Mais si le RC est insaisissable au sens où on peine à se le représenter dans son
ampleur, il l'est aussi parce qu'il semble échapper à tout contrôle, tellement il est intriqué à
notre mode de vie le plus quotidien. Nous sommes devenus de part en part des agents
économiques, dans notre travail, dans notre consommation, au sein d'une économie
mondiale intégrée. Cette économie est telle qu'encore essentiellement, pour elle,
fonctionner, c'est émettre du CO2 d'origine fossile. Et peut-être consubstantiellement,
tellement l'éventualité d'un remplacement intégral des énergies fossiles par d'autres est
hypothétique et sujette à scepticisme... Ainsi, le CO2 transpire de chaque objet que nous
achetons et utilisons, de chaque déplacement que nous faisons, de chaque email et texto
que nous envoyons. Plus nous participons à l'économie, plus nous avons « socialement
réussi », plus nous émettons du CO2.
On parvient un peu mieux aujourd’hui à saisir la réalité physique du RC (les causes
et les taux réels de concentration, etc.), mais pas encore bien son pouvoir de nuisance. Son
analyse sollicite de multiples disciplines, climatologie, océanographie, zoologie... des
chimistes, des physiciens... et puis pour ses incidences des démographes, géo-politiciens,
économistes... et pour ses causes, des énergéticiens, et sur lui se penchent même des
philosophes spéculant sur le rapport entre l'homme et la nature, sur le sens du progrès, etc.
Nul n'est compétent pour embrasser un phénomène aussi vaste, dont la portée est
universelle. On le mesure beaucoup, on y pense, on le regarde, fascinés peut-être comme sa
proie le serpent qui l'hypnotise, mais on ne fait à peu près rien contre son avancée.