LE JOURNAL
DES PARTENAIRES
DE FRANCE ACTIVE
Été 2015 # Numéro 05
ÉDITO
REMONTER
LA PENTE
CHRISTIAN
SAUTTER
Président
de France Active
LA FINANCE SOLIDAIRE
Épargner
utile
P. 06
SOCIÉTÉ D’INVESTISSEMENT
FRANCE ACTIVE
« Nous sommes
un catalyseur de
l’entrepreneuriat
social»
P. 07
___ Il n’y a pas de fatalité que les inégalités
s‘accroissent entre des métropoles de plus en plus
riches et des territoires périurbains ou ruraux qui
clinent. La poursuite de la rentabilité à court terme
y pousse, mais trois forces de résistance grandissent.
La première est l’énergie créatrice que les salariés
et bénévoles de France Active découvrent dans les
quartiers dits sensibles et dans des campagnes en
voie de déserti cation. Nombreux sont les jeunes
diplômés, souvent victimes de discriminations,
qui ont le goût de l’aventure entrepreneuriale : les
entreprises d’intérêt social et territorial germent
partout et il est de notre mission de les aider à réussir.
Deuxième sursaut, l’épargne solidaire : conserver
son patrimoine tout en fi nançant des entreprises
humanistes près de chez soi, cest un bonheur de
plus en plus partagé.
En n, l’État agit bien en demandant aux entreprises
mondiales qui licencient de doter des fonds de
revitalisation pour que leurs salariés écartés et
leurs communes d’implantation privées de recettes
puissent voir renaître d’autres activités et dautres
emplois.
«Il faut suivre la pente, à condition de la remonter»
disait un philosophe. La solidarité humaine,
l’e cacité économique, l’innovation fi nancière nous
poussent vers plus d’emplois, de qualité de vie,
d’harmonie locale.
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Patrice Garnier, Psident de la Société
d’Investissement France Active (SIFA)
P. 04
France Active,
levier de la
revitalisation
0302
N°05 # ÉTÉ 2015 N°05 # ÉTÉ 2015
S’ASSOCIER
EN BREF
ACTIONS DE FOND
L’ACTUALITÉ DU RÉSEAU ACTIONS DE FOND
AUVERGNE – MIDI-PYRÉNÉES
LANGUEDOC-ROUSSILLON – RHÔNE-ALPES
Capitaliser et mutualiser au service
des territoires
Convaincus que l’une des spécificités du réseau France Active réside
dans sa capacité à mutualiser les bonnes pratiques, Auvergne Active,
Midi-Pyrénées Actives, Rhône-Alpes Active et le représentant de France Active en
Languedoc-Roussillon (AIRDIE) réunissent leurs principaux partenaires dans un
minaire de travail interrégional, le mercredi 8 juillet prochain à Montpellier.
Lobjectif est d’échanger sur les bonnes pratiques et les innovations développées
par le réseau dans ces 4 régions, afin de s’inspirer mutuellement en faveur de la
création d’emploi et du développement des territoires.
En Auvergne, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes, les Fonds
territoriaux du réseau France Active ont contribué à la création ou la sauvegarde
de 8 100 emplois dans 2 000 entreprises pour la seule année 2014. Ils ont mobilisé
plus de 38,4 M € à leur service.
INITIATIVE POUR L’EMPLOI DES JEUNES
1,2 M€ supplémentaires
pour Cap’Jeunes !
France Active étend son action pour favoriser la création d’entreprise
par les jeunes. Le programme européen Initiative pour l’emploi
des jeunes (IEJ) a en effet décidé d’apporter 1,2millions
d’euros au dispositif Cap’Jeunes de FranceActive, qui combine
un accompagnement et une prime de démarrage
de 2000euros pour les créateurs de moins de 26 ans.
Lancé fin 2012 avec l’appui de mécènes privés, CapJeunes a déjà accompagné
près de 800 jeunes dans la création de leur entreprise et permis la création de plus
1000 emplois à ce jour. Grâce à ce nouveau partenariat, le déploiement du
dispositif saccélère et Cap’Jeunes est désormais accessible partout en France.
