NiCe lecture eN lIBerte lutte Contre l’illettrisme n° 32 - AVRIL 2013 Didier van Cauwelaert Michel Piquemal n° 32 avril 2013 le mot du Maire lecture en liberté 2 C’est la cinquième édition de "Lecture pour tous", mais la première sans Raoul Mille. Cette opération de lutte contre l’illettrisme profondément originale et novatrice était pour lui la plus belle des missions. En invitant des écrivains à venir échanger dans les établissements scolaires avec les enfants et les adolescents pour les sensibiliser à la lecture et à la littérature, Raoul Mille a offert à notre jeunesse un cadeau inestimable. L’imagination et la connaissance sont des atouts indispensables pour affronter la vie, pour comprendre ses semblables, pour trouver sa place dans la société. L’opération s’est d’ailleurs étendue aux hôpitaux et au milieu carcéral. Les livres ouvrent une fenêtre sur le monde et sont une aide précieuse dans les moments de détresse. Raoul Mille fut l’initiateur et l’artisan de la réussite de cette opération. "Lecture pour tous" est donc à la fois une initiative unique en France et un héritage. Je remercie Jacques Vidal, Conseiller Municipal délégué à la littérature, à la lutte contre l’illettrisme, aux Bibliothèques et au Cinéma, qui s’investit aujourd’hui pour poursuivre et développer cette action. L’attachement aux mots, l’attachement à la langue constituent le ciment d’une identité commune. A la veille d’accueillir les 7es Jeux de la Francophonie, cette nouvelle édition de "Lecture pour tous" trouve un écho particulier. Malika Mokeddem, Gaston Kelman, Eric Fottorino, Olivier Weber, Franz-Olivier Giesbert, Aurélie de Gubernatis, Alexandre Moix, Olympia Alberti et Michel Piquemal, les invités de cette année, seront les premiers ambassadeurs du rayonnement culturel de Nice avant l’inauguration de cette grande manifestation qui placera notre cité sous les projecteurs du monde entier. Christian ESTROSI Député des Alpes-Maritimes Maire de Nice Président de la Métropole Nice Côte d'Azur Photo de couverture : Ville de Nice - Luc Josia-Albertini. , , le mot de Didier van cauwelaert C’est une déclinaison de "merci" qui remplit cette page. Que dire de plus ? Merci à Raoul Mille qui a inventé ces rencontres, et qui continue à les planifier sur son nuage. Merci à Jacques Vidal qui maintient cet esprit avec tant d’enthousiasme et de vigilance, et à Elisabeth Adamandiatis sans qui rien ne serait possible, au jour le jour. Et merci à Christian Estrosi qui sait que livre = vivre. A tous ces élèves qui nous accueillent comme des lutins jaillis du papier que nous noircissons, merci. Nous nous montrons devant vous tels que nous croyons être, mais vous nous rappelez qui nous sommes. A bientôt donc. , , le mot de Michel Piquemal J'écris ce mot au sortir d’une école primaire (dite de quartier difficile !) où la qualité d’écoute et d’interrogation des enfants nous a tous bluffé ! Quel plaisir de les voir se passionner pour le pourquoi de l’écriture de tel ou tel livre, poser mille questions pertinentes... preuve que la rencontre avait été magistralement préparée en amont pour qu’elle corresponde à une attente enthousiaste ! Félicitations aux maîtres et maîtresses pour leur implication, félicitations aux enfants... Et merci à la ville de Nice pour cette superbe initiative à laquelle je participe pour la deuxième fois avec toujours autant de bonheur. Une mention spéciale pour Elisabeth qui coordonne tout cela avec autant de sérieux, d’implication et de gentillesse. Grâce à elle, on se sent épaulé et en confiance ! Lecture pour toUS reçoit Didier van Cauwelaert et Michel Piquemal Petite exposition organisée par les élèves du lycée Estienne d'Orves pour accueillir Didier van Cauwelaert des souvenirs. J’ai ressenti ce besoin émotionnel de traiter ce sujet précis. Je voulais montrer les folies d’Hitler ainsi que l’intérieur de cette