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Petit État du sud des Balkans, issu de l’éclatement yougoslave,
la Macédoine doit faire face,
à l’extérieur, à un voisinage hostile à sa création,
à l’intérieur, aux tensions
entre les deux principales composantes de sa population :
les Macédoniens et les Albanais.
Comment est assurée la stabilité du pays
dans cet environnement instable ?
(d'après "le Dessous des Cartes" – mai 2005)
la Macédoine, un pays des Balkans
La Macédoine est au Sud-Ouest de la chaîne des Balkans.
Le pays se situe entre la chaîne Dinarique et le massif de Perin,
il est traversé par le fleuve Vardar (ou Axios en grec)
qui se jette au niveau de la péninsule Chalcidique,
dans la mer Egée.
Aux origines de la Macédoine
Ce petit État est certes récent, mais il trouve ses origines dans une grande région historique.
Dans l'Antiquité, la Macédoine était une région de passage entre les Balkans et la Méditerranée,
et entre l’Europe et l’Orient.
Quant au peuple macédonien,
on lui connaît des origines multiples venant de Thrace et de Grèce.
Une histoire grecque
Le pays fut hellénisé, au IVe av. JC.
Alexandre de Macédoine, dit Alexandre le Grand,
est d’ailleurs né à Pella en 356 av JC.
Un pays au croisement de diverses influences
La Macédoine est slavisée à partir du VIe après Jésus Christ.
Mais elle passe ensuite sous l'influence des Byzantins, des Serbes et des Bulgares,
pour enfin laisser la place à la domination ottomane
à partir du XVe siècle,
et ce jusqu’ au début du XXe siècle.
le Grand découpage
Au début du XXe siècle, la fin des grands empires
que sont l’Empire des Habsbourg et celui des Ottomans,
laisse place à de nombreux États-nations.
Le Macédoine se voit alors partagée entre quatre États en 1913 :
le Grand découpage
- à l'Ouest, un petit bout revient à l'Albanie ;
- à l'Est, 9 % du territoire vont à la Bulgarie ;
- au Sud, 51 % sont attribués à la Grèce ;
- au Nord, 39 % reviennent aux Slaves du Sud,
c’est-à-dire à ce qui deviendra le futur État yougoslave.
Une République yougoslave
A sa formation en 1946, la Fédération de Yougoslavie, est composée de six républiques :
la Macédoine, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine,
le Monténégro et la Serbie
(avec ses deux provinces autonomes
du Kosovo et de Voïvodine).
l'Indépendance
Lors de l'éclatement de la Yougoslavie en 1991,
les Macédoniens déclarent leur indépendance,
et parviennent à sortir de la Fédération sans guerre.
Le nouvel État prend alors le nom de République de Macédoine.
Le nouvel État, projeté au cœur de l’Europe balkanique en crise, n'est pourtant pas le bienvenu.
l'Indépendance
Chaque voisinage est source de tension :
au Nord, Belgrade désigne le pays comme "une Serbie du Sud" ;
à l'Est, la Bulgarie reconnaît l'État macédonien,
mais pas le peuple macédonien.
les Tensions avec la Grèce
Quant au Sud, la Grèce refuse l'existence de ce nouvel État sous le nom de Macédoine.
Athènes applique ainsi un embargo sur la vallée du Vardar
pour contraindre Skopje à changer de nom.
Pour la Grèce, Alexandre de Macédoine est grec.
les Tensions avec la Grèce
Il en est de même pour le drapeau macédonien.
Les Macédoniens ne sont pas autorisés
à reprendre les symboles helléniques du "soleil de Virgin",
ils doivent se contenter d’une version stylisée.
la Population macédonienne
Le pays compte 2 millions d'habitants, dont des minorités turque, rom, serbe...
Mais deux grandes communautés dominent le pays :
la communauté macédonienne chrétienne orthodoxe, qui forme environ 64 % de la population,
et la communauté albanaise, constituant 25 % de la population.
la Population macédonienne
Ces derniers sont musulmans,
et vivent principalement dans la partie Nord-Ouest du pays,
proches de la province serbe du Kosovo et de l’Albanie.
le Séparatisme albanais
Les Albanais de Macédoine ont longtemps été défavorisés
sur le plan économique, social et culturel.
