En 1900, Edmond Rostand lui apporte “L'Aiglon” et le cinéma fait appel à ses
services. Elle paraît dans une courte scène extraite d' “Hamlet” (1900) qu'elle avait
joué sur scène. Pierre Magnier lui donne la réplique et Clément Maurice les filme.
Mais il faut attendre le brusque essor du film d'Art pour retrouver Sarah incarnant
“La Tosca” (1909) aux côtés de Lucien Guitry.
Le cinéma était muet et l'on n'entendait pas sa voix d'or. Pourtant celle que
Rostand avait célébrée comme “Reine de l'attitude et princesse du geste” aurait pu
faire une carrière à l'écran.
Elle réussit à s'imposer grâce à la publicité colossale qu'elle orchestrait et qui
alerta un producteur américain /origine hongrois/ nommé Zukor.
Adolphe Zukor apprit en 1912 que le réalisateur français Louis Mercanton se
proposait de tourner “Les Amours De La Reine Elisabeth” qu'Emile Moreau venait
de fournir à la tragédienne et qui s'était soldé par un cuisant échec.
Zukor entrevit une combinaison fructueuse : il lancee sur le marché américain un
film de long métrage en misant sur la célébrité mondiale de l'actrice. Il se fit
réserver les droits pour 40 000 dollars et avança une somme qui permit à
Mercanton de reprendre son projet.
La publicité fut massive et le film triompha au Lyceum Theatre de New York.
Zukor avec “Les Amours De La ReinE Elisabeth” qui durait 90 minutes gagna son
pari : l'oeuvre de Mercanton fut le premier film de Famous Lasky qui devait
rapidement se transformer en Paramount. Quant à la vedette, un critique écrivit à
son sujet : “Bien qu'avoir joué devant la caméra ne puisse rien ajouter à la gloire de
Mme Sarah Bernhardt, les générations futures lui en seront reconnaissantes”.
Pendant la Grande Guerre, Sarah devenue âgée est amputée d'une jambe.
Elle entre dans la légende. Signoret lui donnait une réplique muette et la
cathédrale de Reims servait de fond de décor.
À 79 ans, elle commença son dernier film pour éponger des dettes. Mercanton
avait groupé autour d'elle Mary Marquet, Lili Damita, Harry Baur et François
Fratellini. Sarah tournait dans son hôtel du boulevard Péreire mais ne put achever
le film.
Jeanne Brindeau, qui fut un temps l'égérie d'Anatole France raccorda de dos les
scènes qui restaient à terminer et “La Voyante” (1923) marqua la conclusion d'une
carrière magnifiée par le théâtre et s'arrêtant sur le cinéma.
Sarah Bernhardt décède d'un empoisonnement urémique le 26 mars 1923 à Paris.
Le gouvernement voulait lui faire des obsèques nationales, ce fut finalement la
ville de Paris qui assura l'ordonnance de ses funérailles qui eurent lieu en
présence d'une foule immense et bouleversée.