Réécriture de Katerina Apostolopoulou
D’après Sophocle et
Henry Bauchau
Mise en scène de Kim Aubert
Musique de Corentin Colluste
ŒDIPE ROI
présente
PREMIER VOLET DE LA TRILOGIE
SouS l’oeil d’Antigone
Sur quatre il marche
Sur deux il marche
Il marche sur trois
Au matin
A midi
Au soir
Qui est-ce ?
Dans la lignée d’Antigone, créé en 2012, nous nous plongeons
maintenant dans l’adaptation d’Œdipe Roi, premier volet de la
trilogie de Sophocle.
À l’aune de notre époque, les questions portées depuis les
origines par le texte de Sophocle, comment pouvons-nous les
formuler ? À nos âges, dans notre société, en se détournant de
tout cliché ou tabou, comment cette parole antique peut-elle
sortir de nous ?
Une auteure grecque et la metteur en scène travaillent de
concert sur le projet de réécriture qui, plus qu’une traduction,
constitue un véritable travail d’adaptation. Nous proposons
d’ajouter des scènes, d’en enlever d’autres, pour toucher à ce
qui se raconte à l’oral mais qui n’est pas présent dans la pièce
de Sophocle.
Ce travail de réécriture est accompagné d’une lecture
approfondie de l’œuvre de Bauchau (Œdipe sur la route,
Antigone, Les vallées du bonheur profond) qui éclaire sous
un angle particulier l’histoire de cette famille. Ces écrits sont
sources de nombreuses réflexions autour des personnages,
leur créant une histoire intime, un souvenir de vie.
Nous ne nous positionnons pas en critiques des textes passés,
mais en porteurs d’un texte en pleine mutation porté par notre
imaginaire et par la résonance que cette tragédie peut avoir à
l’heure actuelle.
PARLER DU MYTHE
D’ŒDIPE AUJOURD’HUI
QUESTIONS SOULEVÉES
PAR LA PIÈCE
Voyons-nous en Œdipe une victime ou un coupable ? Un monstre
qui n’aurait jamais dû naître pour ne pas engendrer le malheur
ou pour ne pas souffrir lui-même ? Quel regard peut-on porter
sur ses actes commis dans l’ignorance ?
Dans l’Enfant sans nom, d’Eugène Durif, on assiste à un “ débat
du chœur ” à son sujet. “ Il n’aurait jamais dû naître ” est l’une
des réactions que l’on peut y lire, opposant ceux qui accusent
le destin et ont pitié de sa malchance, et ceux qui veulent le
condamner au nom du libre arbitre.
Sommes-nous maître de notre destin ou bien manipulés par
des ficelles invisibles ?
Ce sont les questions que nous souhaitons garder en tête. Les
conserver en nous pour, surtout, ne pas y répondre. Nous ne
souhaitons pas un théâtre qui prend parti. Il s’agit, au contraire,
de jouer de ces questions qui résonnent étrangement dans
notre propre société, soulevant des enjeux sociaux et humains.
Nous ne souhaitons pas un théâtre donnant bonne conscience,
qui voudrait définir où se situe le bon ou le mauvais côté.
Nous voulons créer la discussion, le questionnement, le doute.
Si le débat est né plusieurs fois entre des spectateurs à la
sortie d’Antigone, les questions sont ici moins politiques, à
proprement parler. Elles interrogent l’humain dans ce qu’il a
de plus profond en lui. Son destin, son inconscient : ce qu’il
pourrait contrôler et ce qui lui échappe.
La présence du Sphinx est devenue essentielle.
Il pose la première question.
La plus importante de toute.
Celle qui nécessite pour y répondre un grand recul sur soi- même,
Un miroir …
On entre petit à petit dans l’espace mental d’Antigone, on y
accède par des souvenirs d’enfance ou par des réminiscences de
ce qu’on lui a raconté. Qu’est-ce qui différencie alors l’Antigone
que l’on connaît adulte et celle que l’on veut montrer enfant ?
Comment tout, par le prisme de son esprit, devient grand, beau
et sublimé par son regard encore naïf ?
Œdipe Roi peut-il être raconté comme un conte de fée ?
Une mère, la plus belle de toutes, juchée sur le plus haut
piédestal, faisant de son trône la plus vaste des robes.
Un sphinx à deux têtes, aussi belles que terrifiantes.
Une chambre à roulettes. Une petite sœur pleureuse.
Un papa qui devient roi en répondant à une seule question
Le public comprend dès la file d’attente qu’il ne vient pas
seulement pour “ voir un spectacle ” mais d’abord pour répondre
à la question du Sphinx, avec pour enjeu celui de sauver la ville
et de devenir roi.
À l’entrée, Tirésias tire les cartes.
Œdipe attend, comme tout le monde, dans la file d’attente ; il
semble s’être battu. De ce petit théâtre invisible où le spectateur
est déjà impliqué, il sera guidé vers la fable.
NOTES DE MISE EN SCÈNE
Dans cette histoire où tout se révèle peu à peu, à l’image
d’une mise au point qui s’opère lentement, la musique, elle
aussi, s’élabore progressivement. D’un ensemble désorganisé
d’instruments jouant chacun sa mélodie dans différents
recoins du palais, on passe ainsi à un assemblage précis et
déterminé d’une musique qui prend alors toute son ampleur
et tout son sens.
Dans la continuité de l’écriture musicale du spectacle Antigone
– dans lequel on découvrait un groupe de rock supportant
la colère et l’affrontement des personnages – le chœur, ici,
accompagne et soutient la lente compréhension d’Œdipe : tout
est alors affaire de construction et de déconstruction.
C’est également dans une continuité instrumentale que
se situe cette écriture : les instruments amplifiés, saturés
d’Antigone, deviennent acoustiques, et les basses, batteries,
et autres violoncelles électriques deviennent des cithares,
mandolines, ou autres tambourins. La harpe, également, joue
un rôle important en figurant une certaine pureté innocente
présente à la base de cette histoire, mais qui disparaît au
fil des événements. Le chant, enfin, trouve sa source dans
cette première construction musicale, jusqu’à se développer
totalement au fil des trois volets.
NOTES DE MUSIQUE
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