DONNER DES
VRAIES CHANCES DE
SUCCÈS AUX PROJETS
SOPHIE RICORDEL
Secrétaire générale du FAPE EDF
S’INVESTIR
___ Depuis de nombreuses années
MCAE Isère Active, représentant
de France Active en Isère, travaille
avec la Maison de l’entrepreneuriat
de lUniversité Grenoble-Alpes pour
sensibiliser les étudiant-e-s à la
création d’entreprise. Le partenariat
s’est renforcé lorsqu’elle est devenue
oZer, le premier des 29 Pôles
étudiants pour l’innovation, le
transfert et lentrepreneuriat
(PEPITE), labellisés par le ministère
de l’Enseignement Supérieur.
Les étudiant-e-s et les jeunes diplômé-e-s
peuvent être accompagné-e-s pendant
6 à 12 mois par les PEPITE pour
aliser leur projet, avec un statut
d’étudiant-entrepreneur. «Les projets
accompagnés par oZer sont
sélectionnés par un jury composé
d’entrepreneurs, de banquiers, de
professionnels, explique Thierry
Bataille, directeur de MCAE Isère
Active et membre du jury. L’ étudiant
présente son projet en détail (marché
visé, cible, ébauche de fi nancement)
et nous validons lidée si elle est mûre».
Le jury d’oZer reçoit une vingtaine
d’étudiants 3 à 4 fois par an, aux idées
souvent innovantes et porteuses de
sens : «La dimension sociétale est très
présente dans les projets soumis, précise
Thierry Bataille. C’est une tendance de
fond que nous encourageons avec des
cours sur lentrepreneuriat social mais
aussi en favorisant la mise en réseau
avec des entrepreneurs solidaires. Nous
croyons au potentiel de ces nouveaux
entrepreneurs et nous voulons aussi être
présents pour les fi nancer quand ils
émergeront !» conclut Thierry Bataille.
PARCOURS
2005 : rejoint le réseau
France Active et prend la direction
de MCAE Isère Active.
1985 : dirige pendant plus de 20 ans
un groupe d’Entreprises Solidaires
de 500 salariés et fonde une des
premières Entreprises de Travail
Temporaire dInsertion.
1979 : formation en Droit et en
Sciences Eco.
PAYS DE LA LOIRE
Naissance de la première SCOP
d’amorçage avec le soutien de France
Active
Delta Méca, entreprise de mécanique industrielle, est devenu la
première SCOP d’amorçage de France, le 22 mai 2015. Les dirigeants
de Delta Meca avait entamé ce processus de transmission de l’entreprise aux
salariés il y a près d’un an avec le soutien de France Active en Pays de la Loire
(FONDES), dans le cadre de son projet RSE.
Le statut de SCOP d’amorçage a été créé par la loi ESS du 31 juillet 2014.
Il permet aux salariés de renforcer d’année en année leur part au capital de
leur SCOP en leur attribuant la majorité des voix lors de l’assemblée générale
constitutive, même s’ils sont minoritaires au capital.
Chaque année, France Active accompagne et finance 120 SCOP. Le réseau
renouvellera sa convention de partenariat avec la Confédération générale
des SCOP, le 2 juillet prochain.
HAUTS-DE-
SEINE
UNE ENTREPRISE
FINANCÉE PAR
FRANCE ACTIVE
CONTRACTE LE
PREMIER PESS
Le 10 juin, le premier Prêt
pour les entreprises de
l’Economie sociale et
solidaire (PESS) de
Bpifrance a été accor
à l’entreprise Planète
same 92, une
entreprise solidaire
accompagnée et
financée par le
représentant de France
Active dans les Hauts de
Seine, HDSI, depuis sa
création en 2012.
SEINE-SAINT-
DENIS
LES
ENTREPRENEURS
DE SEINE-SAINT-
DENIS À
L’HONNEUR
Le 18 mai, France Active
a déménagé à Montreuil
sur un site plus grand,
plus fonctionnel et plus
respectueux de
l’environnement.
A l’occasion de
l’installation de ses
équipes, France Active
a organisé une
rencontre entre des
entrepreneurs de Seine-
Saint-Denis financés
par le réseau et ses
principaux partenaires
autour du thème :
« Quelle contribution de
l’ESS au développement
économique des
quartiers populaires ? ».
LORRAINE
PROMOUVOIR
L’ENTREPRENARIAT
AU FÉMININ
EN LORRAINE
Après Basse-Normandie
Active, Lorraine Active lance
un challenge interbancaire
pour l’entreprenariat au
féminin. Menée en partenariat
avec BNP Paribas,
Caisse d’Epargne Lorraine
Champagne Ardenne et
Crédit Agricole de Lorraine,
cette opération vise à
sensibiliser les conseillers
bancaires aux spécificités
de l’entrepreneuriat au
féminin et à les encourager
à mobiliser les outils de
financement dédiés aux
femmes,
dont le
Fonds de
garantie à
l’initiative
des
femmes
(FGIF).
