UN MONDE BIZARRE
Le livre des étranges Objets Volants Non Identifiés
Chapitre 1
Paranormal
Le paranormal est un terme utilisé pour qualifier un en-
semble de phénomènes dont les causes ou mécanismes
ne sont apparemment pas explicables par des lois scien-
tifiques établies. Le préfixe « para » désignant quelque
chose qui est à côté de la norme, la norme étant ici le
consensus scientifique d'une époque. Un phénomène est
qualifié de paranormal lorsqu'il ne semble pas pouvoir
être expliqué par les lois naturelles connues, laissant ain-
si le champ libre à de nouvelles recherches empiriques, à
des interprétations, à des suppositions et à l'imaginaire.
Les initiateurs de la parapsychologie se sont donné
comme objectif d'étudier d'une manière scientifique
ce qu'ils considèrent comme des perceptions extra-
sensorielles et de la psychokinèse. Malgré l'existence de
laboratoires de parapsychologie dans certaines universi-
tés, notamment en Grande-Bretagne, le paranormal est
généralement considéré comme un sujet d'étude peu sé-
rieux. Il est en revanche parfois associé a des activités
lucratives, comme lors du salon spécialisé « Paranormal
Salon »[1].
1.1 Phénomènes dits paranormaux
Article connexe : para-science.
Il existe un ensemble de phénomènes qui sont qualifiés de
paranormaux :
Le concept de Psi est un concept utilisé en
parapsychologie et qui regroupe à la fois les phé-
nomènes de perceptions extra-sensorielles (PES)
(télépathies,prémonitions, etc.) et la psychokinèse ;
L'hypnose est un fait prouvé scientifiquement, le
magnétisme dit « animal », la géobiologie, la
divination (cartomancie,voyance), etc., ne le sont
par contre pas ;
Les Expériences de morts imminentes (qui désignent,
selon les adeptes du paranormal, des souvenirs de
vécus spécifiques lors de mort clinique, nous note-
rons toutefois que ce domaine improprement nom-
mé n'est pas considéré comme paranormal par les
neuroscientifiques) ;
Les différents moyens de communication avec les
morts : naturels (médiumnité,nécromancie) ou ar-
tificiels (la transcommunication instrumentale telle
que les voix électroniques) ;
Les apparitions de l'au-delà (fantômes,revenants,
ectoplasmes,poltergeists, etc.) ;
la cryptozoologie (qui étudie l'existence d'espèce in-
connues) : classification assez injuste, car l'objet de
la cryptozoologie est moins de cultiver les mythes
que de chercher s’il y a ou non une espèce animale
inconnue réelle derrière une légende;
Le phénomène ovni et ses dérivés (cercle de culture).
Le paranormal est à différencier du surnaturel qui im-
plique des causes divines.
1.2 Théories
jà les anciens Grecs avançaient des hypothèses sur ce
qui est paranormal[2]. Les pythagoriciens croient l'air em-
pli de démons[3].Démocrite expliquait les rêves par la
pénétration au travers des pores du rêveur des « images »
qui sont continuellement émises par des objets, dont les
personnes vivantes. Il croyait aussi que les images véhi-
culent des représentations de l'activité mentale, des pen-
sées, des caractères et des émotions des personnes qui
leur ont donné naissance et, chargées de la sorte, elles
ont le même eet que les agents vivants[4].Platon expli-
quait la divination par la « folie divine ». Il existe quatre
« folies » : amoureuse, poétique, mystique et prophétique
(Phèdre, 244 sq.). Il associe la divination et l'âme irra-
tionnelle (Phèdre, 242c ; Timée, 71de). Aristote a changé
de vues sur le sujet[5]. Jeune et proche de Platon, dans
le dialogue Sur la philosophie (fragment Ross 12a), Aris-
tote admet la précognition et suit Platon en l'attribuant à
une capacité innée de l'âme, qu'elle s’exerce soit quand
elle se retire du corps lors du sommeil, soit quand elle
2
1.3. CRITIQUES 3
s’apprête à abandonner le corps à la mort. Dans Éthique
à Eudème, il fait remonter le succès dans la divination
à une source irrationnelle « supérieure à l'esprit et à la
libération »; il associe la capacité de l'esprit à faire des
ves véridiques au tempérament mélancolique (124a38).
