Pour que les vacances ne tournent pas au cauchemar (PDF, 1.2 Mo)

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MAGAZINE santé
Cette page Magazine santé
est réalisée en collaboration
avec l’Hôpital du Jura et le
Service cantonal de la santé
publique.
Pour que les vacances
ne tournent pas au cauchemar
V COUPE DU MONDE Des fans de foot jurassiens et supporters de l’équipe nationale ont récemment consulté
avant de se rendre au Brésil. De fait, l’Hôpital du Jura offre une consultation en médecine tropicale, des voyages
et d’altitude, afin de donner des outils pour que les vacances soient inoubliables… dans le bon sens du terme
S
tatuettes précolombiennes,
masques africains ou produits du terroir, des souvenirs de vacances bien plus
réjouissants que la fièvre dengue,
l’hépatite A ou le paludisme… Or, à
l’heure de la démocratisation des escapades au long cours, on oublie souvent que voyager à l’étranger comporte des risques, y compris lorsque
la destination semble banale. Pour
s’en prémunir, une solution: une visite à la consultation de médecine
tropicale et des voyages à l’Hôpital du
Jura, sur le site delémontain.
A chaque destination,
des risques particuliers
Toutes les destinations et tous les
types de voyages ne nécessitent pas le
même genre de prévention: on ne
court pas les mêmes risques lors
d’un séjour balnéaire «all inclusive»
sur les rives de la mer Rouge, que
lors d’un trek d’un mois en forêt
amazonienne. Ces différences, on les
retrouve dans le bilan que dresse
l’Office fédéral de la santé publique,
stipulant les risques sanitaires encourus dans chaque pays du monde
et sur lequel se basent en partie les
médecins des voyages pour déterminer les vaccins à proposer ou les traitements préventifs à prescrire. Les
vaccins nécessitent une dizaine de
jours avant d’être effectifs, et certains
se font en plusieurs injections, d’où
l’importance de se présenter à la
consultation au moins 3-4 semaines
avant la date du départ.
Ainsi, par exemple, pour la Guinée: les risques de contracter l’hépatite A («jaunisse» dans le langage
commun) sont élevés, la vaccination
est donc fortement recommandée.
L’hépatite B et la rage sont des risques à considérer, risques qui varient
en fonction de la durée et du type du
voyage, les vaccinations idoines sont
donc parfois indiquées. Si certaines
vaccinations sont optionnelles, d’autres sont obligatoires. Dans ce cas
précis, la fièvre jaune. Le voyageur
qui aurait négligé ce vaccin se verrait
refuser l’entrée sur le territoire à son
arrivée à l’aéroport international de
Conakry.
Par ailleurs le voyageur se rendant
en Guinée serait avisé de se rensei-
gner sur la situation des épidémies
locales, par exemple l’épidémie
d’Ebola qui touche actuellement certaines zones du pays.
Le paludisme,
un fléau mondial
En Guinée, comme dans nombre
de pays tropicaux, s’ajoute le risque
de contracter le paludisme (aussi appelé malaria), potentiellement mortel. Entre 200 et 250 cas de paludisme par année sont importés en Suisse. Pour s’en prémunir, il n’existe
pas de vaccin, mais un traitement
prophylactique pour éviter de l’attraper: des cachets à prendre avant, pendant et après le voyage.
Parmi les pays où sévit cette maladie infectieuse, tous ne sont pas classés au même niveau de dangerosité
et n’impliquent pas le même suivi
médical: pour certains, ce sera la prévention précitée, pour d’autres, il suffira d’embarquer un kit de traitement
d’urgence dans ses bagages, à prendre lors de l’apparition des premiers
symptômes (telle la fièvre).
Un homme averti
en vaut deux
«L’objectif de cette consultation est
surtout d’informer le voyageur: un
homme averti en vaut deux.» Ainsi,
après avoir effectué un bref bilan de
santé, l’établissement des possibles
contre-indications à la vaccination
(allergies, déficit immunitaire), Cécile Bassi prodigue des conseils personnalisés, tant en fonction de la destination, du type de voyage que du
profil du voyageur.
Parmi les conseils les plus communs que reçoivent les 3 à 4 visiteurs
qui défilent quotidiennement auprès
de la «tropicaliste»: «Ne pas boire
d’eau du robinet, ni rafraîchir ses
boissons avec des glaçons; se méfier
des crudités; se prémunir contre les
moustiques ou encore ne pas s’approcher des animaux, sauvages ou
domestiques… même si c’est un joli
petit chiot sur la plage de Bali!» Aussi
mignon soit-il, c’est un possible porteur de la rage, une maladie pour laquelle il n’existe pour lors aucun traitement curatif.
Un autre type d’informations essentielles concerne le comportement
La fièvre dengue est présente au Brésil, où se rendent de nombeux Jurassiens pour la Coupe du monde de foot.
à adopter lorsque l’on tombe malade
sur le lieu des vacances: dois-je
consulter si je suis fiévreux? Quels
sont les signes d’une diarrhée grave?
Que faire si je me suis fait piquer par
un moustique? La spécialiste apporte
des réponses à ces questions tout en
orientant les voyageurs vers safetravel.ch, un site regroupant de nombreux conseils utiles aux voyageurs.
