Jeudi de l’Ordre Conseil national de l’Ordre des Médecins
Paris, le 26 avril 2007 1
Jeudi de l’Ordre
Ethique de l’information médicale
Ouverture
Jacques ROLAND
Président du Conseil national de l’Ordre des Médecins
C’est avec grand plaisir que l’Ordre des Médecins vous accueille pour son deuxième grand Jeudi.
Lors de notre précédente rencontre, j’avais eu l’occasion de souligner que la réflexion éthique
n’était la propriété de personne. Elle doit être partagée. Ce jour-là, le Professeur Didier Sicard,
Président du Comité national d’Ethique, et le Professeur Christian Hervé, Directeur du Laboratoire
d’Ethique médicale de Paris V, nous avaient accompagnés dans nos réflexions. Ce dernier nous fait
l’amitié d’être à nouveau présent aujourd’hui. Nous bénéficions en outre du soutien de l’Académie
de médecine. Cette institution a démontré à de nombreuses reprises la maturité de sa réflexion dans
ce domaine. Son Président, le Professeur Pierre Ambroise-Thomas sera chargé de clore cette
journée. Un autre membre de l’académie, le Doyen Georges Cremer, animera les débats ce matin.
En tant que membre à la fois de l’Académie de Médecine et de l’Ordre national des Médecins, il a
acquis notre respect, notre estime et notre amitié.
Nous serons amenés aujourd’hui à nous pencher sur le thème de l’éthique de l’information
médicale. Notre réflexion s’inscrira certainement dans le droit fil des grands principes de la
déontologie. Ils ont toujours guidé le médecin vers plus de dévouement, de sérieux et d’honnêteté.
A ces valeurs, nous pouvons ajouter celles de loyauté, de clarté et de pertinence. Néanmoins, au-
delà de ces principes intangibles, il nous appartient de prendre du recul par rapport à nos pratiques.
Dans cette optique, un regard extérieur s’avérera certainement précieux. Sylvie Fainzang aura
l’occasion de nous rappeler que nous savons parfois « mentir de bonne foi », ainsi qu’un ministre le
déclarait récemment. Son analyse nous permettra de voir s’il est nécessaire d’ajuster nos principes
déontologiques.
Au-delà des questions de forme, la communication médicale a été profondément dénaturée au cours
des dernières années. En effet, le couple du colloque singulier a laissé la place à une relation à
plusieurs. Le patient, ses proches et la personne de confiance qu’il a pu désigner ont tous reçu une
foule d’informations provenant de sources diverses. Il est difficile pour lui d’effectuer le tri au
milieu des sites Internet et des références scientifiques. Avant même de rencontrer son médecin, le
patient se construit un imaginaire. C’est sur cet imaginaire que le praticien doit greffer son
message. Le colloque antérieur qui préexistait, par nature binaire, était assez simple dans sa
configuration. A la plainte du patient, le médecin apportait une réponse et une thérapeutique.
Depuis, le rythme a changé. La réponse est aujourd’hui une proposition. Elle appelle une seconde
réponse de la part du patient, sur la base de ses propres connaissances. C’est ainsi que se noue une
négociation entre le praticien et le patient. Le médecin devient ainsi responsable et le patient se
mue en citoyen.