Loïc Lesvignes 16.12.2010 CM Histoire de l`islam médiéval

Loïc Lesvignes 16.12.2010
CM Histoire de l’islam médiéval L3HIO124
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LES ABBASSIDES (SUITE)
Les œuvres de droit des fondateurs nous sont parvenues, mais ce nest pas le cas de toute la
production ultérieure.
?
Les débats dordre philosophique sont traités par le prisme de lislam, notamment :
o Relation entre Dieu et le Verbe ( le Coran est-il créé ou non ?)
o Degré de liberté de lhomme par rapport à la puissance divine.
C’est à ce moment que le chiisme va mieux se définir et se diviser en 2 branches :
o Les Ismaéliens (ou chiites septimains) : ils se réfèrent à Ismaël b. Jafar et à loccultation
du 7e imam1 branche qui a alimenté la dynastie Fatimide.
o Les chiites duodécimains (ou Imamites) : idée de loccultation du 12e imam2.
Les Kharijites quant à eux, issus du 3e schisme, se développent surtout au Maghreb (et seront les
artisans de plusieurs révoltes qui mettront en difficulté le pouvoir), sous 2 formes :
o Une forme violente,
o Une forme non-violente incarnée par les Ibadites.
III De la guerre civile (809 833) à Samarra :
La période qui suit le règne dHârûn al Rashîd (786 – 809) est mouvementée mais riche.
A) La guerre civile et le règne dal Ma’mûn :
Le pb se situe autour du Khorasan dont le gouvernement avait été donné à al Ma’mûn par son
père al Ma’mûn prend de + en + dautonomie.
Dès 810, son frère al Amîn trahit les engagements quil avait pris du vivant dHârûn al Rashîd et
prend comme successeur son fils (à la place dal Ma’mûn).
S’ensuit une violente guerre civile qui ne se termine quavec lavènement dal Ma’mûn en
819, plusieurs années après la mort dal Amîn à Bagdad (813).
Al Ma’mûn se fait en 827 le promoteur du mutazilisme3 (une école théologique issue du
qadarisme4) : cette doctrine théologique se développe et simpose par lintermédiaire de :
o La mihna, une institution devant laquelle les savants devaient officialiser leur adhésion à
cette doctrine.
o La Maison de la Sagesse (beyt al hikm) qui devait collecter et traduire des textes grecs.
1 D’où ladjectif septimain.
2 D’où ladjectif duodécimain.
3 Les mutazilites, par opposition aux partisans du hadîth (muhaddithûn), s’accordaient sur 5 piliers :
1) l’unici divine, transcendance et inaccessibili de Dieu : considérer le Coran comme cé.
2) la justice de Dieu après la mort parallèlement à la liberté et la responsabilité de l’homme de son vivant.
3) le sort de l’homme dépend de ses actes, il s’expose à la promesse et à la menace de Dieu.
4) définition d’un état entre celui de croyant et celui dimpie : létat de cheur qui reste dans la Umma.
5) impératif moral de commander le bien et d’interdire le mal
4 Doctrine qui faisait de lhomme le seul responsable de ses actes (sur Terre), le tout appuyé par une
argumentation rationnelle.
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Les juristes de lécole de jurisprudence hanbalite résistèrent à cette unilatéralité et furent
pourchassés.
L’exemple dal Mamûn montre un calife qui définit les prévalences et les orientations
religieuses de ses sujets : c’est quelque chose de nouveau qui se révélera être un échec.
Cette doctrine théologique reste la doctrine officielle des Abbassides jusquen 849, date à
laquelle al Mutawakkil décide de sen démarquer.
Les oulémas vont reprendre la main et fournir à linverse une abondante critique du pouvoir.
833 : le calife al Mutasim tente de refonder le califat abbasside après la guerre civile + les
dissensions internes.
B) De Bagdad à Samarra :
Al Mutasim resserre le groupe du gouvernement, choisit une nouvelle capitale et met en place
une nouvelle idéologie.
814 815 : il est le 1er calife à systématiser lachat à grande échelle de soldats-esclaves venant de
l’extérieur, afin quils ne puissent pas sidentifier à des groupes sociaux internes et donc ne pas
alimenter les complots.
L’armée devient donc la sphère de certains groupes ethniques, parmi eux : Turcs, Arniens,
Berbères les anciens soldats payés par le Diwân laissent la place à de nouvelles factions.
Il reconstitue également les instruments de ladministration après la destruction des précédents,
ce qui implique la constitution dune nouvelle élite de + en + musulmane.
Le choix de Samarra, à 100 km au Nord de Bagdad, se révèle être un échec en raison de la
pauvreté de ses ressources (approvisionnement en eau).
La refondation du califat dure jusquen 861 :après cette date, 4 califes se succèdent pendant 9
ans danarchie (d’al Muntasir à al Muhtadi) difficultés croissantes + agitation ambiante =
nouvelle refondation du califat abbasside nécessaire.
