La référence
file:///C|/Users/U0167204/Downloads/EYB%20%2015-6-18%203_11%20(PM).html[2015-06-18 15:11:46]
Lorsqu'une entreprise traditionnelle entreprend une démarche d'implantation d'équipes semi-autonomes, cela suscite attentes et inquiétudes à cause des multiples
changements qui y sont associés : redéfinition des rôles et responsabilités, ajouts de tâches et de responsabilités y compris des tâches de gestion, développement de
nouvelles compétences techniques et acquisition de nouvelles connaissances et de nouvelles habiletés. Tous ces changements ont effectivement des impacts importants sur
toutes les personnes impliquées, et plus particulièrement sur les individus qui font partie des équipes. C'est pourquoi il est essentiel de prendre en considération qu'orienter
les groupes de travail vers ce nouveau concept est un changement de paradigme dans les rapports de pouvoir entre la direction, les syndicats et les employés. L'introduction
des équipes semi-autonomes amène effectivement les entreprises traditionnelles à réviser leur structure d'autorité fondée sur le contrôle à une structure d'habilitation fondée
sur l'autonomie. L'utilisation de la stratégie des petits pas a toute son importance dans cette transformation d'organisation de travail.
III– COMMENT METTRE EN PLACE UNE ÉQUIPE SEMI-AUTONOME (ÉSA) ?
La mise en place d'une équipe semi-autonome (ÉSA) comme forme d'organisation de travail est relativement récente au Québec, ayant été instaurée au cours des années
70-80. C'est un changement qui ne s'improvise pas, il faut d'abord se préparer, planifier et surtout, voir à ce que tous les niveaux de l'entreprise y ajoutent leur contribution
respective. Il existe une abondante littérature de plusieurs auteurs tels que Roy et coll. décrivant les succès d'entreprises qui ont implanté des équipes semi-autonomes en
mettant en place un processus d'implantation d'ÉSA, mais le modèle qui a retenu mon attention est celui présenté en quatre étapes par l'Université de Sherbrooke.
1. la mobilisation des acteurs ;
2. l'étude de faisabilité ;
3. le plan de réorganisation du travail ;
4. le soutien à l'implantation des changements proposés.
La première étape rappelle que la dimension humaine a une grande valeur et surtout un impact sur le succès de cette implantation d'équipe semi-autonome. En effet, tout
changement organisationnel transige sur la mobilisation des acteurs qui auront à vivre les conséquences de ces transformations. La collaboration et l'engagement avec les
différents acteurs sont primordiaux si on veut aller dans le même sens et atteindre le but commun.
Plusieurs auteurs3 ont retenu différents facteurs à prendre en considération dans l'étude de faisabilité tels les procédés de travail, les champs d'intérêt et les résistances du
personnel, l'ampleur et le rythme du changement. À cette deuxième étape, on fait référence à ces facteurs ci-dessus et on examine plus particulièrement
la capacité organisationnelle de réaliser ces transformations. Selon moi, il est nécessaire et important d'effectuer cette étude de faisabilité, car la négliger peut mener à
l'échec de sa réalisation.
En ce qui concerne la troisième étape, l'entreprise doit s'organiser pour préparer un plan de réorganisation du travail en prenant en considération l'étude de faisabilité
effectuée au préalable et ainsi se mettre en action en identifiant ce qu'elle doit changer selon sa capacité. Les stratégies et moyens utilisés lors de la préparation d'un plan de
réorganisation du travail sont la participation des équipes à la prise de décision ainsi que les différents comités de travail.
Dans la dernière et quatrième étape, on présente les éléments de soutien qui vont permettre à l'organisation de changer par suite de cette transformation. Il faut bien
prendre conscience que la mise en place d'un tel changement ne peut se réaliser sans que la structure organisationnelle soit touchée. Le choix des transformations devrait
être compatible avec la philosophie de responsabilisation des équipes de travail. C'est pourquoi, dans ce nouvel environnement d'organisation du travail, le rôle de la
direction et des autres composantes de l'organisation consiste essentiellement à fournir l'aide nécessaire aux équipes et aux membres d'équipes qui vont devoir modifier leurs
façons de faire. Rappelons que les structures traditionnelles ont été conçues pour encadrer le travail individuel et ne sont pas nécessairement appropriées pour stimuler le
travail en équipe.
IV– QUELS SONT LES FACTEURS DE SUCCÈS DES ÉQUIPES SEMI-AUTONOMES (ÉSA) ?
Selon l'Institut de recherches en santé et en sécurité du travail, les cinq principaux facteurs de succès des ÉSA se répertorient de cette façon soit, par :
la précision de leur autonomie ;
la délimitation de leurs champs de responsabilité avec la matrice RACI ;
la mise en place d'un système de délégation interne (exemple : délégation poker, inventé par Jurgen Appelo, et faisant partie de la boîte à outils du management 3.0) ;
l'encadrement et l'accompagnement du gestionnaire ;
la formation et le développement d'habiletés à travailler en équipe.
Ces facteurs de succès ont des conséquences sur le comportement à privilégier par le gestionnaire. En effet, il devra :
Être attentif au vécu de l'équipe.
Rappeler constamment la vision, les valeurs organisationnelles et l'objectif.
Être présent et donner son appui au début de la démarche.
Évaluer cette délégation.
Suivre l'évolution des résultats et correctifs s'il y a lieu.
Accorder de l'autonomie dans la prise de décision au fur et à mesure du développement de l'équipe.
Admettre que l'équipe puisse se tromper.
Demander de l'aide au besoin.
S'assurer que les membres de l'équipe vivent une expérience positive, surtout au départ.
Au besoin, exercer un rôle-conseil auprès de l'équipe.
Surtout, accepter le changement du rôle de gestion qui découle de cette démarche.
Les équipes des ressources humaines ont aussi un rôle clé dans cette transformation pour accompagner les gestionnaires dans le développement de comportements et de
compétences de coach envers leurs employés afin que ces derniers restent engagés et développent un sentiment d'appartenance.