Comment travaillez-vous avec France Active ?
Grâce à lexpertise et au travail de terrain du réseau France Active,
le FAPE EDF soutient des créateurs d’entreprise éloignés de
l’emploi avec de vraies chances de succès. Nous apportons un
cofi nancement direct à des projets qualifi és et qui contribuent au
développement local notamment dans les quartiers et les zones
rurales, et auprès de jeunes. Avec le Fonds de Con ance, nous
contribuons ensemble à l’émergence de nouvelles entreprises
d’utilité sociale en participant au comité de sélection des projets
et en cofi nançant leur étude de faisabilité.
Quels sont les résultats ?
En 2014, 181 créateurs de très petites entreprises, au chômage
ou béné ciant des minimas sociaux, ont reçu une prime de
2000€ pour renforcer leur plan de fi nancement: 63d’entre
eux avaient moins de 26ans, 36 sont issus ou souhaitaient créer
dans les quartiers «politiques de la ville» et 82 dans les zones de
revitalisation rurales.
Par ailleurs, le FAPEEDF a apporté 15000€ à 10projets solidaires
lectionnés par le Fonds de Con ance.
Qu’en retenez-vous ?
Cofondé avec les organisations
syndicales, le FAPEEDF inscrit
son action dans le cadre de la
politique de mécénat du groupe
EDF en faveur de la solidarité où
il couvre de manière spécifi que
le domaine de l’insertion et de
l’emploi. Les salariés et retraités
sont nos premiers mécènes, leurs
dons sont abondés à 200% par le
Groupe EDF. Avec France Active
nous partageons les mêmes
valeurs de solidarité et
sommes fi ers de contribuer
à cette dynamique de
création demplois grâce à
ce partenariat très concret.
LES MAILLONS
D’UNE MÊME CHAÎNE
STÉPHANE BARBOT
Responsable Marketing Assurances de personnes
et Services Financiers à la MAIF
___ «Quand on vient chercher un produit dépargne chez nous, il
est forcément solidaire». C’est ainsi que Stéphane Barbot résume
l’engagement du groupe depuis plusieurs années dans l’investissement
socialement responsable et l’épargne solidaire. Lassureur-militant
propose trois livrets de partage ainsi que l’Assurance vie Responsable
et Solidaire qui intègre l’unité de compte Insertion Emploi Dynamique
dont 5 à 10% des actifs fi nancent l’insertion par l’activité économique
en partenariat avec France Active.
Depuis l’an dernier, cet engagement concerne aussi un produit
de défi scalisation : le Fonds d’investissement de proximité (FIP)
solidaire, labellisé Finansol. «Il est investi à 90 % dans lhôtellerie
et le secteur de la santé - dépendance et à 10% dans la Société
d’Investissement France Active. Lobjectif est de soutenir la création
demplois pérennes et/ou à utilité sociale», détaille Stéphane Barbot.
Le produit a reçu un excellent accueil. «Avec 11millions deuros
collectés, c’est la meilleure campagne du FIP depuis 2011. Au-de
de l’avantage fi scal, les gestionnaires de patrimoine
ont perçu un vrai sens au produit».
Une dynamique que la MAIF entend poursuivre,
aux côtés de France Active, partenaire
historique. «Nous avons des relations nourries, à
travers des projets tels que la carte interactive des
investissements solidaires ou les visites d’entreprises
solidaires, souligne Stéphane Barbot. Nous
sommes les
maillons d’une
même chaîne.
A lavenir, nous
souhaitons
aller plus
loin dans la
convergence
de nos
intérêts».
PRÉPARER
LES JEUNES À
L’ENTREPRENEURIAT
THIERRY BATAILLE
Directeur de MCAE Isère Active
S’ENGAGER
FRANCE ACTIVE
Mirova lance le premier fonds actions
dont l’indicateur est l’emploi !
Le 16 juin dernier, Mirova révélait la nouvelle stratégie d’investissement
du Fonds commun de placement Insertion emplois dynamique (FCPIED),
à l’occasion d’une manifestation organisée par Mirova, France Active et Bpifrance.
