> La comptabilité, un outil d’évaluation
n° 146 > janvier 2013 > 3
Méthodes d’évaluation
Le principe de permanence des
méthodes est défini par l’article
L123-17 du Code de commerce: «À
moins qu’un changement exception-
nel n’intervienne dans la situation du
commerçant, personne physique ou
morale, la présentation des comptes
annuels comme les méthodes d’éva-
luation retenues ne peuvent être
modiées d’un exercice à l’autre. Si des
modications interviennent, elles sont
décrites et justiées dans l’annexe.»
On ne peut comparer les informa-
tions dans le temps que si elles ont été
élaborées avec les mêmes méthodes
d’évaluation. Ces changements de
méthodes ont donc un caractère
exceptionnel et correspondent à des
cas prévus par les textes: changement
de méthodes comptables, d’estimations
et de modalités d’application, d’options
fiscales et corrections d’erreurs. Par
exemple, afin d’être homogène avec
les méthodes d’évaluation du groupe
auquel elle appartient, une société
peut décider d’appliquer une nouvelle
méthode d’évaluation de ses stocks en
passant de la méthode du coût moyen
pondéré (CMP) à la méthode du premier
entré/premier sorti (PEPS).
Face à un certain nombre de situa-
tions particulières, les entreprises ont
le choix entre plusieurs méthodes ou
options comptables, notamment celles
préférentielles qui conduisent, en prin-
cipe, à une meilleure information (PCG
art. 120-4). Par exemple, une entreprise
peut décider de valoriser ses contrats à
long terme selon la méthode à l’avan-
cement (méthode préférentielle), alors
qu’elle utilisait jusqu’ici la méthode
à l’achèvement. Ces changements de
méthodes d’évaluation sont signalés
dans l’annexe, le rapport de gestion et
le rapport général du commissaire aux
comptes dans un but de transparence
et d’image dèle de l’entreprise.
L’image dèle
Selon l’article L123.14 du Code
de commerce, les comptes annuels
doivent être réguliers et sincères et
donner une image fidèle du patri-
moine, de la situation nancière et
du résultat de l’entreprise.
Désormais la notion d’image
dèle, issue de la quatrième direc-
tive européenne, est complètement
intégrée aux objectifs de la comp-
tabilité, et reste étroitement liée aux
obligations de régularité et de sincé-
rité. Elle sert de référence à ceux qui
établissent ou contrôlent les comptes.
Après avoir appliqué de bonne foi
(sincérité) les règles et principes
comptables en vigueur (régularité),
il leur conviendra de se demander si
la solution adoptée est bien celle qui
permet aux lecteurs d’avoir la vue
la plus objective de la situation de
l’entreprise (image dèle). Le concept
d’image fidèle leur servira de test
même si celui-ci a ses limites.
L’information nancière est établie
selon des principes et des conventions
comptables pouvant différer entre les
comptes, d’un secteur d’activité à un
autre, d’un pays à un autre (existence
de plusieurs référentiels, établissement
de comptes consolidés et de comptes
individuels selon des règles différentes,
interprétations possibles au sein d’un
même référentiel). Il est donc néces-
saire de contrôler ces comptes.
Le contrôle
des comptes annuels
Face aux risques d’erreurs et de
manipulations dans les comptes, deux
contrôles s’imposent: le contrôle
interne et le contrôle externe.
Le contrôle interne
Le Committee Of Sponsoring
Organisations of the Treadway Com-
mission (COSO) définit le contrôle
interne comme un processus mis en
œuvre par le conseil d’administra-
tion, les dirigeants et le personnel
d’une organisation destiné à fournir
une assurance raisonnable quant à
l’atteinte des objectifs suivants:
>la réalisation et l’optimisation des
opérations;
>la abilité des informations nan-
cières;
>la conformité aux lois et aux régle-
mentations en vigueur.
Ce dispositif comprend un
ensemble de procédures et de moyens
qui doivent contribuer à la maîtrise
des activités de l’entreprise et au bon
fonctionnement de celle-ci. Il doit
favoriser la limitation des risques
nanciers, humains, industriels, envi-
ronnementaux… Il
ne se restreint pas
à la seule fonc-
tion comptable et
financière, mais
concerne aussi le
système d’infor-
mation et de
gestion. Il s’appuie sur une organisa-
tion appropriée, des responsabilités
et pouvoirs clairement définis, une
politique de gestion des ressources
humaines, un système d’information
adapté…
Dans le domaine financier, des
risques de fraude peuvent se produire.
Par exemple, comment dissuader le
comptable de détourner de l’argent?
En respectant le principe de sépa-
ration des fonctions (comptable et
caissier ou comptable et ordonnateur
en comptabilité publique).
La continuité de l’exploitation
peut être remise en cause en cas de
sinistre. Comment protéger le patri-
moine de l’entreprise? En installant
des systèmes de sécurité, en souscri-
vant un contrat d’assurance ou en
conservant une copie des données
comptables dans un lieu sûr…
Le contrôle interne comptable et
nancier est une composante essen-
tielle du contrôle interne. Tous les
processus (ventes, achats, trésore-
rie…) de production de l’information
comptable et nancière doivent être
évalués pour obtenir une information
able. Le commissaire aux comptes
doit, dans sa mission, évaluer les forces
et les faiblesses du contrôle interne
Les comptes
annuels doivent
être réguliers
et sincères