Dans sa Poétique (145b5) il tient la divination pour un don
des dieux. Dans son dernier essai sur le paranormal, De
la divination par les songes (464a), Aristote avance une
théorie non atomiste, celle de stimuli externes transmis
par des ondes, théorie fondée sur une analogie avec les
perturbations qui se propagent dans l'eau ou dans l'air.
Les stoïciens fendent le panpsychisme. Le monde est
un mélange total (krâsis di'holôn) d'un principe pas-
sif et d'un principe actif, tous deux corporels. Le prin-
cipe actif est souffle, esprit (pneûma), cause, dieu, rai-
son (logos), destin. Les stoïciens développent la théorie
des sympathies et du destin. Poseidonios mêle les théo-
ries : innéisme, animisme, providentialisme. « Posidonius
est d'avis que les hommes rêvent sous l'action des dieux
de trois manières. D'une part, l'âme prophétise d'elle-
même du fait de ses affinités avec les dieux. De plus, l'air
est plein d'âmes immortelles, sur lesquelles apparaissent
comme de claires empreintes de la vérité. Enfin, les dieux
s’entretiennent eux-mêmes avec le mortel endormi. » (Ci-
céron, De la divination, I, 59). Plutarque, examinant le
« démon » de Socrate[6], émet l'hypothèse que les êtres
spirituels, quand ils pensent, provoquent des vibrations
dans l'air qui permettent à d'autres êtres spirituels, ain-
si qu'à certains êtres doués d'une sensibilité hors du com-
mun, d'appréhender leurs pensées. Plotin reprend la théo-
rie des sympathies, sans le matérialisme stoïcien[7]. Du-
rant le Moyen Âge chrétien, le paranormal est lié aux dé-
mons, au diable. Dès 150, saint Justin attribue la magie
et la divination aux démons (Apologies, I, 5). Paracelse
avance des hypothèses multiples et embrouillées, dont
celle de « lumière astrale ». Franz-Anton Mesmer, en
1779, développe la théorie du magnétisme animal. Il exis-
terait « une influence mutuelle entre les corps célestes, la
terre et les corps animés ».
Une fameuse querelle, en 1884, oppose deux méde-
cins, Jean Martin Charcot, professeur à la Salpêtrière
de Paris, à Hippolyte Bernheim, de Nancy. Charcot ad-
met l'hypnotisme. Bernheim tient l'hypnotisme pour une
simple suggestion acceptée par le cerveau. Un grand
théoricien paraît avec Frédéric W. H. Myers, auteur de
La Personnalité humaine (1903, trad. abrégée 1905). Il
émet l'opinion qu'un courant de conscience roule au-
dedans de nous, au-dessous du seuil de la vie ordinaire,
et que cette conscience embrasse des pouvoirs inconnus,
dont les phénomènes hypnotiques nous offrent un pre-
mier exemple. Avec Allan Kardec, le spiritisme propose
sa propre conception du paranormal, centrée sur les es-
prits des défunts. Le livre des esprits date de 1857. La
métapsychique commence avec William Crookes, prix
Nobel de chimie 1907. On lui doit Experimental inves-
tigations on psychic force (1871), trad. : Recherches sur
les phénomènes du spiritualisme (1878). Le 20 février
1882 est fondée la Society for Psychical Research, avec F.
Myers, C. C. Massey, le philosophe Henry Sidgwick. La
parapsychologie naît en 1934 avec Joseph Banks Rhine,
et une méthode expérimentale plus rigoureuse. Rhine
crée l'expression « perception extra-sensorielle ».
Plusieurs savants, dont Olivier Costa de Beauregard lors
du fameux colloque Science et conscience à Cordoue en
1979, cherchent du côté de la physique quantique. Ils re-
tiennent du quantisme son indéterminisme, l'interaction
entre observateur et observé (relations d'incertitude de
Heisenberg), le paradoxe EPR (Einstein, Podolski, Ro-
sen, 1935). Selon Rupert Sheldrake, l’esprit ne s’identifie
pas avec le cerveau, mais s’étend au-delà de l’organe phy-
sique sous la forme d’un champ de perception produit par
l’activité cérébrale. L’esprit est enraciné dans le cerveau
mais n’y reste pas confiné et constitue un champ sensible
qui interagit avec l’environnement. S’il en est ainsi, l’ob-
jet vu ne peut manquer d’être influencé par cette obser-
vation, ce qui est eectivement vérifié par l’expérience.
