
(1870), de la Linotype (Ottmar Mergenthaler, 1884), du
téléphone (Alexander Graham Bell, 1876) et de la TSF
(1889). La photographie débouche sur le cinéma (1895).
Ces inventions sont à l’origine de nouveaux métiers. Faire
observer le document 3 p. 29 et faire répondre aux questions 7 et 8. Un bureau téléphonique est surtout composé
de femmes plutôt âgées (les « demoiselles du
Téléphone »), de quelques adolescents (leurs aides, en
uniforme) et de très rares hommes (techniciens en blouse
blanche et contremaîtres en costume) ; c’est un lieu clos,
quadrillé par les machines que servent les opératrices. Il y
règne une discipline stricte : il est interdit de parler, de
chanter, de manger, de quitter sa place ou de sortir sans
permission et sans remplaçante, sous peine d’amende et
de renvoi (question 7). On peut raccrocher cette image à
la féminisation des actifs. En effet, la faiblesse de la natalité française et les restrictions apportées au travail des
enfants accroissent la demande des industriels concernant
l’emploi des filles mineures et des femmes. Alors qu’en
Angleterre ce taux d’emploi décline après 1850, il progresse en France : en 1906, les femmes forment 40 % de
la population active et leur taux d’activité est de 36,2 %.
Leur part grandit même dans les secteurs de la métallurgie
et de la chimie. En revanche, elles quittent le fond des
L’héritage des progrès
techniques et scientifiques
L’amélioration des communications
dans la ville
Après les travaux d’Haussmann7, les rues de Paris sont une
nouvelle fois éventrées pour la construction d’un chemin
de fer souterrain confiée en 1896 par le conseil municipal
à Fulgence Bienvenüe. Fin 1909, 63 km de voies sont
livrés à l’exploitation. Une nouvelle section est ouverte en
1916 entre Opéra et Palais-Royal. Pendant l’entre-deuxguerres, de nouveaux prolongements se font vers la banlieue, soit 32 km de voies, toujours confiés à Bienvenüe,
alors âgé de près de 80 ans. Ce n’est que trois ans plus tard
qu’il prend sa retraite, après que le conseil municipal lui a
décerné l’honneur de voir son nom attribué à la fois à la
place du Maine et à la station désormais appelée
« Montparnasse-Bienvenüe ». Il meurt en 1936, au
7. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « La société du XIXe siècle », « L’héritage de la société du XIXe siècle », « Les immeubles haussmanniens », p. 36.
24
parvient le premier avec le moteur Antoinette, mais c’est
un Brésilien, Alberto Santos-Dumont, qui, avec ce moteur
et sur un aéroplane de sa construction, va inscrire son nom
à la première ligne d’un palmarès unique au monde, celui
des records d’aviation. Le 12 novembre 1906, sur la
pelouse de Bagatelle (Paris), Santos-Dumont s’attribue les
trois premiers records du monde : durée (21 secondes et
1/5e), distance (220 mètres) et vitesse (41,2 km/h). Le
13 janvier 1908, Henri Farman réussit le premier kilomètre en circuit fermé officiellement contrôlé ; en octobre, il
réussit une autre première, la liaison de ville à ville (BouyReims, 27 km). En octobre 1908 également, Wilbur
Wright bat en France le record de distance, avec 66,6 km.
Il terminera l’année avec 124,7 km. Le vrai départ est
donné ; courses et meetings vont se succéder, au cours
desquels de nouveaux noms vont apparaître : Blériot,
Breguet, Latham, Curtiss, Roe, Rolls ou Grahame-White.
Louis Blériot attache son nom à un exploit : la traversée de
la Manche, le 25 juillet 1909.
moment où le métro a gagné la partie contre le tramway
électrique, dont le dernier exemplaire rentrera au dépôt en
1937.
Les luttes ouvrières et le drapeau rouge
8
« Les barbares qui menacent la société ne sont point au
Caucase ni dans les steppes de la Tartarie : ils sont dans les
faubourgs de nos villes manufacturières ! » s’exclame
Saint-Marc Girardin dans le Journal des débats au lendemain de la révolte des canuts de Lyon en 1831. « L’émeute
s’est battue aux cris de “Vive la République sociale !” et,
comme commentaire de ce cri de ralliement, elle a écrit
sur plusieurs de ses drapeaux “Pillage et viol”, s’insurge
un journaliste du Constitutionnel après les émeutes de juin
1848. L’essayiste Paul de Saint-Victor décrit « l’orgie
rouge » de la Commune de 1871. On est bien loin des philanthropes des années 1840 découvrant la question
sociale. Désormais, on est dans le combat qui oppose prolétaires et capitalistes : d’un côté le prolétaire, contraint de
vendre sa force de travail pour survivre, de l’autre le capitaliste, qui doit lutter pour accumuler. Cette tragédie du
monde moderne trouve en Karl Marx son augure : « Un
spectre hante l’Europe, le spectre du communisme. »
C’est par ces rudes paroles que s’ouvre le Manifeste du
parti communiste (1848). Parce qu’il confisque au travailleur une part de la valeur de son travail, parce que la
course à l’accumulation provoque le remplacement accéléré de l’homme par les machines, parce que la croissance
du capital aux dépens du travail abaissera fatalement le
taux de profit, parce que la paupérisation de la classe
ouvrière s’accroîtra, on verra le triomphe du communisme, avènement radieux d’une société sans classes…
➤ Activité possible
Demander aux élèves de confectionner des panneaux pour
préparer une exposition thématique sur la naissance de
l’aviation. Qui a volé le premier : Clément Ader (le 9 octobre 1890 au château d’Armainvilliers ou le 14 octobre
1897 à Satory) ou les frères Wright (le 17 décembre 1903
à Kitty Hawk en Caroline du Nord) ?
Pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour qu’ils trouvent les mots-clés de
la leçon. Par exemple, « machine à vapeur (James Watt) »,
« charbon », « locomotive (George Stephenson) », « usine »,
« électricité (Thomas Edison) », « automobile », « téléphone (Alexander Graham Bell) ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères figurant dans la chronologie p. 26. Mettre en commun les réponses et écrire
ensemble le résumé de cette séquence.
La naissance de l’automobile /
La naissance de l’aviation
Les moteurs à explosion et à combustion interne sont mis
au point lentement, mais ils trouvent très vite leur application dans la construction automobile et dans l’aviation :
– La découverte du cycle à quatre temps (Beau de Rochas,
1862) donne l’élan ; l’Allemand Otto élabore les premiers
moteurs à explosion (1877), tandis que Diesel invente un
moteur à air suffisamment comprimé pour que l’élévation
de la température qui en résulte permette d’enflammer
sans dispositif d’allumage électrique de fines particules de
combustible injectées dans la chambre de compression
(1897). Quatre constructeurs produisent des automobiles à
la fin du siècle : Daimler et Benz en Allemagne, Panhard
et Peugeot en France. La construction automobile est un
leading sector de la deuxième industrialisation : elle
nécessite le travail de l’acier et des métaux non ferreux, le
moulage du caoutchouc et du plastique ; elle mobilise
aussi les industries électriques et pétrolières.
– Pour l’aviation, la difficulté est de trouver un moteur
léger et puissant. C’est un Français, Levavasseur, qui y
Bibliographie
– P. Bairoch, Victoires et déboires. Histoire économique et
sociale du monde du XVIe siècle à nos jours, Gallimard,
1997.
– F. Caron, Histoire économique de la France (XIXe-XXe siècle), coll. « U », Armand Colin, 1995.
– D. Woronoff, Histoire de l’industrie en France du XVIe
siècle à nos jours, coll. « L’Univers historique », Le
Seuil, 1994.
– P. Verley, Entreprises et entrepreneurs du XVIIIe siècle au
début du XXe siècle, Hachette, 1994.
8. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « La France de 1815 à 1871 », « Pourquoi y a-t-il des révolutions en France au XIXe siècle ? », pp. 46-47.
25
La société du
XIXe
siècle
Pages 32 à 37 du dossier
Référence aux Instructions officielles
L’historiographie reste partagée sur le sens à donner aux grandes évolutions de la société française au XIXe siècle. La
tradition a privilégié l’idée de rupture ; les révolutions politiques et industrielles ont été sous-tendues par de profondes
mutations de l’organisation sociale : triomphe d’une bourgeoisie conquérante, naissance d’un prolétariat misérable,
déclin de la noblesse. Un des apports de la nouvelle historiographie est de montrer que si la division de la société en
classes et la brutalité des inégalités sociales sont bien réelles, d’autres forces contrarient ce mouvement. Par exemple,
la promotion sociale des « petits » qui favorise l’émergence de « classes moyennes » rurales et urbaines.
Compétences
• Caractériser une période : l’émergence d’une organisation en classes d’un type nouveau, bourgeoisie et prolétariat.
• Mettre en perspective le triomphe de la bourgeoisie dans le sillage des révolutions politiques et industrielles.
• Être capable de définir ce qu’est le socialisme.
Photofiche
Voir la photofiche p. 56.
période. Les monographies ouvrières2 dénoncent l’illusion
que le marché seul pourrait réguler les rapports sociaux.
Le péril semble alors plus intérieur qu’extérieur : comparée aux campagnes, idéalisées, la grande ville apparaît
comme le lieu de tous les dangers. On craint le partage
brutal de la société en deux classes hostiles, la bourgeoisie et le prolétariat, ainsi que la disparition des groupes
intermédiaires, artisans et boutiquiers, à cause de la baisse
structurelle des prix, et la paupérisation de la paysannerie
dans les villes. Ce paysage social suscite la peur des possédants et les espoirs des révolutionnaires. L’étude de la
chronologie p. 32 montre qu’il n’y a pas de législation
sociale pendant le XIXe siècle mais seulement quelques
avancées ponctuelles : l’interdiction du travail des jeunes
enfants (1841) ; le droit de grève (1864) ; la limitation du
travail des enfants (1874) ; le droit de se syndiquer
(1884)… La première grande législation sociale date du
Front populaire (1936).
Quelle nouvelle société
au XIXe siècle ?
Le contexte historique
Deux ombres portées recouvrent la société française du
XIXe siècle :
– D’abord, la Révolution de 1789 : les constituants suppriment les privilèges personnels, le régime féodal et les
entraves anciennes, qui bridaient la mobilité des biens et
des personnes. Par exemple, les biens du clergé sont nationalisés et un grand transfert de propriétés a lieu dans le
reste de la société. Les contraintes qui verrouillaient la
société d’Ancien Régime s’effacent au profit de la bourgeoisie et d’une organisation sociale fondée sur le mérite
personnel.
– Ensuite, les deux révolutions industrielles : dans les
années 1820, toute la génération des saint-simoniens1 est
persuadée que les tumultes révolutionnaires appartiennent
au passé et que le marché va unifier la société dans un
bien-être commun. Pour l’économiste libéral JeanBaptiste Say, le XIXe siècle va voir s’imposer une « pyramide des fortunes bombée en son milieu », symbole d’une
société où dominera un homme aisé, ni riche ni pauvre,
pouvant s’adonner à la fois au travail et à la culture, une
« classe moyenne » dont l’idée apparaît déjà chez les
auteurs des Lumières. Pourtant, à l’échelle de l’Europe, on
découvre que la société évolue tout autrement. Le XIXe siècle reste un temps de très grandes inégalités sociales, des
inégalités qui ne reculent pratiquement pas pendant cette
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 32
Le rétablissement de la République passe par la conquête
des campagnes.
Les grandes crises politiques des années 1890 – le boulangisme, l’affaire Dreyfus3 – sont l’écho de la crise d’une
classe « moyenne » urbaine, définie par une valeur clé : la
propriété. Ce groupe d’artisans et de boutiquiers est central dans la construction du consensus républicain. C’est
sous sa pression, et cela dès la Révolution4, que les prin-
1. Avec la création de la revue L’Industrie (1816), la publication de L’Organisateur avec Auguste Comte (1819-1820) et du Système industriel (1820-1822)
s’affirment les thèses de l’industrialisme optimiste du comte de Saint-Simon (1760-1825) : effondrement de l’Ancien Régime, avènement de la société industrielle gérée par les industriels, où s’harmoniseront spontanément les intérêts des chefs d’entreprise et des ouvriers.
2. Voir l’admirable série de monographies Les Ouvriers européens, de Frédéric Le Play (1re éd. 1855).
3. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « Les débuts de la IIIe République », « Sur les traces des grandes réalisations de la IIIe République », document 5
p. 55.
4. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « La Révolution française », « Sur les traces des révolutionnaires », document 1 p. 8.
26
Stendhal au Rastignac de Balzac ou au Bel-Ami de
Maupassant, la bourgeoisie fait de l’ascension sociale son
parcours de vie emblématique. Elle élabore petit à petit les
règles de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas ; elle érige
son art de vivre en modèle et multiplie à l’usage des initiés les signes de reconnaissance. Faire observer le document 2 p. 32 et faire répondre aux questions 2 et 3. La
toile de Béraud met en scène la haute bourgeoisie parisienne des années 1880, à l’époque où elle investit véritablement la bonne société et la domine. Cette bonne
société, qui mange debout et bavarde avec aisance, se
presse dans une pâtisserie des Champs-Élysées sobrement
décorée (question 2). La représentation est socialement
juste. Si la faiblesse de la natalité et les limites apportées
au travail des enfants accroissent la demande des industriels concernant l’emploi des femmes8, les bourgeoises
sont oisives par essence : faire remarquer les nombreuses
serveuses en tablier blanc (question 3). La représentation
est culturellement juste. Si ce siècle est bien celui de l’argent, devenu pivot de la société et mesure de la réussite
personnelle, il ne doit pas seulement être gagné, il doit
aussi être épargné, transmis aux générations suivantes.
D’où le goût bourgeois pour les décors sobres, à l’opposé
de celui de la noblesse pour le tape-à-l’œil.
cipes d’organisation de la société nouvelle se sont établis.
Alors qu’en Angleterre et en Allemagne la société reste
dominée par une noblesse qui a démontré son sens politique, la France, elle, défend l’idée d’égalité des chances.
Toute l’école républicaine est imprégnée de l’idée d’une
ascension sociale possible. En réalité, elle n’assure aux
enfants de la paysannerie et de la classe moyenne qu’une
promotion étroite qui se traduit surtout par un passage vers
le groupe des fonctionnaires. Mais la valorisation du destin de quelques boursiers et l’institutionnalisation des
valeurs démocratiques aident à supporter une société inégalitaire. Faire lire le document 1 p. 32 et faire répondre
à la question 1. Ce consensus est aussi rendu possible
parce que la République protège les petits exploitants agricoles contre deux dangers : celui de l’aristocratie foncière
et celui des « partageux » ; elle consolide ainsi une
paysannerie nombreuse5 qui reste son grand arrière (question 1). La stabilisation de la France rurale est acquise à la
fin du siècle lorsque les paysans se dégagent de plusieurs
contraintes : la surcharge démographique (allégée par
l’exode rural), le poids de l’endettement, la condition de
paysan-ouvrier sous la dépendance du donneur d’ordres
urbain. Un équilibre est trouvé dans une petite exploitation familiale dont la productivité a augmenté et dont
l’isolement est compensé par les progrès du mouvement
coopératif.
➤ Activité 3 : documents 3 et 4 p. 33
L’industrialisation se déroule sur fond de campagnes
pleines.
➤ Activité 2 : document 2 p. 32
Le triomphe de la bourgeoisie.
L’émigration rurale des années 1840 soulage un peu les
campagnes du surpeuplement, sans comparaison avec
l’hémorragie des campagnes anglaises. Non que l’agriculture française soit immobile : on peut parler d’une « transition agricole » qui, de 1750 à 1850, combine des progrès
dans les rendements céréaliers, l’essor des plantes nouvelles et de l’élevage. Mais ici, la Révolution est conservatrice dans ses structures : la paysannerie a obtenu la suppression du système féodal sans rachat ; de nombreux paysans ont acquis des biens du clergé et sont devenus propriétaires. Ce mouvement a fixé à la terre des masses paysannes qui, sans cela, auraient dû partir à la ville. De
même, le maintien des droits collectifs a aidé beaucoup de
paysans à survivre. Mais l’autosuffisance est loin d’être
assurée. Du temps et des bras sont disponibles ; deux
directions s’offrent alors :
– Le recours à un travail annexe : la mobilité est celle de
l’industrie (textile en premier), qui vient chercher le travailleur à son domicile et profite des salaires très bas du
monde paysan. Ainsi, à mesure que la filature se concentre en ville et se mécanise, le tissage dispersé dans les
campagnes est davantage sollicité. Autour de Condé-surNoireau (Calvados), par exemple, le tissage du coton
occupe 2 500 métiers à bras en 1837 et 7 000 en 1855.
Sous la monarchie de Juillet, la manufacture de
Wesserling en Alsace emploie plus d’un millier de métiers
à bras. Les industries de la dentelle, de la passementerie
Une bourgeoisie s’est affirmée, dans le sillage des révolutions politiques du XIXe siècle6 et dans celui de l’industrialisation7. Fortement ancrés dans leur région, les bourgeois
sont les relais entre la société locale et l’État jacobin. Ils
tiennent les municipalités et les chambres de commerce, et
dirigent la Caisse d’épargne. Une fraction intellectuelle
d’avocats et d’universitaires exerce le pouvoir politique et
domine les institutions représentatives. Une autre, née du
profit, est intimement liée au développement du capitalisme industriel. La fraction la plus riche constitue une
élite financière proche des plus hautes sphères du pouvoir : c’est la « haute banque », qui se définit par ses
réseaux familiaux européens, comme les Rothschild, présents en France, en Angleterre et en Allemagne.
Désormais, la bourgeoisie, dont le mot d’ordre est « Les
carrières ouvertes au talent », donne le ton. La société
d’Ancien Régime est bousculée par ces hommes neufs
d’origine modeste, ne devant presque rien à leur naissance, animés par une féroce confiance en soi et persuadés que leur ascension est la preuve de la divine providence. La dynamique bourgeoise contient en fait sa
morale : la bourgeoisie magnifie la valeur du travail. Cette
vertu nouvelle écarte ceux qui sont en marge du travail :
ceux qui ne produisent pas d’argent et qui ne savent pas
épargner. La littérature illustre les chances nouvelles qui
s’offrent aux ambitieux de tout poil. Du Julien Sorel de
5. La France de 1780 est une nation de paysans : 70 % de la population vit de la terre. Cent ans plus tard, la France compte encore plus de la moitié de sa
population active aux travaux des champs.
6. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « La France de 1815 à 1871 », « Pourquoi y a-t-il des révolutions en France au XIXe siècle ? », pp. 46-47.
7. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « Le temps de l’industrie », « Qu’est-ce que le temps de l’industrie ? », pp. 26-27.
8. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « Le temps de l’industrie », « Sur les traces des progrès scientifiques et techniques », document 3 p. 29.
