Saison 2003-2004 LA DEMOISELLE de Jean-Pierre Dopagne DOSSIER PÉDAGOGIQUE Sur la photo : Alix Mariaule © Véronique Vercheval ING nous aide à initier les jeunes au théâtre dès l’école. LA DEMOISELLE de JEAN-PIERRE DOPAGNE Distribution : Texte : Jean-Pierre Dopagne Interprétation : Alix Mariaule Mise en scène : Olivier Leborgne Lumière : Jacques Magrofuoco Régie générale : Vincent Rutten Régie lumière/son : Laurent Comiant Construction décor : Mathieu Regaert/ Marc Cocozza Réalisation vidéo : Fabrice Armand Direction technique : Jacques Magrofuoco Coproduction Festival de Théâtre de Spa et Atelier Théâtre Jean Vilar Dates : du 11 au 30 septembre 2003 Lieu : Théâtre Blocry Réservations : 0800/25 325 Contact écoles : Adrienne Gérard : 0473/936.976 Résumé de la pièce C’est l’histoire drôle d’une demoiselle, belle, intelligente, qui a tout pour elle … mais qui est seule. A trente ans bien sonnés, elle cherche toujours le Prince charmant. Ou peut-être l’attend-elle tout simplement sans le chercher. Ses armes pour affronter cet échec ? Elle sait qu’elle est belge et parfaitement bilingue… « La Demoiselle » c’est évidemment l’histoire d’une solitude ; c’est l’histoire de tous ces êtres idéalistes qui placent trop haut des barres que, par crainte du choc de la réalité, ils ne se décident jamais à franchir. I. Jean-Pierre Dopagne, auteur A. Biographie Jean-Pierre Dopagne, auteur belge, est une espèce rare à l’heure actuelle, dans notre petit pays : ses pièces se jouent souvent, aussi bien chez nous qu’à l’étranger, en français, en néerlandais, en italien ; mais aussi en arménien, en bulgare… Nourri de culture gréco-latine, Jean-Pierre Dopagne obtient une licence en philologie romane ainsi qu’un diplôme en littérature italienne. Au Centre d’Etudes Théâtrales de Leuven, il fréquente les cours de Bernard Dort, de Jean Duvignaud et de Jean Rouvet, ancien administrateur de Jean Vilar au T.N.P. Amoureux du théâtre depuis l’enfance, passionné par l’Antiquité grecque et l’Italie, il est aussi musicien, ses préférences allant à l’opéra, à la musique baroque et surtout à Jean-Sébastien Bach qu’il interprète à l’orgue et au clavecin. Il entre en écriture théâtrale en adaptant des comédies de Dario Fo. Les titres de quelques unes de ses pièces : « L’Enseigneur », « Photos de Famille », « Le Vieil homme rangé » ( nous l’avions créé et en avions donné 120 représentations ), « Hollywood subjonctif », « Un Ami fidèle »… B. Interview : Les rencontres forment le théâtre « Cette pièce répond à une demande de l’actrice, Alix Mariaule, que j’ai rencontrée à une séance littéraire où elle avait lu quelques extraits de mes pièces. Nous avions sympathisé et elle m’avait avoué qu’elle souhaitait jouer un texte seule. Je n’avais rien dans mes tiroirs mais je lui promis que je réfléchirais à sa demande. Trois éléments ont convergé qui m’ont porté à écrire la Demoiselle. Je me souvenais bien de la prestation d’Alix dans Fitness de Jacques De Decker : elle m’avait ému. Par ailleurs, j’avais envie, je ne sais trop pourquoi, de parler de la Belgique – à ce moment, on préparait en grande pompe un certain mariage princier. De plus, la presse faisait aussi régulièrement état d’un phénomène étonnant de notre société de la fin du 20ème siècle : les gens vivent de plus en plus seuls ; ils étudient et se marient de plus en plus tardivement et paradoxalement, une partie de ces jeunes gens devient de plus en plus exigeante quant à une future vie à deux. Comme on dit, en bon wallon, j’ai touillé ça dans ma tête et j’en ai sorti le personnage de la Demoiselle. Dire si je me sens belge, ça, je n’en sais vraiment rien. Mais si on prend la question autrement et si on me demande ce qu’est la Belgique, je pourrais répondre que c’est un pays qui devrait exister et qu’il faudrait un jour penser à l’inventer. Sinon, je me sens surtout attaché à une culture, la culture gréco-latine et à la langue française, j’y ai de profondes racines. Cependant, la culture du Nord, celle de Ulenspiegel, ne me laisse pas indifférent. Non, décidément, je ne suis vraiment pas attaché à un endroit. Cet amour de la langue est né il y a très longtemps quand j’écoutais les dramatiques radio de l’INR, à la maison, pendant que ma mère repassait. Ah ! Suivre une histoire à travers la voix des personnages, sans image pour venir troubler l’imagination et l’émotion! Voilà sans doute pourquoi je suis si attentif à la musique et au rythme lorsque j’écris. Le théâtre est un art qui s’adresse à l’instinct : il arrive de plein fouet, rapide, éphémère, il est bref, il est là, il passe… Ce n’est pas comme le roman où on a le loisir de revenir sur ce qu’on a déjà lu, ou de sauter des pages… Au théâtre comme le dit Peter Brook, « le diable, c’est l’ennui ». Si le spectateur s’ennuie ne serait-ce que cinq minutes, il se perd ; voilà pourquoi il faut lui procurer