Créé en 1994, le FCPIED est un fonds dit 90/10 dont la poche solidaire est gérée
depuis l’origine en partenariat avec France Active et qui a contribué à la création
ou la sauvegarde de dizaines de milliers d’emplois en finançant des structures
d’utilité sociale.
Cette stratégie « création d’emploi » est désormais déployée par Mirova sur
l’ensemble du fonds qui consacrera ainsi les 90 à 95 % de ses investissements
restant au soutien d’entreprises cotées favorisant la création d’emplois en France.
Appuyé sur le constat que la création nette d’emploi est un indicateur de bonne
santé des entreprises, l’objectif du fonds est double : générer une performance
financière en ligne avec celle des marchés actions internationales et investir
dans le capital d’entreprises qui vont créer de l’emploi en France sur les trois
prochaines années.
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N°05 # ÉTÉ 2015 N°05 # ÉTÉ 2015
PLACE DU MARCHÉ
PLACE DU MARCHÉ
LE DOSSIER THÉMATIQUE
Obligation de revitalisation
instituée par la loi du 17 janvier
2002, réaffire à travers la loi du
18 janvier 2005 de programmation
pour la cohésion sociale.
Sont concernées les entreprises
de plus de 1 000 salariés ou
appartenant à un groupe de plus
de 1 000 salariés qui procèdent à
un plan de sauvegarde de l’emploi
Montant de la contribution
financière entre 2 et 4 fois la valeur
du SMIC par emploi suppri
Une convention est négociée et
signée entre l’État, représenté par
le Préfet, et l’entreprise. Elle fixe
le montant de l’engagement
financier de l’entreprise, le nombre
d’emplois à créer, le périmètre
géographique d’application de la
convention, sa durée (maximum
36 mois) et, enfin, les actions de
revitalisation à mettre en œuvre.
Passage obligé pour les grandes entreprises contraintes
de licencier, les plans de revitalisation visent à amortir
les conséquences économiques des plans sociaux.
Depuis quelques années, les acteurs de l’ESS proposent
de les appréhender au-delà de la création brute d’emploi.
Petit tour de France inspirant.
LE RÉSEAU FRANCE ACTIVE
Un levier
de revitalisation
Q
uand une grande entreprise engage
un plan de sauvegarde de l’emploi,
c’est tout sauf une bonne nou-
velle. Encadrée par la loi, elle doit alors faire
preuve de responsabilité. C’est ce qu’a fait Air
France, à la suite de plans de départs volon-
taires, notamment sur les bassins d’emplois
d’Orly et de Roissy. «Nous voulions maintenir
un équilibre d’emplois sur ces territoires et mon-
trer que malgré les plans de départs, l’entreprise
a la capacité, par ailleurs, de développer de l’ac-
tivité», souligne Yves Le Petitcorps, le direc-
teur général de la Sodesi, la fi liale d’Air France
qui gère les conventions de revitalisation.
À cette fi n, la compagnie aérienne s’appuie
sur les réseaux locaux de soutien à la créa-
tion d’emplois, et parmi eux les Fonds ter-
ritoriaux franciliens de France Active. Forte
d’une longue tradition de formation et
d’embauche des jeunes, elle a notamment
contribué au lancement du programme
Cap’Jeunes en Essonne, dans le Val-de-
Marne, et désormais dans le Val d’Oise
(où France Active est représenté respecti-
vement par Essonne Active, Val-de-Marne
Active pour l’Initiative et Initiactive 95). «À
travers Cap’Jeunes, les fonds de revitalisation
permettent de renforcer la crédibilité du jeune
créateur auprès des banques et donc d’asseoir
le succès du projet », constate le directeur
général de la Sodesi.
Très implanté en Gironde au travers de sa
liale LaSer Cofi noga, le groupe LaSer s’est
lui aussi investi dans la convention de revi-
talisation signée en 2013 avec l’État. Cette
convention visait à la création de 265 em-
plois d’ici juin 2015, à travers le soutien aux
très petites entreprises et aux structures de
l’économie sociale et solidaire. Le Fond ter-
ritorial Aquitaine Active a été mandaté pour
créer 50 de ces emplois. «Un choix motivé
par des liens historiques avec Aquitaine Active,
LaSer Cofi noga étant l’un de ses membres fon-
dateurs» explique Benoist Aulanier, Délégué
à la Responsabilité Sociale et Environnemen-
tale du groupe LaSer, en charge du suivi de
la revitalisation. Fin 2014, 82TPE et 18en-
treprises solidaires avaient été soutenues et
l’objectif de 50emplois largement dépassé
par Aquitaine Active.