Or, il s’agit là, d’une forme de communication, habituel-
lement qualifiée par Joseph Rhine d’« extrasensorielle »
(1934). Les expériences présentées par R. Sheldrake dans
son dernier livre Le Septième Sens (2006) confirmeraient
que l’homme est capable de percevoir le « poids » d’un
regard dirigé sur lui, même à travers une vitre, dans le re-
flet d’un miroir ou par l’intermédiaire d’un circuit vidéo.
Il rapproche le concept de télépathie des mouvements de
groupes d’animaux (bancs de poissons ou vols d’oiseaux).
Sheldrake pense que ces groupes baignent dans un même
champ de conscience, selon le modèle morphogénétique,
qui les unit par ce même type de sensibilité qui nous fait
percevoir le regard d’autrui pose sur nous.
Pour les Témoins de Jéhovah, les phénomènes paranor-
maux sont liés à Satan et ses démons[réf. souhaitée].
1.3 Critiques
Selon d'autres, le paranormal ne serait qu'une affaire
de charlatans et les études confirmant l'existence de ces
phénomènes relèveraient de la pseudo-science. Ainsi, le
scepticisme, et sa version francophone la zététique, est un
mouvement qui étudie les phénomènes réputés paranor-
maux par une approche scientifique dans le but de « faire
avancer la science ou reculer le charlatanisme ». Aucun
prétendu détenteur de pouvoirs paranormaux n'a pu rem-
porter le défi zététique international. En effet à ce jour, il
n'a jamais pu être démontré qu'il existait une autre réali-
té. Faute de preuve décisive et scientifique, la croyance en
l'existence de phénomènes paranormaux, c'est-à-dire ou-
trepassant les lois de la physique et de la nature, demeure
toujours irrationnelle.
4CHAPITRE 1. PARANORMAL
1.4 Notes et références
[1] Paranormal pognon, article du journal provençal Le Ravi,
septembre 2012
[2] E. R. Dodds, Les Grecs et leurs croyances (1973), chap. X :
Les phénomènes supranormaux dans l'Antiquité classique,
trad., Le Félin, 2009
[3] Diogène Laërce, VIII, 32.
[4] Sur Démocritique : Les Présocratiques, coll. “Pléiade”.
[5] Jaeger, Paideai, t. III, p. 33 sq.
[6] Plutarque, Du démon de Socrate.
[7] Plotin, Ennéades, 4.4.40, 4.9.3.
1.5 Annexes
1.5.1 Bibliographie
Dean Radin, La Conscience invisible, Presses du
Châtelet, 2000. Brosse un panorama complet des
recherches scientifiques récentes qui démontreraient
la réalité de certains phénomènes dits paranormaux.
Lynne Mac Taggart, L'Univers informé, Ariane édi-
tions, 2005. Enquête d'investigation d'une journa-
liste américaine sous-titré La Quête de la science
pour comprendre la champ de la cohérence univer-
selle.
Philippe Wallon, Expliquer le paranormal. Les ni-
veaux du mental, Paris, Albin Michel, 1996, 269 p.
Henri Broch,Le Paranormal, ses œuvres, ses écrits,
ses hommes. Seuil, 1989, 225 p. Sceptique.
La science face au défi du paranormal, édité par
le Comité Para (Comité belge pour l'investigation
scientifique des phénomènes réputés paranormaux,
ASBL, www.comitepara.be). Sceptique.
1.5.2 Articles connexes
Institut métapsychique international
Institut de recherche sur les expériences extraordi-
naires
Parapsychologie
Mouvement sceptique contemporain
Zététique
Magnétisme animal
Spiritisme
Ufologie
Surnaturel
Fantôme
Pseudo-science
Science spéculative
INREES
Occultisme
Articles connexes :
Bob Bellanca Jimmy Guieu Jacques Pradel
1.5.3 Liens externes
Site de l'Institut Métapsychique International
Portail du paranormal
Portail du scepticisme rationnel
Chapitre 2
Ufologie
L’ufologie (baptisée ovniologie ou ovnilogie[1] par
l'Office québécois de la langue française) est une disci-
pline qui consiste à recueillir, analyser et interpréter les
données se rapportant au phénomène ovni, par exemple
des photographies, des témoignages ou des traces au sol.
