UNION
PATRIOTIQUE
DU
RHONE
139
Ah
!
devant
nous,
toujours,
reste,
reste
présente,
Image
radieuse
et
sainte,
idéal
cher
De
la
Mère
sublime,
active
et
bienfaisante/
A
qui
tout
appartient,
notre
sang,
notre
chair,
Sois
présente
à
nos
yeux,
grande
âme
endolorie,
Dans
l'éclair
de
l'épée
et
les
plis
du
drapeau,
Dans
ce
qui
vient
d'en
bas,
dans
ce
qui
vient
d'en
liant,
Patrie
!
Et
nous,
Français,
certains
qu'elle
saura
l'entendre,
Renouvelons
ici
le
serrmnt
solennel
De
l'aimer
ardemment et
de
bien
la
défendre.
Ce
lieu,
c'est
notre
temple,
et
voici
notre
autel.
Jurons
de
bien
garder
ce
qu'elle
nous
confie,
Ses
lois,
ses
libertés,
son
éclat,
sa
grandeur,
Et
marchons
dans
la
vie
avec
ce
cri
vainqueur
:
PATRIE
!
16
avril
1893.
CAMIILE
BOY.
LA
PRUSSE
ET
L'UNITÉ
ALLEMANDE
La
Question
d'Alsace-Lorraine
Dans
la
France
nouvelle,
un
livre
admirable,
presque
prophétique,
Prévost-Paradol,
à
la
veille
de
la
guerre,
expri-
mait
l'opinion
suivante
:
«
Que
l'union
de
l'Allemagne
en
un
seul
Etat
s'achève
en
face
de
la
France
inactive
ou
devant
la
France
vaincue,
c'est,
d'une
façon
ou
d'une
autre,
l'irré-
vocable
déchéance
de
la
grandeur
française.
»
Sans
aller
jusque-là,
en
mettant,
de
côté
toute
exagéra-
tion,
on
ne
peut,
toutefois,
nier
l'évidence:
le
jour
a
suc-
combé
l'ancienne
confédération
germanique,
une
atteinte
profonde
et
durable
a
été
portée
à
notre
prestige,
à
notre
puissance,
et,
du
même
coup,
à
l'indépendance
des
Alle-
mands
eux-mêmes,
à
la
sécurité
de
l'Europe
tout
entière.
La
question
est
de
celles
qui
méritent
une
attention
sou-
tenue,
qui
s'imposent
aux
méditations
des
esprits
éclairés
et
rétléchis.
On
ne
saurait
trop
y
revenir.
Elle
domine
la
situation
actuelle,
elle
est
grosse
de
conséquences
pour
l'avenir.
Etudions
donc,
si
vous
le
voulez
bien,
les
conditions
dans
lesquelles
s'est
accomplie
l'unité
de
nos
voisins
d'oulre-
Bhin.
Nous
assisterons,
je
le
déclare
en
commençant,
à
une
exploitation
éhontée,
cynique,
à
l'exploitation
d'une
natio-
nalité
par
un
Etat,
de
la
nationalité
allemande
par
l'Etat
prussien.
Tout
d'abord,
comment
définir
la
nationalilé
et
l'Etat?
Ce
sont
deux
conceptions
bien
distinctes.
La
nationalité,
organisme
vivant,
naît
et
se
développe
naturellement,
d'après
les
lois
qui
président
à
la
formation
des
corps
animés.
L'Etat
est
une
abstraction,
un
être
polilique,
une
création
artificielle
du
génie
humain.
Dans
un
seul
Klat
peuvent
coexister
plusieurs
nationalités
diverses,
comme
il
arrive
en
Autriche-Hongrie
se
trouvent
juxtaposés
des
Alle-
mands,
des
Hongrois,
des
Slaves,
des
Roumains,
des
Italiens,
aspirant
d'ailleurs,
sinon
à
la
séparation
complète,
du
moins
à
l'autonomie
administrative
et
parlementaire.
Par
contre
les
éléments
d'une
nationalité
unique
peuvent
être
disséminés,
répartis
entre
plusieurs
Etats,
à
la
suite
des
accidents
de
la
politique
et
de
la
guerre.
Encore
une
fois,
un
Etat
est
un
chef-d'œuvre
de
la
politi-
que;
le
ressort
en
est,
non
dans
l'instinct
des
masses,
mais
dans
l'intelligence
et
la
volonté
d'un
ou
de
plusieurs
hommes.
