Éléments constitutifs de la Nation Française
colegio NUESTRA SRA. DEL PILAR – MADRID
Javier Plasencia
de France, a réussi à s’en sortir. Il s’est été d’abord servi, dans sa tâche, de la
rivalité entre Henri II Plantagenêt et son fils Richard, dit « Cœur-de-Lion », et
après, quand Richard était déjà le roi, le Capétien s’est entendu avec son frère,
Jean, pendant que Richard était en captivité par l’empereur d’Allemagne, après
l’échec de la Troisième Croisade.
Après beaucoup de batailles, en 1206, Jean sans Terre, roi d’Angleterre, signait
une trêve dont le résultat était qu’il ne gardait en France que la Guyenne. Le duel
entre Philippe Auguste et Jean devait trouver son dénouement définitif quelques
années plus tard, en 1214. La bataille entre les alliés de Jean et Philippe à Bouvines
a été une victoire pour le Capétien ; et il a même songé à se faire couronner roi
d’Angleterre ; mais le roi serait Henri III, fils de Jean, grâce à l’intervention du Pape
Innocent III.
Dans le domaine économique, la monarchie a multiplié les privilèges en faveur
des marchands et des bourgeois. Le développement du commerce international
encourageait le mouvement d’urbanisation le long des grands axes : la route de
paris vers les Flandres d’une part, les routes du Midi convergeant vers paris, d’autre
part. Le territoire français permettait ainsi la liaison des Flandres à l’Italie, et
devenait une succession de lieux d’échanges.
À la campagne, l’abondance des signes monétaires venus d’orient et du monde
musulman provoquaient un renchérissement de tous les prix, notamment des prix
agricoles, et une dépréciation des rentes en argent payées par les paysans à leurs
seigneurs. Dès lors que ceux-ci avaient besoin de l’argent pour subvenir à leurs
nécessités, ils avaient plus que jamais tendance à convertir en nouvelles rentes en
argent les anciennes redevances en nature. Ainsi, certains d’entre les paysans
parvenaient déjà à « mettre de l’argent de côté ». Le roi encourageait dans leur
effort comme il encourageait les bourgeois des villes désireux de s’affranchir de la
tutelle des seigneurs : ainsi la monarchie s’affirmait-elle en face du monde féodal
qui l’avait longtemps étouffée.
On peut dire que dans le Moyen Âge français, le XIIIème siècle est une époque
de grande et générale prospérité. Prospérité des campagnes, avec la diffusion plus
profonde de la rotation triennale, l’amélioration progressive des races d’animaux
domestiques et, surtout, poursuite de la croissance démographique, qui est le
facteur le plus actif de la tendance favorable. Mais le trait nouveau, qui s’accuse à
partir de 1180, c’est le progrès ininterrompu de la circulation, des échanges, et de
l’épanouissement des villes.
Depuis le milieu du XIIème siècle, les pays français profitent pleinement de
l’essor du commerce européen, préparé cent ans plus tôt par les offensives contre
l’Islam (ouverture du détroit de Messine par la reconquête de la Sicile,
développement de l’activité navale dans le cités maritimes italiennes, construction
de ces grandes flottilles qui, destinés à transporter les croisés en Terre Sainte, ont
reçu de cargaisons de marchandises), favorisé ensuite par l’intégration progressive
dans l’économie d’échange des pays du Nord, Angleterre émergeant peu à peu de
la sauvagerie rustique, rivages de la Baltique colonisés par les paysans et les
négociants d’Allemagne. La France est ainsi devenue le carrefour central d’un vaste
réseau de circulation marchande, dont les nœuds sont à Bruges, centre do
commerce nordique ; à Gênes, à Pise, à Venise, dans les cités de la plaine du Pô,
relais du trafic de denrées orientales, et dont les postes avancés sont Novgorod,
Alexandrie, les cités caravanières de la Syrie et du fond de la mer Noire. Cette
prospérité s’explique par l’acarne constante de produits de luxe, de ces objets qui
ne sont pas fabriqués à la maison et dont l’usage est entré dans les habitudes.
À l’intérieur du pays, les successeurs de Philippe allaient continuer ses succès.
Philippe mort, Louis VIII aborde un autre monde, les pays de Toulouse et de
Carcassonne (le pays de « Languedoc »), y reprend en main la lutte que des barons
d’Île-de-France menaient depuis quelques années contre une noblesse contaminée
par l’hérésie cathare. Il meure en ces confins méditerranéens à cause des fièvres.
Le nouveau roi, après une régente, sera un saint, Louis IX, dont la manière de