Une consultation
pour tous les voyageurs
Les familles avec enfants, les touristes se rendant dans un pays à haut
risque, les voyageurs humanitaires,
ceux pour qui c’est le premier départ
hors d’Europe et les personnes souffrant d’une maladie préexistante,
sont autant des patients potentiels
pour la doctoresse. Tout le monde
court un risque, même les étrangers
établis en Suisse et de retour au pays
pour les vacances: «Y ayant vécu plus
jeunes, ils sont souvent convaincus
d’être immunisés, mais avec le
temps, l’organisme a perdu les défenses immunitaires correspondantes et ils sont tout aussi vulnérables
que n’importe qui», explique Cécile
Bassi.
Entre 2000 et 2006, la Suisse a dénombré six décès suite au paludisme,
parmi lesquels on comptait deux
Africains d’origine, ayant contracté la
maladie lors d’un voyage dans leur
pays natal.
Des cas somme toute
assez rares
Les cas tragiques sont somme toute assez rares et bien peu nombreux
sont les malchanceux qui ramènent
une maladie de leur voyage en ayant
reçu – et suivi – les conseils avisés.
Depuis une année et demie que Cécile Bassi s’occupe de la consultation,
parmi les personnes ayant consulté
avant leur voyage, elle n’a revu que 5
patients atteints de diarrhées ou de
PHOTO KEY
fièvre dengue (un virus transmis par
les moustiques, causant fièvre, douleurs musculaires et articulaires,
maux de têtes et des complications
hémorragique). La fièvre dengue est
très présente notamment au Brésil,
espérons que nos joueurs et supporters n’en pâtiront pas... Il est donc
important de rester attentif à la possible apparition des symptômes,
même après le retour en Suisse, ces
diverses maladies pouvant prendre
du temps à se déclarer.
Les coûts de la consultation parfois
élevés (selon les vaccins requis, parfois plusieurs centaines de francs) ne
sont pas couverts par l’assurance de
base (mais le sont par certaines complémentaires), «pour autant, ce n’est
pas une raison pour ne pas venir à la
consultation, le risque est trop grand.
Il faut considérer ces frais comme
faisant partie intégrante du budget
vacances.»
ALAN MONNAT
L’altitude, un risque à part entière à ne pas négliger
Parmi les soucis de santé dont souffrent les
voyageurs, certains ne sont pas liés à des virus
ou à des bactéries, mais simplement à l’altitude. Là encore, l’Hôpital du Jura offre les
moyens de s’en prémunir.
La médecine d’altitude n’est pas une spécialisation à proprement parler: seuls certains médecins la pratiquent, après des années d’expérience médicale, et l’Hôpital du Jura compte
l’un des précurseurs du domaine, en la personne d’Hervé Duplain, chef du service de médecine interne du site de Delémont.
«Avant, seuls les montagnards expérimentés
s’aventuraient en haute altitude, mais maintenant, avec le développement de l’industrie touristique, tout un chacun peut s’y rendre, sans
14 | Mercredi 11 juin 2014 | Le Quotidien Jurassien
effort», note le féru de randonnée. Il n’est plus
besoin de faire des heures de marche pour arriver à ces altitudes, de nouveaux moyens de
transports vous y emmènent directement: La
Paz, par exemple, est située à 4000 mètres d’altitude et on peut y arriver par avion.
Des troubles multiples,
banals ou fatals
Passé la barre des 3000 mètres, la raréfaction
de l’oxygène dans l’air peut être à l’origine de
différents troubles: le mal aigu des montagnes,
caractérisé par des maux de tête et des nausées
–désagréables, certes, mais ne mettant pas la
vie du patient en jeu – ou, plus grave, l’œdème
pulmonaire et l’œdème cérébral de haute altitude (accumulation de liquide dans les poumons ou le cerveau) pouvant être fatals.
La médecine d’altitude est une médecine essentiellement préventive. En questionnant le
voyageur sur son historique médical, ses expériences préalables en altitude et parfois même
par un test de simulation (faire respirer au patient de l’air moins concentré en oxygène pendant quelques minutes et en analyser les conséquences sur l’organisme), le spécialiste peut
déterminer si le voyageur court le risque de développer l’une des pathologies précitées. Il
pourra, le cas échéant, lui indiquer des mesures, voire prescrire un traitement pour les éviter.
Chi va piano, va sano
Ici encore, le plus important est dans le
conseil: la meilleure façon de demeurer en bonne santé lors d’une telle ascension, c’est de res-
pecter des paliers d’ascension, pas plus de 300
à 400 mètres par jour. Or, cela n’est souvent
pas respecté, ce que déplore Hervé Duplain:
«Certaines agences de voyages proposent l’ascension du Kilimandjaro en 5 jours! Alors
qu’entre la base et le sommet de la montagne, il
y a 5 000 mètres de dénivelé!»
Le plus étonnant est qu’il suffit de redescendre en plaine pour que les maux disparaissent
d’eux-mêmes et rares sont les cas nécessitant
une prise en charge médicale par la suite. L’altitude, c’est donc un risque en soi pour les voyageurs, un risque que relativise tout de même le
Dr Duplain : «La première cause de mortalité,
en voyage ou sous les tropiques, n’a rien d’exotique: ce sont toujours les accidents routiers!»
AM
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