Le Salon de 1827 : Classique ou Romantique ?
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cerner la place de celle-ci lors du Salon. La question est envisagée sous l’angle institutionnel et
critique, placée dans la perspective des autres Salons et construite sur une étude quantitative de
documents, à travers d’importantes statistiques.
Choisir le Salon de 1827, c’est faire le choix d’un combat « presque gagné » dans ses
multiples dimensions, autour desquelles s’établit le plan de l’ouvrage : le rôle des institutions dans
l’organisation du Salon, le mécénat officiel comme moteur et la réception participant à façonner la
vie artistique.
I - Le Salon de 1827 : Une machinerie complexe
I - Le Salon de 1827 : Une machinerie complexe
Son organisation
Son organisation
Le Salon de 1827 est inauguré le 4 novembre, jour de la fête du Roi. Cette date n’est pas idéale par
rapport à la lumière, mais laissa plus de temps aux artistes. L’organisateur principal est
Auguste de Forbin (supervisé par son supérieur Sosthène de la Rochefoucauld, directeur général
des Beaux-Arts) et il va jouer un rôle considérable pour le développement du Romantisme.
C’est lui qui rédigea le règlement pour la sélection des œuvres à exposer. Il a également la maîtrise
de leur accrochage et il organise le déroulement de l’exposition selon quatre accrochages successifs
consistant, chaque fois, à fermer l’exposition pour enlever, rajouter ou déplacer des œuvres.
Le Jury contrôlant l’admission des œuvres se compose d’amateurs et de professionnels pour la
plupart nommés par le roi. Il inclut Forbin, favorable à l’innovation, La Rochefoucauld, plutôt
défavorable, ainsi que François Gérard, Guérin, Ingres ou Gros, des classiques mais pas toujours
fermés à l’innovation (Ingres ou Gros).
Il s’agit dans la sélection de valoriser un idéal esthétique, de plaire au public et de faire
du Salon une vitrine de l’École française. La moitié des œuvres proposées par les artistes
seront acceptées. La peinture est largement majoritaire même s’il faut souligner un souci de
représenter les autres domaines. Ajoutons à cela les œuvres des lauréats du Prix de Rome qui ne
passaient pas devant le Jury. Par ailleurs, Forbin décidera « illégalement » d’afficher d’autres
œuvres sans l’avis du Jury. Au total, 1990 œuvres seront affichées.
Parmi les artistes exposés, trente sont reconnus comme romantiques, ce qui compose 14% des
accrochages. Il faut voir dans cette sélection un désir de diversité.
La mise en scène
La mise en scène
Pour le Salon est créé, au Louvre, un parcours de visite compliqué qui pose de nombreux
enjeux muséographiques. La salle principale est le Salon Carré, cœur des polémiques. Les
tableaux sont accrochés au touche-à-touche. L’exposition est donc un espace morcelé, surtout dans
le Salon Carré, lieu de contestations considérables sur le placement des œuvres (allant jusqu’à des
menaces de mort envers Forbin).
Lors des nouveaux accrochages, toute l’organisation change permettant de renouveler
l’attention des visiteurs mais également de jouer sur le suspense et le scandale : alors que
les deux premiers accrochages donnent une première vision de la création artistique, le troisième
cherche à mettre en valeur les œuvres romantiques les plus « choquantes », tandis que le dernier
s’impose comme un bilan général édulcoré de ces scandales.
Le genre mineur, quoique moins soutenu par l’Etat, est majoritaire. L’on peut souligner une
croissance du nombre de paysages (influence anglaise et italienne), des scènes d’intérieur et des
thèmes littéraires. Cette évolution n’est pas sans lien avec le Romantisme. La peinture d’histoire,
portée par le gouvernement, concentre les sujets nationaux dans la mise en place des Salles du
Conseil d’Etat ouvertes en même temps que le Salon. Ceci était aussi une manière de concentrer la