résidence de la grande prêtresse (le Giparu proprement dit) dont l'organisation rappelle
celle des maisons privées, en beaucoup plus grand : couronnes de pièces disposées
autour d'une cour, caveaux funéraires sous les sols.
Au sud de la cour de Nanna, les fouilleurs ont exhumé un autre bâtiment carré (57 m de
côté) : le Ganunmah. Il fut restauré à plusieurs reprises, mais les fondations et le plan
remontent à l'époque d'Ur III. C'était un bâtiment sans cour, entièrement composé de
pièces allongées. Il s'agissait très probablement d'entrepôts ou de magasins.
Encore plus au sud se trouvait I'É.hur.sag, un bâtiment carré (55 m de côté) dont la
partie nord-est a presque complètement disparu. Il semble, au vu du plan, qu'il s'agissait
là du palais d'Ur-Nammu et de Shulgi bien que les inscriptions évoquent plutôt un temple.
On retrouve dans ce bâtiment le prototype des zones officielles des palais amorrites
postérieurs avec une cour flanquée d’une grande salle rectangulaire barlongue qui joue
le rôle de salle du trône.
Sous l'angle sud-est de l'enceinte sacrée néo-babylonienne furent dégagés les
mausolées de Shulgi et d'Amar-Sîn. Shulgi y a construit un édifice, sans doute destiné à
son propre culte funéraire, sous lequel il fit aménager des caveaux voûtés en
encorbellement. Amar-Sîn y ajoute deux annexes (au nord-ouest et au sud-est) dotées
également de caveaux souterrains.
Selon L. Woolley
, l'ensemble de ces bâtiments d'Ur III porte les marques d'une
destruction violente à mettre en relation avec la chute de la ville consécutive à la défaite
d'Ibbi-Sîn, dernier roi de la dynastie. Les bâtiments furent reconstruits à l'époque d'Isin-
Larsa avec quelques nouvelles adjonctions telles que le bastion de Warad-Sîn où se
trouvait une porte. À l'époque néo-babylonienne, un nouveau tracé de l'enceinte sacrée
fut réalisé.
L'un des intérêts archéologiques majeurs du site d'Ur est d'avoir livré des restes de
quartier d'habitation du début du IIe millénaire, définis par les coordonnées du plan
archéologique du site: un premier groupe (SM, EH, EM, PG, BC) était situé au sud du
quartier sacré, recouvrant des bâtiments plus anciens comme le mausolée des rois d'Ur
III ou le cimetière royal de la période dynastique archaïque ; un deuxième (CLW), surtout
préservé dans son état du milieu du IIe millénaire, fut fouillé dans la partie nord-est du
site, à côté du bastion d'époque cassite ; un troisième (AH) s'étendait au sud du mur néo-
babylonien de l'enceinte sacrée. Ce sont les zones EM (seize maisons et quatre rues) et
AH (cinquante et une maisons et onze rues) qui furent particulièrement l'objet des soins
de L. Woolley. De manière originale, il donna au réseau des rues, des ruelles et des
impasses dégagées dans ces deux endroits des noms tirés de la moderne Oxford, et qui
sont entrés dans la tradition, comme Quality Lane, Quiet Street, Carfax, Paternoster Row
ou Baker's Square. Des études postérieures ont montré que la plupart de ces quartiers
d'habitation étaient en relation étroite avec le sanctuaire et qu'ils étaient occupés, en
particulier, par des familles de clercs ou de lettrés exerçant leurs fonctions dans le temple
du dieu Sîn. Les maisons sont de dimensions et de formes variables. Elles sont en
général organisées avec une cour centrale entourée d'une couronne de pièces. Selon L.
Woolley, elles possédaient un étage. Dans certaines de ces maisons furent trouvés des
caveaux funéraires, mais on ignore s'ils en sont bien contemporains. Dans plusieurs
habitations le fouilleur a voulu voir des chapelles domestiques : pièces destinées au culte
privé. Certains bâtiments ont, par ailleurs, été assimilés à des chapelles publiques. Ils
sont semblables aux maisons, disposés souvent aux carrefours et dotés d'une entrée à
redans. Les deux quartiers EM et AH ont été dégagés sur une superficie suffisante pour
que l'on puisse repérer la voirie. Ce sont des rues non carrelées, sans égouts, en général
très étroites (la plus large fait 4 m). Dans nombre de cas, elles se terminent en impasse.
Ur a également livré les restes d'un quartier d'époque néo-babylonienne au sud du site
AH. On y a dégagé sept maisons (de dimensions bien plus importantes que celles du IIe
millénaire) et trois rues.
R. Hall et L. Woolley, Al Ubaid, Ur Excavations I, Oxford, 1927