Allemagne nazie, il y avait eu des poches de résistance." Au passage, il donne un conseil à tous ces jeunes venus l’écouter : "Si vous avez un rêve, que vous y mettez toute votre énergie et que vous emmerdez tout le monde avec, vous finirez toujours par intéresser quelqu’un !" Didier van Cauwelaert en est une preuve bien vivante. Deux faiseurs d'histoires déjà le succès. Les critiques encensent sa plume. On loue son talent à mêler réalité et fiction et il s’en explique : "Je connaissais Einstein, moins Hitler et le IIIe Reich. En faisant des recherches, je suis tombé par hasard sur l’Opération Sartorius. Il ne me restait plus qu’à faire de David le cinquième personnage du sousmarin. Dans le travail d’écriture, l’aventure reste constante. Mes personnages sont, pour la plupart, des inventions mais j’y mêle des sentiments que j’ai ressentis, des passions d’adolescent. Le grand privilège de la littérature, c’est qu’elle devient une session de rattrapage. Alors oui, pour La femme de nos vies, j’ai convoqué michel Piquemal l’instituteur devenu écrivain Est-ce parce qu’il a côtoyé au plus près de jeunes enfants pendant près de quinze ans qu’il sait aussi bien raconter des histoires ? Michel Piquemal avoue sans détour que pour certains de ses ouvrages, il s'est parfois inspiré de ces petits élèves de CP auxquels il a appris à lire. Il cumulait alors l’enseignement et l’écriture. Et lorsqu’un garçonnet ose lui demander en s’excusant presque, s’il est "Un écrivain du dimanche", il répond avec un sourire : "Plus aujourd’hui. Avant oui, je travaillais toute la semaine n° 32 avril 2013 Didier van Cauwelaert l’écriture ? une aventure de chaque instant Il est né à Nice, et chaque fois qu’il revient dans "sa" ville, son enfance lui saute au visage. Amusé de son audace, il raconte, comment, enfant, il envoie un manuscrit aux éditions Gallimard en mentionnant : "J’ai l’honneur d’avoir neuf ans…" laissant entendre à l’éditeur que ne pas le publier serait une erreur. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, Didier van Cauwelaert a été édité - "A vingt et un ans la première fois" - et il a reçu le t r è s convoité P r i x G o n c o u r t pour Un a l l e r simple. C'était en 1994. Depuis il n'a plus cessé d'écrire, tous les jours dès cinq heures du matin. "J’adore me lever avant le soleil et inventer un autre monde avant l’aube. Je n’écoute pas les infos, je ne regarde rien, je commence à écrire vierge de toute implication dans la réalité." A peine paru, son dernier roman, La femme de nos vies, connaît 3 lecture en liberté F ormidable semaine pour les élèves de la Métropole. Deux écrivains, deux tempéraments différents. Didier van cauwelaert, avec La femme de nos vies a mêlé Histoire et imagination, Michel Piquemal lui, a entraîné les enfants à la philosophie avec ses Philofables et à l'art brut avec Le jobard. Didier van Cauwelaert n° 32 avril 2013 Réalisation d'Art Brut par les élèves de l'école Saint Pierre d'Arène. lecture en liberté 4 Ces Philofables, qui s’adressaient en priorité aux enfants ont été éditées en livres de poche pour adultes. Paradoxe amusant, Michel Piquemal raconte qu’il n’était pas un excellent élève et qu’il n’a pas de quoi être fier de sa note de philo au bac. "Ce n’est que bien plus tard que je me suis intéressé à la philosophie et maintenant, c’est l’une de mes passions, au même titre que l’archéologie ou la paléontologie." De la passion au rêve, il n’y a qu’un pas, qu’un enfant franchira allègrement : "Quel est votre plus grand rêve ?" Michel Piquemal n’hésite pas longtemps : "Ecrire un livre aussi beau que Le Petit Prince. Je ne suis pas sûr d’y arriver. Mais c’est le but vers lequel je tends." Ecole Les Magnolias école et j’écrivais le dimanche et pendant les vacances. Maintenant, j’écris tout le temps, je ne prends plus de vacances !" S’il regarde en arrière, il compte environ 200 