27
le groupe restant, les écarts vont de 1 à 10 000. Dans une
société où la dynamique du profit est beaucoup plus forte
que celle des salaires, aucun État-providence ne vient corriger les énormes contrastes sociaux.
ou de la quincaillerie reproduisent ce schéma de la protoindustrie textile, dominée par les marchands-fabricants9.
Faire observer le document 3 p. 33 et faire répondre à la
question 4. Faire décrire la toile de Van Gogh : une pièce
unique mal éclairée par une lampe à pétrole (l’œuvre date
de la fin du siècle) ; cinq personnes (une famille d’ouvriers) qui se pressent autour d’une table ; un plat unique
et du café à partager. Faire remarquer aux élèves que les
campagnes françaises sont perméables aux productions
extra-européennes : la pomme de terre et le café viennent
d’Amérique. Dans le budget des classes populaires, l’alimentation représente de 50 à 70 % des dépenses, et le pain
– la pomme de terre ne fait qu’une lente percée au cours
du siècle – presque la moitié. Les légumes et les fruits restent rares. Non pas qu’ils soient difficiles à obtenir mais
parce qu’on s’en méfie. Les eaux sont porteuses de
miasmes et tout ce qui se conserve mal est peu utilisé. On
est loin du cérémonial bourgeois de la table : pièce à feu
pour y faire cuire longuement les plats mijotés, cuisine
bourgeoise, fourneau en fonte avec foyer intérieur où l’on
cuit indifféremment plats en sauce, soufflés ou gratins,
salle à manger, repas servi par des domestiques exhibant
argenterie, porcelaines et cristaux, avec le linge de maison
qui recouvre les cuisses jusqu’aux genoux (il occupe une
bonne place dans les dots et les inventaires notariés).
– L’autre solution est de partir, comme ces maçons creusois qui partent à pied à la belle saison et se font embaucher place de Grève à Paris, avant de revenir au pays l’hiver, après avoir économisé un maigre pécule dans l’espoir
d’acheter un lopin de terre. Faire observer le document 4
p. 33 et faire répondre aux questions 5, 6, 7 et 8. Ou
encore, ces troupes de moissonneurs qui rejoignent la
Beauce l’été avec femmes et enfants le temps d’une moisson (question 5). La toile de Léon L’Hermitte montre la
fatigue des saisonniers, payés à la tâche. Faire décrire le
moissonneur au premier plan : il est comme indifférent à
l’action, le regard perdu et le corps fourbu ; c’est l’épouse
qui reçoit la paie. Il est chaussé de sabots ; sa chemise est
ouverte (c’est l’été) ; son pantalon est large : décrire aux
élèves la grande amplitude de son geste ; son outil de travail est une grande faux métallique (questions 6, 7 et 8).
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 34
Une société très inégalitaire.
Les inégalités de revenus déterminent des structures de
consommation socialement différenciées. Faire lire le
document 1 p. 34 et faire répondre aux questions 1 et 2.
Trois postes de dépenses sont communs aux trois budgets
(dans l’ordre) : la nourriture, le loyer / chauffage et éclairage, et les vêtements (question 1). La structure des
dépenses familiales dépend évidemment du pouvoir
d’achat : les ressources élevées de la famille bourgeoise
lui permettent de dépenser moins (proportionnellement)
pour la nourriture (25 %), et plus pour le loyer (20 %) et
les vêtements (13 %) ; la maigreur des ressources de la
famille ouvrière – rapport de 1 à 14 – fait que l’essentiel
des dépenses est absorbé par la nourriture (85 % du total) ;
le reste revient au loyer (7 %) et aux vêtements (3 %). La
pratique de l’épargne est aussi socialement sélective : elle
absorbe 15 % des ressources de la famille bourgeoise,
contre 4 % du budget ouvrier. Enfin, certaines dépenses
sont discriminantes : les postes Éducation des enfants,
Frais de maladie, Domestiques et Loisirs sont totalement
absents du budget ouvrier (question 2). La condition
ouvrière demeure donc affectée par la précarité, la menace
de la maladie et de la vieillesse sans couverture sociale, un
logement sordide qui est la marque visible de la barrière
séparant le monde ouvrier du reste de la société.
➤ Activité 2 : documents 2 p. 34 et 3 p. 35
L’exploitation du prolétariat.
Les ouvriers sont autant frappés par l’entassement, la promiscuité et l’absence d’hygiène que par les maigres
salaires ou l’inexistence de toute aide aux familles ou au
chômage. Faire observer le document 2 p. 34 et faire
répondre aux questions 3, 4 et 5. Le « bon docteur »
Louis-René Villermé (1782-1863) est l’auteur d’une
enquête sur le monde ouvrier (Tableau de l’état physique
et moral des ouvriers dans les fabriques de coton, de laine
et de soie, 1840) qui inspira la loi de 1841 sur l’interdiction du travail des enfants de moins de 8 ans. En filigrane
de son observation sociale, il y a la condamnation du libéralisme économique et social : la recherche du profit justifie l’exploitation des femmes et des enfants, payés la
moitié ou le quart du salaire des hommes, l’incroyable
longueur de la journée de travail (« seize à dix-huit heures
debout chaque jour, dont treize au moins dans une pièce
fermée », question 3), et la dureté des conditions de travail (« ce n’est plus là un travail, une tâche, c’est une torture », question 4). La pénibilité du travail se retrouve ailleurs, par exemple dans les mines de charbon anglaises :
l’exiguïté des galeries disqualifie la traction animale ; la
Sur les traces des luttes
sociales du XIXe siècle
Le contexte historique
La poussée du monde ouvrier s’est bien accompagnée
d’une progression du salaire sur le siècle, mais cette évolution ne modifie en rien l’inégalité des revenus qui caractérise la société européenne. C’est à la veille de la
Première Guerre mondiale que les inégalités atteignent en
Allemagne leur maximum historique ; en Prusse, en 1912,
les 5 % les plus riches perçoivent le tiers du revenu total.
L’inégalité est aussi très forte dans l’Angleterre victorienne, et à peine moindre dans la France républicaine : en
1913, 37 % des Français meurent sans rien laisser et, dans
9. Ce personnage-clé de la proto-industrie textile contrôle et coordonne les étapes de la fabrication des tissus.
28
apparaître de nouvelles inégalités entre la bourgeoisie
capitaliste et le prolétariat d’usine. La misère ouvrière,
analysée par de nombreuses enquêtes, suscite bien des
réactions. Certaines relèvent d’une approche médicale et
hygiéniste : malade, la ville industrielle où s’entassent
les déshérités fait peur. On craint la contagion, et des épidémies apparaissent qui n’épargnent pas les beaux quartiers. On redoute l’explosion sociale, l’émeute, la révolution. Cette prise de conscience des nantis entraîne un
double mouvement de police sanitaire et d’aménagement
urbain, d’hygiène publique et de grands travaux
(Haussmann à Paris). Faire lire le document 5 p. 35 et
faire répondre aux questions 10 et 11. Mais l’exploitation
de la classe ouvrière produit aussi des idéologies
messianiques apportant aux prolétaires l’espoir de lendemains qui chantent (question 10). Fourier, Cabet, SaintSimon, Proudhon, Owen ou Marx à l’étranger : tous
proposent de résoudre la « question ouvrière » par la
réforme ou par la révolution, de construire une société
nouvelle abolissant la lutte des classes et organisée
autour d’une économie efficace et d’une égalité retrouvée
(question 11).
petite taille des enfants les désigne pour remonter le charbon à la surface (question 5).
Ajoutons la discipline impitoyable des usines, l’interdiction de tout droit d’association depuis 1791, l’obligation
du livret (sorte de passeport ouvrier contrôlé par les
patrons et la police), et l’article 1781 du Code civil qui stipule que le patron est « cru sur son affirmation » en cas de
conflit de salaire. Faire lire le document 3 p. 35 et faire
répondre aux questions 6 et 7. La main-d’œuvre, encore
habituée aux rythmes de vie de la société rurale, est progressivement dressée à la discipline de l’usine. L’usine est
surmontée de sa cloche pour l’appel des ouvriers ; c’est un
lieu clos, quadrillé par les machines que servent les
ouvriers. Des règlements d’entreprises assortis d’amendes
redoutées rythment le travail : il est interdit de parler, de
chanter, de manger, de quitter sa place, d’arriver en retard,
de sortir sans permission et sans remplaçant, sous peine
d’amende. Par exemple, un retard de dix minutes est puni
d’une amende de 25 centimes (question 6) ; une sortie
sans permission est punie d’une amende de la valeur d’une
journée de travail (question 7). Une maladie ou le déclin
naturel des forces avec l’âge entraînent la chute du revenu,
donc le basculement dans la pauvreté.
On sait que Napoléon III, sensible à cette situation10,
favorisa les institutions d’assistance (orphelinats, crèches,
secours aux accidentés), supprima l’article 1781 du
Code civil, fit accorder le droit de grève, autorisa quelques
coopératives et syndicats. Le libellé des quelques lois
sociales que vote sur le tard la IIIe République donne une
idée du sort du monde ouvrier d’avant 1914. En 1892
est interdit le travail des enfants d’âge scolaire ; en même
temps, la journée de travail est limitée à dix heures,
mais seulement pour les mineurs et les femmes. Une loi
de 1900 prévoit la diminution progressive à 60 heures de
la durée hebdomadaire du travail. Il faut attendre 1906
pour que le repos hebdomadaire devienne obligatoire ;
de nombreux ateliers travaillaient en effet le dimanche
matin, jusqu’à l’heure de la messe, pour nettoyer locaux
et machines. La même année, la CGT réclame les
« trois-huit ». Deux lois de 1898 reconnaissent les sociétés de secours mutuel et mettent les accidents de travail
à la charge des patrons. L’année suivante est créé le
corps des inspecteurs du travail. Après quatre années
de discussions est voté en 1910 un modeste projet de
retraite ouvrière et paysanne : patrons, salariés et État
doivent y contribuer. C’est un maigre succès : moins du
quart des salariés parvient à cotiser. L’affaire réussit
mieux chez les mineurs et les cheminots grâce à la
retenue à la source (comme chez les fonctionnaires depuis
1853).
Pour une partie du socialisme français, l’élan gréviste
annonce la révolution, laquelle sera exécutée par la grève
ultime : la grève générale. La Confédération générale du
Travail (CGT), fondée à Limoges en 1895, en fait son
objectif stratégique contre le socialisme utopique des politiciens et des intellectuels. Dans cette perspective, la grève
ponctuelle, déclenchée dans telle ou telle branche industrielle, devient une répétition générale avant le grand soir.
Faire lire le document 4 p. 35 et faire répondre aux questions 8 et 9. L’auteur de ce texte est favorable à la grève
(question 8) :
– « pour arriver à ce que justice lui (l’ouvrier) soit rendue » / « quand il ne peut rejeter sur personne une partie
de son trop lourd fardeau » ;
– « pour relever le salaire abattu » / « quand il travaille à
très bas prix » ;
– « pour équilibrer son gain et ses dépenses nécessaires » /
« ne pouvant faire baisser ni le prix de la viande, ni le prix
du pain, ni le prix du loyer » (question 9).
Pour aller plus loin
Retenir que le mouvement ouvrier (très ancien : il suffit
d’évoquer les corporations de l’Ancien Régime) naît et
grandit en dehors du socialisme ; que les premiers syndicats, verticaux (professionnels) ou horizontaux (Bourses
du travail), sont très mal liés aux partis politiques ; que
l’influence de Marx dans la naissance du socialisme français est tardive (peu de lecteurs avant 1890-1895) et donc
faible ; que, d’ailleurs, il n’y a jamais eu un socialisme,
malgré la création de la SFIO (1905), mais au moins quatre ou cinq groupements, sans compter les anarchistes aux
multiples tendances.
➤ Activité 3 : documents 4 et 5 p. 35
L’émergence d’une conscience de classe ouvrière.
Plus que tout autre, et particulièrement en France, le XIXe
siècle est producteur d’utopies. L’essor industriel a fait
10. Napoléon III est convaincu que pour être pleinement légitime, son pouvoir doit recevoir la consécration du suffrage universel, expression de la volonté
du peuple. Il entend donc lui donner satisfaction. « Son dada était le peuple », dit dédaigneusement de lui Mme Dosne, la belle-mère de Thiers. Il rêve donc
des moyens de venir à bout de la misère, ainsi qu’il l’expose dans L’Extinction du paupérisme (1844).
29
qui seront battus au début du XXe siècle par Paribas et la
Banque de l’Indochine, avec des taux entre 50 et 75 %.
L’héritage de la société
du XIXe siècle
L’organisation des ouvriers en syndicats /
Les premières lois sociales
Les immeubles haussmanniens
À partir de la loi de 1884, les associations ouvrières se
développent dans une grande diversité. Des associations
professionnelles nationales, souvent puissantes, sont
créées : le livre (1881), les mineurs (1883), les cheminots
(1890)… D’autres préfèrent le plan local en se regroupant
dans une maison à eux : la Bourse du travail, tout à la fois
centre de renseignements, centre d’embauche, de documentation, de réunion, de discussion… La première
Bourse s’installe à Paris en 1887 ; cinq ans plus tard, on en
compte une quinzaine. La CGT les absorbe au début du
XXe siècle dans une structure hiérarchisée et disciplinée,
orientée par son secrétaire général Griffuelhes contre le
socialisme politique et le marxisme : dans la charte
d’Amiens de 1905 triomphe la tradition ouvrière de
l’anarcho-syndicalisme, qui vise à détruire l’État par l’action directe et la grève générale révolutionnaire, dont on
imagine qu’elle empêchera la guerre et amènera la révolution sociale et la prise du pouvoir par le peuple. Dans l’attente du grand soir, on veut des augmentations de salaire,
la diminution du temps de travail quotidien, et un peu plus
de considération.
La politique économique du Second Empire s’organise
selon les deux grands axes du programme saint-simonien.
D’abord avec les grands travaux publics, tout spécialement la construction de chemins de fer, en relation avec la
transformation des grandes villes de l’Empire. Leur
« haussmannisation » (le préfet Haussmann règne à
l’Hôtel de Ville de Paris de 1853 jusqu’au début de 1870)
a autant pour objectif de faciliter le maintien de l’ordre
que de répondre à des soucis sociaux et, plus encore, économiques. Tout en donnant davantage de travail aux
ouvriers des villes, en permettant aux citadins de bénéficier d’un environnement moins insalubre et de nouveaux
équipements, cette métamorphose du cadre urbain doit
adapter les grandes villes au développement du capitalisme moderne, avec ses grands magasins, ses expositions
nationales ou internationales, ses grandes banques et, surtout, ses gares, avec des voies de circulation aisées.
Des banques nées au XIXe siècle
Second axe de la pensée saint-simonienne du Second
Empire : la multiplication des sources du crédit et le
recours au crédit bon marché, pour mettre fin à une longue
période d’argent rare et cher qui bridait le décollage industriel. Louis-Napoléon, séduit par une théorie qui assignait
aux grandes banques un rôle moteur dans les économies
modernes, écoute donc avec faveur les projets des frères
Pereire. C’est que la France constitue alors un terrain particulièrement fertile : c’est le pays le plus opulent du
monde avec l’Angleterre ; en 1870, on estime sa fortune à
175 ou 200 milliards (or). Le principal défaut de ce magot
est de dormir sous des matelas ou bien de se contenter de
revenus modiques, comme la rente d’État et la Caisse
d’épargne. La mobilisation (relative) de cette fortune somnolente s’opère par la grâce d’un système de banques privées à l’ancienne (les Rothschild de France, liés aux
autres), puis de banques de dépôt plus ou moins distinctes
des banques d’affaires, qui apparaissent très vite : dès
1852, Crédit foncier et Crédit mobilier (les Pereire), puis
Crédit Lyonnais (1863) et Société Générale (1864). Leur
but est tout à la fois d’aider au développement du crédit
public, d’être des banques d’investissement qui commanditent les sociétés industrielles et commerciales, d’investir
l’argent de leurs clients dans des affaires, françaises ou
non, qui rapportent beaucoup aux clients… et d’abord à
elles-mêmes ! Par exemple, la Société Générale avoue un
profit net de 24 % dès 1867 après trois ans d’existence, et
le Crédit Lyonnais, un profit de 54 % en 1874. Des records
Pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour qu’ils trouvent les mots-clés de
la leçon. Par exemple, « bourgeois (bourgeoisie) »,
« ouvriers (classe ouvrière) », « syndicats », « lois sociales
», « socialisme ». Mettre en relation chacun de ces mots
avec les repères figurant dans la chronologie p. 32. Mettre
en commun les réponses et écrire ensemble le résumé de
cette séquence.
Bibliographie
– F. Démier, La France du XIXe siècle : 1814-1914, coll.
« Points Histoire », Le Seuil, 2000.
– F. Guedj, S. Sirot, Histoire sociale de l’Europe, Seli
Arslan, 1998.
– J. Kocka, Les Bourgeoisies européennes au XIXe siècle,
Belin, 1996.
– H. Kaelble, Vers une société européenne : une histoire
sociale de l’Europe (1880-1980), Belin, 1988.
30
L’expansion coloniale
Pages 38 à 43 du dossier
Référence aux Instructions officielles
Le fait colonial, défini à la fois comme une domination et une exploitation, débute avec la découverte de l’Amérique
(1492). C’est l’époque des grandes découvertes. Les forces productives et les moyens de communication subissent
des mutations radicales auxquelles ne résiste pas la civilisation médiévale. C’est alors que l’Europe va s’étendre,
conquérir et occuper, et va s’enrichir au détriment des autres continents. Un mouvement commence qui ne prendra
fin qu’au XXe siècle.
Compétences
• Caractériser une période : l’expansion impérialiste (1870-1914).
• Mettre en perspective la poussée impérialiste des années 1870-1914 en la replaçant dans le mouvement d’expansion
européenne.
Photofiche
Voir la photofiche p. 58.
politiques pèsent d’autant plus qu’ils sont exacerbés par
les nationalismes, eux-mêmes aiguillonnés par les lobbies
coloniaux. Une fois lancées, toutes les puissances se
retrouvent entraînées dans la politique d’expansion : des
questions de prestige et de puissance interdisent de rester
à l’écart du partage du monde. On peut avancer aussi des
explications de nature démographique : il y a, de 1870 à
1914, une forte croissance des effectifs européens.
L’historiographie récente démontre qu’en fait, tous ces
objectifs n’ont pas été atteints. Mais ce qui est déterminant
et qui explique la poussée impérialiste de la fin du siècle
est la vertu qu’on lui a attribuée, même si, à l’expérience,
il apparaît que la colonisation n’a pas été aussi bénéfique
au capitalisme métropolitain qu’on l’avait pensé.
Pourquoi y a-t-il eu
expansion européenne ?
