témoignent des mauvaises habitudes
de conducteurs expérimentés, et non
pas d'aptitude moindre à la conduite.
Par conséquent, toute évaluation
fondée sur ce type d'erreurs comme
indicateurs de l'inaptitude à conduire
serait inappropriée.
Dans le second groupe d'erreurs
(position dans les virages, erreurs
d'observation), le score de gravité
permettait de distinguer de façon
fiable les conducteurs âgés souffrant
de troubles cognitifs et les conduc-
teurs témoins en bonne santé en plus
de différencier les conducteurs âgés
en bonne santé des conducteurs
jeunes en bonne santé. Ces erreurs
discriminantes sont définies comme
« potentiellement dangereuses » et
témoignent d'une diminution des
aptitudes à la conduite automobile.
Le troisième groupe d'erreurs (par
exemple s'engager à contre-sens sur
une autoroute, arrêter à un feu vert,
brûler un feu rouge) était composé
d'erreurs de critère. Ces erreurs
étaient observées seulement chez les
conducteurs présentant des troubles
cognitifs.
La définition de ces catégories
d'erreurs et la découverte qu'elles
étaient regroupées ont aidé à mieux
comprendre la signification des dif-
férents types d'erreurs de conduite.
Grâce à ces données, les chercheurs
ont pu élaborer une échelle d'évalua-
tion empirique valide et établir des
critères pour concevoir des parcours
qui mettraient en évidence les erreurs
discriminantes importantes. Ces ré-
sultats de recherche constituaient
également une base pour déterminer
les critères de conduite dangereuse.
Ces travaux ont permis de con-
cevoir une épreuve de dépistage com-
posée de tests à l'ordinateur. Pour
réussir ces tests, il faut de la
mémoire, du jugement, la capacité de
décision, l'attention, des aptitudes
motrices et de la rapidité, et il faut
pouvoir intégrer ces aptitudes ou être
en mesure de passer de l'une à l'autre.
Pour sa part, l'examen pratique se fait
sur un parcours spécial d'une durée
de 40 minutes. On utilise un véhicule
de classe intermédiaire, équipé d'une
boîte de vitesses automatique et d'un
double système de freinage. Les ma-
nœuvres à effectuer ont été conçues
pour mettre en évidence les erreurs de
conduite chez des conducteurs dont
la santé est compromise.
Pour valider l'utilité de ce test de
dépistage, les résultats doivent satis-
faire à deux critères :
1. Les scores au-dessus du point li-
mite supérieur et sous le point li-
mite inférieur doivent permettre de
prévoir avec exactitude le passage
et l'échec de l'examen pratique.
2. Les conducteurs qui obtiennent un
score intermédiaire sont ceux qui
doivent subir un examen pratique.
Ce groupe qui nécessite un tel
examen doit être significativement
réduit par rapport au total de
personnes initial.
Cette démarche en deux étapes est
maintenant appliquée dans quelques
centres au pays, dont quatre sont
situés en Alberta; ce sont les
DriveAble Assessment Centres. L'éva-
luateur n'a pas besoin de recevoir une
formation spéciale. D’autre part, le
test est difficile : de nombreuses per-
sonnes atteintes d'un léger trouble
cognitif présumé échouent l'examen.
Par conséquent, cette évaluation
enlève au médecin de famille le
fardeau d'avoir à prendre seul une
décision au sujet de l'aptitude à con-
duire de ses patients âgés.
Cependant, le coût de cette éva-
luation, payé par le patient ou ses
proches, est un sujet de controverse.
On continue à espérer que le gou-
vernement provincial couvrira un
jour les frais de cet examen.
La plupart des données statis-
tiques du programme de recherche
18 • La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer • Décembre 2001
Tableau 3
Examen physique ciblé pour l'évaluation de l'aptitude à conduire
Paramètre Tests
Vue Champ visuel, test de Snellen
Ouïe Test du chuchotement
Appareil cardiovasculaire Examen courant, électrocardiogramme au besoin,
tension artérielle posturale
Appareil respiratoire Examen courant, oxymétrie au besoin (test et exercice)
Appareil digestif Examen courant
Appareil musculosquelettique Amplitude des mouvements de la colonne cervicale,
résistance, tonus, mouvement en extension et en
flexion (épaules, poignets, chevilles, hanches et genoux)
Équilibre et démarche Test Get-up-and-go (le patient se lève de sa chaise,
reste debout, puis marche sur une distance de
trois mètres, revient et s'assoit)
Système nerveux central Examen courant, réflexes cérébelleux (épreuve doigt-
nez, talon-tibia), réflexe moteur des membres
supérieurs et inférieurs, proprioception, réflexe sen-
soriel
Fonction cognitive Mini-examen de l'état mental, en particulier le test des
pentagones et de l’horloge, praxie (capacité d'exécuter
une série de mouvements en réponse à un ordre),
gnosie (capacité d'identifier des objets), fonctions d'exé-
cution (parcours A et B), jugement, compréhension
Troubles psychiatriques Examen courant, échelle d'évaluation de la dépression
chez la personne âgée au besoin
Capacité fonctionnelle Évaluation de la diminution de la capacité à exécuter
les activités de la vie quotidienne et les activités ins-
trumentales (faire les courses, cuisiner, gérer l'argent)