livres. Et parmi eux, il garde une tendresse particulière pour Le Jobard ; "Mais en réalité, je les aime tous, parce que ce sont tous mes bébés !" Il figure bien sûr dans les programmes scolaires, notamment grâce à ses Philo-fables. Et là encore, il explique que l’idée lui est venue parce qu’il a été instituteur. Il insiste : on peut, on devrait même parler de philosophie à de jeunes élèves. "Penser, cela s’apprend et il n’est jamais trop tôt pour commencer. Les petits se posent des questions sur la mort, la vie, la justice. Ce sont des sujets de philosophie que l’on peut traiter de différentes manières." classe : Cm1 Directrice : Chantal Hazan lorenzo elias, mireille robert, enseignants Premier pèlerinage au Magnolias : "Lorsque j’étais élève dans votre école, les garçons et les filles étaient séparés... Vous avez de la chance !" Les souvenirs surgissent : "Tous les matins, à notre tour, nous devions raconter une bonne action que nous avions faite. Alors, j’inventais. Je me souviens qu’un jour, j’ai raconté qu’un bébé, dans son berceau, était tombé à la mer, je me suis précipité, j’ai plongé et j’ai sauvé le bébé..." Il était fier de lui, mais la maîtresse lui a dit que c’était un gros mensonge. "C’est là que j’ai compris que lorsqu’on invente des histoires, il faut être crédible. C’est comme ça que je suis devenu écrivain... ici, dans votre école. Ce jour là, j'ai compris que la réalité, il faut la rendre vraie." "Comment avez-vous écrit Un aller simple ?" La question, posée à brûle pourpoint, amuse l’écrivain. "On revient encore à votre école, c’est ici, à huit ans que j’ai eu l’idée de ce livre... Il m’a fallut quarante ans pour l’écrire." "Etes-vous fier de votre Prix Goncourt ?" "Ce n’est pas de la fierté, mais une satisfaction que l’on a pour soi et pour ceux qui vous lisent. Lorsque j’ai eu le prix, j’étais connu et j’avais la chance d’avoir de nombreux lecteurs, c’est venu comme un cadeau. Mais, vous savez, c’est comme le titre de Miss France, on sait que l’année suivante il y en aura un autre... Ce qu’il faut surtout, c’est continuer à écrire." "Quel est votre salaire trimestriel ?" demande un élève. Gros éclat de rire de Didier van Cauwelaert suivi par celui de la classe entière. "Tu m’autorise à m’en servir dans un prochain roman ?... Je n’ai pas de salaire trimestriel, ni mensuel, ni annuel d’ailleurs. Lorsque je signe avec un éditeur, il me donne une avance sur ce que rapportera la vente, pour me permettre de l’écrire." Collège Jean-Henri Fabre... classes : Cinquième et sixième Principal : Pierre Pellegrino Principal adjoint : Alain tarico Professeur documentaliste : Hélène tournier Le mot de lycéens… Alicia : J’ai beaucoup apprécié cette rencontre. En s’exprimant, en racontant son vécu, il arrive à nous transporter dans son univers. Moi qui ne suis pas une grande lectrice, il m’a donné envie de lire quelquesuns de ses romans. C’était vraiment un moment agréable et très intéressant. Ce que j’ai le plus apprécié, c’est le fait qu’il ne parle pas de lui seulement en tant qu’écrivain et nous livre aussi quelques anecdotes personnelles, des informations sur lui… Sa simplicité m’a beaucoup plu. marie, emilie et léa : C’est un personnage étonnant qui met à l’aise. Il a une façon de s’exprimer particulière et drôle. Il a eu des expressions vraiment bien trouvées : "Penser à la mort, c’est se gâcher la vie". Et en effet, il transmet de la joie. Gabrielle minghelli, Patricia Fama, enseignantes L’étonnement se lit sur les visages lorsque, d’emblée, Didier van Cauwelaert assure à son auditoire qu’à l’âge de huit ans, il avait décidé de son destin d’écrivain. "Un an plus tard, j’ai envoyé mon premier manuscrit aux éditions Gallimard et j’ai été très déçu de ne pas être publié ! En fait, je voulais absolument être édité pour sauver mon père. Il avait des difficultés pour marcher et je l’avais