1. PROBLÈMES ET MOTIVATIONS DES POUVOIRS PUBLICS
GOUVERNEMENT D’ENTREPRISE : PANORAMA DES PAYS DE L’OCDE – ISBN 92-64-10606-5 – © OCDE 2004 23
rapidement des bénéfices paraissaient se multiplier, ce qui s’est traduit par
des projets d’entreprise semblant, rétrospectivement, rien moins que
fantasques. Mais surtout, les motivations ont été dénaturées, débouchant
souvent sur une dégradation de l’éthique des entreprises au niveau de
certaines parties prenantes, comme des dirigeants et des comptables prêts à
tout pour « avoir leur part du gâteau ». L’éclatement correspondant d’une bulle
favorise le rétablissement de mécanismes d’incitation convenables et
l’imposition d’une discipline bienvenue aux émetteurs, aux investisseurs et
aux intermédiaires. L’expérience permet de mettre en évidence l’importance
des mécanismes d’incitation dans tout système de gouvernement
d’entreprise.
En Europe, des problèmes de gouvernement d’entreprise se sont
également manifestés récemment dans des entreprises entièrement ou
partiellement détenues par l’État (par exemple, en France, en Allemagne, en
Italie, en Belgique, en Irlande, en Grèce, en Suède, en Norvège) et, il y a
plusieurs années, cela a aussi été le cas en Australie. Dans l’UE, l’État est
encore, directement ou indirectement, le principal actionnaire de 45 des
143 grandes entreprises privatisées, lesquelles représentent parfois une part
significative de la capitalisation du marché3. Dans certains cas, les pouvoirs
publics ont poursuivi leurs objectifs sans tenir compte des actionnaires
Encadré 1.1. Faillites retentissantes et débats
sur le gouvernement d’entreprise (suite)
« d’honorabilité et de compétence » des dirigeants et des principaux
actionnaires, la question du gouvernement d’entreprise ne semble pas avoir
été traitée avec la même détermination que dans le cas de faillites
d’institutions non financières. Cela étant, cette situation est sans doute en
train de changer.
En somme, même si on ne peut pas attribuer toutes les faillites de sociétés
financières ou non financières à des défaillances en matière de
gouvernement d’entreprise, ces faiblesses ont certainement joué un rôle et
contribué au moins à l’ampleur des difficultés. Or, cela revêt encore plus
d’importance aujourd’hui face à l’augmentation de la valeur des
engagements de retraite. La médiocrité du gouvernement d’entreprise a
constitué un facteur important, y compris dans le secteur bancaire. En outre,
les affaires évoquées ont mis en lumière la nécessité de revoir l’application
des textes et la surveillance exercée par les autorités.
* Pour une analyse des faillites en Australie, voir Collapse Incorporated, CCH, Australia, 2001.
Pour un aperçu général de la pathologie de crise, voir G.P. Miller, Catastrophic Financial Failures:
Enron, HIH and more, Ross Parsons Lecture, Sydney 2002. A paraître dans Cornell Law Review.