L’utilisation des fonds de revitalisation
comme outil de développement de l’ESS
fait ainsi son chemin, le secteur représen-
tant un fort potentiel d’emplois ancrés
dans les territoires et non délocalisables.
«Nous avons mis un peu de temps à défi nir
notre o re car les entreprises et l’État avaient
l’habitude de travailler ensemble de façon tra-
ditionnelle, avec le tissu local existant et sur
une logique de retour à l’emploi, témoigne
Denis Dementhon, directeur général de
France Active. Nous nous concentrions donc
sur notre activité de création d’entreprises.
Puis, progressivement, nous avons commencé
à proposer d’orienter les fonds vers des struc-
tures de l’ESS. Aujourd’hui, nous travaillons sur
ce double axe : création de TPE et développe-
ment des entreprises solidaires».
Un positionnement particulièrement abouti
dans la région toulousaine, où la Direccte
a impulsé la création d’un fonds de revita-
lisation mutualisé, auquel six entreprises
contribuent. Il est piloté par trois fi nanceurs
locaux : Initiatives pour une Economie
Solidaire, Réseau Entreprendre et Midi-
Pyrénées Actives. «1 million d’euros y sont
engagés, destinés à fi nancer des projets ambi-
tieux en terme d’emplois et plus spécifi que-
ment des projets de l’ESS, explique Jean-Eric
Florin, directeur de Midi-Pyrénées Actives.
De nouveaux champs d’action s’ouvrent par
rapport aux plans de revitalisation précédents
qui fi nançaient essentiellement des créateurs
de TPE en situation de précarité». Fin 2014,
26 projets avaient déjà été retenus parmi
lesquels une entreprise de travail tempo-
raire d’insertion, une société coopérative
dans le secteur de la télémédecine ou
encore une société de transport pour per-
sonnes à mobilité réduite.
Outre le gain en cohérence et en e cacité,
la mutualisation des fonds et la coopération
entre acteurs locaux rendent davantage
visibles les projets de l’ESS et sensibilisent
les dirigeants des entreprises contributrices.
«Ils ne font pas toujours le lien entre ESS et
BETTY MATHIEU
Responsable du service « Mutations Économiques »
de la Direccte IDF – Uni Territoriale de l’Essonne
Quel est le rôle de la Direccte dans la mise
en œuvre des plans de revitalisation (PRE) ?
La Direccte assure la mise en œuvre et le pilotage des
conventions de revitalisation. Elle assujettit l’entreprise, défi nit
avec elle le montant de sa contribution, les actions à mettre
en œuvre et le choix des opérateurs et en assure le suivi.
Elle veille à créer une synergie et à permettre un partage des
compétences et des moyens entre acteurs ayant une bonne
connaissance du territoire.
Quelle collaboration avez-vous mis en place avec
Essonne Active ?
La Direccte a sollicité Essonne Active sur la première convention
Air France avec un budget consacré à l’abondement de son
fonds de garantie. Les aides apportées aux entreprises ont
généré un e et levier sur les emprunts bancaires et créé
une dynamique territoriale. Les résultats ont été très positifs,
avec 232 emplois créés pour un objectif de 90. Sur la convention
en cours, Air France abonde le programme Cap’Jeunes.
Essonne Active a également été sollicitée sur un plan de
revitalisation pour accompagner des structures de l’ESS avec un
objectif de création de 33 emplois, 372 emplois ont été créés.
Quel est l’intérêt dorienter une partie des fonds
de revitalisation vers l’ESS ?
LESS est un secteur en développement, fortement pourvoyeur
d’emplois non délocalisables, notamment dans les services.
Il répond donc à lobjectif de création d’emplois à fort ancrage
territorial pour compenser les e ets des restructurations,
notamment industrielles. Par ailleurs, il a encore di cilement
accès au fi nancement bancaire et n’a pas toujours les moyens
d’élaborer de véritables stratégies de développement. Si un
secteur a besoin d’être soutenu, c’est donc bien celui-.
3 QUESTIONS À
Si on parle de
revitalisation
économique,
alors l’ESS
a des réponses
à apporter.
«Dans quasiment
tous les territoires
aujourd’hui, une convention
de revitalisation a
été mise en œuvre.»