entendu dire à ma mère que s’il devenait invalide, il se tirerait une balle dans la tête. Ce qui aurait pu n’être qu’un drame est devenu ma raison de vivre. Il fallait que mon projet aboutisse pour que mon père ait une bonne raison de continuer à vivre. Cela a marché… grâce à la pose d’une hanche artificielle. Mais moi, j’avais attrapé le virus et il ne m’a plus lâché. J’ai continué à écrire. Et mon premier roman est paru quand j’avais vingt et un ans." Gabrielle Minghelli et Patricia Fama, toutes deux professeurs de français, n’ont pas besoin d’inciter leurs élèves à poser des questions. Elles seront nombreuses tout au long de cette rencontre et selon l’avis de l’écrivain, "Intelligentes et judicieuses." Le mot de collégiens… mary-Charlotte : "Je ne le connaissais pas et je n’avais jamais rencontré d’écrivain. Par contre, je suis en train de lire l’un de ses romans, La fin du monde tombe un jeudi et j’ai pu lui poser certaines questions." Darius : "J’ai trouvé cette rencontre très enrichissante et pleine d’échanges positifs. Je voudrais devenir professeur de mathématiques mais je lis aussi beaucoup, un peu de tout, des BD, des romans…" Amel : "Je l’ai déjà rencontré ! Moi aussi j’écris, sur ma passion, la danse classique. C’est toujours bien d’entendre un écrivain parler de son expérience, de la manière dont il travaille. Plus tard, je serai journaliste." simon : "Je vais régulièrement au Salon du Livre de Nice et j’ai l’habitude de rencontrer des auteurs. Moi-même, j’écris et je lui ai demandé des conseils. Côté lecture, je privilégie les romans policiers. Pour mon avenir, j’hésite entre journaliste, avocat ou scénariste..." n° 32 avril 2013 Claire Bosc, Christine Chabas, Delphine Delansay (photo 1), Béatrice Devarieux, Fabienne Diana (photo 2), enseignantes Second pèlerinage pour Didier van Cauwelaert au Lycée Estienne d’Orves. "C’est ici que j’ai créé une troupe de théâtre amateur, c’est ici qu’est née ma passion pour le théâtre." On passe vite au vif du sujet : l’imagination et la réalité. "Qu’est-ce qui est vrai dans La femme de nos vies ?" "C’est bien Einstein qui a inventé la bombe atomique !" "Faux. Einstein n’est pour rien dans la création de la bombe, il a toujours été tenu à l’écart... Vous vous rendez compte, le plus grand savant du monde a été cantonné à dessiner des torpilles." Quant à Hitler : "Je le présente comme il était, un imbécile qui voulait être le meilleur spécialiste dans tous les domaines." Tous les éléments de son roman sont vrais : les chiens, les enfants surdoués... l’écrivain dévoile son processus de création : "J’ai une démarche de romancier, pas de journaliste. Pour faire accepter une histoire effroyable, il vaut mieux la modifier, la rendre crédible, en organisant différemment les diverses actions, en ajoutant des personnages..." Certains personnages se rebellent parfois : "S’il ne veut pas faire ce que je veux, il dit non !... Il faut que je trouve autre chose, que je négocie avec mon partenaire jusqu’à un accord..." Fabienne Diana, Delphine Delansay sont ravies : "Didier van Cauwelaert a été formidable, drôle, accessible, d’un naturel et d’une simplicité qui ont touchés nos élèves. Nous avons été heureuses de partager ce moment avec lui." 5 lecture en liberté classe : Première et seconde Proviseur : Hervé Quinsat Professeurs documentalistes : Hélène segalen, Brigitte simonetti Collège Lycée Estienne d'Orves lycée rencontre les élèves de la Métropole Didier van Cauwelaert rencontre les élèves de la Métropole Collège Vernier... classes : troisième Principal : Jean-Jacques Barbaroux Professeur documentaliste : elisabeth robert classes : troisième Principal : marie-Christine Vallet Professeur documentaliste : Hélène tournier isabelle Dimasco, imed essayah (photo 1), liliane lanzi (photo 2), enseignants L’imagination. Vaste sujet ! Mais au fait, qu'est-ce que c'est ? “C’est