L'ALEXANDRIN
Le travail de la langue soutient la folie des
personnages et concourt au caractère
burlesque de la pièce. Racine, dans les
Plaideurs, se joue de l'alexandrin, en le
déstructurant de façon inédite pour
l'époque. La forme métrique y est
hachée, elle chevauche souvent plusieurs
répliques et contribue au rythme
vertigineux sur lequel s'enchaînent les
situations les plus ridicules.
Nous ne sommes plus assez habitués à l'alexandrin pour en saisir toutes les subtiles déformations
et l'effet comique qui en découle. La forme métrique et la versification imposent toutefois un
vernis. Il semble que ce qui se joue sur le plateau soit une affaire sérieuse, menée par des gens
éduqués et respectables, des gens qui 'causent beau', qui manient une langue élégante. Mais les
perturbations que Racine fait subir à cette langue codifiée font craqueler ce vernis. Et les
personnages, finalement, ne nous rappellent-ils pas que l'argent et le pouvoir n'ont pas besoin du
savoir et de la culture pour s'imposer ?