Source : Guide méthodologique 2013 - DARES
150
Source : Guide méthodologique « L’accompagnement de la mise en œuvre des conventions de
revitalisation », DARES, février 2013
conventions
de revitalisation
«Nous travaillons sur un double axe:
création de TPE et
veloppement des
entreprises solidaires.»
Denis Dementhon, Directeur général de France Active
sont signées chaque année portant sur 100 millions d’euros
d’intervention financière des entreprises, en moyenne annuelle.
Plus de
emploi, solidité économique ou innovation. Dia-
loguer avec eux lors des comités d’engagement
permet de déconstruire les représentations de
part et d’autre», explique Jean-Eric Florin. Et
de conclure : «Si on parle de revitalisation éco-
nomique, alors l’ESS a des réponses à apporter.
Il y a dix ans, ce discours n’était pas aussi pré-
sent du côté des pouvoirs publics. Aujourd’hui,
la prise de conscience est réelle». Pour preuve,
l’expérience toulousaine est déjà en train
d’essaimer dans d’autres régions.
Ainsi, le 10 juin, c’est en présence du
Ministre de l’économie sociale et solidaire,
du Préfet de région et de 5 autres réseaux
co-signataires que le représentant de France
Active en Pays de la Loire (Fondes) a signé
un fonds mutualisé de revitalisation pour la
création d’entreprises et le développement
de l’ESS.
Ou comment penser di éremment le déve-
loppement économique local et transfor-
mer une menace en opportunité.
REPÈRES
0706
En 2014, France Active a mobilisé plus de 56 millions d’euros au pro t de 1100 entreprises solidaires,
véritablement remarquables en raison de leur objet social, leur mode de fonctionnement et leur ancrage territorial.
Ces résultats sont rendus possibles notamment grâce à la Société d’Investissement de France Active qui collecte
plus de 10 millions d’euros d’épargne solidaire chaque année. Concrètement comment ça marche ?
LA PREUVE PAR 4
LE DÉCRYPTAGE D’UN DISPOSITIF L’INTERVIEW CROISÉE
FACE À LA QUESTION
ENTRETIEN AVEC PATRICE GARNIER
« Nous disposons de 140 millions
d’euros de fonds propres pour
les projets solidaires.»
Selon le collectif Finansol, au 31 décembre 2014, 6,8 milliards d’euros étaient placés sur
des produits d’épargne solidaires. Alors que les acteurs de la finance solidaire se sont fixé l’objectif
de 1 % du patrimoine financier des Français placé sur des supports solidaires à l’horizon 2025,
Walter fait le point avec Patrice Garnier, président de la SIFA.
Quelles sont les évolutions de lépargne
solidaire en France ?
Patrice Garnier : Lépargne solidaire est un
segment qui se développe à toute vitesse. En
3ans, son encours a doublé! Il n’y a aucun de
segment de l’épargne française qui ait augmenté
aussi vite. Certes elle ne pèse encore que 0,15%
de lencours de l’épargne fi nancière des Français,
mais les choses bougent. Un exemple parmi
de nombreux autres, le groupe de protection
sociale Humanis vient de lancer un nouveau fond
commun de placement ouvert aux institutionnels
et à l’épargne salariale solidaire, qui investira pour
sa partie solidaire, dans la SIFA et aux côtés de la
SIFA, notamment dans le vaste secteur médico-
social. Et on pourrait citer bien d’autres banques,
sociétés de gestion, assureurs qui ont compris
qu’une o re solidaire doit compléter leur gamme.
On sent une grande e ervescence dans
le secteur. Quelle est la place de la SIFA ?
P. G. : Il y a énormément de nouveaux acteurs
qui arrivent et dautres qui se transforment. Cest
tant mieux. C’est une chance pour le secteur dans
son ensemble et une opportunité pour la SIFA
en particulier. Celle-ci a deux caractéristiques.
La première, c’est qu’elle est pionnière. Cest elle
qui a initié le développement de l’épargne salariale
solidaire avec la création du Fonds commun
de placement d’insertion emploi dynamique
(FCPIED), qui a été le premier fonds commun de
placement solidaire et demeure l’un des leaders
dynamiques, grâce à Mirova son gestionnaire.
Ensuite, la SIFA est le premier collecteur de
l’épargne salariale solidaire. Nous disposons
à ce jour de 140millions de fonds propres et
nous collectons en moyenne 10millions d’euros
chaque année. Pour les 6 premiers mois
de lannée 2015, nous avons déjà dépassé
les 13 millions d’euros collectés.