ne pas se satisfaire de la réalité, c’est un muscle aussi... qu’il faut travailler, comme un sportif. Mais c’est surtout un pouvoir aussi. A l’école j’étais considéré comme un étranger, peut-être à cause de mon nom à consonance belge, pour me faire accepter, à la récréation, je racontais des histoires, une chaque jour, comme Shéhérazade des Mille et une nuits. Mes petits camarades réclamaient la suite... j’en ai profité : si tu veux la suite, porte mon cartable..." Mais les questions deviennent sérieuses, on veut savoir s’il croit en la vie après la mort. "Oui ! Et tant qu’on est vivant, on peut faire quelque chose, faire du bien autour de soi. S’il y a quelque chose, on a gagné, s’il n’y a rien, cela n’a pas d’importance. Je prend donc le pari..." "Quel est votre rapport avec la musique ?" "Je lis à haute voix ce que j’écris pour voir s’il n’y a pas de "faux mots". Je fais de la musique avec des mots." Ecrit-il à la main ou à l’ordinateur ? "J’écris à la main. On a prouvé avec l’imagerie médicale, que les zones du cerveaux sont plus stimulées lorsqu’on écrit à la main, les stimulations sont moins nettes à l’ordinateur. C’est pour cela qu’on vous demandera d’écrire vos lettres de motivation à la main, ce sont les graphologues qui décident de votre engagement..." C’est avec délice que Liliane Lanzi, en tant que professeur de lettres, a écouté Didier Van Cauwelaert évoquer l’étape du brouillon, "... avec ses déplacements de mots, ses ratures, ses rajouts, le texte en train de se faire et toutes ses traces, ce qui a dû rappeler à nombre d’élèves quelques séances de méthodologie du brouillon dont ils ne perçoivent pas toujours l’importance !" stéphane emsellem, enseignant Au collège Jean Cocteau de Beaulieu-sur-Mer, les rencontres avec les écrivains sont toujours attendues avec impatience par les élèves et leurs enseignants. Jusqu’aux parents qui auraient bien aimé assisté à la prise de parole de Didier van Cauwelaert. Stéphane Emsellem, comme à son habitude, a préparé la venue de l’auteur avec un soin extrême et ses élèves ont tous lu La femme de nos vies et préparé des questions pertinentes. Didier van Cauwelaert les félicitera d’ailleurs pour leur travail et leur maturité, leur précisant : "Lorsque je viens à votre rencontre, je me rends compte que, certes, les années passent, mais le gamin que j’étais est toujours là ! Je reviens, de l’autre côté. Le vrai danger, c’est d’être coupé de ses racines. Les miennes sont ici, à Nice et sur la Côte d’Azur. Vous savez, je n’écris pas pour fuir la vie mais pour mieux vivre. En fait, je suis un éternel insatisfait. J’éprouve des sentiments de satisfaction ponctuels… qui ne me suffisent pas. Connaissez-vous la raison N°1 pour laquelle on écrit ? Parce qu’on n’est pas satisfait de la réalité. Parmi vous, je suis sûr qu’il y a de futurs écrivains. J’ai confiance dans votre génération. Quand, comme ici, la rencontre avec un écrivain, est parfaitement préparée, cela devient un formidable moment d’échange. Bravo à vous !" Collège n° 32 avril 2013 lecture en liberté 6 Collège Jean-Cocteau - Beaulieu Le mot de collégiens… "Nous avons particulièrement apprécié la proximité immédiate qu'a établie l'auteur avec nous et nous avons retenu parfois des mots, des vocables comme "silence", "solitude" "passion d'écrire" "imagination". Nous avons été émus et émues par la précocité d'écriture : premier manuscrit à 9 ans, les voyages après avoir imaginé pour vérifier l'exactitude des idées, et l'invitation à croire en soi pour pouvoir, quelles que soient les épreuves de la vie, rebondir." Propos recueillis par Liliane Lanzi. Le mot de collégiens… Nathaniel et Jeremy : "Nous avons déjà accueilli Olympia Alberti, Franz-Olivier Gisbert et Gaston Kelman et pourtant, nous sommes toujours impressionnés par la venue d’un écrivain. Cela nous permet d’appréhender des points de vue