Et seule la langue macédonienne est langue officielle.
Mais suite au conflit du Kosovo opposant Albanais et Serbes,
la guerre s’étend à la Macédoine.
le Séparatisme albanais
Une armée de libération nationale, l'UCK,
composée d'Albanais de Macédoine, prend les armes,
et s'attaque aux forces du gouvernement macédonien en 2001.
Ces affrontements ont lieu à la frontière avec le Kosovo.
Tout le monde redoute au premier semestre 2001, l'éclatement d'une guerre dans les Balkans.
les Forces d’interposition
La rapidité de l'intervention occidentale a sans doute évité au feu de s'étendre.
L'Otan a mis en place un "cordon de sécurité" le long de la frontière avec le Kosovo,
en déployant une force d'interposition.
Quant à l'Union européenne, elle a pu imposer aux deux parties
la signature de ce qu'on a appelé les Accords d'Orhid.
les Accords d’Ohrid
En échange du dépôt des armes par l' UCK,
et de la mutation de la guérilla albanaise en parti politique,
les accords d'Orhid
viennent protéger les droits de la communauté albanaise.
les Accords d’Ohrid
Désormais ces derniers sont reconnus linguistiquement et culturellement.
Il est mis en place une discrimination positive favorisant l’accès à l'enseignement supérieur,
et l’intégration dans l'administration.
les Accords d’Ohrid
Tout cela étant en principe aidé et contrôlé par des agences internationales.
L'Union européenne assure un suivi économique, militaire (avec la mission Concordia)
et poursuit une politique de réconciliation entre les communautés.
Par ailleurs, rappelons que Skopje a déposé sa candidature auprès de l'Union en mars 2004.
Cette candidature répond à un besoin de stabilité économique et social.
Une économie en difficulté
Aujourd’hui, la situation économique reste critique,
puisque le chômage se maintient à 37 % de la population active en 2005.
Par ailleurs, la Macédoine conserve une économie essentiellement agricole,
avec quelques usines textiles,
et quelques richesses minières.
Un pays enclavé
L’enclavement de la Macédoine
ne permet pas au pays d’être libre de ses choix
et de ses alliances.
Dans un tel contexte, l’Union européenne semble être la seule solution.
les Corridors européens, facteur de désenclavement
L’Union européenne tente d’aménager des “corridors” de circulation,
pour favoriser la libre circulation entre les pays de l'Union.
Deux d’entre eux passent par la Macédoine.
les Corridors européens, facteur de désenclavement
Le Corridor n 10 , qui va de l'Autriche à la Grèce afin de relier le pays au reste de l’Union,
passe par la vallée du Vardar.
Quant au Corridor n 8, il passera d’Est en Ouest, de la mer Noire à la mer Adriatique
reliant la Bulgarie à l’Albanie et l’Italie.
Mais pour l'Union Européenne,
il y a d'autres problématiques que celle simplement économique.
On ne peut ni on ne doit se permettre
une autre guerre en Europe du sud,
ni même envisager la moindre modification de frontière.
D'où cette tentative
de rétablir la coexistence entre les peuples de Macédoine,
et l'idée que le temps va ramener
la vie commune possible dans les zones multi-ethniques,
et que les aspirations indépendantistes vont peu à peu s'estomper.
Est ce que ces attentes mutuelles
entre Macédoniens et Européens
sont vraiment réaliste ?
Est ce que ce n’est pas désormais un peu utopique,
quasi idéologique ?
Est ce que il n’y a pas une sorte de pensée politique de l'Europe
qui consiste à la penser très fortement ?
En même temps, quel peut être l'avenir de la Macédoine
en 2015 par exemple :
État mal formé, trop petit, pas assez peuplé,
à peine viable économiquement, enclavé,
à l'identité improbable.
Quinze ans après son indépendance,
elle n’a toujours pas de nom internationalement reconnu.
Cette logique du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes"
a certainement aidé à briser l'emprise de l’Union soviétique.
Mais cette logique doit maintenant être complétée
en affichant clairement que l'Europe
n'a pas pour fonction de donner un État à chaque peuple.
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