Quels sont les évolutions du marché
des entreprises solidaires ?
P. G. : Avec un encours de prêts et de
garanties de 125millions d’euros dans plus de
3600entreprises sociales et solidaires, France
Active et la SIFA sont un formidable observatoire
de l’entrepreneuriat social en France. Nous
constatons qu’en se développant le marché
se diversifi e, avec quatre grandes catégories
d’entreprises qui ont des besoins et des attentes
di érentes. Tout d’abord, il y a bien sûr les
grandes structures de l’insertion, du handicap ou
dico-sociales qui emploient plusieurs milliers
de salars, qui continuent à se développer, à se
structurer et qui ont des besoins d’investissement
lourds. Elles peuvent trouver des fi nancements
auprès des banques mais nous constatons qu’elles
restent fi dèles à la SIFA qui les a accompagnées
dès le début.
Ensuite, il y a les SCOP et les SCIC qui
représentent aujourd’hui un tiers de notre
activité environ. Cette part se développe, parce
que nous travaillons de plus en plus avec leurs
structures de fi nancement traditionnel mais
aussi parce que de nombreux chefs d’entreprise
partant à la retraite étudient la transmission
aups des salars par la voie coopérative
comme une option sérieuse.
Mais encore ?
P. G. : Il y a également le monde associatif
qui sou re actuellement de la restriction
de la subvention publique et qui doit changer
de modèle économique. Nous continuerons de
leur consacrer beaucoup de moyens et d’énergie.
En n, nous voyons un foisonnement d’entreprises
sociales pores par des jeunes diplômés qui ont
identi é un besoin social, qui mettent en œuvre
un nouveau service et montent des entreprises
dont la fi nalité première n’est pas le pro t. Avec
eux, nous sommes sur un mode de fi nancement
de startup. Cest-à-dire que les montants
unitaires sont moins élevés mais ils ont un besoin
de structuration de leur plan de fi nancement
plus fort, d’un accompagnement approfondi
et d’une prise de risque plus élevée car tout ne
fonctionnera pas. Mais quelle fi erté de participer
à leurs réussites !
Comment répondez-vous à leurs
besoins?
P. G. : Historiquement, la SIFA a concent
son action sur les secteurs de l’insertion et du
handicap. C’était une attente des épargnants
et des syndicats. Notre développement
nous permet de répondre aujourd’hui à
une demande qui s’est élargie. Nous avons
ouvert en grand les fenêtres pour laisser
entrer l’air frais qu’apportent la multitude
de nouveaux acteurs. La SIFA a élargi
ses critères d’intervention, assoupli ses
modes de travail et travaille activement à une
simpli cation de ses procédures. Aujourd’hui
nous souhaitons accompagner et fi nancer toutes
les entreprises sociales et solidaires au sens large
du terme, soit par ces statuts ou son objet social,
soit par un fonctionnement démocratique, soit
par un objectif social ou territorial ou écologique.
Les ressources sont disponibles, les projets
existent, nous travaillons à les faire se rencontrer!
N°05 # ÉTÉ 2015
LA FINANCE SOLIDAIRE
Epargner utile
*Source : FINANSOL
2
4
COMMENT ?
POUR QUOI ?
AVEC QUI ?
3
EN 2014,
240M€ DE
FINANCEMENTS
solidaires
5 000
PERSONNES
RELOGÉES
43 600 EMPLOIS
créés ou sauvegardés
Emploi, logement social, environnement, solidarité internationale
Les fonds collectés sont investis dans des entreprises et des
associations ayant une forte utilité sociale.
POUR QUI ?
1
Lépargne solidaire s’adresse à tous ceux, personnes morales
ou particuliers, qui souhaitent donner du sens à leur argent sans
sacrifier la rentabilité de leurs placements.
6,8 MD
PLACÉS
sur des produits
solidaires
au 31/12/2014
+ D’1 MILLION
D’ÉPARGNANTS
solidaires
PRÈS
DE 140
PRODUITS
d’épargne labellisés
L’ÉPARGNE SOLIDAIRE EN FRANCE*
ÉPARGNE
SOLIDAIRE
Ce sont les financeurs solidaires, comme France Active, qui font
le lien entre les épargnants solidaires et les entreprises sociales.
La SIFA, la principale société d’investissement
solidaire en France
Finansol, le collectif des acteurs
de la finance solidaire
Les banques, les sociétés de gestion,
les mutuelles et certains assureurs
qui proposent des produits de placement solidaires.