différents, de nouvelles idées, c’est très enrichissant. Didier van Cauwelaert n’est pas seulement un écrivain, il est aussi l’auteur de pièces de théâtre, de scénarios… Grâce à lui, nous nous rendons compte que tout reste possible. Il met également en avant la liaison entre un roman et un film. Le rencontrer fait naître des envies, des idées ! Nous retiendrons beaucoup de choses de ces deux heures passées en sa compagnie. Il nous a fait entrer dans le monde de la littérature de la plus belle des façons. C’était exceptionnel !" Michel Piquemal rencontre les élèves de nice isabelle lovreglio, Olivier Pujols, enseignants Jolie surprise pour Michel Piquemal, dès le seuil de la classe franchi. Sur une grande feuille, les élèves l’ont dessiné, avec "la" grande question : Qui êtes-vous Monsieur Piquemal ? D’autres travaux prouvent le soin apporté à cette visite : des recherches sur l’art brut, l’invention d’une colle des Jobardises et sur une table, plusieurs collections, aussi originales que témoins de talents certains. L’auteur apprécie et félicite chaleureusement tous ces petits inconditionnels qui ont lu ses livres et veulent tout savoir. Et surtout, pourquoi Michel Piquemal écrit-il pour eux, les jeunes ? "Peut-être parce que j’ai été instituteur pendant une quinzaine d’année. Peut-être parce que j’ai toujours aimé les livres. Quand j’avais votre âge, j’achetais des livres avec mon argent de poche. Mais je crois surtout que j’écris des livres jeunesse parce que cela me permet d’être optimiste. Quand on invente une histoire pour des enfants, on a envie de leur faire plaisir, de les faire rire, de les faire pleurer parce qu’on leur transmet une émotion. Vous êtes l’avenir, la vie. Et écrire pour vous, cela me fait du bien à moi aussi !" Le mot d’élèves… mathias, Noé, mohamed, luca et thomas : "C’est fabuleux parce que nous comprenons tout ce qu’il raconte. Et en plus, ce sont de belles histoires. Le jobard, nous avons adoré, c’est touchant et à la fin, on pleure même un peu. On rentre très vite dans ses livres, on a envie de connaître la suite et on n’est jamais déçu. Il est sympa, dynamique et l’écouter parler, ça donne envie de lire !" classes : Cm2 Directeurs : Catherine Chavepeyre Bernard Daemers Hasna merzouga, Nicolas truchetti, enseignants C’est devant des élèves très au fait de ses livres que Michel Piquemal arrive. "Les enfants étaient demandeurs et ils ont lu avec une certaine avidité les ouvrages de cet écrivain", expliquent en chœur Hasna Merzouga et Nicolas Truchetti. "Nous avons travaillé notamment sur Le jobard, puis nous avons réfléchi à d’éventuelles questions,sans toutefois brider leurs demandes." Et elles sont nombreuses. Parmi elles, "A-t-il voulu faire passer un message à travers Le jobard ?" "Bien sûr. Celui de la différence. Le jobard, c’est en quelque sorte un clochard. On dit qu’il est fou et dangereux. Pourtant, il ne faut pas se fier aux apparences. Je vais vous raconter une anecdote qui date de mon enfance. J’étais en classe avec un garçon qui n’avait qu’un bras. Eh bien, il montait à la corde plus vite qu’aucun d’entre nous ! Parce qu’il avait fait de son handicap une force. Regardez Django Reinhardt ; il lui manquait trois doigts à une main et quel joueur de jazz ! Mon livre, c’est aussi un message sur le travail, sur la volonté, sur le courage et la persévérance. Rien n’arrive facilement dans la vie mais si on y croit, on peut faire beaucoup de choses." Le mot d’élèves… sirine : "Pour moi, voir Michel Piquemal, c’est comme voir une star ! En plus, j’adore la lecture. Je lis dès que j’ai un moment. J’ai beaucoup aimé Le jobard, l’histoire de cet homme m’a touchée. Comme j’aime aussi chanter, de temps en temps, j’écris des chansons." Wendy : "J’ai été très impressionnée par la venue de Michel Piquemal. J’avais préparé des questions et j’ai osé les poser ! Moi aussi j’ai lu Le