Le contexte historique
Bien souvent, c’est l’initiative d’un militaire, d’un explorateur, d’un missionnaire ou d’un marchand qui est à l’origine d’une conquête coloniale. C’est évident avec les
Stanley, Livingstone, Brazza, Nachtigall, Rhodes ou
Pavie, sponsorisés par des sociétés de géographie. On est
frappé par l’étendue des conquêtes pacifiques réalisées
par ces aventuriers. Mais tous ces exploits personnels ne
pourraient se traduire en occupations sans l’appui de gouvernements ou d’opinions publiques prêts à soutenir une
politique d’expansion outre-mer. L’étude de la chronologie p. 38 montre que le réveil du sentiment colonial se produit entre 1870 et 1880 pour l’Angleterre et pour la
France, un peu plus tard pour l’Allemagne et l’Italie1. On
peut, pour prendre ses dimensions, lire Jules Ferry : « Un
mouvement irrésistible emporte les grandes nations européennes à la conquête de terres nouvelles. C’est comme
un immense steeple-chase sur la route de l’inconnu. De
1815 à 1850, l’Europe était casanière et ne sortait guère
de chez elle […]. C’était l’époque des annexions modestes
et, à petits coups, des conquêtes bourgeoises et parcimonieuses. Aujourd’hui, ce sont des continents que l’on
annexe. […] La politique coloniale est une manifestation
internationale des lois éternelles de la concurrence. » Il
faut, comme Jules Ferry, mettre l’accent sur les mobiles
économiques. Si, ici ou là, l’Europe apparaît surpeuplée,
elle est aussi, après la crise économique de 1873, surindustrialisée et surcapitalisée ; elle est à la recherche de
marchés neufs pour absorber ses excédents. Les mobiles
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 38
La mise en coupe réglée du monde.
Faire observer le document 1 p. 38 et faire répondre aux
questions 1 et 2.
– En 1914, les États européens commandent des empires
coloniaux qui englobent le tiers de la superficie du monde.
En Angleterre, le Premier ministre conservateur Disraeli
est un partisan de l’expansion coloniale (discours de
Crystal Palace, 1872) ; la vulgate impérialiste, relayée par
une littérature populaire (Seely, Froude, Kipling), impressionne les libéraux eux-mêmes, qui se divisent en 1886
avec un Gladstone assez réticent et un Chamberlain
enthousiaste2. La France vaincue de 1871 cherche une
compensation qu’elle ne peut trouver qu’en dehors d’une
Europe corsetée par Bismarck. Ce dernier, soucieux de
détourner les regards français de la ligne bleue des Vosges,
1. Avant 1870, l’anticolonialisme des libéraux anglais et l’absence d’une véritable politique coloniale chez Napoléon III traduisent des réticences à l’égard
d’une expansion coloniale jugée coûteuse et peu rentable.
2. Pour Chamberlain, la race anglo-saxonne est « la plus grande des races gouvernantes que le monde ait jamais connue ».
31
particulier la France. À partir de 1895, ils se dirigent
davantage vers l’Amérique, notamment les États-Unis
(52 % des départs en 1900). Comme le montre la gravure
de Beltrame, la figure de l’émigrant occupe une grande
place dans le paysage social italien. Ces Italiens pauvres,
probablement des paysans, qui attendent sur le port de
Gênes, une chaise à la main pour trouver un peu de confort
dans le bateau qui les emmène en Amérique, émigrent en
famille, spécificité de cette émigration transocéanique. Ils
appartiennent à la grande vague de départs de 1876 à
1915 : encore timide vers 1880 (80 000 départs), l’émigration s’accélère en 1900 (240 000 départs) avant de
prendre des dimensions inédites à la veille de la guerre
(900 000 départs en 1913) ; au total, 8 millions d’Italiens
ont quitté l’Europe (question 3).
encourage la France à prendre la Tunisie3 et à s’intéresser
à l’Afrique noire. Il faut attendre la Weltpolitik (politique
mondiale) de Guillaume II et la propagande de la Ligue
pangermaniste et des milieux d’affaires pour voir se développer en Allemagne une fièvre expansionniste. Les axes
d’efforts du Reich sont la Chine, l’Afrique centrale4, le
Maroc et la Turquie. L’Italie à peine unifiée formule son
dessein de reprendre pied, comme la Rome antique, de
l’autre côté du détroit de Sicile. Dès 1870, le ministre italien des Affaires étrangères Visconti Venosta déclare :
« Un jour, Tunis devra revenir à l’Italie ! » Y ayant échoué
en 1881, l’Italie se résigne à fonder sur la mer Rouge la
colonia Eritrea, l’Érythrée. Mais l’heure vient où l’Italie
renforcée s’attache, en conquérant le vilayet (région
administrative) turc de Tripoli, à reconstituer la Libye
antique. En 1912, elle parvient à faire reconnaître son
occupation, ainsi que celle des îles du Dodécanèse. En
Belgique, Léopold II rêve d’exploiter des territoires avant
même de monter sur le trône ; le Congo, propriété personnelle du roi (1885), sera annexé par la Belgique en 1908
(question 1).
– Deux puissances sont au premier rang : l’Empire britannique (30 millions de km2 et 400 millions d’habitants) et
l’Empire français (11 millions de km2 et 50 millions d’habitants). Un concurrent pointe qui réclame sa place au
soleil : l’Allemagne, qui occupe le Togo, le Cameroun, le
sud-ouest africain, l’Afrique orientale, les îles Marshall,
les îles Carolines et les îles Mariannes, soit 3 millions
de km2 (question 2).
➤ Activité 3 : document 3 p. 39
Quels sont les mobiles de la colonisation ?
Même s’il ne faut pas exagérer l’importance du retour au
protectionnisme qui se dessine après la crise de 1873, et
même si on admet que le libéralisme n’a pas complètement disparu, il n’en reste pas moins que l’Europe est à la
recherche de marchés captifs pour ses excédents. Mais les
colonies sont trop pauvres, et parfois trop peu peuplées,
pour être de vrais débouchés. Les Européens ont su également s’ouvrir des marchés sans faire de conquêtes (Japon
et Chine). Faire lire le document 3 p. 39 et faire répondre
aux questions 4, 5 et 6. Faut-il alors insister, comme Jules
Ferry, sur le côté « humanitaire et civilisateur » en s’appuyant sur le prétendu droit des races supérieures qui
auraient « le devoir de civiliser les races inférieures »
(question 5) ? Victor Hugo est-il sincère lorsqu’il proclame son désir d’apporter aux indigènes les bienfaits
d’une civilisation jugée supérieure (question 6) ? La politique d’expansion du ministère Ferry dans les années 1880
s’appuie sur un « parti colonial », étant entendu qu’il ne
s’agit pas d’un parti politique au sens propre du terme.
Dès 1889, un congrès colonial est réuni à l’occasion de
l’Exposition Universelle de Paris. Des groupes coloniaux
se forment à la Chambre sous la présidence d’Eugène
Étienne, député d’Oran, et au Sénat sous la présidence de
Jules Siegfried, négociant cotonnier au Havre. Créé le
18 novembre 1890, le Comité de l’Afrique française
regroupe des politiques (boulangistes, droite catholique,
républicains opportunistes) et des intellectuels, dont certains spécialistes comme Chailley, Masqueray, Rolland,
Boutmy, Picot ou Leroy-Beaulieu, pour qui l’impérialisme
colonial est le prolongement naturel de la « force expansive d’un peuple »5 (question 4). Les « coloniaux » (officiers, marins, explorateurs, géographes, hauts fonctionnaires) adhèrent naturellement au Comité. On y rencontre
également des banquiers, des industriels, des commerçants et des armateurs.
➤ Activité 2 : documents 2 et 4 p. 39
Le départ pour l’outre-mer.
Faire observer le document 4 p. 39 et faire répondre aux
questions 7 et 8. Les Européens sont 266 millions en
1850, un peu plus de 300 millions en 1871, 400 millions
en 1900, et près de 450 millions à la veille de la guerre de
1914. Après 1850, l’Europe alimente un véritable flux
d’émigrants (question 7). Quelle est l’ampleur précise de
ce mouvement ? L’absence de statistiques dans les grands
pays de départ – comme la Russie ou l’Autriche – ou leur
apparition tardive – comme en Italie (1876) ou en Hongrie
(1899) – rendent difficile la mesure exacte du phénomène,
sans compter les émigrants temporaires. Compte tenu des
retours (qui sont nombreux, puisque seuls 70 % des émigrants anglais et 55 % des émigrants italiens se fixent
outre-mer), on peut avancer que 30 millions de personnes
quittent l’Europe de manière définitive entre 1870 et
1914. La crise de 1873, la surcharge des campagnes et la
chute des prix agricoles poussent beaucoup d’Européens
vers une Amérique qui paraît offrir des possibilités illimitées (question 8). Faire observer le document 2 p. 39 et
faire répondre à la question 3. Les Italiens quittent leur
pays pour s’installer d’abord dans des pays européens, en
3. Par le traité du Bardo du 12 mai 1881, le bey de Tunis remet à la France la direction de sa politique extérieure. Les conventions de La Marsa du 8 juin 1883
permettent à la France d’organiser son protectorat intérieur sur la Tunisie.
4. Seul un grand Mittelafrika qui absorberait les colonies portugaises et le Congo belge pourrait satisfaire les pangermanistes.
5. La première édition de l’ouvrage de Paul Leroy-Beaulieu De la colonisation chez les peuples modernes passe presque inaperçue en 1874, tandis que la
deuxième édition de 1882 connaît un grand succès.
32
laissant l’intérieur du pays aux chefs indigènes que l’on
espère opposer entre eux. L’Angleterre, ainsi que de nombreux députés libéraux, hommes d’affaires et patriotes
revanchards préféreraient qu’on en reste là. Abd el-Kader,
un jeune marabout oranais qui prétend descendre de
Mahomet, simplifie le problème en proclamant le djihad
contre les Croisés chrétiens (1834). Les Français ne prennent conscience de la montée de « l’émir des croyants »
que lorsque celui-ci occupe le Titteri et, surtout, bat le
général Trézel à La Macta (1835). Louis-Philippe envoie
le général Clauzel, homme d’expérience et bon militaire,
mais avec des troupes insuffisantes. Clauzel veut d’abord
s’emparer du Constantinois, tenu par le dernier représentant du régime turc vaincu. Faire repérer le carré français
à gauche de la toile (question 4) ; face à lui, la cavalerie
du bey de Constantine. Les deux troupes utilisent des
armes à feu ; les Algériens brandissent les têtes de leurs
adversaires au bout de leurs sabres (questions 5, 6
et 7). La débâcle de Constantine (novembre 1836) décide
Paris à revenir à la politique d’occupation limitée et d’entente avec les chefs musulmans. Le général Bugeaud signe
avec Abd el-Kader le traité de la Tafna (30 mai 1837) : la
France abandonne à l’émir les deux tiers de l’Algérie et ne
conserve que deux réduits autour d’Oran et d’Alger. Ce
traité permet aux Français de porter leur effort contre
Constantine, qui est prise le 13 octobre 1837. Abd elKader en profite pour s’étendre, s’organiser et créer une
diplomatie qui approche même l’Angleterre. L’entente
franco-arabe ne résiste pas au progrès des deux dominations. Abd el-Kader rouvre les hostilités en massacrant les
colons de La Mitidja (1840). Louis-Philippe se prononce
alors pour la conquête totale. Cette fois, il envoie cent
mille hommes sous le commandement de Bugeaud. Il lui
faudra quand même sept ans et une campagne contre le
Maroc pour venir à bout d’Abd el-Kader (décembre
1847). Avec lui disparaît le rêve d’un État arabe qui se
serait étendu à toute l’Algérie. En 1848, il manque à
l’Algérie en voie de colonisation la Kabylie et les territoires du Sud.
Sur les traces
de l’empire colonial français
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : document 1 p. 40
L’impérialisme, stade suprême du capitalisme ?
En 1913, l’Angleterre tire le dixième de son revenu national de l’outre-mer. Bien que le commerce des colonies ait
été rendu libre par l’abrogation en 1849 de l’Acte de navigation qui datait de 1651, les colonies anglaises restent largement sous la dépendance de la Métropole. Le quart des
importations anglaises provient de l’Empire, même si les
dominions vendent de plus en plus à l’étranger, notamment
à l’Allemagne. En 1913, 38 % des exportations anglaises
vont vers l’Empire, surtout vers l’Inde. Les textiles représentent encore la moitié des ventes anglaises, et les produits
métallurgiques le tiers. Faire observer le document 1 p. 40
et faire répondre aux questions 1 et 2. Il semble bien que
pour la France, le développement économique, l’administration et la défense des colonies coûtent plus que ce que
rapporte l’Empire. Il faut dire que l’Empire est vaste, surtout en Afrique ; il l’est moins en Asie, et encore moins en
Amérique (question 1). Pour l’Afrique, les élèves pourront
citer le Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie) et l’Afrique sudsaharienne (agglomérats de l’AOF et de l’AEF) ; pour
l’Asie, la presqu’île indochinoise (Tonkin, Laos, Annam,
Cambodge, Cochinchine, question 2). Ni colonies de peuplement (sauf l’Algérie) ni colonies de capitaux (6 % des
placements extérieurs), les possessions d’outre-mer sont
mal exploitées ; le vin d’Algérie, l’arachide du Sénégal, le
cacao et les bananes d’Afrique noire constituent l’essentiel
des produits exportés vers la Métropole. Leur part reste faible dans le commerce extérieur français – à peine 10 % en
1913. De plus, les échanges de ces colonies avec l’étranger
sont déficitaires, et ce déficit vient grever la balance des
comptes de la métropole.
Faire lire le document 3 p. 41 et faire répondre aux questions 8 et 9. Les hommes de 1848 ne sont pas hostiles à
l’idée coloniale, comme le montrent les textes de Friedrich
Engels et de Napoléon III (question 8). Mais la chute du
ministère Jules Ferry6 en 1885 est un incident révélateur
de la puissance de l’opposition à l’expansion coloniale.
Cette opposition est très diversifiée : catholiques (qui veulent abattre Ferry pour porter un coup à sa politique scolaire), radicaux (avec Clemenceau), nationalistes (obsédés
par la revanche) et socialistes (peu influents). Les arguments avancés reflètent cette diversité : les uns demeurent
fidèles à la tradition libérale (les colonies coûtent plus
à la nation qu’elles ne lui rapportent), les autres répugnent
à une politique qui aboutirait à un repli en Europe ou
qui pourrait conduire à un rapprochement avec l’Allemagne. Pour Clémenceau, qui répond à Ferry, « il n’y a
pas de droit des nations dites “supérieures” contre les
nations dites “inférieures” » ; la réalité du « fardeau de
l’homme blanc » (Kipling), c’est la brutalité de la conquête
➤ Activité 2 : documents 2 p. 40 et 3 p. 41
La colonisation de l’Algérie.
Faire observer le document 2 p. 40 et faire répondre aux
questions 3, 4, 5, 6 et 7. L’intervention française est la
suite inattendue d’un contentieux financier : le non-paiement au dey turc d’Alger de livraisons de grains effectuées
sous le Directoire. Celui-ci, mécontent, relance la piraterie
en Méditerranée. Le gouvernement de Charles X riposte
par le blocus d’Alger, qui durera trois ans (1827-1830).
Les contemporains ne sont pas dupes : il s’agit surtout
d’une opération de politique intérieure qui vise à redonner
un certain prestige aux Bourbons, à leur régime et à leur
armée. La prise de la ville (5 juillet 1830) détermine la
chute de la domination turque dans cette partie du
Maghreb (question 3). La monarchie de Juillet reçoit l’encombrant héritage algérien : pendant quelques années,
Louis-Philippe ne sait trop qu’en faire, se contentant de
faire occuper quelques ports et leur immédiat arrière-pays,
6. Se reporter au livre de l’élève, « Les débuts de la IIIe République », « Sur les traces des grandes réalisations de la IIIe République », document 2 p. 54.
33
et l’exploitation des masses humaines (question 9).
Pour les socialistes, la lutte contre le colonialisme est un
des aspects de la lutte plus fondamentale contre le capitalisme.
➤ Activité 4 : document 5 p. 41
Qu’apporte l’Europe aux colonies ?
L’actif et le passif se mêlent dans l’appréciation du bilan
de la colonisation. Par exemple, des zones insalubres
(Mitidja en Algérie, zones deltaïques en Extrême-Orient)
deviennent, après drainage, des espaces agricoles prospères. Au Pendjab, dans la vallée du Gange, sur les plateaux arides du Dekkan, en Égypte ou encore en Afrique
du Nord, les cultures s’étendent grâce à l’irrigation et les
rendements s’améliorent. Les recherches climatologiques,
hydrologiques et pédologiques, ainsi qu’une meilleure
sélection des variétés végétales permettent d’accroître les
volumes de production. Mais ces évolutions profitent
davantage aux cultures d’exportation – qui intéressent
l’Europe – qu’aux cultures vivrières. Les sols s’épuisent
rapidement dans les zones tropicales, sièges des cultures
de plantation. Les Européens accaparent souvent les meilleures terres et refoulent les indigènes vers des zones plus
sèches ou plus montagneuses (Algérie, Inde, Australie),
parfois même vers des réserves sans grandes possibilités
agricoles (Afrique du Sud). Faire observer le document 5
p. 41 et faire répondre aux questions 12, 13 et 14. Les
Européens construisent aussi des ports (Bombay,
Singapour, Durban, Dakar…) et des voies ferrées (question 12). Les Anglais ont doté l’Empire de 70 000 km de
voies ferrées (1914) ; les Français en ont installé une
dizaine de milliers de kilomètres, dont un tiers en Algérie,
un quart en AOF et un cinquième en Indochine. Les indigènes profitent indirectement des progrès du transport :
leur alimentation devient meilleure et l’effet des famines
peut être atténué8 (question 13). Mais le travail forcé
domine dans l’Afrique noire à cause des faibles investissements appliqués au commerce et au transport (question 14). Toutefois, on distingue deux variantes dans le
travail forcé. En Afrique occidentale, le régime est celui de
la liberté du commerce et du monopole de fait de quelques
sociétés commerciales. L’exploitation du paysan indépendant se fait par l’intermédiaire du marché et de l’impôt. En
Afrique équatoriale, à l’imitation du Congo léopoldien, la
traite est opérée par de grandes compagnies qui disposent
de monopoles de droit.
➤ Activité 3 : document 4 p. 41
La colonisation aide les prétentions universelles de
l’Église catholique.