Les clubs d’investisseurs citoyens et solidaires
(CIGALES, Herrikoa)
+ d’infos sur www.finansol.org
www.franceactive.org
PATRICE GARNIER
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PATRICE
GARNIER
N°05 # ÉTÉ 2015
…VIA SON
ENTREPRISE,
en sélectionnant
un fonds solidaire,
obligatoire dans tous
les dispositifs
d’épargne salariale.
…VIA SA
BANQUE OU
SA MUTUELLE,
en optant pour
un livret de partage,
un contrat
d’assurance-vie
ou un fonds solidaire.
…VIA UNE
ENTREPRISE
SOLIDAIRE,
en souscrivant
directement
à son capital.
2013 : Président de la Société
d’Investissement France Active
(SIFA)
1991- 2003 : Président
de la holding regroupant
les sociétés immobilières
et de service de la Caisse
des Dépôts.
1985-1988 : Conseiller
du directeur général
de la Caisse des Dépôts
1976-1983 : Secrétaire
confédéral à la CFDT.
Membre du Conseil
économique et social
08
Zéro exclusion, Zéro carbone, Zéro pauvreté ! C’est le thème du Forum Mondial Convergences qui
se tiendra à Paris les 7, 8 et 9 septembre 2015. Ces 3 journées d’échanges et de ré exion et ces 2 soirées,
« Youth We Can! » et « Médias », s’articuleront autour de 3 piliers thématiques :
1. Les nouveaux Objectifs de Développement Durable : comment s’approprier la feuille de route universelle ?
2. Les modèles économiques accélérateurs du changement sociétal.
3. L’agenda des solutions partagées pour répondre au dé du changement climatique.
Cette année encore, France Active sera partenaire de ce forum. Elle organisera notamment une conférence dédiée au
rôle de l’Europe dans le développement des entreprises solidaires, avec la participation de Pier Luigi Gilibert,
CEO du Fonds européen d’investissement (FEI), et de
Patrice Garnier, président de la Société d’Investissement
de France Active.
Laurent Fabius, ministre d’État, Anne Hidalgo, maire de
Paris, Nicolas Hulot, envoyé spécial du Président de
la République pour la protection de la planète, Samuel
Le Bihan, fondateur de l’association Earthwake, et
Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires
économiques et monétaires, à la Fiscalité et à l’Union
douanière, sont également attendus sur le forum.
PLUS D’INFOS SUR :
FRANCE ACTIVE À CONVERGENCES
VU D’ICI…
Persuadé que l’innovation sociale vient aussi des pays du Sud, le gouvernement
propose désormais une déclinaison internationale du projet «La France s’engage».
Cette initiative, créée en juin 2014 par le président de la République François Hollande, a pour
but d’« identifi er, mettre en valeur, soutenir […] les initiatives socialement innovantes, portées par
des associations, des fondations, et des entreprises » dans quatre grandes régions du monde :
l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Amérique latine et l’Asie.
Doté de 500 000 euros, il servira à  nancer directement des porteurs de projets sociaux innovants.
L’appel à candidatures «La France s’engage au Sud» se termine le 14 juillet 2015.
www.lafrancesengage.fr/au-sud
LA FRANCE S’ENGAGE… AU SUD !
VU D’AILLEURS
VU SUR LE WEB
WALTER est une publication de FRANCE ACTIVE.
Directeur de la publication : Denis Dementhon.
daction en chef : GrégoireLechat. Rédaction : Amandine Gimenez, Collectif L’ESSentiel.
Conception : . Réalisation : , Caroline Differ. Crédits photo : Contextes, Florence Levillain/Signatures,
Raphaël Helle/Signatures, Luc Benevello, Raphaël de Bengy, DR. Imprimé sur papier 100% recyclé certi é FSC.
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ECONOMIQUES
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PUBLICATION
LÉTAT DU
MAL-LOGEMENT
EN FRANCE
Dans son 20e rapport sur « L’État
du mal-logement en France », la
Fondation Abbé Pierre revient sur
vingt années de mal-logement, pour
s’interroger sur les blocages qui
empêchent de faire reculer la crise
du logement. Au-delà du manque de
volonté politique et de financements
publics, le document analyse
les causes structurelles de la crise
du logement.
www.fondation-abbe-pierre.fr
Avec le soutien de :
LA VEILLE
POURDEMAIN
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