jobard et aussi Le manège de Petit Pierre. Parfois, j’écris des histoires courtes pour m’amuser." Kevin, Baydy, mohamed, Amine, Kimberley et ines : "Quel plaisir ! C’est aussi bizarre parce qu’on ne rencontre pas un écrivain vivant tous les jours. Nous avons tous lu Le jobard et nous l’avons tous adoré." n° 32 avril 2013 école classes : Cm2 Directrice : marie-Jeanne Curt Ecole la Digue des Français 1 et 2 7 lecture en liberté Ecole Saint-Pierre d'Arène... lycée Lycée Beau Site... Lycée professionnel Les Eucalyptus classes : terminale et première Proviseur : Hervé Quinsat Professeurs documentalistes : mmes Courchet-Biga, Quilichini classes : terminale Carosserie, seconde mécanique-auto Proviseur : Hervé Beauvais Professeur documentaliste : régine Julien Corine Haddad, enseignante Lorsqu’il se présente devant les nombreux élèves venus assister à son intervention, Michel Piquemal ne dit que deux choses : "Je viens de dépasser mon 200e livre et depuis 10 ans, j’ai une véritable passion pour la philosophie. Je ne vais pas vous raconter ma vie, je préfère engager le dialogue et répondre à vos questions." Avec Corinne Haddad, leur professeur de philosophie, ils ont travaillé sur le rapprochement entre la fable et la philosophie, ils ont bien sûr lu les Philo-fables et préparé des questions. D’abord timide, l’auditoire va participer dès que Michel Piquemal posera des interrogations… existentielles : "La science et la philosophie se contredisent-elles ? Qu’est-ce que la beauté ?" Ce dernier sujet plait, on se contredit, on oppose des points de vue. "Voilà" conclut Michel Piquemal, "Comme vous l’aurez compris, la philosophie, c’est beaucoup de choses. Elle appelle une réflexion, mais elle ne dit pas c’est bien ou mal. Elle n’a pas un rôle de moralisation. Elle invite à se poser des questions, à chercher des réponses et à prendre du recul." marguerite Demana, mohamed Haderbache, enseignants "Avez-vous conscience que vous avez la responsabilité du monde de demain ?" Silence et étonnement de l’assistance. "Connaissez-vous Ben ?" Pendant plus de deux heures, Michel Piquemal va osciller entre Philofables et Jobard ou plutôt entre philosophie et Art brut. Un climat très "café philo", les lycéens sont détendus mais très concentrés. Le maître de séant lit quelques unes de ses Philo-fables, intelligemment commentées, Jacques Vidal et Hervé Beauvais, le proviseur, participent à l’échange et n’hésitent pas à poser des questions. Michel Piquemal fascine son auditoire en expliquant l’Art brut : une série de portraits de personnages étonnants : Le Facteur Cheval et son incroyable construction, Raymond Isidore, dit Picassiette, recouvrant entièrement sa maison (tables, chaises, armoires...) de morceau de porcelaines, Pierre Avezard, dit Petit Pierre, ayant construit un manège mécanique. "Ces gens sont-ils fous ? Je ne crois pas, où se trouve la limite ? Je trouve que ce sont de véritables artistes. En détournant les objets de leur utilisation première, ils créent de véritables œuvres d’art." Un conseil en guise de conclusion : "Que voulez-vous faire de votre vie ? Pensez-y fort, sinon vous deviendrez vieux sans avoir décidé de votre vie." Le mot de lycéens… elora et myke : "Rencontrer un écrivain est instructif, on a l’impression de voir un peu ce qui se passe dans sa tête. On comprend mieux comment il écrit un livre. Nous ne sommes ni des lecteurs assidus, ni de futurs écrivains, mais nous avons apprécié son discours." Lecture pour tous reçoit du 13 au 15 mai les 16 et 17 mai Gilles Paris Alexandre Moix Publication éditée par la Ville de Nice - Directeur de la publication : Jacques Vidal, Conseiller municipal, délégué à la Lutte contre l’illettrisme. Responsable de la rédaction : Guillaume Morana - Editions Mercure 04 93 62 49 08 - [email protected] Impression : Les Ateliers du livre - Mairie de Nice Dépôt légal à parution.