Le travail apostolique des ordres missionnaires catholiques (et protestants) est intense dans les terres asiatiques
et africaines : la ruine soudaine des systèmes politiques
indigènes, la désagrégation des communautés naturelles,
la mort des dieux créent un vide tragique que les
Européens s’empressent de combler par leurs croyances et
leurs images. Faire observer le document 4 p. 41 et faire
répondre aux questions 10 et 11. Le renouveau missionnaire catholique profite d’abord de l’expansion coloniale :
les indigènes doivent accepter la présence des missionnaires, qui jouissent de la plus grande liberté7 ; ils s’efforcent d’imposer aux peuples extra-européens une révolution spirituelle et morale afin de les conduire à la conversion (question 10). L’évangélisation s’exprime autant
dans l’éducation des jeunes indigènes au sein des collèges
que dans les baptêmes collectifs, dans l’écrit et dans
l’image (images pieuses importées d’Europe). Le renouveau missionnaire profite aussi de l’accroissement des
vocations en Europe. Des institutions spécialisées apparaissent à Rome (Séminaire des missions étrangères,
1870) comme dans le reste de l’Italie, ainsi qu’en
Allemagne et en France (Société des missions africaines,
Pères blancs). À ces institutions masculines s’ajoutent
une série de congrégations féminines, comme les
Franciscaines missionnaires (1877). La France joue un
grand rôle dans ce courant, fournissant vers 1900 les trois
quarts des missionnaires. L’Extrême-Orient et l’Afrique
sont les pôles privilégiés de cet effort. En 1878, 2 800 000
catholiques sont encadrés par 109 évêques et animés par
5 630 missionnaires pour l’Asie, et 1 600 000 catholiques,
13 évêques et 800 missionnaires pour l’Afrique. Dès
1878, les Pères blancs pénètrent vers les Grands Lacs ; ils
sont suivis par les jésuites et les pères du Saint-Esprit. À
la fin du siècle, des résultats spectaculaires sont obtenus en Afrique noire : en 1898, les indigènes d’Ouganda
se convertissent par milliers. Mais, malgré l’arrivée des
Pères blancs en Algérie et en Tunisie (vers 1870) et le
rétablissement de l’archevêché de Carthage (1884), les
catholiques échouent dans le Maghreb, de même qu’en
Afrique du Sud. L’œuvre sociale est toutefois indiscutable : hôpitaux, dispensaires et écoles voient le jour dans
des régions déshéritées. Mais il est évident que l’effort
d’instruction reste modeste en regard des taux de scolarisation ; dans les colonies françaises, ce taux reste faible
(3-4 % en AEF, 6 % en Indochine et 8 % en Algérie, question 11).
L’héritage de la colonisation
Les grands travaux européens
dans le monde : le canal de Suez
Lorsque Napoléon Bonaparte prend la tête de la campagne
d’Égypte en 1798, l’isthme de Suez est déjà un enjeu stratégique majeur pour qui veut contrôler la route des Indes.
Le retour à la paix en Europe et la constitution d’un
7. Mgr Favier, évêque de Pékin, reconnaît en 1900 que « les missions ne semblent pas être inutiles à l’influence française en Extrême-Orient ». À la même
époque, Fauvel, ancien officier des douanes chinoises, écrit : « Nos missionnaires sont nos meilleurs diplomates et les plus utiles agents de l’influence française dans le monde entier. Il faut donc exporter de la graine de missionnaires. »
8. La colonisation accélère la transition démographique puisque la mortalité baisse rapidement alors que la natalité reste élevée : l’action des médecins coloniaux, civils et militaires, permet de combattre les épidémies et les maladies endémiques, notamment avec les vaccinations contre la peste et le choléra en
Indochine ou les missions médicales envoyées en AOF ou en AEF.
34
des marchands, souvent arabes, qui s’étaient infiltrés en
Afrique où ils rassemblaient et commercialisaient des
esclaves. Les dernières phases de l’action officielle contre
l’esclavage se déroulent sur la scène diplomatique : traité
de Washington (1862), conférence de Bruxelles (1876),
Acte international de la conférence de Berlin (1885) et
conférence de Bruxelles (1890), à laquelle participent les
peuples colonisateurs. Le Pacte de 1919 de la Société des
Nations prévoit la répression de la traite des esclaves, et
les membres de la SDN prennent l’engagement d’abolir le
travail servile. La suppression de l’esclavage est réaffirmée dans le texte de la Déclaration universelle des droits
de l’homme des Nations unies de 1948.
régime stable en Égypte, sous le vice-roi Méhemet Ali,
permettent d’emprunter après 1815 la route entre Suez et
Alexandrie : l’Anglais Thomas Whagorn établit un système de relais de caravanes permettant de se rendre de
Suez au Caire – le trajet du Caire à Alexandrie se faisant
par voie fluviale. En 1850, un chemin de fer relie
Alexandrie au Caire et, en 1855, Le Caire à Suez. L’entrée
en scène de Ferdinand de Lesseps (1805-1894) bouleverse
la situation. Grâce à ses relations amicales avec le nouveau
vice-roi d’Égypte, Muhammad Sa’ïd, il obtient en 1854 un
acte de concession très favorable : le gouvernement égyptien accorde à la Compagnie universelle du canal maritime
de Suez toutes les terres nécessaires au percement entre
l’isthme et le Nil, et l’exploitation du canal pour une durée
de 99 ans. L’acte doit être ratifié par le gouvernement ottoman, puissance souveraine de l’Égypte. Mais les capitaux
manquent. La compagnie fait donc appel aux petits actionnaires et à tous les épargnants d’Europe ; les actionnaires
français sont à peu près les seuls à souscrire, par esprit
patriotique. De Lesseps se tourne aussi vers le vice-roi et
obtient la fourniture d’une main-d’œuvre bon marché par le
biais de la corvée, et l’achat des actions non vendues pour
compléter le capital. Le gouvernement égyptien est d’ailleurs obligé d’emprunter sur le marché européen et d’accroître encore sa dette, déjà considérable. L’Égypte a ainsi
financé la plus grande partie de l’entreprise. Le canal est
inauguré le 17 novembre 1869 par l’impératrice Eugénie.
Le souvenir de l’expansion européenne
à travers la littérature
Romans, récits et poèmes exotiques (Jose Maria de
Heredia, Les Trophées) foisonnent et connaissent un franc
succès. Joseph Conrad (Le Nègre du Narcisse, Lord Jim,
Typhon) plonge tour à tour l’homme blanc dans des mers
difficiles, au cœur d’une nature exubérante ou au milieu de
tribus hostiles. Robert Louis Stevenson, qui parcourt le
monde, multiplie les récits où le mystère et l’inconnu se
côtoient. Pierre Loti (Pêcheur d’Islande, Ramuntcho) passe
des mers froides du Nord à l’Extrême-Orient pour présenter des mœurs bien étranges pour un Européen. Mais l’Inde
de Kipling, les mers du Sud de Stevenson, l’Extrême-Orient
de Loti, s’ils sortent l’Européen de son continent, ne le
séduisent pas au point d’injecter dans sa culture des apports
extérieurs notables. Force est de constater que l’exotisme
est davantage une curiosité qu’un désir réel d’ouverture et
d’emprunt aux civilisations non européennes.
Les langues européennes
parlées hors d’Europe
Se reporter au texte du livre page 42.
L’abolition de l’esclavage
L’abolition de l’esclavage se fait par étapes tout au long du
XIXe siècle :
– À la suite de la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen (1789), la Convention supprime l’esclavage dans
les colonies françaises en 1794. Napoléon Bonaparte le
rétablit en 1802. Au retour de son second voyage aux
Antilles, Victor Schœlcher écrit Des colonies françaises
(1842), où il demande l’abolition définitive de l’esclavage. Après la révolution de 1848 et la proclamation de la
République, Schœlcher prépare le décret du 27 avril qui
supprime l’esclavage de manière immédiate et donne aux
« nouveaux libres » les droits des citoyens. L’article VI de
la Constitution stipule que « l’esclavage ne peut exister
sur aucune terre française ».
– La guerre de Sécession est l’aboutissement le plus spectaculaire des mouvements internes par lesquels des pays
suppriment l’esclavage à l’intérieur de leurs propres frontières. L’abolitionnisme nordiste est justifié par le souci
d’éviter la concurrence de la main-d’œuvre servile du Sud
face aux salaires élevés du Nord.
– Enfin, à partir de la fin du siècle, les pays colonisateurs,
en s’emparant des sources africaines d’hommes, y abattent le pouvoir des trafiquants négriers. Sur les traces des
Caillé, Livingstone, Stanley ou Brazza, des missionnaires
et des administrateurs militaires contrecarrent les trafics
Pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour qu’ils trouvent les mots-clés de
la leçon. Par exemple, « empire colonial » « colonies »,
« métropole », « émigration européenne », « indigènes »,
« travail forcé », « missionnaires ». Mettre en relation chacun de ces mots avec les repères figurant dans la chronologie p. 38. Mettre en commun les réponses et écrire
ensemble le résumé de cette séquence.
Bibliographie
– M. Ferro, Le Livre noir du colonialisme (XVIe-XXIe siècle),
Hachette, 2003.
– F. Mauro, L’expansion européenne (1600-1870), PUF,
1996.
– J. Meyer et al., Histoire de la France coloniale, t. 1 : Des
origines à 1914, A. Colin, 1991.
– G. Pervillé, De l’Empire français à la décolonisation,
Hachette, 1991.
35
Vivre à la manière de… les enfants du XIXe siècle
Pages 44 et 45 du dossier
Référence aux Instructions officielles
En entrant en cycle 3, l’élève franchit une étape importante de sa scolarité. Les compétences qu’il vient d’acquérir en
lecture et en écriture lui permettent d’enrichir ses possibilités d’information et de renforcer ses apprentissages.
La maîtrise du langage et de la langue française constitue le premier pôle. Elle doit être, pour chaque enseignant du
cycle 3, la priorité des priorités et une préoccupation permanente. Aucun élève ne doit quitter l’école primaire sans
avoir cette assurance minimale dans le maniement du français oral et écrit, qui permet d’être suffisamment autonome
pour aborder le collège.
Chaque lecture, chaque projet d’écriture doit venir s’ancrer dans une activité qui, par ailleurs, construit des connaissances précises.
Ainsi, la maîtrise du langage et de la langue française est une dimension présente dans toutes les activités du cycle 3 ;
elle doit avoir une place précise dans chaque progression d’apprentissage et doit faire l’objet d’évaluations régulières.
Elle doit être un souci constant des maîtres.
Compétences
• Être capable de produire un texte d’une dizaine de lignes sur le travail des enfants au XIXe siècle.
• Être capable de travailler en binôme avec un(e) camarade de classe.
• Être capable de mettre son texte en conformité avec les règles orthographiques en vigueur.
L’exploitation pédagogique en classe
Les enfants travaillent aussi en dehors des grosses usines,
dans des ateliers. À Bayeux et Cherbourg, les petites
filles travaillent dès l’âge de 4 ans pour fabriquer la
dentelle. Les manufactures de toiles d’Oberkampf
emploient des jeunes filles de 13 ans pour des travaux très
difficiles.
➤ Activité 1 : « Je découvre le travail
des enfants »
Le travail des enfants n’est pas spécifique au XIXe siècle.
Les historiens ont en effet retrouvé des traces du travail
d’enfants dans les mines vosgiennes remontant à 1572. Il
est établi qu’au XVIIe siècle, les ramoneurs savoyards sont
aussi des enfants. En 1780, la Manufacture royale de
Saint-Gobain emploie des enfants pour transporter les
copeaux, les tuiles et la terre.
Si le XIXe siècle imprime autant sa marque dans ce
domaine, c’est par la généralisation et la concentration du
travail des enfants. En 1840, la main-d’œuvre textile est
composée à 75 % de femmes et d’enfants ; 150 millions
d’enfants dans le monde exercent une activité professionnelle à temps complet et 100 millions une activité à temps
partiel.
Pour les patrons des usines, employer des enfants est alors
très avantageux. Dès l’âge de 8 ans, ils peuvent effectuer
des tâches qui ne demandent aucune qualification. Ils sont
petits mais habiles, peuvent se glisser sous les métiers à
tisser pour attacher les fils qui se cassent, ou bien se faufiler dans les galeries étroites des mines pour en extraire le
charbon. Ils ont un régime de travail équivalent à celui des
adultes ; ils travaillent donc en moyenne 12 à 15 heures
par jour.
Surtout, le salaire des enfants est moindre que celui des
adultes : pour un même travail, les enfants sont payés
jusqu’à quatre fois moins. Le coût de la vie ayant considérablement augmenté au cours du siècle, le salaire des
enfants représente alors un apport financier nécessaire
pour beaucoup de familles ouvrières. Souvent, les parents
eux-mêmes font embaucher leurs enfants par le patron de
l’usine où ils travaillent.
➤ Activité 2 : « Je découvre des adversaires
du travail des enfants »
36
Pour tenter d’alerter l’opinion publique sur la condition
des enfants, le baron Dupin et le Dr Villermé présentent un
projet de loi sur le travail des enfants, qui s’inspire des lois
en vigueur en Angleterre. Depuis 1802, le Parlement
anglais avait en effet voté la limitation du travail des
enfants. Mais les parlementaires s’inquiètent : limiter le
travail des enfants ou leur verser un salaire plus important
va nécessairement augmenter le coût du travail.
Les partisans des réformes s’inspirent des rapports des
enquêteurs sociaux qui ont visité les usines et les mines.
Ces rapports montrent que les accidents y sont très nombreux et que les enfants y sont employés parfois jusqu’à
36 heures d’affilée sous terre. Jules Simon s’associe à ce
combat et publie plusieurs textes qui dénoncent le travail
des enfants.
Malheureusement, les changements ne sont pas à la hauteur de l’engagement de ces hommes. Les enfants travaillent encore très durement avant que des mesures soient
enfin prises. Le 22 mars 1841 est votée la première loi qui
vient réglementer le travail des enfants dans les manufactures, les usines et les ateliers, en limitant à 8 ans l’âge
minimal d’admission, mais uniquement dans les entreprises qui occupent plus de vingt ouvriers. La même loi
organise aussi les temps de travail des enfants dans les
manufactures. Les premiers changements vraiment significatifs apparaissent seulement en 1882, avec les lois Jules
Pour aller plus loin
Ferry, qui rendent la scolarisation obligatoire, laïque et
gratuite.
Aujourd’hui en France, selon le rapport Marimbert (du
nom du conseiller d’État qui l’a rédigé), plusieurs milliers
d’enfants travaillent toujours, sans avoir accès à la scolarisation.
Les textes pourront être insérés dans le journal de l’école,
par exemple sous la forme d’un numéro spécial sur le
thème « Les enfants qui travaillent dans le monde » ou
encore sur le thème « L’histoire de l’industrialisation ».
Ce travail pourra facilement faire le lien avec les cours
d’éducation civique.
➤ Activité 3 : « Je rédige un article
sur le travail des enfants au XIXe siècle »
L’objectif de l’activité est de faire rédiger un texte qui
prend appui sur les documents suivants :
– « Discours sur la durée trop longue du travail dans beaucoup de manufactures » (rédigé par le Dr Louis-René
Villermé, 1837) ;
– « Tableau de l’état physique et moral des ouvriers
employés dans les manufactures de coton, de laine et de
soie » (Louis-René Villermé, 1840) ;
– articles de la loi du 19 mai 1874 « sur le travail des
enfants et filles mineures dans l’industrie ».
Ce travail implique que les trois documents aient été préalablement lus et expliqués et que les passages essentiels
aient été résumés, soit de façon autonome par les élèves,
soit par la classe sous forme de dictée à l’adulte.
Une fois ce travail préparatoire accompli, les élèves peuvent prélever dans chaque document les informations
importantes et les compiler pour écrire un article.
Si l’enseignant souhaite que les élèves écrivent un texte
sous forme d’article de journal, il sera important qu’ils
soient familiarisés auparavant avec ce type d’écrit.
Bibliographie
– J.-P. Rioux, La Révolution industrielle, 1780-1880, coll.
« Points Histoire », Le Seuil, 1989.
– T. Aprile, A. Ronzon, Pendant la révolution industrielle :
Joseph, Le Creusot, 1868-1872, Gallimard Jeunesse,
2005 : un album illustré sur la vie quotidienne d’un petit
garçon au Creusot.
– A. Due, La Vie des hommes à travers les révolutions
industrielles, Delagrave, 1999.
Sites
– http://www.histgeo.com/contemporaine/travail.html
– http://www.droitsenfant.com/travail_histoire.htm
Deux sites très bien conçus et élaborés par des historiens,
consacrés au travail des enfants.
37
La France de 1815 à 1871
Pages 46 à 51 du dossier
Référence aux Instructions officielles
L’évolution la plus évidente concerne toujours le politique. Après l’absolutisme des Bourbons, on passe à la monarchie bourgeoise des Orléans avec l’émeute parisienne de juillet 1830, pour revenir à la République après une révolution aux accents nouveaux en février 1848. On retourne à l’Empire après le coup d’État bonapartiste de 1851, puis
de nouveau à la République à cause d’une guerre insensée et d’une débâcle inexcusable en septembre 1870.
Compétences
• Appréhender le temps en situant les moments importants de l’évolution politique.
• Étudier un document patrimonial : La Liberté guidant le peuple, par Eugène Delacroix.
Photofiche
Voir la photofiche p. 60.
monarchie constitutionnelle. Pour y parvenir, il faut une
occasion, un roi de rechange (Louis-Philippe d’Orléans3)
acceptable pour le peuple (de Paris, seul concerné), majoritairement républicain, un groupe de politiciens complices (Talleyrand, La Fayette, Thiers) et les indispensables
figurants pour dresser les barricades. Le 28 juillet 1830,
étudiants, imprimeurs, compagnons et artisans de Paris,
hostiles à la monarchie bourbonienne, et excédés par la
hausse du prix du pain et le chômage, se rassemblent
autour des journaux libéraux dont la police veut saisir les
presses, puis élèvent des barricades dans les quartiers
populaires du centre, de la rive gauche et de l’est. Faire
observer le document 1 p. 46 et faire répondre aux questions 1 et 2. Les régiments royaux campent sur le quai de
l’Hôtel de Ville ; face à eux, les insurgés occupent l’île de
la Cité et franchissent la Seine, drapeau tricolore en tête.
Les combats sont rudes (question 1). Dans ce Paris
moyenâgeux, les troupes royales échouent à occuper le terrain. Le moment difficile arrive : tromper le peuple victorieux, qui souhaite la République. Une initiative risquée
réussit le 31 juillet : le duc d’Orléans se montre au balcon
de l’Hôtel de Ville, où siègent les vainqueurs du moment.
D’abord surprise, la foule applaudit ; seuls quelques chefs
républicains comprennent la supercherie (question 2).
Charles X abdique quelques jours plus tard ; il meurt en
Autriche en 1836, quatre ans après l’Aiglon, l’héritier des
Bonaparte. La France profonde et paysanne, occupée à la
moisson, ne bouge pas…
Pourquoi y a-t-il des révolutions
en France au XIXe siècle ?
Le contexte historique
La chronologie p. 46 montre la succession des régimes
entre 1815 et 1871 : cinq en moins de soixante ans ! On
passe des Bourbons aux Orléans grâce à l’insurrection
parisienne de juillet 1830, puis on revient à la République
après la révolution de février 1848, vite confisquée par le
coup d’État du 2 décembre 1851. Cet « Empire bis »
meurt comme le premier, dans la défaite et l’occupation.
