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Dossier
Dossier commun à Lille, Lyon, Marseille, Nantes et Paris L’ingénieur N°290 - Novembre / Décembre 2015
L’ INFLUENCE HUMAINE sur le
système climatique est clairement
établie. Les rejets de gaz à effet de
serre sont responsables d’une accumula-
tion d’énergie dans le système climatique
et donc du réchauffement de l’atmosphère,
près de la surface de la Terre, des océans,
des sols, et de la fonte des glaces. Le
réchauffement des océans, la fonte des gla-
ciers, l’écoulement accéléré des calottes du
Groenland et de l’Antarctique entraînent
la montée du niveau moyen des mers. Le
réchauffement se manifeste par des modi-
fications de la pluviométrie. Il affecte les
événements météorologiques extrêmes :
records de froid, vagues de chaleur, sub-
mersions côtières. Il impacte les activités
humaines, les écosystèmes, les populations
les plus pauvres et les plus vulnérables.
Plus le réchauffement sera important, plus
les impacts risquent d’être graves, géné-
ralisés et potentiellement irréversibles. Ils
toucheront la sécurité alimentaire, la santé,
les déplacements de population, le déve-
loppement, les écosystèmes. L’ampleur du
réchauffement à venir sera étroitement liée
au cumul des émissions passées, présentes
et à venir de dioxyde de carbone1.
Maîtriser les rejets
de gaz à effet de serre
après 2020
L’enjeu de la COP 21 était de construire
un accord universel, ambitieux et juridi-
quement contraignant. L’ensemble de la
société civile a été associé à la réflexion.
Il s’agissait de construire un agenda des
solutions et de renforcer la coopération
internationale pour l’aide à l’adaptation
et au transfert de technologies.
Le traité doit être évolutif et reposer sur
la base de l’équité, la différenciation des
engagements, les garanties de transparence
et d’évaluation. La participation des pays
en développement est conditionnée aux
moyens de financement, via le Fonds Vert2
pour le climat, qui implique un engagement
des pays, la réorientation de financements
et la mobilisation de financements privés.
1 - Voir Notre futur commun face au changement
climatique, appel lancé par plus de deux mille
scientiques réunis à l’Unesco en juillet 2015.
2 - Le Fonds Vert pour le climat, mécanisme
nancier de l’ONU pour le transfert de fonds
des pays les plus avancés vers les pays les plus
vulnérables, s’élevait n 2014 à 10 milliards de
dollars.
LES ENJEUX DE LA COP 21
Valérie Masson-Delmotte (ECP93) est directrice de
recherches au laboratoire des sciences du climat et de
l’environnement du CEA, à Gif-sur-Yvette (Essonne).
Paléoclimatologue, auteur de 190 publications scientifiques
internationales, coauteur des 4ème et 5ème rapports du
Giec, elle a publié Parlons climat en 30 questions, avec
Christophe Cassou, éditions La Documentation Française,
septembre 2015.
ARIS A ACCUEILLI du 30 novembre au 11 décembre 2015
la COP 21. L’enjeu de cette conférence des « parties » de la
Convention-cadre des Nations unies sur le réchauffement
climatique était crucial : aboutir à un nouvel accord international
sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir
le réchauffement mondial en deçà de 2 °C.
Ce dossier a été préparé par les associations de Paris et Lyon.
La rédaction
n
P
CLIMAT ET ENVIRONNEMENT
COP 21
LE PROTOCOLE DE KYOTO
1990. Mis en place par la convention climat de l’ONU, le protocole est ratifié par
175 pays, représentant 55 % des émissions de gaz à effet de serre de l’époque.
37 pays industrialisés s’engagent à diminuer leurs émissions de 5 % par rapport à
1990, pendant la période 2008-2012. Trop réduit, trop figé, le protocole n’inclut pas
les plus gros émetteurs (États-Unis) ni les pays émergents.
2009. La COP de Copenhague inscrit l’objectif de limiter à l’avenir le réchauffement
à 2 °C par rapport au climat du xixe siècle. Les négociations climatiques changent de
style : déclarations volontaires d’objectifs de réduction d’émissions, mise en place
d’un Fonds Vert pour l’adaptation et le transfert de technologies vers les pays du Sud.