-5 -NOVEMBRE 2002
DOSSIER
Cancer
EPIDÉMIOLOGIE : P. Boffetta. France
Pic de mésothéliome en 2020
Tous les pays européens sont et seront touchés
globalement de la même manière par le méso-
théliome pleural malin avec un pic de
fréquence entre 2020 et 2030, même si dans
la population générale le mésothéliome pleu-
ral malin a une incidence rare. Ce pic de
fréquence est dû à la longue période de laten-
ce entre l’exposition aux fibres d’amiante et la
maladie, qui est de 30 à 40 ans. En 2020, en
France, 2 700 à 3 000 morts par an sont atten-
dues. Après 2020, le taux de décès par
mésothéliome doit diminuer en raison des
nouvelles législations visant à diminuer l’expo-
sition professionnelle ainsi que l’exposition
environnementale de l’amiante.
DIAGNOSTIC DU MÉSOTHÉLIOME :
P. Astoul. France
Pas de diagnostic
sans thoracoscopie
Le diagnostic d’un mésothéliome passe de
manière incontournable par la thoracos-copie,
la plus précoce possible. La thoracoscopie a
deux objectifs : premièrement réaliser de nom-
breuses biopsies (au minimum 20 biopsies) de
la plèvre pariétale préférentiellement au
niveau de la partie postéro-inférieure, et
notamment au niveau des black spots, si elles
existent. En effet, c’est au niveau de la partie
postéro-inférieure de la plèvre pariétale
que les vaisseaux lymphatiques sont les plus
nombreux. Ces lymphatiques sous-pleuraux
mettent en communication la cavité pleurale
avec la plèvre pariétale. Les black spots
ou tâches noires correspondent à des dépôts
d’anthracose, localisées au niveau des vais-
seaux lymphatiques de la plèvre pariétale
où s’accumulent les fibres d’amiante.
Le deuxième objectif de la thoracoscopie est
de réaliser une évaluation de l’atteinte de la
plèvre pariétale, de la plèvre viscérale, de
la plèvre médiastinale, du diaphragme, ainsi
que du péricarde. Ainsi selon le stade de la
maladie, une option thérapeutique sera déci-
dée. Une prise en charge multi-modale,
associant la chirurgie, en plus de la chimio-
thérapie et de la radiothérapie pariétale
prophylactique, pourrait être proposée aux
patients atteints de mésothéliome évalué
comme résécable et en bon état général. Pour
les patients atteints de mésothéliome évalué
comme non résécable lors de la thoracoscopie,
le traitement est la chimiothérapie associée à
la radiothérapie pariétale prophylactique.
L’IRM thoracique paraît, de plus, être un
outil très précieux pour le diagnostic de méso-
théliome, notamment afin de préciser
l’atteinte éventuelle du diaphragme ou du
médiastin.
PLACE DE LA CHIRURGIE :
J. Van Der Sijp. Hollande
Prise en charge multi-modale
du mésothéliome
Face à cette maladie au pronostic si rapi-
dement défavorable, aucune attitude
thérapeutique ne fait consensus. Les conduites
thérapeutiques sont extrêmement variées
allant de l’abstention totale à tout acte à visée
curatrice à une attitude beaucoup plus agres-
sive comportant chirurgie étendue suivie de
radiothérapie et de chimiothérapie. La place
de la chirurgie n’est pas encore bien élucidée.
Actuellement une tendance est en train de se
dessiner : la chirurgie aurait une place éven-
tuelle chez des patients bien sélectionnés.
Quelques études, de petits effectifs, réalisées
dans des centres spécialisés ont mis en éviden-
ce un allongement de la survie, au prix d’une
chirurgie compliquée marquée par une morta-
lité opératoire de 5 à 6 %, correspondant à la
mortalité d’une pneumonectomie droite. Ces
patients atteints de mésothéliome, âgés de
moins de 65 ans, devaient avoir une maladie
résécable : stade IB, II, III (sauf les T3N2) et
être en excellent état général. Cette chirurgie
s’articule sur une pleuro-pneumonectomie
élargie au diaphragme ainsi qu’au péricarde
en cas de doute sur une atteinte macros-
copique. Afin de confirmer cette tendance, une
étude prospective multi-centrique, souhaitée
par médecins et chirurgiens, indissociables
dans la prise en charge du mésothéliome,
serait très intéressante.
CHIMIOTHÉRAPIE DU MÉSOTHÉLIOME :
M. Paesmans. Belgique
Alimta®:
chimiothérapie prometteuse
Jusque-là, même si aucune chimiothérapie en
monothérapie ou en association ne faisait
référence, seul le cisplatine paraissait le pro-
duit le plus séduisant. Une étude européenne
comparant cisplatine versus cisplatine associé
au Tomudex‚ (Raltitrexed) récemment termi-
née doit d’ailleurs apporter des résultats forts
attendus. Le pemetrexed, appartenant, lui
aussi à la famille des anti-folates, représente un
progrès tangible en matière de qualité de vie et
en terme de survie. Une étude internationale
de phase III a comparé l’action du cisplatine
seul à celle d’une combinaison cisplatine et
pemetrexed (Alimta®). L’analyse intermédiaire
est très favorable pour l’association pemetrexed
plus cispla-tine associée à une supplémentation
vitaminique. La médiane de survie pour le
groupe pemetrexed plus cisplatine était de 13,3
mois versus 9,3 mois pour le cisplatine seul. De
plus c’est en terme de qualité de vie, au plan
respiratoire et algique, que les résultats sont les
plus spectaculaires et très en faveur de l’asso-
ciation pemetrexed plus cisplatine. Cette
amélioration de la prise en charge des patients
en terme de survie mais aussi en terme de qua-
lité de vie marque un progrès important dans
une pathologie dont l’incidence va continuer à
croître pendant au moins 20 ans.
Le mésothéliome pleural malin
par Anne FRATICELLI - CHU DE MARSEILLE
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