On retourne à la République le 4 septembre 1870.
Commencée dans le sang des communards, puis dans l’incertitude d’un royalisme pour le moins maladroit1, cette
IIIe République sera en fin de compte le régime le plus
long que la France aura connu depuis Louis XIV, et un de
ceux qui travailleront le plus… Au travers de ce siècle
montent un irrésistible mouvement réformateur, puis
républicain, puis socialiste, tous trois issus plus ou moins
directement de la Révolution française, dont l’influence et
le souvenir restent considérables. La concentration des travailleurs dans des industries nouvelles et dans des faubourgs surpeuplés, ainsi que l’exploitation à laquelle ils
sont soumis2, suscitent des émeutes ouvrières, que les
socialistes et les syndicaux récupéreront plus tard, vers
1885.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 2 : documents 2 et 3 p. 47
➤ Activité 1 : document 1 p. 46
La révolution de 1848 a une origine double : l’une tient au
monde politique, donc à la bourgeoisie, nettement réformatrice et modérément républicaine ; l’autre vient, comme
d’habitude, du petit peuple parisien, agité par une crise
économique qui ressemble à une crise d’Ancien Régime.
La République et les « journées de juin » (1848).
Les « Trois Glorieuses » (juillet 1830).
Exaspérée par le régime liberticide et revanchard de
Charles X, la bourgeoisie parisienne milite pour une
1. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « Les débuts de la IIIe République », « Comment la République s’est-elle consolidée ? », document 4 p. 53.
2. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « Le temps de l’industrie », pp. 26-31.
3. Louis-Philippe est un prince aux allures bourgeoises, ancien combattant de Jemmapes, fils de régicide, héritier de ces Orléans qui ont tourné autour du
trône pendant un siècle et demi.
38
récupération manquée des canons que les Parisiens avaient
achetés pendant le siège pour combattre les Prussiens. La
foule s’ameute, de plus en plus agressive, surtout quand
elle reconnaît le général Lecomte, l’un des fusilleurs de
1848 : des soldats mettent la crosse en l’air, les généraux
Lecomte et Thomas sont fusillés sur place. En 1871
(comme en 1848), l’insurrection ne s’appuie ni sur un programme révolutionnaire ni sur un groupe : à chaque fois,
le dérapage vers la violence a quelque chose de fortuit. On
improvise une élection municipale : un conseil communal
est mis en place le 28 mars, qui prend le nom de
« Commune de Paris ». Une majorité, prônant la lutte
contre la bourgeoisie et l’Église, s’en détache. La minorité, fédéraliste et autonomiste, est avant tout préoccupée
par la question sociale. Tous se retrouvent cependant dans
la même volonté de défendre la République proclamée le
4 septembre 1870. Faire observer le document 4 p. 47 et
faire répondre aux questions 9 et 10. Comme en 1848, on
s’en prend à tout ce qui rappelle le passé monarchique :
ici, la statue de Napoléon Ier est abattue place Vendôme
(question 9). Comme en 1848, on signifie que la
République est un régime opposé à la monarchie (question 10). Cependant, sur l’ordre de Thiers, les troupes versaillaises6 du général de Galliffet mettent fin brutalement
à cette expérience. Du 21 au 28 mai, pendant la « semaine
sanglante », des combats meurtriers se déroulent dans
Paris : les Tuileries et l’Hôtel de Ville brûlent. Au massacre des Parisiens par l’armée répond la fusillade de
52 otages, dont l’archevêque de Paris. Les derniers combats se déroulent au cimetière du Père-Lachaise où des
communards sont fusillés devant ce qui deviendra le mur
des Fédérés. Cet épisode aura fait au moins 20 000 morts,
peut-être 30 000. On dénombre 50 000 prisonniers dont
plus de 38 000 sont jugés, soit quatre fois plus qu’en 1848.
La répression judiciaire durera jusqu’en 1875 et l’amnistie attendra plus de dix ans. Au total, un quart de la population masculine active de la capitale est touché…
Après une moisson franchement mauvaise en 1846, le prix
du blé, donc du pain, double, provoquant émeutes de marchés, pillages et incendies de boulangeries. Le petit peuple
est contraint de diminuer ses dépenses alimentaires et
n’achète quasiment rien. Usines et magasins font faillite,
la rente baisse ; l’impôt qui rentre mal entraîne un déficit
budgétaire. Plus grave, un important chômage, non
secouru, se précise. L’interdiction d’un banquet républicain à Paris le 22 février 1848 déchaîne des manifestations
bruyantes. Le lendemain, boulevard des Capucines, une
bagarre entre la foule et les soldats dégénère en fusillade.
La vue des seize victimes promenées dans une charrette à
la lueur des torches déclenche le soulèvement, que ni la
troupe ni le roi ne veulent vraiment réprimer. Le 24, la
République est proclamée et Louis-Philippe s’exile à son
tour. Faire observer le document 2 p. 47 et faire répondre
aux questions 3, 4, 5 et 6. À la Bastille, la foule brûle le
trône du roi (questions 3 et 4). Le lieu rappelle évidemment la prise de la Bastille, acte de naissance de la
Révolution de 17894 (question 5). Dire aux élèves que la
République est d’abord un régime politique opposé à la
monarchie. D’ailleurs, il n’y aura pas d’autres rois en
France après 1848 (question 6)… Assez curieusement,
l’armée se rallie et les curés bénissent les nouveaux arbres
de la Liberté. Dans l’élan, le gouvernement provisoire de
la IIe République proclame pêle-mêle toutes sortes de
libertés : liberté de la presse, liberté de réunion, libération
des esclaves aux colonies, abolition des châtiments corporels ; il détruit la guillotine, restitue les objets engagés au
mont-de-piété, transforme les Tuileries en asile des invalides du travail, salarie des chômeurs dans de nouveaux
bataillons de la Garde nationale mobile5, raccourcit la
journée de travail. Puis apparaissent le suffrage universel
masculin (à 21 ans) et les Ateliers nationaux, institués
pour embaucher les chômeurs. Faire observer le document 3 p. 47 et faire répondre aux questions 7 et 8. Le
22 juin, l’Assemblée constituante, élue en avril, annonce
la fermeture des Ateliers. Le lendemain, les premières barricades sont dressées. C’est une émeute de la famine et du
désespoir, tel cet ouvrier qui apostrophe François Arago,
alors ministre de la Guerre et de la Marine, venu en conciliateur : « Ah, monsieur Arago, vous n’avez jamais eu
faim ! » (questions 7 et 8). C’est pourtant une Assemblée
républicaine qui délègue tout pouvoir au général
Cavaignac pour ramener l’ordre. L’armée et la Garde
mobile écrasent au canon les barricades, avant de fusiller
leurs défenseurs. Le 26 juin, tout est fini : les victimes se
comptent par milliers ; 15 000 prisonniers seront déportés
en Algérie.
Sur les traces de la France
de 1815 à 1871
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
➤ Activité 1 : documents 1 et 2 p. 48
La Restauration (1814-1830).
Les royalistes et catholiques de toujours, et plus encore
ceux que le comte de Provence (Louis XVIII) ramène dans
ses bagages, clament leur volonté de revanche, avec restitution des biens aux spoliés de 1789, rétablissement du
régime seigneurial et de la dîme, et châtiment exemplaire
de tous les coupables de lèse-majesté. Mais Louis XVIII a
beaucoup gagné en sagesse après son long exil : il gou-
➤ Activité 3 : document 4 p. 47
La Commune de Paris (18 mars-28 mai 1871).
La Commune de Paris est le pouvoir insurrectionnel
formé après la révolte du 18 mars 1871 et renversé après
des combats meurtriers le 28 mai suivant. Tout part de la
4. Se reporter au livre de l’élève, chapitre « La Révolution française », « Qu’est-ce que la Révolution française ? », document 2 p. 7.
5. Cette milice civique créée en 1789 est préposée au maintien de l’ordre. Les gardes nationaux sont initialement recrutés parmi les citoyens payant l’impôt
foncier. La IIe République démocratise cette institution : désormais, tout citoyen peut en faire partie. Elle disparaît après l’échec de la Commune, à laquelle
elle s’est ralliée.
6. Depuis le 10 mars, l’Assemblée est à Versailles ; le 18 mars, Thiers s’y réfugie avec le gouvernement.
39
verne en tentant de donner satisfaction à tous ceux qui ne
sont pas excessifs. Pour cela, il utilise les ressources de la
Charte de 1814. Faire lire le document 1 p. 48 et faire
répondre aux questions 1 et 2. C’est une synthèse bancale
modérant les acquis révolutionnaires par un soupçon
d’Ancien Régime :
– les acquis de la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen sont garantis : égalité des droits, sûreté personnelle, liberté religieuse, droit de propriété, contribution
proportionnelle de chacun aux charges de l’État (question 1) ;
– la Charte établit à nouveau (n’oublions pas Louis XVI et
la Constitution de 1791) une monarchie constitutionnelle
bourbonienne (question 2) : le roi est le chef suprême de
l’État ; il a l’initiative de la loi, votée par deux chambres,
dont l’une est nommée et l’autre élue (par moins de
100 000 électeurs, tous très riches, majoritairement d’anciens nobles). La chambre élue, dominée par les ultras, est
vite dissoute, ce qui les remet à leur vraie place : une centaine de députés siègent à la droite du président, contre
120 constitutionnels soutenant la Charte, plus une trentaine d’indépendants siégeant à gauche, parmi lesquels
des libéraux, des bonapartistes et des républicains.
les tromper, mais de rester ensemble, chacun à son rang,
jusqu’à ce qu’on eût voté » (question 7). Beaucoup ont
entendu parler de la République, parfois en bien, parfois
en mal, surtout dans les provinces royalistes ou catholiques. Aucun ne sait ce qu’est le socialisme. Aux deux
élections qui suivent la proclamation de la République, la
bourgeoisie, soudain unie à l’Église, obtient le résultat
espéré. Pour la Constituante, en avril, les socialistes sont
laminés (100 sièges sur 900) et les républicains modérés,
dont beaucoup sont des orléanistes masqués, forment
l’énorme majorité. Faire observer le document 4 p. 49 et
faire répondre aux questions 8, 9 et 10. En décembre, la
nouvelle Constitution, rapidement rédigée et adoptée,
ayant inventé la présidence de la République, les Français
désignent massivement (5,4 millions de suffrages sur
7,3 millions exprimés) Louis-Napoléon Bonaparte, neveu
de l’Empereur, soutenu par les notables locaux (questions 9 et 10). Qui connaissait Cavaignac ? Qui avait lu
Lamartine ? Quant à Ledru-Rollin et Raspail, c’était tout
« rouge » et « partageux » (question 8).
L’assassinat de l’unique héritier des Bourbons, le duc de
Berry, par un ouvrier bonapartiste en février 1820 signe la
fin de cette expérience modérée et le retour des ultras,
d’autant que Louis XVIII, malade, ne se mêle plus de pondérer son entourage. Se déchaînent alors les rancœurs
d’une noblesse et d’une Église qui n’ont rien oublié, et à
peu près rien compris. Tout comme Charles X, frère et
successeur de Louis XVIII, qui est le dernier roi de France
à être sacré sur le modèle suranné de la monarchie absolue de droit divin. Faire observer le document 2 p. 48 et
faire répondre aux questions 3 et 4. Insister sur l’exhibition ostentatoire des regalia : le manteau de velours parsemé de fleurs de lys d’or et doublé d’hermine, la couronne, le sceptre, la main de justice. La main de justice et
le sceptre sont ceux qui servirent au sacre d’Henri IV à
Chartres en 1594, une manière de remémorer le fondateur
de la dynastie des Bourbons. Sur le rabat d’hermine, audessous de la cravate en dentelle, le roi porte le collier de
l’ordre du Saint-Esprit, et non celui de la Légion d’honneur (questions 3 et 4).
Le Second Empire est issu d’un coup d’État, mieux préparé que celui du 18 Brumaire7. Louis-Napoléon suscite
encore des sentiments divers8. Chez cet homme intelligent
qui sait écouter même quand il n’en a pas l’air et dont le
regard semble se perdre dans les rêveries, la faiblesse est
de vouloir rester un Bonaparte et d’assumer un héritage
que la légende a rendu inaccessible. Faire observer le
document 5 p. 49 et faire répondre à la question 11. Ce
tableau reprend tous les codes de l’esthétique impériale :
allure martiale, regard au loin, plastron décoré de la
Légion d’honneur, bicorne frappé de la cocarde tricolore,
bottes, selle d’apparat, cheval musculeux (question 11).
Napoléon III veut retrouver la gloire militaire de son
oncle : après quarante ans de paix, il replonge la France
dans quatre guerres dont les deux premières (Crimée,
Italie) sont difficilement victorieuses. La dernière, contre
la Prusse et ses alliés allemands, est fatale. De la vieille
Confédération germanique divisée jadis en plus de 300
unités inégales, Napoléon Ier et les traités de 1815 avaient
laissé une trentaine d’États. Du Rhin à la Baltique, la
Prusse domine le Nord, tandis que l’Autriche domine le
Sud. Le roi de Prusse Guillaume Ier et son Premier ministre Otto de Bismarck veulent la réduire à son territoire
propre et prendre la tête de l’Allemagne. Tout est réglé en
moins d’un mois : à Sadowa (1866), l’Autriche écrasée est
exclue de l’unité allemande de Bismarck. Les Français
s’inquiètent, Napoléon III réclame une compensation.
Bismarck ne répond pas, il attend son heure. Elle vient en
1870 avec la candidature d’un parent du roi de Prusse au
trône d’Espagne. Après protestation française, la candidature est retirée. L’ambassadeur français réclame alors des
garanties pour l’avenir : Guillaume Ier répond évasivement
mais courtoisement ; une manipulation du texte de la
dépêche d’Ems par Bismarck la rend insultante. À Paris,
➤ Activité 3 : documents 5 et 6 p. 49
La France de Napoléon III (1852-1870).
➤ Activité 2 : documents 3 et 4 pp. 48-49
La République est un régime démocratique.
Le droit de vote, d’abord réservé aux très riches (moins de
100 000 individus jusqu’en 1830, puis le double), est
étendu après la révolution de 1848 à tout adulte mâle.
Faire lire le document 3 p. 48 et faire répondre aux questions 5, 6 et 7. Le corps électoral passe de 200 000 à plus
de 9 millions de personnes, dont trois quarts de paysans et
un bon tiers d’illettrés (question 5). Le moment du vote
est solennel : « Tous ces hommes se mirent à la file, suivant l’ordre alphabétique » (question 6) ; « Je leur recommandai de ne point se laisser accoster ni détourner par les
gens qui, à notre arrivée au bourg, pourraient chercher à
7. Se reporter au manuel de l’élève, chapitre « Napoléon Bonaparte », « Qui était Napoléon Bonaparte ? », document 2 p. 13.
8. L. Girard, Napoléon III, Fayard, 1986.
40
création : celle du fastueux rassemblement des vastes
compositions des Vénitiens et des Flamands. Rapportées
d’Europe entière par les armées de Napoléon, ces œuvres
seront en grande partie rétrocédées après 1815. Dès 1824,
il consigne dans son Journal le vœu d’être lui aussi un
peintre des « grandes machines » et de prendre la succession de Gros, peintre de La Bataille de Nazareth, Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa ou Bataille d’Eylau11.
l’impératrice Eugénie, militaires, députés et journalistes
s’enflamment patriotiquement. Le 19 juillet, la guerre est
déclarée à la Prusse. Un mois plus tard, Bazaine se laisse
enfermer dans Metz, où il capitulera avec 180 000 soldats.
Pendant ce temps, Napoléon III et Mac-Mahon rassemblent 130 000 hommes pour les conduire vers Sedan, où
ils comptent retrouver Bazaine. Les Prussiens les encerclent, l’empereur se constitue prisonnier le 2 septembre.
Faire observer le document 6 p. 49 et faire répondre aux
questions 12 et 13. Il n’est pas impossible que LouisNapoléon ait senti venir cette triste fin : il avait perdu la
santé et son entourage montrait une indéniable et vaniteuse médiocrité. Beaucoup de ses généraux ne connaissaient que la guerre d’Afrique. Lebœuf, un moment ministre de la Guerre, aurait déclaré qu’« il ne manquait pas un
bouton de guêtre » alors que la pagaille était générale.
Dans la tradition républicaine, Louis-Napoléon reste
« Napoléon le Petit » (Victor Hugo), sexagénaire malingre
et soumis qui remet son sabre d’enfant au roi de Prusse sur
cette image (questions 12 et 13).
Le droit de vote
Se reporter au texte du livre de l’élève page 51.
➤ Activité possible
Travailler avec les élèves sur l’élargissement du droit de
vote : au suffrage censitaire s’est substitué le suffrage universel masculin (1848), élargi aux femmes en 1944, puis
aux citoyens européens en 1992. La démocratie française,
qui avait été l’une des premières à appliquer le suffrage
universel masculin, est en retard pour le vote des femmes.
Dès 1919, la Constitution allemande accorde le droit de
vote aux hommes et aux femmes âgés de 20 ans. En
Grande-Bretagne, le suffrage féminin est acquis en 1918
(à partir de l’âge de 30 ans, abaissé à 21 ans en 1928). Aux
États-Unis, le droit de vote des femmes est accordé en
1920. Les Françaises doivent attendre l’ordonnance du
21 avril 1944 ; c’est le général de Gaulle qui leur permet
ainsi de voter pour la première fois en 1945. L’extension
du suffrage aux citoyens européens résidant en France est
acquise par le traité de Maastricht : toute personne ayant
la nationalité d’un État membre de l’Union peut élire les
conseillers municipaux et les députés européens.
L’héritage politique de la France
de 1815 à 1871
Le souvenir et la tradition
révolutionnaires / Le personnage
de Gavroche
Pour les ouvriers français, les grandes révolutions manquées et sanglantes demeurent celles de 1848 et 1871.
D’abord parce qu’elles se sont produites dans la capitale, au
cœur du pouvoir, d’où sont partis depuis plus d’un siècle
tous les grands bouleversements politiques, mais aussi
parce que c’est une de ces villes monstrueuses qui concentrent depuis 1820-1830 les terreurs des possédants, qui
vivent les éruptions de 1848 et de 1871 comme une légitimation de leurs angoisses devant ces classes dangereuses9,
qui, gonflées de misère et d’ignorance, font peser une
menace sur la civilisation elle-même10. Du côté des victimes, le mouvement ouvrier porte en héros les rescapés de
la Commune (Louise Michel, Édouard Vaillant…). Avec le
mur des Fédérés au Père-Lachaise, il a son monument aux
morts, qui voit converger les foules du Front populaire de
1936. « C’est la Commune qui vaincra ! » chante-t-on
encore sous la IVe République, tandis que la tradition révolutionnaire de la barricade persiste encore à Paris pendant
les manifestations étudiantes de Mai 1968…
Pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour qu’ils trouvent les mots-clés de
la leçon. Par exemple, « Restauration », « révolution de
1848 », « IIe République », « suffrage universel »,
« Second Empire », « Napoléon III », « IIIe République »,
« Commune de Paris ». Mettre en relation chacun de ces
mots avec les repères figurant dans la chronologie p. 46.