Ainsi,
l'ancienne
Rome,
sous
la
République
et
sous
l'Empire,
me
paraît
le
type
achevé
de
l'Etat;
jamais,
à
partir
des
conquêtes,
il
n'y
a
eu,
à
aucun
degré,
une
nation
romaine.
La
nationalité,
produit
naturel,
possède
un
génie
propre,
une
âme
commune,
résultats,
non
d'une
éducation
hâtive,
mais
d'une
longue
et
intime
association.
Car,
remarquez-le,
ses
membres
ne
sont
pas
unis
exclusivement
par
des
liens
matériels,
mais
avant
tout
par
des
liens
moraux.
L'homogé-
néité
de
la
race,
l'identité
du
langage
n'en
sont
pas
les
traits
essentiels,
mais
la
communion
des
esprits
et
des-
cœurs,
la
participation
aux
mêmes
idées
et
aux
mêmes
sentiments,
aux
mêmes
joies
et
aux
mêmes
souffrances
dans
le
passé,
aux
mêmes
désirs
et
aux
mêmes
espérances
pour
le
présent
ou
pour
l'avenir.
Eh!
bien,
la
Prusse,
à
aucun
titre,
n'est
une
nation,
Elle
est
un
Etat,
l'Etat
par
excellence
dans
les
temps
modernes.
Son
existence
et
son
esprit
public,
elle
les
doit
également
à
l'énergique
volonté
de
ses
princes.
Commencée
en
pays
slave,
parallèlement
dans
la
marche
de
Brandebourg
et
dans
le
duché
de
la
Prusse
propre,
elle
s'est
constituée
par
la
jonction
de
ces
deux
éléments
primi-
tifs
auxquels
d'autres
encore
sont
venus
s'agréger
successi-
vement.
Son
territoire
a
été
créé
de
pièces
et
de
morceaux
disparates.
Sa
population
se
compose
d'un
ramassis
d'Alle-
mands,
de
Flamands,
de
Hollandais,
de
Français,
colons
ou
réfugiés,
mêlés
aux
Slaves
de
la
première
heure.
Les
Asca-
niens
d'abord,
les
Hohenzollern
ensuite
ont
ainsi
pétri
de
leurs
mains
rudes
et
vigoureuses
le
corps
du
futur
royaume,
de
Prusse.
A
ce
corps
fabriqué
par
les
procédés
les
plus
industrieux
el
les
plus
violents
tout
ensemble,
les
Hohenzol-
lern
ont
insufflé
la
vie,
une
âme
laborieuse
et
guerrière
:
nous
les
voyons,
à
tous
les
moments
décisifs
de
leur
his-
toire,
établir
ingénieusement
des
Universités,
chargées
expressément
de
la
prussilication
à
outrance,
de
la
prussifi-
cation
quand
même
des
éléments
hétérogènes
agglomérés
sous
une
même
domination.
L'Allemagne,
elle,
n'est
pas
plus
prussienne
que
la
Prusse
n'est
Allemande.
L'Allemagne
se
montre
à
nos
yeux
comme
une
véritable
et
grande
nation,
qui,
malgré
la
communauté
de
la
race,
de
la
langue,
des
sentiments
et
des
aspirations,
a
mis
du
temps,
beaucoup
de
temps
à
réaliser
sa
cohésion
politique.
Cependant,
dès
le
moyen-âge,
quand
on
l'appelait
au
plu-
riel
les
Allemagnes,
elle
tendait
visiblement
a
;
l'unité.
Elle
se
simplifie
de
plus
en
plus.
Son
morcellement
est
moindre
au
seizième
el
au
dix-septième
siècles
qu'à
l'époque
féodale.
Au
dix-huitième
siècle,
on
se
sert
déjà,
de
l'autre
côté
du
Rhin,
de
ces
expressions
:
«
la
patrie
allemande,
le
patrio-
tisme
allemand.
»
Alors,
à
la
cour
de
Weimar,
les
Gœthe,
les
Schiller,
les
Wieland,
les
Herder
donnent
l'essor
à
une
littérature
purement
nationale,
en
dehors
de
toute
influence
étrangère.
Marie-Thérèse
d'Autriche
et
Frédéric
II
de
Prusse
rivalisent
de
zèle
pour
la
grande
patrie
germanique.
