15 JUIL 11 Quotidien Prov. avec dim. 17 COURS D'ESTIENNE D'ORVES 13222 MARSEILLE CEDEX 01 - 04 91 57 75 00 Surface approx. (cm²) : 766 N° de page : 13 Page 1/3 Saga. De la ville algérienne de Boufarik à Marseille, Jean-Claude Beton a transformé la boisson préparée par son père, en un soda mondialement connu, au rythme de publicités innovantes. Inventeur cTOrangina et génie de la communication A l'occasion des 75 ans de la tons. • marque, la Chambre de commerce et d'industrie Mar- La "formidable puissance" seille-Provence rend hommage de la communication Le projet se concrétise en 1951 dans une exposition à ce "grand capitaine d'industrie qui avait avec la création de la société Nade /'Orangina dans les veines", ranjina Nord-Afrique qui fournit décrit Jacques Pfister, président le concentré et gère la publicité, de la CCI et ancien PDG d'Oran- tandis que ses partenaires fabriquent le produit fini. La bouteille gina-Schweppes. Jean-Claude Beton, aujourd'- s'arrondit et prend l'aspect grahui âgé de 86 ans, se souvient nuleux des oranges. Devenue emdes débuts de cette aventure blématique, cette forme n'est guèdont le succès I'"émerveille" en- re appréciée par les limonadiers core. Tout commence à Boufa- et les embouteilleurs qui lui rerik, à une trentaine de km d'Al- prochent son ergonomie peu ger, où l'entrepreneur, enfant adaptée. Mais le jeune patron, déunique, naît le 14 janvier 1925 crit par un de ses anciens colladans une famille de commer- borateurs comme un homme à la fois "autoritaire et charmeur", çants prospères. En 1936, son père, Léon Be- "terriblement exigeant", s'entête. Très tôt il prend la mesure de ton, sort la première bouteille d' "Orangina, soda de naranjina", "la formidable puissance" de la à partir d'une formule élaborée communication. En dessinant un par un pharmacien de Valence zeste d'orange en guise de paraen Espagne. Les ingrédients : sol sur fond de ciel bleu, une taconcentré d'orange, eau sucrée ble de bistrot et la bouteille vengazeuse et un soupçon d'huile true, l'affichiste Bernard Villemot donne une identité graphique essentielle. Mais la guerre civile espa- à la marque, inaugurant une colgnole, puis la Seconde guerre laboration de près de 40 ans. Après avoir séduit le Maghreb, mondiale stoppent le projet. "Orangina, pendant toutes ces Orangina part à la conquête de la années, fut une chimère à laquel- métropole où le groupe prend ofle nous rêvions tous", relate, ficiellement ses quartiers en dans son ouvrage "Le goût des 1961, à l'approche de l'indépenautres", Jean-Claude Beton qui, dance de l'Algérie. Dans un diplôme d'ingénieur agronome contexte favorable - croissance en poche, ressort l'idée des car- économique, marché des sodas en expansion - Jean-Claude Beton crée le "buzz" en utilisant, outre la publicité, des techniques peu banales. Des employés, ou des étudiants embauches pour l'occasion, sont réquisitionnés pour commander des Orangina dans les cafés. Bientôt les soldats revenus d'Algérie, où ils ont pris goût à cette boisson, leur prêtent main forte. Cinquante millions de bouteilles vendues en 1957, dix fois plus en 1975 : l'ascension est fulgurante et la structure familiale de plus en plus convoitée, pour finir par être croquée en 1984 par le groupe Pernod-Ricard. Pour son fondateur, qui gérait l'entreprise à l'ancienne, maternant ses employés (instauration des 39 heures avant 1982, intéressement et participation), une page se tourne. Il reste à la présidence un temps, mais commence rapidement une seconde vie, tandis qu'Orangina change de mains à plusieurs reprises jusqu'à son rachat par le japonais Suntory fin 2009. "// a réussi à rebondir", souligne sa fille Françoise Beton, évoquant ses investissements dans les oliviers et surtout le vin avec l'acquisition du château Grand