Mettre en commun les réponses et écrire ensemble le
résumé de cette séquence.
Bibliographie
➤ Activité possible
– F. Démier, Nouvelle Histoire de la France contemporaine. La France du XIXe siècle (1814-1914), coll.
« Points Histoire », Le Seuil, 2000.
– A. Plessis, Nouvelle Histoire de la France contemporaine. De la fête impériale au mur des Fédérés (18521871), coll. « Points Histoire », Le Seuil, 1996.
– C. Charle, La Crise des sociétés impériales, Le Seuil, 2000.
Travailler avec les élèves sur le tableau La Liberté guidant
le peuple d’Eugène Delacroix (1798-1863). Fils d’un haut
fonctionnaire de la République et de l’Empire, Delacroix
est, comme Musset, l’un de ces enfants du siècle dont le
talent prolonge l’épopée napoléonienne. À l’âge de 15 ans,
il a au Louvre la vision qui détermine l’esthétique de sa
9. L. Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle, Plon, 1958 (rééd. Hachette, 1984).
10. Se reporter au livre de l’élève, chapitre « Le temps de l’industrie », « L’héritage des progrès techniques et scientifiques », document « Les luttes ouvrières
et le drapeau rouge », p. 30.
11. Se reporter au livre de l’élève, chapitre « Les guerres, de 1792 à 1815 », « Sur les traces des victoires et des défaites », document 2 p. 20.
41
Les débuts de la IIIe République
Pages 52 à 57 du dossier
Référence aux Instructions officielles
La République est d’abord un régime opposé à la monarchie. Instaurée pendant la Révolution française le 22 septembre 1792, elle est abattue deux fois par les coups d’État bonapartistes, en 1799 et en 1851. La défaite impériale à
Sedan et l’effondrement du Second Empire redonnent sa chance à la République, qui devient en 1870 le régime politique des Français.
Compétences
• Caractériser une période : l’émergence et la consolidation de la République.
• Connaître les lois Ferry sur l’école.
• Repérer et interpréter les symboles civiques de la République.
Photofiche
Voir la photofiche p. 62.
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
Comment la République
s’est-elle consolidée ?
➤ Activité 1 : document 1 p. 52
Le contexte historique
La République est née de la défaite.
La chronologie p. 52 montre que trois époques au moins
marquent l’affirmation de la République comme régime
préféré des Français :
– La lente émergence de la République (1870-1879) : le
paradoxe de la République proclamée le 4 septembre 1870
est d’avoir à sa tête une Assemblée composée de monarchistes qui rêvent de Restauration. En mai 1873, ils s’arrangent pour faire démissionner le président Thiers, qui a
dirigé la répression contre la Commune de Paris (1871).
Leur chef, le duc Albert de Broglie, fait élire Mac-Mahon
président d’une République encore fictive, tandis que
s’instaure un régime qui se qualifie lui-même d’« ordre
moral » : libertés brimées, maires nommés, manifestations
monstres organisées par l’Église. Mais, à chaque élection,
un républicain est élu : visiblement, l’alliance du trône et
de l’autel ne rassemble qu’une partie des Français.
– La République installée (1879-1886) : le retrait de MacMahon en 1879 déjoue les plans monarchistes de restauration. Les lois dites « des libertés républicaines » sont
votées par des majorités franchement républicaines, donc
antimonarchistes et fatalement anticatholiques. Les lois
les plus importantes concernent alors l’école et l’Église
(lois Ferry de 1881-1882).
– Les crises de la République (1886-1906) : terne dans ses
présidents comme dans la plupart de ses ministres, la
République à peine installée est en proie à des scandales
médiocres. La France profonde est moins remuée par l’affaire Dreyfus (1894-1899) que par les affaires religieuses
qui précèdent l’adoption de la loi de séparation des Églises
et de l’État (1905).
La jeune République décide de continuer le combat mal
engagé contre la Prusse. Mais, dès le 19 septembre, Paris
est encerclé. Gambetta, parti à Tours en ballon, projette de
sauver Paris avec l’armée de la Loire aidée de la garnison
restée à Paris. Mais la capitulation de Bazaine (27 octobre)
libère les régiments allemands qui assiégeaient Metz. La
défaite est complète dès janvier 1871 et achève l’unité
allemande1 : après des négociations avec les petits rois et
princes de la région du Main, Bismarck obtient leur
accord pour que Guillaume Ier soit proclamé empereur
d’Allemagne (18 janvier 1871). De son côté, le gouvernement provisoire obtient de Bismarck un armistice de trois
semaines, au prix de la capitulation de Paris et du désarmement d’une partie de l’armée française. Pendant ce
temps, des élections diront si les Français veulent ou non
poursuivre la guerre. La victoire des monarchistes, qui ont
fait campagne pour la paix, dresse face à face la nouvelle
Assemblée et les Parisiens et leurs représentants, dont une
partie démissionne, tel Victor Hugo, opposé aux conditions prussiennes acceptées par le gouvernement Thiers. Il
en sortira la Commune de Paris2. Faire observer le document 1 p. 52 et faire répondre aux questions 1 et 2. La
paix de Francfort (10 mai 1871) consacre, outre une
indemnité de 5 milliards et une occupation partielle du
pays prévue pour trois ans, la cession de l’Alsace et du
nord de la Lorraine (question 1). Cette amputation est
cruellement ressentie ; durant 43 ans, la propagande
patriotique ne cessera de réclamer la restitution des provinces volées. La paix de Versailles (28 juin 1919) permettra à la France de prendre sa revanche après la Grande
Guerre (question 2).
1. La défaite française achève aussi l’unité italienne : la garnison qui protégeait les États pontificaux est rappelée et le roi d’Italie peut enfin s’installer à Rome.
Les papes se considèrent désormais comme prisonniers du Vatican, jusqu’au moment où Mussolini leur concède l’actuel État du Vatican (accords du Latran, 1929).
2. Se reporter au livre de l’élève, chapitre « La France de 1815 à 1871 », « Pourquoi y a-t-il des révolutions en France au XIXe siècle ? », document 4 p. 47.
42
➤ Activité 2 : documents 2 et 3 p. 53
➤ Activité 4 : document 4 p. 53
Les pères de la III République.
L’impossible Restauration.
Faire observer le document 2 p. 53 et faire répondre aux
questions 3 et 4. La défaite des troupes françaises à Sedan
amène l’Assemblée nationale à voter la déchéance de
Napoléon III le 4 septembre 1870 (question 4). Quelques
heures plus tard, la République est proclamée du haut du
balcon de l’Hôtel de Ville de Paris (question 3).
Les monarchistes ont deux candidats : les petits-fils respectifs de Charles X et de Louis-Philippe. Faire observer le
document 4 p. 53 et faire répondre à la question 6. Le premier, Henri comte de Chambord, ne songe qu’à rétablir le
régime d’avant 1789. Sa candidature convoque les images
d’Épinal de la droite légitimiste : Saint Louis (Louis IX),
seul roi de France et dernier roi médiéval à obtenir le statut suprême de chrétien ; le populaire « bon roy Henry »
(Henri IV), avec sa belle barbe et ses enfants sur le dos, sa
poule au pot et son panache blanc, restaurateur de la
concorde nationale ; le Roi-Soleil (Louis XIV), qui hisse la
France au sommet de la hiérarchie des puissances européennes pour un siècle au moins ; le sage Louis XVIII, qui
clôt l’épisode révolutionnaire en évitant la guerre civile
(question 6). Le second candidat, Philippe comte de Paris,
plus jeune, aurait accepté une monarchie constitutionnelle
modérée, sur le modèle de la monarchie de Juillet.
La solution aurait été que le second succède au premier,
déjà quinquagénaire. Mais une affaire de drapeau –
Chambord préfère le drapeau blanc au drapeau tricolore –
fait échouer la Restauration en 1873. Chambord s’entête
dix ans ; dans l’intervalle, la République se fortifie.
e
C’est sous le Second Empire que la République a refait ses
forces. Est-ce la République des révolutionnaires, des
blanquistes qui refusent les illusions de la démocratie et
appellent de leurs vœux une commune insurrectionnelle ?
ou celle des libéraux, ces modérés qui croient pouvoir
concilier l’ordre et le progrès ? Faire observer le document 3 p. 53 et faire répondre à la question 5. Thiers et
Gambetta appartiennent à la seconde catégorie. Ils partagent deux autres points communs : leur formation d’avocat et leur réussite politique (question 5).
Pour aller plus loin
Thiers et Gambetta ont d’autres points communs.
– Tous deux détestent le Second Empire : les républicains, qui furent si souvent les alliés des bonapartistes,
n’ont jamais pardonné à Louis-Napoléon Bonaparte le
coup d’État du 2 décembre 1851, par lequel le président de
la République, inéligible, s’était maintenu à la tête du
pays, avant de restaurer un empire dynastique. Thiers,
arrêté après le coup d’État, est exilé en Suisse. Rentré en
France l’année suivante, il se tient à l’écart de la vie politique jusqu’en 1863. Devenu chef de l’opposition libérale,
il se signale à l’Assemblée par son « discours sur les libertés nécessaires » (individuelle, électorale, de presse).
Gambetta devient célèbre du jour au lendemain en 1868,
par sa plaidoirie lors du procès Baudin, qui est une attaque
en forme contre le régime en place.
– Tous deux sont des élus du peuple : Thiers est élu député
d’Aix-en-Provence en octobre 1830 ; il siège encore
comme chef de l’opposition républicaine face au ministère
de Broglie et au président Mac-Mahon. Gambetta est élu
député en 1869.
– Tous deux sont des opportunistes : Thiers défend une
monarchie constitutionnelle de type anglais, puis participe
à la protestation des journalistes contre les ordonnances de
Charles X qui déclenchent la révolution de 1830. Partisan
de l’appel à la branche d’Orléans, il est successivement
conseiller d’État, député, secrétaire général au ministère
des Finances, ministre de l’Intérieur, puis de l’Agriculture
et du Commerce, et chef du gouvernement de LouisPhilippe. En 1848, il se rallie à la République. Prenant la
mesure de ce qui sépare les tendances légitimiste et orléaniste, Gambetta n’hésite pas à soutenir Thiers, puis à chercher des alliances chez les députés orléanistes. C’est largement grâce à lui, à son autorité, à son enthousiasme, que
les groupes de la gauche républicaine mêlent leurs voix à
celles des orléanistes pour voter les lois constitutionnelles
de 1875. Gambetta sut faire admettre les concessions nécessaires : les républicains acceptèrent le septennat et le Sénat.
Sur les traces des grandes
réalisations de la IIIe République
Le contexte historique
Élu président de la République en 1873, Mac-Mahon fait
le lit de la monarchie en attendant que Chambord meure ou
change. Après deux ans d’hésitation, il doit pourtant se
résoudre à jeter les bases d’une Constitution : un ensemble
de lois votées en 1875 fait l’affaire. Un amendement dû au
député Wallon introduit le mot « République » à une voix
de majorité3 ! Le régime instauré (deux chambres qui nomment leur président) est de type parlementaire, ce qui
signifie que tout gouvernement est à la merci de la majorité que lui accorde ou non l’une ou l’autre chambre. Les
députés sont élus au suffrage universel, et les sénateurs par
une sorte de suffrage restreint largement dominé par l’électorat rural. Aux élections législatives de 1876, les républicains acquièrent la majorité de la nouvelle Chambre des
députés. Une étrange cohabitation s’établit entre l’Élysée
conservateur et la majorité de gauche et du centre, dont
dépend aussi le gouvernement. Poussé par ses amis royalistes et par le Sénat, Mac-Mahon proclame la dissolution
de la Chambre des députés le 16 mai 1877. La campagne
qui s’ensuit est animée par Gambetta, chef des députés
républicains, qui lance son défi au président : « se soumettre
ou se démettre ». Les élections de 1877 voient la victoire
des gambettistes : le suffrage universel a choisi la République. L’issue de la crise tue dans l’œuf l’espoir de Restauration monarchiste : Mac-Mahon est remplacé par Jules
Grévy en 1879, offrant à la Chambre élue une prééminence
sur le président, instaurée dans les faits jusqu’en 1940.
3. L’amendement Wallon formule explicitement l’élection d’un président « de la République » ; il est adopté par 353 voix contre 352.
43
L’exploitation pédagogique
des documents en classe
sans laquelle la liberté conduit à l’égoïsme, et ajouter les
devoirs aux droits.
➤ Activité 1 : documents 1, 2, 3 et 4 pp. 54-55
Les « libertés républicaines » sont établies vite et facilement. Faire lire le document 4 p. 55 et faire répondre à la
question 8. Dès 1881 sont proclamées les libertés de réunion et de la presse. En 1882 et 1884, les lois municipales
consacrent l’élection des maires (sauf à Paris, toujours
sous surveillance). En 1884 est aussi votée la loi qui autorise les syndicats professionnels, soumis toutefois à plusieurs conditions : obligation de déclaration, acceptation
des statuts, interdiction d’activité politique, ce qui n’est
pas facile à respecter. Tout le syndicalisme moderne est
pourtant issu de ce texte prudent (question 8).
Faire des républicains.
Faire observer le document 1 p. 54 et faire répondre aux
questions 1, 2, 3 et 4. Jules Ferry (1832-1893) connaît la
célébrité à la fin du Second Empire grâce à sa série d’articles « Les comptes fantastiques d’Haussmann », parus
dans Le Temps ; à cette époque jeune avocat, fils d’un
notable républicain de Saint-Dié, il avait déjà été
condamné en 1864 pour avoir collaboré à un Manuel électoral illicite. Député républicain (1869), il est nommé préfet de la Seine, puis maire de Paris après la déchéance de
l’empereur. Il siège à l’Assemblée dans l’opposition au
régime de Mac-Mahon et, après la démission de ce dernier, occupe les postes de ministre de l’Instruction
publique et de président du Conseil. Il donne un essor
considérable à la politique coloniale de la France (protectorat sur la Tunisie en 1881 ; conquête de Madagascar, du
Bas-Congo et du Tonkin). Après l’incident de Langson
(mars 1885), il doit démissionner (question 1). Se reporter au document 2 p. 54 : les mots « Tunisie, Tonkin et
Madagascar » renvoient à la politique coloniale de Ferry
(question 5), les mots « enseignement primaire gratuit,
laïque et obligatoire » à sa politique éducative (question 6). On comprend mal les lois Ferry sur l’école4 si on
ignore que l’Église refusait le régime républicain et que,
ayant pris en main la quasi-totalité de l’enseignement en
1850, elle lui fabriquait des adversaires systématiques. Un
enseignement obligatoire gratuit et débarrassé de la tutelle
des prêtres, voilà une des revendications les plus nettes
des républicains. La gratuité totale (1881) et l’obligation
scolaire (1882) ne déchaînent pas vraiment les passions
(questions 2 et 3). Il en est autrement de l’enseignement
féminin, de l’obligation faite aux départements d’entretenir deux Écoles normales (garçons, filles), du statut des
congrégations (religieuses) enseignantes et, surtout, de la
laïcité, votée au milieu des tempêtes en 1882 et 1886
(question 4). Pour Jules Ferry, laïcité signifie respect de la
liberté de conscience à l’école et exclusion de tout enseignement et de tout insigne religieux des écoles publiques
(le jeudi étant réservé en principe aux exercices de la religion, hors des locaux scolaires). La formation simple,
solide, pratique et patriotique donnée aux instituteurs
aboutit à installer dans presque chaque commune une
sorte de référent intellectuel destiné à contrebalancer l’influence du curé. Il s’agit de donner à la République une
base populaire ferme et de futurs électeurs conscients et
fidèles. Faire lire le document 3 p. 55 et faire répondre à
la question 7. On reconnaît les enfants de la République à
leur indépendance d’esprit (donc de vote, question 7) et
aux liens de la solidarité. Les législateurs républicains
tiennent à établir l’antécédence des droits de l’individu
(liberté et égalité), mais ils ne croient pas pour autant qu’il
suffit de déclarer les hommes libres et égaux pour voir
miraculeusement s’harmoniser les intérêts individuels. Il
faut donc adjoindre à la liberté et à l’égalité la fraternité,
➤ Activité 2 : document 5 p. 55
Les crises de la République (1886-1906).
La République à peine installée est en proie à des scandales
(trafics de décorations, pots-de-vin…) qu’exploitent abondamment royalistes et conservateurs, et parfois aussi les
socialistes. À partir de 1886, le général Boulanger, ambitieux et démagogue mais politique pitoyable, devient un
temps la coqueluche des adversaires des républicains au
pouvoir. Après avoir failli être poussé à l’Élysée par une
foule excitée, antiparlementaire et chauvine, il s’effondre,
fuit vers la Belgique et se suicide sur la tombe de sa maîtresse (1891). « L’Affaire » a un tout autre retentissement :
on dit qu’elle divisa les familles. Faire observer le document 5 p. 55 et faire répondre aux questions 9 et 10. En
1894, le jeune officier d’origine juive Alfred Dreyfus, droit
et efficace, est accusé d’espionnage au profit de
l’Allemagne. Il est dégradé dans la cour d’honneur de
l’Hôtel des Invalides – il fait face au soldat qui casse en deux
son épée d’officier (question 9) –, puis condamné à la
déportation à vie sur l’île du Diable en Guyane. Le vrai coupable, l’officier Esterhazy, est connu de ses juges, qui ont
condamné Dreyfus sur un faux. Mais ils refusent de reconnaître leur faute, parce qu’un tribunal militaire ne saurait se
tromper et que l’armée est irréprochable (question 10). Il
faut une campagne d’opinion, déclenchée par le célèbre
« J’accuse… ! » de Zola (13 janvier 1898), pour obtenir la
révision du procès, puis la réhabilitation (1906) et la réintégration de Dreyfus dans l’armée. Ce fait divers prend tout
son sens dans l’atmosphère passionnelle du siècle finissant.
Les accusateurs, tous antirépublicains, s’inscrivent dans une
campagne nationaliste exacerbée où se distingue Déroulède,
poète claironnant la revanche et clamant que l’armée française a toujours raison. Autre tendance, l’antisémitisme, dont
les champions sont les journalistes Édouard Drumont et
Léon Daudet.