L'acronyme anglais UFO (unidentified flying object) ap-
paraît dans certains documents de l'armée de l'air améri-
caine dès la fin de l'année 1947 même si de nombreux au-
teurs attribuent l'invention du terme au capitaine Edward
J. Ruppelt (premier directeur du projet Blue Book) en
1952 pour remplacer l'expression populaire de « sou-
coupe volante »[2]. C'est sur la base de ce terme UFO
qu'est formé le mot ufologie. L'ufologie désigne donc a
priori toute étude consacrée aux ovnis. Dans les faits,
l'expression concerne souvent la discipline telle qu'elle a
été développée par des amateurs qui se sont intéressés
aux ovnis à partir du début des années 1950. Les études
réalisées dès 1947 par l'US Air Force peuvent être qua-
lifiées d'ufologiques, mais dans les faits c'est assez rare.
De même, les enquêteurs militaires sont rarement qua-
lifiés d'ufologues. Même chose pour les enquêteurs qui
ont pu travailler dans le cadre de la commission Condon
ou pour le CNES par exemple. Les ufologues sont donc
principalement des amateurs. Et lorsque certains d'entre
eux sont par ailleurs scientifiques professionnels, ils sont
ufologues à titre privé. De même, une distinction existe
entre les ufologues et certains auteurs et/ou passionnés qui
ont pu défendre des théories jugées marginales. On parle
alors parfois de « soucoupistes ».
Si en France, on parle volontiers d'ufologues, les amateurs
anglophones d'ovnis parlent surtout de UFO researchers.
Le terme ufologist est moins souvent utilisé. Ce terme
semble être devenu populaire dans les années 1970, au
fur et à mesure que les termes UFO et ovni devenaient
largement connus.
L'ufologie se divise en plusieurs « écoles » ou courants.
Au départ, dans les années 1950, la plupart des personnes
que l'on va nommer par la suite ufologues sont de l'avis
que les soucoupes volantes (le terme ovni commence à
devenir populaire aux États-Unis à partir de 1956 et en
France à partir des années 1970) sont d'origine extra-
terrestre (on dit alors : interplanétaire). Dans les années
1950, certains amateurs de soucoupes évoquent des théo-
ries plus marginales (terre creuse, univers parallèles etc).
À partir de 1977, un courant sceptique, qui explique les
ovnis comme des méprises, fait son apparition. On parle
du modèle sociopsychologique du phénomène ovni. Vers
la même époque, d'autres auteurs proposent une explica-
tion parapsychologique.
Parmi les ufologues se trouvent aussi bien des universi-
taires que des personnes sans formation spécifique[3],[4].
2.1 Origine
Article détaillé : Chronologie de l'ufologie.
Certains auteurs comme Pierre Lagrange (sociologue)
font le lien entre les récits de science-fiction et les témoi-
gnages de « soucoupes volantes », arguant que les pre-
miers ont très largement inspiré les seconds non seule-
ment par les romans mais aussi par les bandes dessinées
ou les feuilletons radiophoniques voire télévisés[5],[6].
D'autres auteurs soutiennent qu'elle est apparue dans
les années 1950, à la suite d'une médiatisation de
l'observation de Kenneth Arnold et de l'incident de Ros-
well, le témoignage de l'équipage d'un vol de la compa-
gnie United Airlines rapportant avoir été escorté par neuf
objets en forme de disque au-dessus de l'Idaho dans la
soirée du 4 juillet 1947 ou la mort du capitaine Mantell,
dont l'avion explosa en percutant un ballon-sonde rem-
pli d'hélium[7] et dont le pilote prétendit poursuivre un
ovni. L'incident de Roswell n'eut, en 1947, que peu de
retentissement, car l'histoire d'occupants trous dans les
bris ne prit corps que dans les années 1980. La pre-
mière interprétation du phénomène des soucoupes fut
qu'il s’agissait d'engins terrestres secrets (AVNI : arme
volante non-identifiée). Dans les années 1950, les livres
publiés par George Adamski étaient encore pris au sé-
rieux et n'étaient pas encore considérés par la plupart des
observateurs comme des mystifications. L'explication de
ces sociologues sera à l'origine du modèle sociopsycho-
logique du phénomène ovni. Bien que le terme soit entré
en usage tardivement, la pratique que l'on peut qualifier
d'ufologique, apparaît peu après les premières observa-
tions de “soucoupes volantes” au cours de l'été 1947. C'est
surtout vers 1951, avec la création des premiers groupes
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