à chaque instant une émotion qui le fasse rire, pleurer, s’indigner. En tout cas, il faut faire en sorte que le spectateur participe à l’acte théâtral. Cinquante ans après Beckett, il me paraît difficile d’encore dénoncer le monde et sa noirceur ; les journaux, les télés se chargent de nous faire voir un monde bien plus horrible que la fiction ne pourrait jamais faire. Par contre, nous faire percevoir le cheminement des faits dans la psyché des personnages voilà ce qui est encore tout à fait faisable. Et malgré tout, dans mon théâtre, j’essaie de toujours ouvrir sur demain une petite lucarne à travers laquelle un peu de lumière peut pénétrer. C’est de la résistance. » II. Olivier Leborgne, metteur en scène A. Biographie Ayant reçu une formation classique à l’IAD, c’est auprès de l’Atelier théâtre Jean Vilar que Olivier Leborgne fait ses premières armes sur scène dans « le Bourgeois gentilhomme » de Molière mis en scène par Armand Delcampe. Il sera également de « l’Impromptu de Blocry », de « la Trilogie de la Villégiature » de Goldoni, de « Simenon » de Jean Louvet, du « Malade imaginaire », du « Tartuffe », de « Maître Puntila et son valet Matti » de Brecht, d’ « Après la pluie » de Belbel, de « Tout est bien qui finit bien » de Shakespeare à l’Atelier théâtre. Il joue aussi pour Daniel Scahaise, Guy Ramet, Eric De Staercke, Stephen Shank, Jonathan Fox, Dominique Serron sur d’autres scènes du pays. Mais dès 1991, il se découvre une passion : l’improvisation. Pilier de la Ligue belge, il y accumulera les distinctions. De nombreuses fois élu jouteur le plus performant, jouteur le plus étoilé, il sera, avec son équipe, cinq fois champion de Belgique et en 1999, champion du monde à Montréal. Il participera aussi à de nombreux spectacles issus de l’improvisation : Terminator IV, Impro en chute libre, Impro à la carte, l’Impro show… Il vient de mettre en scène Virginie Hocq dans un one-woman-show de Patrick Ridremont. B. Interview : Le pays imaginaire « Il me semble que l’auteur a voulu avant tout transposer la Belgique dans un personnage qui est, à mon sens, sans avoir peur des mots, comme un personnage virtuel. C’est un symbole et le tout est de, malgré tout, faire jouer concrètement un personnage qui ne l’est pas. C’est une pièce belge dans le sens où elle est surréaliste. La première phrase de la pièce, « Demain, je me suis levée à cinq heures du matin » s’apparente très clairement au célèbre « Ceci n’est pas une pipe » de Magritte et c’est une clé de la pièce. Pour la scénographie, j’ai voulu exploiter au maximum le côté « rêve » contenu dans la pièce. « Est-ce qu’on n’a pas le droit de rêver lorsqu’on ne croit plus à rien ? » est une des autres clés qui m’a permis d’imaginer l’environnement dans lequel la Demoiselle allait se mouvoir. La substance de nos rêves est ce fond d’infini blanc sur lequel viennent se superposer les images d’un passé réel ou imaginaire. C’est la télévision intérieure du personnage. Cette pièce est une formidable machine à jeu et à invention. Comédie légère et désespérée, méditation sur une idée, ponctuée d’effets comiques décalés, belge, oui, belge est la petite musique de la Demoiselle. » III. Alix Mariaule, actrice A. Biographie La première formation artistique d’Alix Mariaule est la danse classique. Elle est diplômée de la Royal Academy of Dancing et de l’ISTD (Angleterre) ; elle reçoit l’agrégation en tant que professeur de danse classique de l’Associate. Premier Prix d’Art dramatique du Conservatoire Royal de Bruxelles (classe d’André Debaar), elle complète sa formation par des études de chant classique à l’Académie de Waterloo. Elle a joué au Théâtre National, aux Galeries, à la Comédie Claude Volter, au Théâtre de la Valette, à la Samaritaine des auteurs aussi différents que Pinter, Feydeau, Courteline, Guitry, David Hare, Jacques De Decker, Obaldia,Eric Russon… Depuis 1997, elle se charge, au Centre culturel de Waterloo, de lectures publiques d’écrivains belges dans le cadre de Conférences littéraires. Récemment, elle vient d’interpréter « Un jour pour une nuit ou l’amour à Trieste », monologue de Daniel Leuwers et a tenu le rôle de Juliette Drouet dans « Une rencontre virtuelle avec Victor Hugo » de Jean Lacroix. B. Interview : Entre deux eaux « Pour commencer, j’ai inventé toute une histoire à la Demoiselle, dans les détails. Ce qui m’a d’abord intéressé, c’est tout ce que je trouvais de triste et de malheureux dans le personnage : sous l’apparence très simple, très quotidienne,très réaliste, un peu monocorde, comme la belgitude, j’écoutais les cris de la Demoiselle. Le comique , je le savais, viendrait naturellement de par les situations dans lesquelles le personnage se retrouve. C’est le choc de ses deux contraintes qui amène le côté absurde de l’ensemble, proche par certains côtés du « Fabuleux destin d’Amélie Poulain ».