IV La progressive mise sous tutelle du califat : une reconfiguration politique ?
Le premier siècle abbasside est brillant.
A partir de 870, les difficultés se multiplient jusquen 945 où le pouvoir abbasside est mis sous
tutelle par les Bouyides (chiites), ce qui implique de profondes évolutions sociales et
économiques.
A) Transformations économiques, sociales et culturelles du 1er âge abbasside :
1. La vie rurale (càd la + importante) :
Peu documentée car sources indirectes seulement.
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Maintien de 2 modes doccupation du sol :
o Mode de vie nomade, majoritaire au Maghreb et dans les steppes syro-
mésopotamiennes.
o Mode de vie en communautés paysannes structurées et sédentaires autour de terres
irriguées.
La circulation des hommes et des techniques a permis la diffusion de techniques millénaires au
Dar al Islam cf. les qanat (réseaux dirrigation souterrains) qui implique de lourds travaux devant
être effectués par un Etat fort et riche.
Diffusion de nouvelles cultures : canne à sucre, coton, artichaut, agrumes,
changements profonds qui s’accompagnent d’une concentration foncière à travers la mise en
place de liqta : concession de type fiscal à des militaires sur les revenus dun village en échange
d’un service militaire de protection.
Peu à peu, liqta va être dénaturé pour devenir une appropriation foncière et fiscale de la part
des militaires, ce qui implique une dégradation économique et humaine des conditions de vie
des paysans mécontentement.
2. La vie urbaine :
2 types doccupation :
o Installation dans des villes préexistantes (cf. Syrie).
o Fondation de nouvelles villes (cf. Fustat).
Dans les 2 cas, les populations urbaines sont parfois très importantes, cf. celle de Bagdad au
10e s qui était comprise entre 250 000 et 1 million de personnes.
Les éléments constitutifs de ces unités urbaines sont :
o La grande mosquée du vendredi, symbolisant lunité de la Umma.
o Le palais califal/gouvernoral.
o + édifications dédifices somptueux.
Ces unités urbaines sont des lieux de production et déchanges importants (artisanat).
Artisanat réparti de manière géographique, souvent à proximité des souks Tirâz : atelier
califaux (tissus de luxe, ).
Sur le réseau urbain va se greffer le grand commerce, très développé par les souverains à lépq
abbasside (funduq, caravansérails, routes, …) cf. Bagdad qui est un carrefour commercial.
Généralisation d’un mode de vie délite, provoquant une dichotomie sociale qui implique
inégalités et révoltes urbaines :
o Khassa (élite)
o Amma (plèbe)
L’Etat sassure de la valeur de la monnaie.
Islamisation des sociétés : multiplication des conversions, impliquant la régression des sociétés
non musulmanes.
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B) Difficultés et mise sous tutelle de la dynastie :
3 types de difficultés :
o Difficultés étatiques.
o Difficultés religieuses.
o Difficultés sociales.
Reconfiguration de lEtat implique le prolongement de son existence.
La notion de « mise sous tutelle » est sans doute excessive pour exprimer des changements
pourtant réels liés à l’émergence de califats concurrents (al Andalus en 929, Egypte en 909).
1. Les difficultés étatiques :
De grands califes se sont succédés jusquau milieu du 9e s : ils ont fait face aux pb.
A parti de 870, les califes sont intéressants car la brièveté de leur règne na pas permis la
gestion des difficultés influence croissante des vizirs et de larmée qui va être de moins en
moins sous contrôle.
Ds le mm temps, Byzance remet le couvert à partir du 10e s.
936 : création dune nouvelle charge par le calife al Râdî : Amîr al umarâ’ (Prince des princes) :
o Il est à la tête de larmée.
o Il est responsable de ladministration civile.
appauvrissement du pouvoir califal.
2. Les divisions religieuses :
Le Sunnisme a créé diverses écoles juridiques, parallèlement à des courants de pensée il se
met donc en difficulté.
o Un nouveau courant religieux apparaît, le soufisme (courant mystique) : il cherche à
établir un lien direct et individuel entre le fidèle et Dieu, sans passer par les
intermédiaires religieux habituels (mosquée, imam).
o c’est un coup porté au pouvoir des oulémas cf. crucifixion dal Hallaj en 922.
Le Chiisme au contraire bénéficie dun grand essor et permet à Ahmad b. Buwayh d’imposer le
pouvoir bouyide imamite à Bagdad en 945, mettant du même coup le calife abbasside « sous
tutelle ».
3. Les difficultés sociales :
Révoltes nombreuses : Zengides + Qarmates.
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Conclusion
La période abbasside correspond à une période de fermentation et dhomogénéisation de
l’empire.
Accélération de la circulation des hommes et des idées.
période paradoxale.
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