L’héritage
de la IIIe République
L’Empire colonial français en 1914
Beaucoup des conquêtes lointaines sont le résultat de
hasards ou d’initiatives personnelles : Faidherbe remon-
4. P. Albertini, L’École en France, XIXe-XXe siècle. De la maternelle à l’université, Hachette, 1992.
44
concourt. Gymnastique et préentraînement militaire figurent au programme des écoles primaires ; les futurs instituteurs sont appelés à former les cadres de réserve de la
future armée. Toute cette formation se heurte à un obstacle infranchissable : en 1914 comme en 1871, la France
n’atteint pas 40 millions d’habitants tandis que
l’Allemagne dépasse les 60, puis les 65 millions ; par
surcroît, sa population est plus jeune : 44 % de moins de
20 ans au lieu de 34. Pour compenser cette infériorité
numérique, le service militaire actif est allongé et on utilise l’appoint des troupes coloniales. On cherche aussi des
alliés : tant que Bismarck domine l’Europe, c’est l’isolement ; l’alliance russe (1893) est pour ainsi dire achetée,
et l’Entente cordiale (1904) est conclue sur la base de
compensations coloniales réciproques (Égypte contre
Maroc), quand la Grande-Bretagne comprend que la puissance économique de l’Allemagne devient insupportable.
tant le Sénégal poussé par des marchands ; un amiral, qui
mouille par hasard à Saïgon, puis deux autres qui remontent jusqu’au Cambodge ; au Tonkin, un commerçant,
Dupuis, qui attire l’attention sur le fleuve Rouge ; et un
simple consul de France à Aden qui achète à des tribus
somalies la baie de Tadjoura, où s’installera Djibouti. La
véritable idée coloniale5 (Algérie exceptée) vient de Jules
Ferry : avec ses rares amis, il trouve toujours face à lui un
parti anticolonialiste qui, tout en dénonçant les excès évidents de la colonisation, pense que l’argent et les troupes
sont inutilement gaspillés au loin, alors que toute l’énergie
de la patrie doit être orientée vers la revanche. Il est certain que les colonies coûtèrent bien plus qu’elles ne rapportèrent. Elles faillirent aussi conduire à des conflits avec
l’Italie (Tunisie, 1881), l’Allemagne (Maroc, 1905 et
1911) et la Grande-Bretagne (Fachoda, 1898). Excepté
l’Algérie, elles furent peu fréquentées par les Français,
sauf quelques aventuriers, marchands ou missionnaires.
Le souvenir de la Révolution française
Les symboles de la République
Le vrai point de départ de l’unité républicaine n’est pas
1792, mais 1789. Dans un grand assentiment, sans doute
fortement idéalisé par l’histoire républicaine ultérieure,
mais assez réel tout de même pour que les institutions
nouvelles soient aisément mises en place, le nouvel ordre
des choses s’est bâti sous le double signe de la liberté et
de l’égalité, et toutes les parties de la France sont soumises
aux mêmes lois. Une France, une nation : cela implique à
la fois la suppression des ordres privilégiés que sont la
noblesse et le clergé, et la suppression des statuts particuliers des provinces et autres entités territoriales historiques, assimilés aussi à des privilèges. La célébration
euphorique des institutions nouvelles culmina dans la
fameuse fête du 14 juillet 1790, dont notre 14 Juillet
constitue en principe le rappel.
Se reporter au texte du livre page 56 et au chapitre « La
Révolution française », « L’héritage de la Révolution française », page 10 du manuel.
➤ Activité possible
Faire travailler les élèves sur deux ou trois symboles :
– L’hymne national : son titre féminin lui permet de rejoindre la Patrie, la République ou la Liberté dans la famille
des allégories féminines à bonnet rouge.
– L’effigie : la célèbre Marianne de la Figure allégorique
de la République (de Gros) est coiffée d’un casque à
cimier : le bonnet phrygien, symbole de la liberté, est tenu
de la main droite ; le niveau, symbole d’égalité, de la main
gauche. La Marianne sculptée en 1889 par Injalbert est
l’une des plus répandues. Les traits ont une gravité accentuée par le port de tête. La cuirasse à l’antique redouble la
référence didactique du bonnet phrygien. Le modèle est
resté inconnu du grand public, comme il était d’usage
dans la production allégorique de l’époque. La
République statufiée accompagne souvent les grands
hommes, parfois les morts pour la patrie (genre créé dès la
guerre de 1870) ; on la voit très souvent sur les façades des
mairies. Ou encore l’œuvre de Jules Dalou inaugurée en
1899 place de la Nation : la République, éclairée par le
flambeau du Progrès (personnage de tête), est escortée par
deux figures qui poussent son char : la Justice et le Travail.
– Le drapeau : le blanc est la couleur du roi de France
depuis le règne d’Henri IV. Les révolutionnaires ajoutent
le bleu et le rouge, qui sont les couleurs de la ville de Paris
depuis le Moyen Âge. Le drapeau tricolore devient symbole national après la révolution de 1830.
Pour construire le résumé
Solliciter les élèves pour qu’ils trouvent les mots-clés
de la leçon. Par exemple, « défaite du Second Empire »,
« IIIe République », « lois Jules Ferry », « loi de séparation des Églises et de l’État ». Mettre en relation chacun
de ces mots avec les repères figurant dans la chronologie
p. 46. Mettre en commun les réponses et écrire ensemble
le résumé de cette séquence.
Bibliographie
Le désir de revanche sur l’Allemagne
– J.-Y. Mollier, J. George, La plus longue des républiques
(1870-1940), Fayard, 1994.
– S. Berstein, O. Rudelle, Le Modèle républicain, PUF,
1992.
– C. Nicolet, L’Idée républicaine en France, Gallimard,
1982.
Dès 1872, une loi militaire instituant un service actif de
cinq ans vise à hausser l’armée française au niveau de l’armée allemande. Dès cette époque et jusqu’à la Première
Guerre mondiale est entretenue la flamme patriotique :
journal, image, affiche, poésie, musique, discours, tout y
5. R. Girardet, Histoire de l’idée coloniale en France (1871-1962), Hachette, 1986.
45
Peindre à la manière de… les impressionnistes
Pages 58 et 59 du dossier
Référence aux Instructions officielles
L’éducation artistique développe l’aptitude à l’expression et le goût de la création, favorise l’épanouissement de l’autonomie et de la personnalité de l’élève, permet de mieux équilibrer les formes d’intelligence et de sensibilité, et cultive des manières de penser et d’agir devenues indispensables pour s’orienter dans les sociétés contemporaines. Les
démarches d’enseignement artistique valorisent les liens interdisciplinaires et, en retour, donnent accès aux formes
symboliques élaborées, qui sont la clé de nombreux savoirs étudiés à l’école. La réalisation de projets artistiques et
culturels est un moment privilégié pour approfondir l’une des disciplines artistiques au programme ou en découvrir
d’autres.
Par ailleurs, les créations artistiques rencontrées ou utilisées sont situées dans leur contexte grâce au programme
d’histoire, qui fournit aussi les références culturelles indispensables. L’éducation artistique se développe dans trois
types d’activités, qui s’articulent le plus souvent à l’occasion de travaux d’application ou de synthèse :
– une pratique créative, composante fondamentale de l’éducation artistique, dans laquelle l’élève est amené à s’exprimer pour donner corps à un projet personnel ;
– une rencontre avec les œuvres, indispensable à la diffusion démocratique de la culture, dans laquelle l’élève est
conduit à découvrir des réalisations relevant du patrimoine ou des expressions contemporaines ;
– l’acquisition de savoirs et de savoir-faire (l’élève s’approprie les outils, les techniques, les méthodes de travail qui
viennent enrichir ses capacités d’expression aussi bien que sa sensibilité artistique).
Compétences
• Être capable de restituer les caractéristiques du courant impressionniste (dates, spécificités picturales, opposition
aux courants en place…).
• Être capable de citer trois noms d’artistes emblématiques du courant impressionniste (Monet, Manet, Renoir…) et
savoir quels progrès techniques ont permis aux artistes de sortir des ateliers.
• Être capable de produire un travail en couleur sans dessin préparatoire.
• Être capable de retranscrire dans un travail pictural les émotions vécues devant un arbre et de traduire les effets de
la lumière au travers de l’arbre par une technique d’application de petites touches successives.
L’exploitation pédagogique en classe
Le Second Empire marque une rupture dans l’histoire
artistique du XIXe siècle en France. Deux courants s’opposent : d’un côté, l’art officiel de style « pompier », de l’autre, un art indépendant de style réaliste (ou naturaliste),
rebaptisé « impressionnisme » vers 1874.
➤ Activité 1 : « Je découvre le mouvement
impressionniste »
Le mouvement impressionniste est en opposition avec le
pouvoir de l’Empire. Cette opposition se manifeste dans
différents domaines : politique, esthétique, sociologique et
géographique.
Les artistes sont en grande majorité des républicains
opposés au coup d’État de Napoléon III. Ils ont en horreur
les peintures officielles de l’État : fresques historiques ou
académiques. Ils souhaitent quitter les ateliers et ne veulent plus être contraints par des conventions trop solidement établies. Ils recherchent des sujets plus simples, plus
proches de la vie et préservés de l’industrialisation. Ils
souhaitent rendre compte du monde contemporain et des
conditions de vie et de travail des hommes.
Chaque peintre a sa thématique propre ; tout sujet est un
bon sujet s’il évoque quelque chose pour le peintre, l’important étant le travail de recherche picturale qu’il va sus-
citer. Ces artistes refusent l’idée d’un « beau » idéal et
d’une essence éternelle des choses. Ils veulent pouvoir traduire dans leurs toiles la réalité qui les entoure : les
lumières, les nuances, les ombres et les couleurs. La représentation de la réalité n’a de valeur qu’à un instant donné,
avec les conditions du moment : ensoleillement, ombres,
nuages, impression… À un instant autre, le tableau est autre.
C’est cette idée que Monet traite dans sa série de trente
tableaux de la Cathédrale de Rouen. L’acte de peindre est
revendiqué comme un plaisir personnel. Dans cette idée de
l’art pour l’art, l’artiste est entièrement libre de sa création.
Le XIXe siècle voit aussi apparaître de grands changements
dans le monde de l’art. Les artistes n’exécutent plus de
commande pour telle ou telle personne : ils peignent, puis
cherchent à vendre leurs toiles ensuite. L’art entre donc
dans une logique de marché ; pour vendre, l’artiste doit
désormais pouvoir exposer son travail. C’est pourquoi les
salons et les galeries prennent alors une telle importance.
En 1863, le Salon officiel de peinture sélectionne seulement mille œuvres à exposer. La sévérité du jury en
offusque plus d’un ; les refusés sont si nombreux que
Napoléon III lui-même inaugure un « Salon des refusés ».
C’est à l’occasion de tels salons que les impressionnistes,
refusés dans les salons officiels, viennent exposer leurs
œuvres.
46
Ce travail pourra également être utilisé pour aborder un
nouveau courant pictural : celui de la répétition, très utilisé aux États-Unis, notamment dans le pop art.
La littérature enfantine a largement écrit sur le courant
impressionniste. Ce travail peut aussi permettre aux élèves
d’effectuer des recherches en bibliothèque pour collecter
des reproductions d’œuvres.
En littérature, l’enseignant pourra aborder la thématique
de la bibliographie, à travers celle d’un peintre particulier,
qui pourra faire l’objet d’un travail de rédaction avec les
élèves.
Internet permet de visualiser des tableaux exposés à
l’étranger, notamment aux États-Unis. Un travail d’écriture d’un texte autour d’une œuvre picturale importée permettra de valider des items du B2I.
Il est également possible d’organiser une visite du Musée
d’Orsay à Paris, pour voir de vrais tableaux. La maison de
Monet à Giverny peut être visitée : les élèves y découvriront notamment le pont des nymphéas, ou le jardin dans
lequel Monet a peint plusieurs de ses tableaux devenus
célèbres.
➤ Activité 2 : « J’observe un tableau
impressionniste »
La Gare Saint-Lazare, peinture de Claude Monet, 1877.
Monet cherche de nouveaux sujets pour ses toiles. Il souhaite que le public le considère comme un peintre de la vie
moderne.
En 1877, il demande l’autorisation de travailler dans la
gare Saint-Lazare. Dans ce tableau, il met en valeur les
effets colorés et lumineux de la vapeur sur les structures
métalliques de la gare et sur les immeubles en arrièreplan. Ils sont à peine suggérés, dissimulés sous l’épaisse
couche de vapeur de la locomotive. Les touches de couleur bleue, marron et rose donnent à ce tableau une atmosphère à la fois lumineuse et fugitive.
➤ Activité 3 : « Je peins à la manière
d’un impressionniste »
L’objectif du travail est de mettre les élèves en situation de
création. Le fait de ne pas passer par un travail préparatoire les oblige à se lancer directement dans la peinture.
Bien souvent, ils utilisent la peinture pour remplir des
formes prédéfinies au crayon à papier.
Les impressionnistes n’utilisaient pas le noir. Dans leurs travaux, les couleurs sont décomposées en couleurs pures :
l’orange est une simple juxtaposition de rouge et de jaune.
Afin que les élèves puissent appliquer ce procédé, ils doivent
connaître le cercle chromatique et les couleurs primaires.
L’exposition finale de toutes les créations des élèves révélera leurs différentes impressions devant l’arbre.
Bibliographie
– S. Patin, Monet : un œil, mais bon dieu, quel œil !, Réunion
des Musées nationaux / Gallimard, 1991.
– M. Sellier, M comme Monet, Réunion des Musées nationaux, 1997.
– S. Hodge (traduit par H. Tordo), Peindre à la manière
des impressionnistes, Eyrolles, 2006.
– H. Desbois, La Bible des impressionnistes, Modus
Vivendi, 2005.
Matériel :
– une planche en bois ou en carton de format A3, qui servira de support à la feuille Canson ;
– une pince à dessin ou deux pinces à linge, pour maintenir la feuille sur la planche ;
– une feuille Canson A3 blanche ;
– des tubes de peinture de couleur (pas de noir) ;
– deux brosses (une fine et une moyenne).
Le choix du format (A3 vertical) implique que les élèves utilisent tout l’espace de la feuille. L’utilisation d’un espace
complet nécessite qu’ils aient visualisé au préalable la position de leur arbre sur la feuille et qu’ils aient réfléchi à
l’équilibre entre l’espace utilisé par le tronc et celui utilisé
par les branches, pour que le rendu soit harmonieux.
Sites
– http://www.impressionniste.net
Un site généraliste sur le mouvement impressionniste et
les peintres qui ont fait son histoire.
– http://www.grandspeintres.com/mouvements/impres
sionnisme.php
Un site complet sur l’impressionnisme : période, caractéristiques, peintres, œuvres…
Pour aller plus loin
Les productions des élèves pourront faire l’objet d’une
exposition ayant pour thème « La nature au fil de l’année ».
47
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La Révolution française
Pages 6 à 11 du dossier
1. Complète la frise chronologique. Aide-toi de ton dossier page 6.
10 août 1792
............................................
14 juillet 1789
...................................
...................................
....................................
Déclaration des droits
de l’homme et du citoyen
1788
1789
1790
1791
.......................................
Serment du Jeu de Paume
1792
28 juillet 1794
.............................................
................................
Exécution de
Louis XVI
1793
1794
1795
1796
1797
1798
1799
................................
.....................................
2. Relis le commentaire des documents 2 et 3 page 7 de ton dossier et réponds aux questions.
a. Pourquoi les Parisiens ont-ils attaqué la Bastille ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
b. Que pensaient-ils trouver dans la prison ?
.........................................................................................................................
c. Qu’ont-ils trouvé en réalité ?
.........................................................................................................................
d. Que s’est-il passé dans les campagnes à l’annonce de la prise de la Bastille ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
3. Relis le document 4 page 7 de ton dossier et complète le texte.
La . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et du . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . a été votée le
26 août de l’année . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’article I proclame que les hommes naissent et demeurent
© HACHETTE LIVRE 2008.
...............
et . . . . . . . . . . . . . . en droit et que les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ne peuvent
être fondées que sur l’utilité commune. L’article IV donne la définition de la . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,
qui consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’article VI proclame
que la Loi est l’expression de la . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et qu’elle doit être
la même pour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tous les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ont le droit d’y participer.
48
4. Utilise le texte que tu viens de compléter dans la question 3 pour expliquer les mots :
a. Droit :
.............................................................................................................
b. Distinction sociale :
c. Autrui :
.............................................................................................
............................................................................................................
d. Volonté générale :
e. Citoyen :
..............................................................................................
..........................................................................................................
5. Aide-toi de ton dossier pages 6 à 11 pour compléter la grille de mots croisés.
Horizontalement
1. Nom de la fondatrice du Club patriotique des femmes.
2. Nom du journaliste et député qui fut assassiné dans sa baignoire par une royaliste.
3. Célèbre club révolutionnaire qui porte le nom d’un couvent.
4. Nom de l’avocat qui a fait guillotiner Robespierre.
5. Nom donné aux révolutionnaires parisiens.
Verticalement
A. Texte fondamental qui fixe les règles
de gouvernement d’un pays.
B. Nom de l’hymne national
français.
C. Premier mois qui fut le point
de départ du calendrier
révolutionnaire.
D. Lieu de réunion où les hommes
3
échangent des idées politiques.
E. Ensemble de personnes
partageant une histoire,
une langue et une culture
communes.
4
F. Unité administrative
de la France en 1791.
B
C
D
A
-
1
F
-
2
E
5
-
Résume la leçon en utilisant les mots et les dates qui suivent :
© HACHETTE LIVRE 2008.
1789 – états généraux – Déclaration des droits de l’homme et du citoyen – nation –
République – Terreur.
49
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Napoléon Bonaparte
Pages 12 à 17 du dossier
1. Complète la frise en t’aidant de la chronologie page 12 de ton dossier.
1802
............................................
____
Création du franc-or
.......................................
Coup d’État du 18 brumaire
1804
............................................
Expédition d’Égypte
(_ _ _ _ - _ _ _ _ )
1800
1805
.......................................
Napoléon Bonaparte sacré empereur
1810
1815
.......................
................................
................................
2. Relis l’extrait du Code civil à la page 14 de ton dossier, puis réponds aux questions.
a. En quelle année le Code civil a-t-il été créé ?
.........................................................................................................................
b. D’après l’article 213 du Code civil, que doit le mari à sa femme ? Que doit la femme à son mari ?
Le mari doit : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La femme doit : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
c. Qu’est-ce qu’un enfant naturel ?
.........................................................................................................................
d. Tous les enfants ont-ils les mêmes droits d’héritage ? À ton avis, pourquoi ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
e. Qui exerce l’autorité sur les enfants durant le mariage ? Qu’en penses-tu ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
f. À ton avis, la loi qui concerne la famille est-elle la même aujourd’hui ? Qu’est-ce qui a changé ?
.........................................................................................................................
© HACHETTE LIVRE 2008.
