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un consentement. L’article 2 de la directive 95/46/CE définit en effet le consentement comme «
toute manifestation de volonté, libre, spécifique et informée par laquelle la personne concernée
accepte que des données à caractère personnel la concernant fassent l’objet d’un traitement ».
Cette collecte des données ne repose pas non plus sur une relation contractuelle entre Facebook et
l’internaute. Le contrat entre Facebook et son utilisateur a pour objet principal de permettre à
l’internaute d’utiliser ses services. Il s’agit là d’une caractéristique du modèle économique de ces
acteurs du numérique qui proposent des services gratuits en se rémunérant en contrepartie sur
l’exploitation des données. De là, l’adage bien connu : si c’est gratuit, c’est vous le produit.
La CNIL rejette ensuite la possibilité pour Facebook de s’appuyer sur son intérêt économique et
commercial au détriment de « l’intérêt des inscrits et leur droit fondamental à la vie privée ». Même
quand Facebook permet aux utilisateurs de ne pas recevoir de publicité ciblée, la société continue à
combiner les données des personnes concernées. Autrement dit, l’ingérence dans la vie privée
n’est pas écartée. Les utilisateurs n’ont pas la possibilité de s’opposer à la combinaison de leurs
données à des fins publicitaires.
De la même manière, le traitement de « données dites sensibles par Facebook ne fait l’objet
d’aucun consentement explicite contrairement à ce qui est exigé par l’article 8 de la loi précitée de
1978. Les internautes livrent leurs données personnelles relatives à leurs opinions politiques,
religieuses ou leur orientation sexuelle sans avoir reçuune information adéquate sur l’usage qui
sera fait des données personnelles ». Le fait de renseigner ces données ne constitue pas un
consentement exprès. Pour ce faire, Facebook devrait mettre en place une case dédiée à cocher.
Enfin, l’absence de consentement est au cœur de la condamnation de l’utilisation par Facebook de
cookies pour tracer les internautes qui se connectent sur Facebook. La CNIL en profite pour citer sa
recommandation n° 2013-378 relative aux cookies. Malgré son caractère non contraignant, la CNIL
s’appuie longuement sur ce texte pour rappeler à Facebook l’étendue de ses obligations. Elle lie
l’absence de consentement aux cookies à l’absence d’information notamment sur leur finalité et sur
la possibilité de changer leurs paramètres.
Leçon n° 2 : l’obligation d’informer l’internaute
Cela implique pour l’utilisateur de savoir qui traite ses données, dans quelle finalité, la possibilité
d’avoir accès au traitement, de demander des rectifications et de s’opposer au traitement.
L’internaute doit être notamment informé si ses données personnelles sont transférées hors de
l’Union européenne. Sur l’ensemble de ces points, Facebook est pris en défaut.
Leçon n° 3 : l’obligation de collecter les données de façon licite et loyale
Facebook installe le cookie « datr » dès lors qu’un internaute même non inscrit visite son site. Cette
pratique justifiée par la société par des raisons de sécurité permet en réalité de tracer la navigation
sur des sites tiers à l’insu des internautes. Cela constitue un manquement au principe de collecte
loyale et licite.
Leçon n° 4 : l’obligation de pouvoir faire opposition au traitement
La CNIL rappelle la nécessité pour Facebook de respecter le droit des internautes de s’opposer aux
traitements à des fins de publicité ciblée. Cela a été dit à propos de la combinaison à des fins
publicitaires des données des internautes inscrits à ce site. La CNIL l’évoque également pour
l’utilisation par Facebook du cookie « datr ». L’évocation dans la politique d’utilisation des cookies
de la possibilité de les supprimer par un paramétrage du navigateur ne constitue pas un véritable
droit d’opposition. Autrement dit, Facebook ne peut pas renvoyer l’internaute vers l’installation de
modules proposés par Mozilla pour ne pas être tracé par ses propres cookies.
Leçon n° 5 : l’obligation de veiller au caractère non excessif de la collecte des données
au regard de sa finalité
Chaque collecte des données doit être faite pour une finalité donnée et ne peut excéder ce qui est
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