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Un des premiers réexes consiste sans doute à ce que l’Afrique se
pense comme un marché, ce qui impliquera plusieurs effets : le choix
des partenaires avec lesquels l’avenir se construit ; la préoccupation
constante des besoins des peuples en terme d’éducation, de santé,
de logement ou d’infrastructures ; le respect de la parole donnée et la
prise en considération des objectifs de long terme à grande échelle ;
la construction de projets durables dans leur conception et dans leur
impact pour l’environnement ; la poursuite constante d’ambitions
élevées, libérées des contingences politiques, et dictées par les aspi-
rations supérieures des nations.
Aux décideurs africains nous voulons simplement rappeler une chose
assez simple : ils ne doivent jamais oublier que leur premier marché est
et doit être l’Afrique elle-même. Pour servir les attentes des popula-
tions, il convient sans doute de renforcer la collaboration économique
internationale intra-africaine, de continuer à faire tomber les barrières
douanières et de faciliter les échanges, de multiplier les zones de
monnaies communes et de libre échange, d’oublier les querelles d’hier
pour regarder demain et faire œuvre nouvelle, sans a priori.
Toutes ces hautes aspirations ne pourront pas être atteintes sans une
régulation nationale et internationale forte et inspirée. Ne l’oublions
pas. Le droit est le ciment des civilisations, il protège les acteurs locaux
comme les investisseurs internationaux en leur offrant la prévisibilité
dont ils ont besoin pour oser entreprendre et participer à la croissance
par l’initiative locale. Ainsi, point n’est besoin d’inventer de nouvelles
institutions mais, sans doute, d’améliorer celles qui existent et de mo-
derniser quelques réglementations pour accompagner un mouvement
déjà en marche, tout en s’assurant que la transparence et la conformi-
té sont pris en considération et respectés.
Enn, n’oublions pas, qu’au cœur de ce mouvement se situe l’en-
treprise. Que nous soyons conseils, institutions, Etats ou autorités
publiques, nos énergies doivent converger vers l’accompagnement
de l’entreprise par qui vient la richesse sur laquelle se construit une
économie. Conduite dans un environnement de croissance inclusive
et de redistribution locale, à travers le salaire, l’impôt ou l’accompa-
gnement de projets sociaux, cette libération des forces de l’entreprise
structurera l’Afrique. Car il n’est pas de grande nation sans emplois,
sans ressources, sans dynamique économique à même de permettre à
chacun de vivre pour lui-même et pour les siens.
Nous sommes toutes et tous héritiers d’une civilisation, d’une tradi-
tion, d’une culture et d’une langue. C’est pourquoi nous devons nous
dire que le futur de l’Afrique n’est pas le contraire du passé, mais il en
est l’héritier, il en est l’espoir.
Benoit Le Bars
Avocat Associé, Lazareff Le Bars
Fondateur des RIDAA
Discours prononcé le 31 mars 2016 pour
la clôture de la 4ème édition des RIDAA à Dakar,
King Fadh Palace
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