Ormeau, dans la prestigieuse appellation bordelaise Lalande-de-Pomerol, "sa deuxième petite saga"... ANNE BEAM LANDOR 4514798200505/GAW/OTO/2 Eléments de recherche : LANDOR ou LANDOR ASSOCIATES : agence de conseil, de design et de packaging, toutes citations 15 JUIL 11 Quotidien Prov. avec dim. 17 COURS D'ESTIENNE D'ORVES 13222 MARSEILLE CEDEX 01 - 04 91 57 75 00 Surface approx. (cm²) : 766 N° de page : 13 Page 2/3 Photo prise de Jean-Claude Beton en 1990 à Marseille. Une exposition organisée par la Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence se tient jusqu'au 28 août au Palais de la Bourse à Marseille pour marquer les 75 ans de la marque. LANDOR 4514798200505/GAW/OTO/2 Eléments de recherche : LANDOR ou LANDOR ASSOCIATES : agence de conseil, de design et de packaging, toutes citations 15 JUIL 11 Quotidien Prov. avec dim. Surface approx. (cm²) : 766 N° de page : 13 17 COURS D'ESTIENNE D'ORVES 13222 MARSEILLE CEDEX 01 - 04 91 57 75 00 Page 3/3 Du secouement aux animaux sexy, la publicité décalée s'expose à Marseille • Du serveur secouant frénétiquement la petite bouteille aux animaux humanisés "naturellement pulpeux" en passant par les hommes-bouteilles, les campagnes d'Orangina ont fait swinguer le paysage publicitaire français. Dès les années 1950, la boisson, pionnière en la matière, se fait connaître par ses affiches aux couleurs orange, jaune et bleu en écho à ses racines méditerranéennes. Mais c'est avec sa première campagne télévisée que la marque frappe les esprits. "Le tic du barman", réalisé au début des années 1970 par Pierre Etaix et Jeanjacques Annaud, lance le concept du "secouement" pour éviter que la pulpe reste en bas, ou l"art de transformer un défaut en force. Dix ans plus tard, Jean-Paul Coude féminise le garçon de café: une serveuse se lance dans une danse endiablée sur fond de refrain "Secouez-moi! Secouez-moi" etdujingle "O-ran-gina". Après une parenthèse avec le parrainage musical de la lambada en 1989, Alain Chabat remporte en 1994 un vif succès avec ses hommes déguisés en bouteilles Orangina, avec une mention spéciale au "Flipper". Idée reprise deux ans plus tard pour les clips Oran- LANDOR 4514798200505/GAW/OTO/2 'Mais pourquoi est-il si méchant? gina Rouge qui détournent les codes des films d'horreur. On se souvient du mot de la fin : "Mais pourquoi est-il si méchant? Parce que !" S'ensuit une période moins créative liée à une traversée du désert commerciale au rythme des rachats successifs, jusqu'au réveil de 2008, sous l'impulsion des publicitaires Fred Raillard et Farid Mokart. Ils imaginent des "pin- ups" hybrides, mi-humaines mianimales, telles une girafe en corset rose ou une hyène en body moulant, dans "un univers second degré qui se fiche de to pub et traite le consommateur autrement", analyse Thomas Jamet, directeur général de Newcast (Publicis), qui salue "to liberté de ton incroyable" de la marque. Cette série de spots déjantés, élue campagne télévisée préférée des Français selon une étude Ipsos, s'est traduite par une hausse des ventes en volume, à hauteur de 17% sur la période 2007-2010 et 12,4% depuis début 2011, selon Stanislas de Parcevaux, directeur marketing d'Orangina Schweppes. La communication d'Orangina s'appuie sur trois éléments: "l'énergie liée au secouement, la dimension audacieuse et le côté sensuel et glamour", analyse Luc Speisser, président de l'agence Landor Paris, spécialisée dans la stratégie et le design de marque. Avec en arrière-plan, toujours "to notion de naturel (sans colorants et sans arômes artificiels)". "Peu de marques anciennes réussissent à se réinventer de la sorte et attirer autant de générations", estime Thomas Jamet. Eléments de recherche : LANDOR ou LANDOR ASSOCIATES : agence de conseil, de design et de packaging, toutes citations