La présence du Sphinx est devenue essentielle.
Il pose la première question.
La plus importante de toute.
Celle qui nécessite pour y répondre un grand recul sur soi- même,
Un miroir …
On entre petit à petit dans l’espace mental d’Antigone, on y
accède par des souvenirs d’enfance ou par des réminiscences de
ce qu’on lui a raconté. Qu’est-ce qui différencie alors l’Antigone
que l’on connaît adulte et celle que l’on veut montrer enfant ?
Comment tout, par le prisme de son esprit, devient grand, beau
et sublimé par son regard encore naïf ?
Œdipe Roi peut-il être raconté comme un conte de fée ?
Une mère, la plus belle de toutes, juchée sur le plus haut
piédestal, faisant de son trône la plus vaste des robes.
Un sphinx à deux têtes, aussi belles que terrifiantes.
Une chambre à roulettes. Une petite sœur pleureuse.
Un papa qui devient roi en répondant à une seule question …
Le public comprend dès la file d’attente qu’il ne vient pas
seulement pour “ voir un spectacle ” mais d’abord pour répondre
à la question du Sphinx, avec pour enjeu celui de sauver la ville
et de devenir roi.
À l’entrée, Tirésias tire les cartes.
Œdipe attend, comme tout le monde, dans la file d’attente ; il
semble s’être battu. De ce petit théâtre invisible où le spectateur
est déjà impliqué, il sera guidé vers la fable.
NOTES DE MISE EN SCÈNE
Dans cette histoire où tout se révèle peu à peu, à l’image
d’une mise au point qui s’opère lentement, la musique, elle
aussi, s’élabore progressivement. D’un ensemble désorganisé
d’instruments jouant chacun sa mélodie dans différents
recoins du palais, on passe ainsi à un assemblage précis et
déterminé d’une musique qui prend alors toute son ampleur
et tout son sens.
Dans la continuité de l’écriture musicale du spectacle Antigone
– dans lequel on découvrait un groupe de rock supportant
la colère et l’affrontement des personnages – le chœur, ici,
accompagne et soutient la lente compréhension d’Œdipe : tout
est alors affaire de construction et de déconstruction.
C’est également dans une continuité instrumentale que
se situe cette écriture : les instruments amplifiés, saturés
d’Antigone, deviennent acoustiques, et les basses, batteries,
et autres violoncelles électriques deviennent des cithares,
mandolines, ou autres tambourins. La harpe, également, joue
un rôle important en figurant une certaine pureté innocente
présente à la base de cette histoire, mais qui disparaît au
fil des événements. Le chant, enfin, trouve sa source dans
cette première construction musicale, jusqu’à se développer
totalement au fil des trois volets.
NOTES DE MUSIQUE