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
g. À quelles conditions est-on obligé de renoncer à sa propriété ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
50
3. Relie chaque date à son événement. Aide-toi de ton dossier pages 12 à 17.
1808 •
• Napoléon devient empereur des Français
1796-1797 •
• Expédition de Bonaparte en Égypte
2 décembre 1804 •
• Napoléon crée la Banque de France
1798-1799 •
1800 •
8-9 novembre 1799 •
• Coup d’État du 18 Brumaire par Napoléon
• Campagne de Bonaparte en Italie
• Napoléon crée le baccalauréat
4. « Qui suis-je ? »
a. « Je suis une récompense qui honore les citoyens méritants. Je suis
................................
»
b. « Je suis le recueil des lois créé par Bonaparte en 1804. Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
c. « Je suis le régime mis en place par Bonaparte après son coup d’État. Je suis
d. « Je suis la nouvelle monnaie créée par Bonaparte en 1803. Je suis
....................
»
................................
»
e. « Je suis le lieu où les garçons viennent suivre leurs études supérieures. Je suis
f. « Je suis la prise illégale du pouvoir par la force. Je suis
..................
»
...............................................
»
5. Relis le texte sur la création des lycées page 16 de ton dossier et réponds aux questions.
a. Quelles matières sont enseignées aux élèves dans les lycées créés par Napoléon en 1802 ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
b. Combien y a-t-il d’élèves dans chaque « compagnie » ?
................................................
c. À quelle heure les élèves commencent-ils leur journée et que font-ils avant la classe ?
.........................................................................................................................
d. À ton avis, quelles sont les différences avec le lycée d’aujourd’hui ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
Résume la leçon en utilisant les mots et les dates qui suivent :
© HACHETTE LIVRE 2008.
Coup d’État du 8-9 novembre 1799 – Premier consul – Légion d’honneur – lycées –
franc germinal (ou franc-or) – Code civil – sacre – Empire.
51
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les guerres, de 1792 à 1815
Pages 18 à 23 du dossier
1. Aide-toi de la chronologie de ton dossier page 18 et relie chaque date à son événement. Ensuite, colorie en bleu les événements qui ont eu lieu pendant le temps de
la République, et en vert ceux qui ont eu lieu sous l’Empire.
18 juin 1815
•
•
Victoire de Valmy
Avril 1792
•
•
Victoire d’Austerlitz
20 novembre 1815
•
•
Défaite de Waterloo
Septembre 1792
•
•
Traité de Paris
2 décembre 1805
•
•
Déclaration de guerre à l’Autriche
2. Observe bien le dessin du soldat de l’armée républicaine page 18 de ton dossier et
réponds aux questions.
a. Décris ses vêtements.
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
b. Sa tenue lui permet-elle de se cacher facilement ? À ton avis, pourquoi ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
c. Que transporte-t-il sur son fusil ?
............................................................................
.........................................................................................................................
d. À ton avis, à quoi lui sert l’objet qu’il tient dans la main ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
3. Observe bien le dessin du grenadier de la Garde impériale page 21 de ton dossier.
a. Décris ses vêtements.
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
© HACHETTE LIVRE 2008.
.........................................................................................................................
b. Quelles différences vois-tu avec le soldat de l’armée républicaine ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
52
4. Complète la carte des guerres napoléoniennes : colorie en vert les pays en guerre
contre la France, en rose les territoires contrôlés par la France, et en jaune la France de
1811. Écris sur les pointillés les noms des victoires et des défaites, et colorie en bleu les
points qui correspondent aux victoires et en rouge ceux qui correspondent aux défaites.
SUÈDE
Mer
du Nord
....................
....................
ROYAUME-UNI
....................
....................
Océan
Paris
Atlantique
....................
....................
DANEMARK
....................
....................
....................
....................
.................... Moscou
....................
Retraite
de Russie
....................
....................
Varsovie
PRUSSE
Grand-duché
de Varsovie
RUSSIE
....................
....................
....................
CONFÉDÉRATION
DU RHIN
Vienne ....................
SUISSE
AUTRICHE
....................
....................
ROYAUME
D’ITALIE
Mer
Méditerranée
Rome
Île
d’Elbe
PORTUGAL
ESPAGNE
....................
....................
....................
....................
......................................
......................................
......................................
......................................
......................................
......................................
......................................
......................................
......................................
......................................
......................................
......................................
ROYAUME
DE NAPLES
500 km
......................................
......................................
......................................
5. Relis ton carnet de route page 23 et complète le texte.
En 1792, la France déclare la guerre à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En 1793, les pays voisins de la France
rejoignent l’Autriche et forment une . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pour combattre tous ces ennemis, la
France pratique une . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . en faisant appel à des volontaires. Dans les territoires
conquis, on abolit l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et on supprime le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Napoléon remporte
plusieurs victoires, dont la célèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le 2 décembre 1805. Mais, en 1812, la Grande
........................
est battue en . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Et Napoléon est obligé d’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2008.
Guerres de la Révolution – Valmy – La Marseillaise – Napoléon Bonaparte –
guerres de l’Empire – Grande Armée.
53
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le temps de l’industrie
Pages 26 à 31 du dossier
1. Relie dans les trois colonnes le nom de l’inventeur, son invention et la date. Aide-toi
de la chronologie de ton dossier page 26.
James Watt •
• Vaccin contre la rage •
• 1814
Thomas Edison •
•
Machine à vapeur
•
• 1881
Louis Pasteur •
•
Téléphone
•
• 1769
George Stephenson •
• Ampoule électrique •
• 1876
Alexander Graham Bell •
• Locomotive à vapeur •
• 1878
2. Observe la carte de l’Europe industrielle vers 1850 à la page 26 de ton dossier et
réponds aux questions.
a. Quelle est l’activité industrielle la plus importante à cette époque en Europe ?
.........................................................................................................................
b. Cite trois pays non industrialisés en 1850.
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
c. Quelles sont les principales industries du nord de la France en 1850 ? À ton avis, existent-elles
toujours aujourd’hui ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
d. À ton avis, pourquoi le Royaume-Uni est-il le pays d’Europe qui a le plus de voies ferrées à cette
époque ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
3. En t’aidant des pages 27 à 31 de ton dossier, retrouve les nouveaux métiers créés
grâce aux inventions techniques et scientifiques du
a. Le métier dans une usine :
© HACHETTE LIVRE 2008.
..................................................................................
.......................................................................................
d. Le métier dans un bureau téléphonique :
e. Le métier dans un métropolitain :
f. Le métier dans un avion :
siècle.
....................................................................................
b. Le métier dans les champs :
c. Le métier dans un train :
XIXe
..................................................................
...........................................................................
......................................................................................
54
4. Observe le document 1 page 28
de ton dossier et replace les
numéros au bon endroit sur le
dessin.
햲 Batteuse
햳 Machine à vapeur
햴 Charbon
햵 Courroies
햶 Ouvriers agricoles
5. Relis ton carnet de route
page 31 et complète le texte.
Inventée par James Watt en 1769, la
................................
est utilisée
dans les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,
puis dans les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,
et dans l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Grâce à Thomas Edison, qui invente l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,
on peut désormais éclairer les rues et les foyers. Dans le domaine scientifique, Pasteur trouve le
vaccin contre la . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , tandis que Pierre et Marie Curie découvrent le
.................................
Avec la machine à vapeur, les ateliers des artisans sont remplacés par des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
où travaillent les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sur les voies ferrées, les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,
tirées par une . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , transportent les gens et les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Toutes ces nouvelles techniques qui modifient la vie dans les villes et dans les campagnes marquent
le début d’un grand . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2008.
Machine à vapeur (James Watt) – charbon – locomotive (George Stephenson) – usine –
électricité (Thomas Edison) – automobile – téléphone (Alexander Graham Bell).
55
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La société du
XIXe
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
siècle
Pages 32 à 37 du dossier
1. Complète la frise en t’aidant de la chronologie page 32 de ton dossier.
____
Limitation du travail
des enfants en France
____
Loi sur le travail des enfants et
des filles mineures dans l’industrie
1864
................................................
................................................
1800
1810
1820
1830
1840
1850
1860
1870
1884
.......................................................
.......................................................
1880
1890
1900
1910
1920
2. Observe bien les trois gravures pages 32 et 33 de ton dossier et réponds aux questions.
a. Quelle catégorie de la population chaque illustration représente-t-elle ?
Gravure 1 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Gravure 2 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Gravure 3 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
b. Quels sont ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas ?
........................................
.........................................................................................................................
c. Que peux-tu en déduire ?
.....................................................................................
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
3. Relis le document 2 page 34 de ton dossier et réponds aux questions.
a. Que représente le dessin ?
....................................................................................
.........................................................................................................................
b. D’après le texte, quel âge ont les enfants qui travaillent ?
c. Combien de temps travaillent-ils chaque jour ?
...........................................................
d. À quelle heure commence leur journée de travail ?
© HACHETTE LIVRE 2008.
e. Sont-ils bien traités ?
..............................................
......................................................
...........................................................................................
f. De quelle année date cette scène ?
..........................................................................
g. Que penses-tu de cette situation par rapport à aujourd’hui ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
56
4. Relis le document 3 page 35 de ton dossier, puis complète le tableau.
Faute commise par l’ouvrier
Peine infligée
Retard de 10 minutes
Sortie sans autorisation
Utilisation du savon de la fabrique
Vol de savon
Sortie de l’atelier pendant les heures de travail
5. Relie chaque banque à sa date de création. Aide-toi du document page 36 de ton dossier.
1800
•
1848
•
1852
•
1863
•
1864
•
•
Crédit foncier
•
Crédit Lyonnais
•
Crédit du Nord
•
Société Générale
•
Banque de France
6. Aide-toi de ton dossier pages 35 à 37 pour compléter le texte.
Au XIXe siècle dans les fabriques et les usines, la condition des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . est très difficile.
Peu à peu, ils se regroupent dans des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le premier est créé en 1895, sous le
nom de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ; il existe toujours aujourd’hui.
Au milieu du XIXe siècle, des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sont votées pour protéger les travailleurs. Ainsi, une loi
de 1841 interdit de faire travailler les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En 1864, une loi institue le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Enfin, en 1884, les travailleurs obtiennent le droit de se . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les ouvriers travaillent pour des patrons, qui appartiennent à la . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dans la
grande bourgeoisie, on trouve les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La moyenne et petite bourgeoisie regroupe les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . de l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et
du . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , les professions libérales comme les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ou les
..........................,
les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2008.
Bourgeois (bourgeoisie) – ouvriers (classe ouvrière) – syndicats – lois sociales – socialisme.
57
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
L’expansion coloniale
Pages 38 à 43 du dossier
1. Aide-toi de la chronologie et de la carte page 38 de ton dossier pour compléter le
tableau.
Pays colonisateur
Pays colonisés
Dates
• Canada • Égypte • Soudan • Nouvelle-Zélande
Grande-Bretagne
• ........................... • ...........................
1812-. . . . . . . . . .
• ......................................................
• Algérie • Sénégal • Cochinchine
. . . . . . . . . . -1880
• ...........................
1867
• Maroc
. . . . . . . . . . -. . . . . . . . . .
...........................
2. Colorie de la même couleur chaque pays et sa colonie. Aide-toi de la carte page 38
de ton dossier.
Pays colonisateur
Pays colonisé
Pays-Bas
Congo
Italie
Madagascar
Belgique
Angola
Portugal
Sénégal
France
Égypte
Espagne
Indes néerlandaises
3. Observe le document 2 page 39 de ton dossier. Décris la scène en utilisant les mots :
émigrants – nouveau pays – vie meilleure.
.........................................................................................................................
© HACHETTE LIVRE 2008.
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
58
4. Complète le tableau
Destination
Nombre d’immigrants
(en millions)
Afrique du Sud
...............................
Antilles
...............................
5. Relis les pages 40 et 41
Argentine
de ton dossier et complète le texte.
...............................
Australie
...............................
En 1914, l’Empire colonial
Brésil
...............................
français s’étend depuis les
Canada
...............................
Sibérie
...............................
États-Unis
...............................
de l’émigration de 1850
à 1914. Aide-toi du
document 4 page 39 de
ton dossier.
Provenance
des immigrants
.........................
îles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
à l’ouest, jusqu’à l’. . . . . . . . . .
...................
à l’est, en
passant par le continent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . au sud. En Algérie, la . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . provoque de longs et violents combats. Les colons soumettent les . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . au travail
forcé. Ils se réservent les meilleurs travaux et leur laissent l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du bétail et les
.............................
du sol.
6. « Qui suis-je ? »
a. « J’ai été aboli dans les colonies françaises en 1848. Je suis
b. « Je relie la mer Rouge à la mer Méditerranée. Je suis
.......................................... »
................................................. »
c. « Je suis la langue parlée en Amérique du Nord et en Australie. Je suis
............................ »
d. « Je suis un grand pays d’Amérique du Sud colonisé par le Portugal. Je suis
e. « J’ai écrit Le Tour du monde en 80 jours. Je suis
....................................................... »
f. « Je suis une personne qui quitte son pays pour aller vivre ailleurs. Je suis
g. « Je suis l’habitant d’un pays colonisé. Je suis
...................... »
......................... »
........................................................... »
h. « Je suis un religieux qui convertit les populations. Je suis
............................................ »
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2008.
Empire colonial – colonies – Métropole – émigration européenne – indigènes –
travail forcé – missionnaires.
59
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La France de 1815 à 1871
Pages 46 à 51 du dossier
1. Place sur la frise chronologique les dates suivantes et retrouve les événements correspondants : 1815, 1830, 1848, 1871.
............................................................................................
............................................................................................
1800
1810
1820
1830
............................................................................................
............................................................................................
1840
1850
............................................................................................
............................................................................................
1860
1870
1880
............................................................................................
............................................................................................
2. Colorie de la même couleur le régime politique et les périodes qui lui correspondent.
Aide-toi de la chronologie de ton dossier page 46.
1804-1815
Monarchie
1815-1848
1848-1852
Empire
1852-1871
République
À partir de 1871
3. Relis les documents 1 à 4 pages 46 et 47 de ton dossier et réponds aux questions.
a. Que s’est-il passé le 28 juillet 1830 ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.........................................................................................................................
b. Qu’appelle-t-on « les Trois Glorieuses » ?
..................................................................
.........................................................................................................................
c. Qui a pris le pouvoir après la révolution de 1830 ?
.......................................................
d. Que s’est-il passé le 24 février 1848 ? Pourquoi est-ce un événement important ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
e. Pourquoi l’armée tire-t-elle sur les ouvriers en juin 1848 ?
© HACHETTE LIVRE 2008.
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
f. Que font les citoyens révolutionnaires en 1871 ? À ton avis, pourquoi font-ils cela ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
60
4. Retrouve dans la grille de mots
mêlés les noms des six principaux candidats à la première
élection universelle du 10 décembre 1848. Aide-toi du document 4
page 49 de ton dossier.
5. « Qui suis-je ? »
a. « Je suis un célèbre tableau symbolisant la révolte du peuple.
Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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b. « Je suis un célèbre personnage
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Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
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c. « Je suis le nom donné à la
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période de rétablissement de la
monarchie après la Révolution et
l’Empire.
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Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
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mort jeune sur les barricades.
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»
...........................................
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d. « Je suis le droit de vote pour tous. Je suis
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.............................................................. »
e. « Je suis un texte qui marque le retour à la royauté tout en garantissant certaines libertés aux
Français. Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
f. « Je suis une personne qui a le droit de voter. Je suis
g. « Je suis proclamée le 24 février 1848. Je suis
................................................... »
........................................................... »
h. « Je suis le premier président élu au suffrage universel en 1848.
Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
i. « Je suis un événement du XXe siècle qui rappelle les révolutions.
Je suis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2008.
Restauration – révolution de 1848 – IIe République – suffrage universel – Second Empire –
Napoléon III – IIIe République – Commune de Paris.
61
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les débuts de la IIIe République
Pages 52 à 57 du dossier
1. Aide-toi de la frise chronologique page 52 de ton dossier et retrouve les dates qui
correspondent à ces événements.
La révolte de la Commune : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les lois Ferry pour l’école gratuite, obligatoire et laïque : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
L’affaire Dreyfus : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La loi sur la liberté d’association : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La loi de séparation des Églises et de l’État : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2. Relis les documents 2 à 4 de la page 53 de ton dossier et réponds aux questions.
a. Quel événement important est représenté dans le document 2 ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
b. Qui sont les deux personnages du document 3 et qu’ont-ils fait d’important ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
c. Que représente l’affiche du document 4 ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
d. À ton avis, pourquoi une partie des Français reste-t-elle attachée à la monarchie en 1870 ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
3. Observe le document 1 page 54 de ton dossier. Décris la scène en utilisant les mots :
instruction obligatoire – école publique – école laïque – Jules Ferry.
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
© HACHETTE LIVRE 2008.
.........................................................................................................................
4. À ton avis, pourquoi Jules Ferry a-t-il créé l’école obligatoire, gratuite et laïque ?
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
.........................................................................................................................
62
F
5. Aide-toi de ton dossier pages 52 à 57
pour compléter la grille de mots croisés.
C
Horizontalement
1. Ville où fut proclamée la République le 4 septembre 1870.
2. Punition infligée par l’armée au capitaine Dreyfus.
3. Colonie française de l’océan Indien.
4. Ancien nom de l’Allemagne.
5. Région française perdue en 1871.
Verticalement
A. Il fut injustement accusé d’espionnage.
B. Il organisa la lutte contre les Prussiens.
C. Célèbre écrivain auteur de « J’accuse… ! ».
D. Grand-père du comte de Chambord.
E. Chef du premier gouvernement de la IIIe République.
F. Il prononça le discours sur les devoirs de la République.
E
B
2
D
3
A
4
6. Relis ton dossier pages 55 à 57
1
-
5
et complète le texte.
La IIIe République a été proclamée le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , tandis que Paris est assiégé par les
.......................
La France perd la guerre et doit céder l’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et la . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
À partir de 1871, de grandes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sont adoptées. En 1881, grâce à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,
l’école devient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , gratuite et . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En 1884, une loi instaure la
...........................
Puis, en 1901 est votée la loi sur la . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , suivie en 1905 de
la loi de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Avec des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . élus au suffrage universel, la France
devient une vraie république . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les grandes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sont consolidées. Avec la loi de 1905, le principe de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . est posé. Enfin, avec l’affaire
..........................,
les droits de l’homme sont vivement discutés et défendus.
Résume la leçon en utilisant les mots :
© HACHETTE LIVRE 2008.
Défaite du Second Empire – IIIe République – lois Jules Ferry – loi de séparation des Églises
et de l’État.
63
Responsable éditoriale : Stéphanie-Paule SAÏSSE
Conseil éditorial : Patricia SULTAN
Création de la maquette de couverture : Laurent CARRÉ
Exécution de la maquette de couverture : TYPO-VIRGULE
Création de la maquette intérieure : TYPO-VIRGULE
Mise en pages : TYPO-VIRGULE
Illustration de la couverture : Alain BOYER
Illustrations : Gilles POING
Cartographie et frises chronologiques : DOMINO (Nathalie GUÉVENEUX)
Fabrication : Nicolas SCHOTT
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