Mais
à
Weimar
on
rêve
généreusement
de
liberté
et
de
con-
fédération
;
à
Vienne
et
à
Berlin,
les
Habsbourg
et
les
Hohen-
zollern
songent
à
réaliser
à
leur
profit
respectif
un
empire
unitaire
el,
despotique.
D'un
côté,
l'unité
allemande
est
pré-
parée
par
des
penseurs
idéalistes
;
de
l'autre,
par
deux
dynasties
rivales,
également
égoïstes
et
hypocrites.
Les
ambitions
autrichiennes
avaient
d'ailleurs
devancé
les
convoitises
prussiennes.
Charles-Quint
et
Ferdinand
II
pré-
cèdent
le
grand
Frédéric.
L'antagonisme
éclate
nécessairement
entre
les
deux
gran-
des
puissances
de
l'Elbe
et
du
Danube.
Au
dix-huitième
siècle,
il
est
déjà
nettement
marqué
et
provoque
de
vastes
conflits
auxquels
prend
part
l'Europe
tout
entière.
L'Autriche
a
déjà
le
dessous;
elle
sera
définitivement
vaincue
au
dix-
neuvième
siècle.
Comment
en
serait-il
autrement
?
L'Autriche
n'est
pas
une
nation,
elle
est
à
peine
un
Etat.
Aucune
de
ces
deux
déno-
minations
ne
convient
proprement
à
cette
collection
de
peuples
disparates,
dépourvue
du
ciment
d'une
étroite
et
vigoureuse
centralisation.
Par
quel
moyen
remporterait-elle
sur
l'état
prusso-brandebourgeois,
supérieurement
organisé
et
concentré
pour
la
lutte
et
la
conquête
?
La
guerre
est
si
bien
l'industrie
particulière
de
ce'ui-ci,
la
condition
même
de
son
existence
et
de
son
développement,
que
tous
les,
grands
ambitieux
des
pays
voisins
se
sont
tournés
vers
lui
pour
trou/er
l'emploi
de
leurs
facultés,
pour
faire
leur
for-
tune
en
même
temps
que
la
sienne.
Stein
est
accouru
de
Nassau,
Hardenberg
et
Scharnhorst
du
Hanovre,
Gneisenau
de
la
Saxe,
Moltke
du
Danemark.
Par
un
prodige
d'habileté
et
de
fourberie,
les
Hohenzollern
ont
su
d'ailleurs
se
ménager,
outre
la
supériorité
matérielle,
la
force
morale,
le
concours
de
l'opinion.
En
même
temps
que
d'unité,
l'Allemagne
avait
soif
de
liberté.
Tout
en
oppri-
mant
durement
les
libéraux
,
chez
eux
et
au
dehors,
les
sou-
verains
berlinois
se
sont
présentés,
eux
les
féodaux
par
ex-
cellence,
comme
les
chefs
d'un
Etat
moderne,
fondé
sur
la
philosophie
et la
science,
en
opposition
avec
la
monarchie
formaliste
d'Autriche,
asservie
aux
vieilles
idées,
aux
pré-
jugés
surannés
d'un
passé
gothique.
La
naïve
et
crédule
Germanie
se
laissa
prendre
au
jeu
;
elle
ne
reconnut
pas
le
masque,
le
déguisement;
elle
eut
foi
dans
le
modernisme,
dans
le
libéralisme
prussien,
et
tourna
de
plus
en
plus
ses
regards
vers
les
bords
de
la
Sprée,
sur
Berlin,
«
la
ville
de
l'intelligence.
»
De
là,
du
Nord
devait
venir
la
lumière,
se
propager
une
vie
nouvelle.
Le
mouvement
de
prussification
s'accentua
et
se
généra-
lisa
surtout
après
léna
et
depuis
la
guerre
sainte,
la
guerre
de
l'indépendance
en
1813.
Un
Prussien
illustre,
Henri
Heine,
ne
professe
pas
un
en-
thousiasme
délirant
pour
la
conduite
de
ses
compatriotes
en
celle
année
mémorable.
«
Lorsque
Dieu,
les
frimas
et
les
cosaques,
écrivait-il,
eurent
détruit
les
meilleures
troupes
de
Napoléon,
nous
autres
Allemands,
il
nous
prit
la
plus
vive
envie
de
nous
délivrer
du
joug
étranger
;
nous
brûla-
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